Utilisateur:Dja-stéo/Evelyne Lavalette

Évelyne Safir Lavalette née Évelyne Paule Lavalette en 1927 à Rouïba et morte le 25 avril 2014 à Médéa, est une personnalité algérienne d'origine française, membre du FLN et moudjahida de la guerre d'indépendance algérienne.

ancienne militante de la cause nationale durant la guerre d’indépendance algérienne.

Agent de liaison au sein du FLN Militante de la cause nationale durant la guerre d’indépendance algérienne au sein du FLN, puis députée de la première assemblée constituante d'algérie

membre du FLN et moudjahida (militante de l'indépendance algérienne) de la guerre d'indépendance algérienne puis députée de la première assemblée constituante d'algérie

Biographie

Évelyne Lavalette est issue d'une famille de pieds-noirs de la troisième génération. Sa famille appartient à la petite bourgeoisie. Elle a grandi à Rouïba, à l'est d'Alger.[1]Elle étudie dans des écoles françaises laïques et est membre du scoutisme féminin au sein des Guides de France[2][3].

Elle participe à des rencontres amicales entre différents mouvements éducatifs et confessionnels de jeunes, algériens comme européens. On y retrouve des scouts de France, des guides, des scouts musulmans mais aussi l'association des étudiants catholiques et des mouvements de jeunesse politique nationaliste[4].

En 1952, se crée l’AJAAS (Association de la jeunesse algérienne pour l’action sociale) issu de ces rencontres. L'AJAAS organise à la fois des rencontres sur des thèmes d'actualité comme le chômage, la faim ou le colonialisme mais aussi des activités sociales dans les quartiers défavorisés d’Alger : alphabétisation, consultation médicale gratuite, consultation d’aide sociale.

C'est dans cette association qu'Evelyne Lavalette et d'autres européens comme Pierre Chaulet découvrent les conditions de vie des populations rurales algériennes et la pauvreté des secours publics par rapport à la population européenne[4].

Elle est parallèlement lié aux aumôniers de l'action catholique ouvrière et adhère à la Confédération française des travailleurs chrétiens[1].

En 1955, un an après le déclenchement de l’insurrection du 1er novembre 1954, elle rejoint les rangs du Front de libération nationale (FLN). Son interlocuteur principal est Benyoucef Benkheda[1]. Elle est alors secrétaire de l'Institut de recherches économiques et sociales d'Alger (I.R.E.S.A.), organisme privé fondé à l'initiative du doyen de la faculté de droit d'Alger[3].

Elle met à disposition son appartement au centre d’Alger et y héberge à différentes reprises des combattants du FLN, parmi lesquels le colonel Ouamrane, le colonel Sadek, Krim Belkacem, Larbi Ben M'hidi, Mohamed Seddik Benyahia, Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda[1][3][5][6].

Elle est aussi agent de liaison, assure l'impression de tracts, et le transport de matériel[7]. Elle participe à l’impression du premier numéro d’El Moudjahid en 1956. C'est elle qui obtient que le ronéo, servant à imprimer le journal et les tracts, soit installé chez l'abbé Leclerq, aumônier des prisons, au sein du presbytère[6]. Elle dactylographie pour le même journal un document épais sur le congrès de la Soummam, l’appel à la grève des étudiants de février 1956 et la lettre d'Ahmed Zabana à ses parents, guillotiné en juin 1956[8][7]

Elle est arrêtée le 15 novembre 1956 par des civils européens, conduite à la DST, elle est torturé pendant 8 jours et reste autant de temps sans manger[6][9]. Le 23 mars 1957, elle est jugée avec plusieurs autres femmes, dont Zoubida Bekkadour, pour avoir hébergé des nationalistes et pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Elle est condamnée à 3 ans de prison[3][1].

Lors de son procès, le président du tribunal correctionnel d’Oran refuse d'examiner la question des tortures qu'elle rapporte avoir subit, au motif que «Nous ne sommes pas ici pour faire le procès de sainte Évelyne martyre, mais celui d’Évelyne Lavalette, complice des assassins »[10],[11]

Elle est envoyée de prison en prison. Elle est détenue à la prison d’Oran de 1956 à 1957, puis à Orléansville (Chlef), et enfin à la centrale de Maison-Carrée (El-Harrach). Elle est libérée en 1959.

A Orléansville (Chlef), elle passe quatre mois dans les cachots pour "refus en tant que prisonnière politique de travailler avec les droits communs". A Maison-Carrée (El-Harrach), elle fait une grève de la faim qui lui vaut un coma et l’hospitalisation à l’hôpital Mustapha dans la section psychiatrique pendant quatre mois. Sur grâce du général de Gaulle, elle est libérée pour être expulsée sur la France le 31 août 1959[1].

Menacée par l'organisation "La Main rouge", elle s'exile pendant deux ans en Suisse avant de revenir s'installer en Algérie[12].

À l’indépendance de l'Algérie, elle est élue à l’Assemblée constituante avec Claudine Chaulet et Pierre Chaulet puis est élue seule à Assemblée nationale en 1964[2]. Elle a alors abandonné la nationalité française pour la nationalité algérienne.

En 1967, elle épouse le journaliste Abdelkader Safir, un des éminents pères du journalisme algérien.

Elle est conseillère au ministère du Travail puis quitte Alger pour diriger la Sécurité sociale à Médéa[7].

Elle publie en 2013 une autobiographie aux éditions Barzakh, Juste Algérienne… comme une tissure

Elle a vécu à Médéa jusqu'à son décès, le 25 avril 2014. Elle est inhumée à Alger, au cimetière chrétien de Diar Essâada (El Madania).

Notes et références

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  1. a b c d e et f « LAVALETTE Évelyne [Eveline SAFIR LAVALETTE] [Dictionnaire Algérie] - Maitron », sur maitron.fr (consulté le )
  2. a et b (en) Darcie Fontaine, Decolonizing Christianity: Religion and the End of Empire in France and Algeria, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-107-11817-1, lire en ligne)
  3. a b c et d « Trois jeunes femmes - dont Mlle Lavalette - condamnées à des peines de prison pour avoir hébergé des rebelles », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a et b Lionel Christien et Jean-Jacques Gauthé, « 21. Paris-Alger. Les Scouts de France et la guerre d'Algérie: », dans De l'Indochine à l'Algérie, La Découverte, (ISBN 978-2-7071-4007-4, DOI 10.3917/dec.bance.2003.01.0262. url : https://www.cairn.info/de-l-indochine-a-l-algerie--9782707140074-page-262.htm, lire en ligne), p. 262–272
  5. Hervé Hamon et Patrick Rotman, Les porteurs de valises: la résistance française à la guerre d'Algérie, Albin Michel, (ISBN 978-2-02-006096-7, lire en ligne)
  6. a b et c Andrée Dore-Audibert, Des Françaises d'Algérie dans la Guerre de libération: des oubliées de l'histoire, KARTHALA Editions, (ISBN 978-2-86537-574-5, lire en ligne)
  7. a b et c « Éveline Lavalette Safir… : «Tes cheveux démêlés cachent une guerre de 7 ans» | El Watan », sur www.elwatan.com (consulté le )
  8. « Elles ont dit | El Watan », sur www.elwatan.com (consulté le )
  9. « Le cas de Mlle Evelyne Lavalette », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Sylvie Thénault, Une drôle de justice, La Découverte, (ISBN 978-2-7071-4258-0, lire en ligne)
  11. Laurent Schwartz, Le problème de la torture dans la France d'aujourd'hui, 1954-1961, Cahiers de la république, (lire en ligne)
  12. liberte-algerie.com, « Médéa: décès de la moudjahida Evelyne Safir: Toute l'actualité sur liberte-algerie.com », sur http://www.liberte-algerie.com/ (consulté le )

Publication

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Voir aussi

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Filmographie

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  • Résistantes, documentaire de Fatima Sissani, France-Suisse, 2019, 1 h 16 min (voir notice bibliographique [archive] du catalogue général de la BnF) Sorti en 2017 sous le titre Tes cheveux démêlés cachent une guerre de sept ans ; avec les témoignages d’Eveline Lavalette Safir, Zoulikha Bekaddour et Alice Cherki.