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La réutilisation des communs numériques

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Les communs numériques jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement de nombreux outils et services numériques intégrés à notre quotidien, avec une utilisation répandue tant par des entreprises que par des organismes publics. Les données d'OpenStreetMap sont utilisées pour alimenter l'application de cartographie Plans d'Apple[1] mais aussi par l'IGN et La Poste pour constituer la Base adresse nationale[2]. Les contenus de Wikipédia, reconnus pour leur fiabilité, sont aussi largement sollicités dans de nombreux projets conduits par des entreprises . Pour lutter contre les fausses informations et le complotisme, Youtube a annoncé qu'elle afficherait des extraits de articles de Wikipédia sous les vidéos qui portent sur des théories du complot[3]. Les contenus de l'encyclopédie sont intégrés par la majorité des assistants vocaux pour enrichir leurs réponses automatiques[4]. Plus largement, les articles de Wikipédia apparaissent souvent en tête des résultats du moteur de rechercher de Google et sont mis en évidence dans un encadré Knowledge Graph. L'importance des contenus de Wikipédia a par ailleurs conduit à la conclusion d'un partenariat entre Google et Wikimedia Enterprise[5].

Plus personne ne développe de logiciel sans utiliser de façon importante et systématique des composants de logiciel libre ou open source. L'apparition de ces logiciels a profondément modifié la façon dont on développe le logiciel de nos jour et grandement augmenté la productivité de cette activité industrielle.

Les communs et le marché

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Les grandes entreprises numériques ont largement recours au monde du libre et des communs numériques pour leur fonctionnement, leur amélioration de services, voire le déploiement de stratégies prédatrices ou anti-concurrentielles. Cependant, cette utilisation soulève un défi majeur en termes de réciprocité entre le monde commercial et les communs numériques[6].

Les communs numériques sont parfois utilisés pour déployer des stratégies commerciales, ce qui peut conduire à les qualifier de "communs du capital"[6]. Ils deviennent des outils stratégiques pour des entreprises qui cherchent à réduire leur dépendance vis à vis d'une autre entreprise, comme c'est le cas d'Apple et de Facebook qui utilisent OpenStreetMap pour rivaliser avec Google Maps[7]. La réutilisation des ressources des communs numériques par les entreprises, parfois dénoncée comme un pillage des projets contributifs[8], peut conduire à une dépendance des communs numériques à l'égard des acteurs commerciaux[9]. Par exemple, lorsque Wikipédia est supprimé des résultats du moteur de recherche de Google, le taux de clics sur les résultats proposés baisse significativement puisque la majeure partie de son lectorat est tirée de Google[10].

Cette tendance à l'intégration des communs numériques dans des logiques marchandes peut par ailleurs renforcer la menace sur leur pérennité[6]. Les entreprises qui utilisent les communs numériques ne contribuent pas forcément en retour, faisant reposer la charge du maintien et du développement de la ressource à la communauté souvent composée de bénévoles[11]. Pour redresser cette situation, certains appellent à ce que les grandes entreprises du numérique soutiennent davantage financièrement les communs numériques[12], ou encore encouragent le développement d'outils juridiques qui imposent une forme de réciprocité[13].

  1. « Acknowledgements », sur gspe21-ssl.ls.apple.com (consulté le )
  2. Claire-Marie Foulquier-Gazagnes, « Acteurs publics et société civile s’associent pour la constitution d’une Base Adresse Nationale (« BAN ») collaborative – Etalab » (consulté le )
  3. « Pour combattre le complotisme, YouTube fait appel à Wikipédia », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. « Pourquoi Amazon donne 1 million de dollars à Wikipédia », sur Les Echos, (consulté le )
  5. « Google devient client de Wikipédia », sur Le Figaro, (consulté le )
  6. a b et c Lionel Maurel. Les Communs numériques sont-ils condamnés à devenir des ”Communs du Capital” ?. 6ème rencontres du GESS : “ ESS, Communs, Organisations alternatives : La gestion solidaire peut-elle fédérer autour d’une plus grande soutenabilité ? ”, GESS, Dec 2018, Paris, France. hal-01964963
  7. « Le projet OpenStreetMap accueille de nombreux contributeurs dont Microsoft, Apple et Facebook, Google Maps doit-il craindre cette collaboration ? », Developpez.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. Mathieu O'Neil, Laure Muselli, Fred Pailler & Stefano Zacchiroli, « Le pillage de la communauté des logiciels libres », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  9. Sébastien Broca, « Communs et capitalisme numérique : histoire d’un antagonisme et de quelques affinités électives », Terminal. Technologie de l'information, culture & société, no 130,‎ (ISSN 0997-5551, DOI 10.4000/terminal.7595, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Connor McMahon, Isaac Johnson et Brent Hecht, « The Substantial Interdependence of Wikipedia and Google: A Case Study on the Relationship Between Peer Production Communities and Information Technologies », Proceedings of the International AAAI Conference on Web and Social Media, vol. 11, no 1,‎ , p. 142–151 (ISSN 2334-0770, DOI 10.1609/icwsm.v11i1.14883, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) Russell Brandom, « Why Heartbleed is the most dangerous security flaw on the web », sur The Verge, (consulté le )
  12. (en-US) Katherine Maher, « Facebook and Google must do more to support Wikipedia », Wired,‎ (ISSN 1059-1028, lire en ligne, consulté le )
  13. calimaq, « Comprendre le principe des licences à réciprocité en 5 minutes », sur - S.I.Lex -, (consulté le )