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Le Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs, publié en 1648, détaille l'expérience réalisée au puy de Dôme suivant les plans de Blaise Pascal ainsi que les reproductions visant à confirmer les résultats. Elles s'inscrivent dans la continuité de ses recherches sur la pression atmosphérique et font suite aux expériences menées à Rouen, décrites dans les Expériences nouvelles touchant le vuide, faites dans des tuyaux, syringues, soufflets, & siphons de plusieurs longueurs & figures : avec diverses liqueurs, comme vif-argent, eau, vin, huyle, air, &c. (1647). Si les précédentes publications de Pascal exposent déjà ses hypothèses sur la pression atmosphérique, le Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs lui permet d'infirmer le concept d'horreur du vide. Le principal argument tiré de ces expériences est qu'il n'y a pas de raison que l'horreur du vide varie en fonction de l'altitude ; c'est donc bien la pression atmosphérique qui est responsable des phénomènes constatés.

Le Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs s'inscrit comme un ouvrage fondamental pour l'histoire de la physique puisque Blaise Pascal y réaffirme l'importance de l'expérience dans la construction des connaissances. Il représente par ailleurs une étape avant la publication d'un Traité du vide prévu par Pascal, qui, bien que composé vers 1654, ne paraît finalement que sous la forme d'un écrit posthume en 1663, le Traitez de l'équilibre des liqueurs, et de la pesanteur de la masse de l'air. Contenant l'explication des causes de divers effets de la nature qui n'avaient point été bien connus jusqu'ici, & particulièrement de ceux que l'on avait attribués à l'horreur du vuide.

Historique modifier

La querelle du vide modifier

Les travaux d'Evangelista Torricelli, disciple de Galilée, ont relancé la querelle du vide en mettant en avant un phénomène potentiellement en contradiction avec la physique d'Aristote, qui fait encore autorité au XVIIe siècle : un tube rempli à ras bord de mercure, à l'extrémité bouchée puis immergée dans le mercure d'un récipient rempli à parts égales de mercure et d'eau avant d'être débouchée, laisse un espace « vide en apparence » à son sommet. Plus encore, lorsque l'on remonte le tuyau pour immerger son extrémité dans l'eau du récipient, le mercure remonte jusqu'en haut du tube et se mélange d'abord avec l'eau avant de retomber dans la cuve et ne plus laisser que l'eau, qui remplit le tube[1].

La nature de ce qui emplit ou non cet espace soulève de vifs débats entre les tenants de la physique aristotélicienne et de la scolastique et les partisans de l'existence du vide. Pour les premiers en effet, la nature n'admet pas le vide et le sommet du tube de mercure est nécessairement occupé par une substance. Quel que soit le modèle qu'ils défendent, les savants du XVIIe siècle considèrent comme paradoxaux les résultats des expériences de Torricelli : le mercure aurait soit dû descendre entièrement dans la cuve sous l'effet de la gravité, soit rester entièrement dans le tube.

Les « expériences d'Italie » contribuent à assouplir le concept d'horreur du vide chez certains savants qui suggèrent dans un premier temps qu'elle n'est pas insurmontable.

Les expériences de Rouen modifier

Blaise Pascal est amené à travailler sur le vide à la suite des travaux de Torricelli, diffusés en France en 1645 par son correspondant Mersenne, spécialiste de Galilée. Mersenne tente lui-même de reproduire les expériences de Torricelli mais échoue[a] en raison de la mauvaise qualité des tubes de verre employés. Il se tourne alors vers la verrerie réputée de Rouen, dirigée dès 1598 par Anne Girard, et vers Pierre Petit, amateur de mathématiques.

Ce dernier présente en octobre 1646 les travaux sur le vide à Étienne et Blaise Pascal : les trois savants décident de les reproduire. En janvier et février 1647 ont lieu les expériences des liqueurs de Rouen, décrites ainsi que leurs résultats dans l'ouvrage Expériences nouvelles touchant le vuide, faites dans des tuyaux, syringues, soufflets, & siphons de plusieurs longueurs & figures : avec diverses liqueurs, comme vif-argent, eau, vin, huyle, air, &c. publié par Blaise Pascal dans l'année qui suit. Les expériences donnent lieu aux mêmes phénomènes que ceux observés par Torricelli, et amènent Pascal à suggérer que la nature n'a finalement pas horreur du vide.

Les phénomènes résident dans l'équilibrent de deux forces : la gravité fait descendre le mercure tandis que la pression atmosphérique s'exerce sur le mercure contenu dans la cuve et le fait remonter dans le tube. Preuve en est avec la seconde partie de l'expérience et les expériences du vide dans le vide. Dans la seconde partie de l'expérience, l'eau peut remonter jusqu'en haut du tube et combler l'espace laissé par le mercure : il était donc bien vide. Les expériences du vide dans le vide font appel au même dispositif, cette fois intégré dans un tube dans lequel on a fait le vide : le mercure retombe intégralement dans le récipient, en l'absence de la force exercée par la pression atmosphérique.

En janvier de cette même année, Étienne, Blaise et Jacqueline Pascal ont reçu la visite de deux médecins, les frères Deschamps, sieurs des Landes et de la Bouteillerie, venus soigner la jambe démise d'Étienne Pascal et les introduire à la philosophie janséniste. Cet événement marque le début d'une sérieuse vocation religieuse pour la famille, en particulier Jacqueline. La sœur aînée de Blaise et Jacqueline, Gilberte Périer, présente dans sa Vie de Monsieur Pascal cette conversion comme si totale qu'elle amène Blaise à mettre fin à toutes ses recherches, y compris scientifiques. Or, ce n'est pas le cas puisque Pascal travaille encore sur le vide, la cycloïde, et continue même de perfectionner la machine arithmétique après 1646. Les travaux de Pascal sur le vide l'occupent de 1646 à 1648 environ.

La grande expérience de l'équilibre des liqueurs modifier

Contexte modifier

Les expériences menées à Rouen permettent déjà à Pascal d'affirmer l'existence du vide : s'il suggère dans un premier temps que « le vide [n'est] pas une chose impossible dans la nature, et qu'elle ne le [fuit] pas avec tant d'horreur que plusieurs se l'imaginent[3] », la conclusion du traité et des expériences qu'il décrit est que « l'espace vide en apparence n'est rempli d'aucune des matières qui sont connues dans la nature, et qui tombent sous aucun des sens[4] ». Ces premières expériences ne lui permettent toutefois pas d'écarter définitivement la physique d'Aristote[b].

Torricelli publie en 1647 ... sur le sujet, et Pascal en a connaissance. À la suite de ce nouvel écrit de Torricelli, souhaitant éprouver expérimentalement les nouvelles hypothèses du savant italien[c], il introduit une variante aux travaux de Rouen : l'altitude.

Alors loin de l'Auvergne, il confie la réalisation de l'expérience à son beau-frère Florin Périer, époux de Gilberte. Elle a lieu le 19 septembre 1648 en présence à la fois de scientifiques et de religieux. Le choix du lieu se porte sur le puy de Dôme qui remplit les conditions nécessaires : la proximité du volcan avec la ville de Clermont qui rend possible le transport du matériel, et la présence d'un proche susceptible de conduire et réaliser l'expérience, Florin Périer. Tous les détails sont relatés dans le Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs, qui paraît en 1648.

Déroulé modifier

L'expérience, menée par des religieux et laïcs choisis par Florin Périer, se déroule en deux grandes étapes au cours desquelles sont prélevées plusieurs mesures : d'abord dans le jardin des Pères Minimes, « lieu le plus bas de la ville », puis au puy de Dôme.

Un dispositif similaire à celui de Torricelli est utilisé : dans le jardin des Pères Minimes, seize liures de mercure sont versées dans un récipient dans lequel deux tuyaux de longueur et diamètre identiques (soit 4 pieds, ou m) remplis de mercure sont en partie immergés. Le mercure remonte au même niveau dans les deux tuyaux. L'expérience est réalisée trois fois de suite avec le même matériel. Florin Périer relève le niveau de mercure sur l'un des deux tuyaux, soit 26 pouces trois lignes et demie (environ 0,076 2 m) , puis laisse le second au Père Chastin avec pour consigne d'observer tout changement éventuel dans le niveau de mercure au cours de la journée et de refaire régulièrement la comparaison avec le second tuyau[7].

Au sommet du puy de Dôme, le niveau de mercure qui était à 26 pouces aux Minimes descend à 23 pouces. Florin Périer et son équipe répètent l'expérience cinq fois de plus en variant les emplacements et les conditions (endroit couvert, extérieur, soleil, pluie avec brouillard) tout en restant au sommet du puy de Dôme, et obtiennent les mêmes résultats[8]. L'expérience est réitérée à Lafon de l'arbre, sur le chemin de descente du puy de Dôme, où le mercure s'élève dans le tuyau à une hauteur de 25 pouces ; Périer puis Mosnier répètent l'expérience au même endroit[9]. Au retour de Florin Périer dans le jardin des Pères Minimes, le Père Chastin rapporte n'avoir relevé aucune variation dans le niveau de mercure malgré les changements de temps. Périer répète la toute première expérience avec le matériel emporté au puy de Dôme et retrouve les résultats initiaux[10].

 
Gravure de Deulland illustrant des dispositifs expérimentaux utilisés pour les travaux de Blaise Pascal sur le vide. Elle est extraite de l'ouvrage Architecture hydraulique, ou l'art de conduire, d'élever et de ménager les eaux pour les différents besoins de la vie (Bernard Forest de Bélidor, 1737).

Le Père de la Mare, présent lors des manipulations au jardin des Pères Minimes et au fait des résultats obtenus au puy de Dôme, suggère à Florin Périer dès le lendemain - le 20 septembre - de reproduire l'expérience, en prenant comme terrain l'une des tours de la cathédrale Notre-Dame de Clermont[11]. L'expérience est faite le jour même de la demande, « en une maison particulière, qui est au plus haut lieu de la ville, élevé par dessus le jardin des Minimes de six ou sept toises (soit entre 11,7 et 13,7 mètres environ), et au pied de la tour[12] ». Le mercure s'élève dans le tube à une hauteur de 26 pouces et 3 lignes, et est donc plus bas que celui mesuré au jardin des Minimes d'une demi ligne[13]. L'expérience est ensuite reproduite au sommet de la tour, haute de 20 toises (environ 39 mètres) et plus haute que le jardin des Minimes de 26 ou 27 toises[11] (soit entre 50,7 et 52,6 mètres environ). Cette fois, le mercure s'élève dans le tube à une hauteur de 26 pouces et 2 lignes, c'est à dire plus bas d'environ deux lignes que le niveau mesuré au pied de la tour, et deux lignes et demie plus bas qu'au niveau du jardin des Minimes[14].

Ces résultats viennent conforter ceux de la veille : la maison étant située à une altitude plus élevée que le jardin, la pression atmosphérique s'exerce plus faiblement sur le mercure et le fait remonter moins haut. Il en va de même au sommet de la tour, où la pression est plus faible qu'au niveau de la maison située à son pied. Ils viennent également conforter les prédictions de Blaise Pascal qui, après avoir reçu les résultats des expériences dans une lettre que Florin Périer rédige trois jours plus tard[d], décide de les reproduire à partir de la tour Saint-Jacques à Paris[e] et note une différence de deux lignes entre les niveaux de mercure relevés au sommet et au pied de la tour. Il réitère ensuite l'expérience dans une « maison particulière haute de 90 marches[17] » où il explique trouver une-demi ligne de différence avec la mesure probablement relevée au pied de cette maison[f]. L'expérience de la tour Saint-Jacques est un succès qui confirme les résultats déjà probants de son beau-frère.

Florin Périer insiste toutefois sur une limite à ces travaux : si le niveau de mercure a chaque fois été relevé avec précision, les calculs qu'il en tire sur le rapport entre l'altitude et le niveau de mercure ne sont pas parfaitement exacts dans la mesure où la hauteur des différents lieux d'expérience n'est pas connue avec précision. Il suggère donc de répliquer ces expériences en faisant chaque fois varier l'altitude de 100 toises (environ 195 mètres) en 100 toises[19], pour « arriver à la parfaite connaissance de la juste grandeur du diamètre de toute la sphère de l'air[19] ».

Conclusion et applications des résultats modifier

Les résultats obtenus lors des expériences de Rouen, qui vont dans le sens de ceux de Torricelli, sont insuffisants pour Pascal. Les tenants de la physique d'Aristote et de l'horreur du vide soulèvent encore des objections, auxquelles Pascal répond une à une dans le Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs. Au contraire, les travaux basés sur la différence de pression atmosphérique en fonction de l'altitude ont « éclairci toutes [ses] difficultés[20] » et apportent un argument décisif : il n'y a en effet aucune raison que l'horreur du vide varie en fonction de l'altitude, c'est donc bien la pression atmosphérique qui est en jeu et le sommet du tube est bien vide.

Pascal se montre dans ce nouvel écrit plus affirmatif encore que dans les Expériences nouvelles touchant le vide.

Il insiste également sur les rapports des scientifiques de son temps avec l'autorité de la scolastique et sur la nécessité des expériences, « véritables maîtres qu'il faut suivre dans la physique » dans la construction des connaissances : « L'évidence de l'expérience me force de quitter les opinions où le respect de l'antiquité m'avait tenu. ». Ce passage illustre une autre rupture d'avec la physique d'Aristote : Pascal prend pour point de départ l'expérience, il va de la nature à la raison[21]. La répétition des expériences est un autre élément clé : il ne s'agit pas d'en faire une seule, mais de la répéter pour s'assurer de retrouver les mêmes résultats[g].

« Et comme je suis certain que Galilée et Toricelli eussent esté ravis d’apprendre de leur temps qu’on eut passé outre la cognoissance qu’ils ont euë, je vous proteste, Monsieur, que je n’auray jamais plus de joye que de voir que quelqu’un passe outre celle que j’ay donnée[23] ».

Les applications possibles de ces résultats apparaissent très rapidement ; trois sont exposées dans le Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs. En premier lieu, on s'aperçoit que les variations du niveau de mercure rendent possible la comparaison des altitudes de différents lieux, peu importe la distance qui les sépare. Ensuite, le principe du thermomètre, déjà existant, est à améliorer. Enfin, il est démontré qu'à température égale, la pression atmosphérique varie et est plus faible à haute altitude qu'à basse altitude[24]. Comme le souligne Jean Mesnard, dans le contexte des travaux scientifiques de Blaise Pascal, « une brillante étape s'ouvre avec le succès de l'expérience du puy de Dôme[25] ».

Réception modifier

Succès et diffusion modifier

Le Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs paraît vers la fin de l'année 1648[26].

L'abbé Pierre Michon Bourdelot en fait parvenir trois exemplaires en Italie[26]. Aux dires de Pascal lui-même, le Récit est envoyé en de nombreux exemplaires et de nombreux endroits[h].

Charles de Vion d'Alibray, proche de Blaise Pascal, a écrit des stances sur le vide, dans lesquelles il reprend notamment la nécessité déjà évoquée par Blaise Pascal de se détacher de l'autorité des anciens - ce qui laisse suggérer, comme le souligne Gustave Michaud, que ce poème date de 1648 environ et a été largement inspiré par le Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs[28]. Dalibray avait déjà rendu hommage aux travaux de Blaise Pascal en composant un sonnet sur la pascaline[29].

Contestations modifier

XVIIe siècle modifier

Le passage de la physique aristotélo-scolastique à la physique mécaniste est une grande révolution du XVIIe siècle : comme l'illustre déjà Pascal, l'autorité des savants de l'antiquité laisse place à une construction des savoirs basée sur l'expérimentation[30].

Descartes, affirme avoir eu le premier l'idée d'incorporer aux expériences de Torricelli les variations d'altitude, et l'avoir suggérée à Blaise Pascal[31]. Le jésuite Gabriel Daniel[32] et Adrien Baillet, biographe du philosophe, reprennent cette assertion[i],[34],[35],[36] . Dans son Voyage du monde de Descartes, le Père Daniel réinvente des dialogues avec des savants de son époque ; il imagine Descartes lui expliquer être à l'origine de l'expérience du puy de Dôme, et l'avoir détaillée lors de leurs entretiens des 23 et 24 septembre 1647[37] à un Blaise Pascal sceptique, qu'il faut convaincre de la future réussite de l'expérience[32]. Descartes aurait en premier lieu porté ces accusations auprès de Carcavy : « c’est moy qui l’ay advisé, il y a deux ans, de faire cette expérience, et qui l’ay assuré que, bien que je ne l’eusse pas faite, je ne doutois point du succez[38] ».

Pascal, qui s'est momentanément retiré du débat sur l'existence du vide, le reprend de nouveau en 1651[39]. Il revient notamment en juillet de cette année dans une lettre à Paul de Ribeyre[40], dont il est proche, sur les incidents avec le Père Médaille qui, au collège des jésuites, aurait non seulement affirmé que Blaise Pascal n'était pas à l'origine de l'expérience du puy de Dôme[41], mais qu'il s'était également approprié les travaux de Torricelli[42] et que les expériences de Rouen avaient d'abord été menées par d'autres en Pologne. Pascal reprend ces accusations en précisant le contexte de réalisation de ses travaux, et en insistant de manière virulente sur sa méconnaissance par le Père Médaille[j].

XXe siècle modifier

Recueil Duhem, Brunschvicg, Félix Mathieu (accuse Pascal d'avoir forgé la lettre de Florin Périer qui raconte l'expérience)

Plus généralement, les travaux de Pascal sur le vide ont suscité de vifs débats.

Alexandre Koyré (Pascal savant, Royaumont 1954), Kimiyo Koyanagi, colloque Les Pascal à Rouen, 1640-1648 (2001), congrès de 1999.

Reproduisent les expériences mais constatent des phénomènes qui ne sont pas décrits par Pascal (bouillonnement,...)

Ces dernières contestations ont incité à Armand le Noxaïc et Pierre Lauginie à reproduire les expériences de Rouen.

Postérité modifier

Un espace pédagogique du museum Henri Lecoq, à Clermont-Ferrand, détaille les travaux de Blaise Pascal sur le vide.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. « Le Père Mersenne essaya de la répéter à Paris, et, n'y ayant pas entièrement réussi, il la quitta et n'y pensa plus[2] ».
  2. « Alors que je mis au jour mon abrégé sous ce titre, Expériences nouvelles touchant le vide, &c., où j'avais employé la maxime de l'horreur du vide, parce qu'elle était universellement reçue, et que je n'avais pas encore de preuves convaincantes du contraire : il me resta quelques difficultés qui me firent grandement défier de la vérité de cette maxime, pour l'éclaircissement desquelles je méditais dès lors l'expérience dont je fais voir ici le récit[5]. ».
  3. Comme Pascal l'explique à Paul de Ribeyre dans sa lettre du 12 juillet 1651 : « dés l’année 1647 nous fusmes advertis d’une très belle pensée qu’eust Toricelli, touchant la cause de tous les effetz qu’on a jusqu’à présent attribués à l’horreur du vuide. Mais comme ce n’estoit qu’une simple conjecture, et dont on n’avoit aucune preuve pour en recognoistre ou la vérité, ou la fausseté, je meditay dés-lors une Experience que vous sçavez avoir esté faite en 1648. par Monsieur Perier au haut et au bas du Puy de Domme[6] ».
  4. Soit le 22 septembre 1648[15].
  5. Qu'il dit haute de 24 à 25 toises, soit entre 46,8 et 48,7 mètres environ[16].
  6. Pascal ne donne pas de détail particulier, mais il est très vraisemblable qu'il ait utilisé la même procédure expérimentale pour faire cette expérience que pour celle de la tour Saint-Jacques[18].
  7. Blaise Pascal l'indique encore dans sa lettre du 12 juillet 1651 à Paul de Ribeyre : « Ces nouvelles nous ayant esté en l'année 1646. portées à Rouen, où j'estois alors, nous y fismes cette Expérience d'Italie sur les Mémoires du P. Mersenne, laquelle ayant très bien-réussi, je la repetay plusieurs fois; et par cette fréquente répétition, m'estant asseuré de sa vérité, j'en tiray des conséquences, pour la preuve desquelles je fis de nouvelles Experiences très différentes de celles la[22] ».
  8. « une Experience que vous sçavez avoir esté faite en 1648. par Monsieur Perier au haut et au bas du Puy de Domme, dont on a aussi envoyé des exemplaires de toutes parts, où elle a esté receuë avec joye, comme elle avoit esté attendue avec impatience[27] ».
  9. « M. Descartes qui étoit à La Haye lorsqu'il reçut la lettre de M. Carcavi, fut ravi du succès de l'expérience de M. Pascal concernant le vif-argent. [...] Il réécrivit à M. Carcavi qu'il avait intérêt de le sçavoir, non seulement parce qu'il s'en était avisé avant Torricelli, & qu'il avait prié M. Pascal de la vouloir faire, lorsqu'il le vit à Paris en 1647 ; mais parce qu'elle étoit entièrement conforme à ses principes, auxquels M. Pascal sembloit avoir été contraire jusques-là ».[33].
  10. « De sorte que je crois que ce bon Père de Montferrand est le seul entre les curieux de toute l’Europe qui n’en a point eu de cognoissance, Je ne sçay par quel mal’heur, si ce n’est qu’il fuye le commerce et la communication des sçavans, pour des raisons que je ne pénètre pas[43] » ; plus loin, il précise : « Pour vous le tesmoigner, Monsieur, je metz en faict qu’il ne sçait aucune particularité de l’histoire de ces Experiences[44] ».

Références modifier

  1. (Blaise Pascal 1647, p. I)
  2. Blaise Pascal et Jean Mesnard 1970, p. 806.
  3. (Blaise Pascal 1647, p. 2)
  4. (Blaise Pascal 1647, p. 25)
  5. Blaise Pascal et Florin Périer 1648, p. 1.
  6. Blaise Pascal, Léon Brunschvicg et Pierre Boutroux 1923, p. 494
  7. (Blaise Pascal et al. 1648, p. 11)
  8. (Blaise Pascal et al. 1648, p. 12)
  9. (Blaise Pascal et al. 1648, p. 13)
  10. (Blaise Pascal et al. 1648, p. 13)
  11. a et b (Blaise Pascal et al. 1648, p. 14)
  12. (Blaise Pascal et al. 1648, p. 14)
  13. (Blaise Pascal et al. 1648, p. 14)
  14. (Blaise Pascal et al. 1648, p. 14)
  15. Blaise Pascal et Florin Périer 1648, p. 16.
  16. Blaise Pascal et Florin Périer 1648, p. 19.
  17. (Blaise Pascal et Florin Périer 1648, p. 19).
  18. Blaise Pascal et Florin Périer 1648, p. 19.
  19. a et b (Blaise Pascal et al. 1648, p. 16)
  20. (Blaise Pascal et Florin Périer 1648, p. 19).
  21. (Hélène Michon 2002)
  22. Blaise Pascal, Léon Brunschvicg et Pierre Boutroux 1923, p. 482.
  23. Blaise Pascal, Léon Brunschvicg et Pierre Boutroux 1923, p. 495.
  24. (Blaise Pascal et al. 1648, p. 17)
  25. (Blaise Pascal et al. 1970, p. 653)
  26. a et b (Blaise Pascal et Jean Mesnard 1970, p. 654)
  27. Blaise Pascal, Léon Brunschvicg et Pierre Boutroux 1923, p. 494
  28. (Gustave Michaud 1906, p. 562)
  29. (Blaise Pascal et Jean Mesnard 1970, p. 692-693)
  30. (Matthieu Lesueur 2019, p. 369)
  31. (Blaise Pascal et Jean Mesnard 1970, p. 655)
  32. a et b (Gabriel Daniel 1691, p. 188)
  33. Adrien Baillet 1691, p. 380.
  34. (Simone Mazauric 1999)
  35. (Simone Mazauric 1999)
  36. (Adrien Baillet 1691, p. 330;374;378;380)
  37. (Geneviève Rodis-Lewis 1991, p. 7)
  38. Blaise Pascal, Léon Brunschvicg et Pierre Boutroux 1923, p. 408
  39. (Blaise Pascal 1970, p. 804-813)
  40. (Simone Mazauric 1999)
  41. Mathilde Jeudy, « Paul Ribeyre », sur Blaise Pascal (consulté le )
  42. (Blaise Pascal et Jean Mesnard 1970, p. 805-806)
  43. Blaise Pascal, Léon Brunschvicg et Pierre Boutroux 1923, p. 486
  44. et al. 1923, p. 489

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Publications de physique du XVIIe siècle modifier

  • Galileo Galilei, Discorsi e dimostrazioni matematiche intorno a due nuove scienze attenenti alla mecanica e i movimenti locali..., Leyde, Elsevier, (lire en ligne)
  • Blaise Pascal, Expériences nouvelles touchant le vuide, faites dans des tuyaux, syringues, soufflets, & siphons de plusieurs longueurs & figures : avec diverses liqueurs, comme vif-argent, eau, vin, huyle, air, &c., Paris, Pierre Margat, (lire en ligne)
  • Blaise Pascal, « Correspondance de Pascal avec Monsieur de Ribeyre (juillet - août 1651) », dans Blaise Pascal, Jean Mesnard, Pascal : Œuvres complètes, vol. II : Œuvres diverses, Paris, Desclée de Brouwer, , p. 799-818
  • Blaise Pascal et Florin Périer, Récit de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs, projectée par le sieur B. P. [Blaise Pascal] pour l'accomplissement du traicté qu'il a promis dans son abbrégé touchant le vuide, et faite par le sieur F. P. [Florent Perier] en une des plus hautes montagnes d'Auvergne, Paris, (lire en ligne)
  • Evangelista Torricelli, Opera geometrica… De solidis sphaeralibus. De motu. De dimensione parabolae. De solido hyper bolico. Cum appendicibus de cycloide, & cochlea, Florentiæ, A. Masse e L. de Landis, (lire en ligne)

Autres publications du XVIIe siècle modifier

  • Adrien Baillet, La vie de Monsieur Descartes, vol. 2, Paris, Daniel Horthemels, (lire en ligne)
  • Gabriel Daniel, Voyage du monde de Descartes, Paris, Chez la Veuve Simon Bernard, (lire en ligne)
  • Blaise Pascal, Lettre de M. Pascal le fils. Adressante à M. le Premier Président de la cour des aydes de Clermont-Ferrand [Ribeyre]. Sur le suiet [sic.] de ce qui s'est passé en sa présence dans le collège des jésuites de Montferrand, aux thèses de philosophie qui luy ont esté dédiées, & qui ont esté soutenuës le 25 juin 1651., (lire en ligne)
  • Jacqueline Pascal, « Lettre de Jacqueline Pascal à sa sœur Gilberte (25 septembre 1647) », dans Blaise Pascal, Jean Mesnard, Pascal : Œuvres complètes, vol. II : Œuvres diverses (1623-1654), Paris, Desclée de Brouwer, , p. 478-482

Sur la controverse lancée par Félix Mathieu modifier

  • Léon Brunschvicg, « Critiques : à propos de Pascal et de l'expérience du Puy-de-Dôme », Correspondance. Union pour la Vérité, no 2,‎ , p. 141-161
  • Léon Brunschvicg, « Pascal a-t-il volé Auzoult ? », Journal des débats, no 120,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  • Abel Lefranc, « Défense de Pascal : Pascal est-il un faussaire ? : Partie 1 », la Revue politique et littéraire (Revue bleue), no 6,‎ , p. 1-5 (lire en ligne)
  • Abel Lefranc, « Défense de Pascal : Pascal est-il un faussaire ? : Partie 2 », la Revue politique et littéraire (Revue bleue), no 7,‎ , p. 4-11 (lire en ligne)
  • Abel Lefranc, « Défense de Pascal : Pascal est-il un faussaire ? : Partie 3 », la Revue politique et littéraire (Revue bleue), no 8,‎ , p. 5-12 (lire en ligne)
  • Abel Lefranc, « Défense de Pascal : Pascal est-il un faussaire ? : Partie 4 », la Revue politique et littéraire (Revue bleue), no 10,‎ , p. 16-17 (lire en ligne)
  • Félix Mathieu, « Pascal et l'expérience du puy de Dôme : Partie 1 », La Revue de Paris, no 7,‎ , p. 565-589 (lire en ligne)
  • Félix Mathieu, « Pascal et l'expérience du puy de Dôme : Partie 2 », La Revue de Paris, no 8,‎ , p. 772-794 (lire en ligne)
  • Félix Mathieu, « Pascal et l'expérience du puy de Dôme : Partie 3 », La Revue de Paris, no 9,‎ , p. 179-206 (lire en ligne)
  • Félix Mathieu, « Pascal et l'expérience du puy de Dôme : Partie 4 », La Revue de Paris, no 5,‎ , p. 176-224 (lire en ligne)
  • Félix Mathieu, « Pascal et l'expérience du puy de Dôme : Partie 5 », La Revue de Paris, no 6,‎ , p. 347-378 (lire en ligne)
  • Félix Mathieu, « Pascal et l'expérience du puy de Dôme : Partie 6 », La Revue de Paris, no 8,‎ , p. 835-876 (lire en ligne)
  • Georges Monchamp, « Une lettre 'perdue' de Descartes », Bulletins de l'Académie Royale de Belgique, no 8,‎ , p. 632-644
  • J. Thirion, « Pascal : l'horreur du vide et la pression atmosphérique : partie 1 », Revue des questions scientifiques, no 7,‎
  • J. Thirion, « Pascal : l'horreur du vide et la pression atmosphérique : partie 2 », Revue des questions scientifiques, no 8,‎

Publications contemporaines modifier

Sur Descartes et Blaise Pascal modifier
  • Matthieu Lesueur, « Le Voyage du monde de Descartes de Gabriel Daniel : étude d'une philosophie-fiction à vocation scientifique », dans Veran Stanojević, Milica Vinaver-Ković, Les études françaises aujourd’hui, vol. 11 : Interactions dans les Sciences du Langage. Interactions disciplinaires dans les Études littéraires, (ISBN 978-86-6153-608-3), p. 368-378
  • Geneviève Rodis-Lewis, « La rencontre de Descartes et Pascal : réalité et fiction », Revue des Sciences philosophiques et théologiques, vol. 75, no 1 « Le Dieu de la foi et le Dieu de la raison : Descartes et Pascal »,‎ , p. 6-18 (lire en ligne)
Publications générales modifier
  • Simone Mazauric, « Crise de la physique au XVIIe siècle et la querelle du vide », Raison présente, vol. 131, no 1,‎ , p. 13–30 (DOI 10.3406/raipr.1999.3552, lire en ligne, consulté le )
  • Gustave Michaud, « Un poète ami de Pascal », la Revue Latine, no 9,‎ , p. 561-569 (lire en ligne)
  • Hélène Michon, « Aristote et Pascal », Courrier du Centre International Blaise-Pascal, no 24,‎ , p. 8–25 (ISSN 0249-6674, DOI 10.4000/ccibp.533, lire en ligne, consulté le )
  • Blaise Pascal, Léon Brunschvicg et Pierre Boutroux (éditeurs scientifiques), Œuvres de Blaise Pascal, vol. II, Paris, Hachette, (lire en ligne)
  • Blaise Pascal et Jean Mesnard (éditeur scientifique), Pascal : Œuvres complètes, vol. II : Œuvres diverses (1623-1654), Paris, Desclée de Brouwer,

Références externes modifier

Dominique Descotes et Gilles Proust : Pensées de Pascal : Aristote