« Personnalisme » : Philosophie visant à redéfinir la nature même de l’Homme en dépassant le simple « individu » et à remettre « le principe d’Humanité » au cœur de toute action collective. Avec ou sans Dieu. En tant que telle est elle une tentative de dépassement de l’ "individualisme"


Le XXIe siècle commence dans un grand trouble civilisationnel. Dans le "chaudron" des sociétés d'aujourd'hui, tout se mêle et s'entrechoque : vertige de "la fin de l'Histoire", angoisse du "Dernier Homme", débats sur l’ « Etre » et « l’étant » heideggerien, "Défaite de la Pensée", "Crise du Politique". L'Histoire irait-elle «  trop vite » ?

Ben Laden et "l'hyper-terrorisme" des fascistes djihadistes ont encore aggravé le malaise. C'est le principe même d'humanité qui est en question. Dans tous les domaines. Et la satanique dictature du technoscientisme n'ouvre guère d'horizons d'espérance. Le Mal aurait-il plus d'avenir que le Bien ? Les nouveaux apprentis-sorciers donneraient-ils raison à ceux qui annonçaient que seule "l'inhumanité a un bel avenir" ?

En arrière-plan et au cœur même de ce mal-être, une question-clef : quelle est la définition de la nature même de l'Homme et de l'Humanité ? "Il faut redéfinir l'Homme", dit Albert Jacquard.

L'Europe en quête d'unité a dans ce contexte une responsabilité particulière : se montrer digne des valeurs qu'elle prétend défendre. Elle ne le fera que si elle a le courage de mettre en avant sa plus belle des inventions : la personne. Cette "personne" que le XXe siècle a tant étouffé, tellement piétiné, tragiquement nié ! Cette "personne" qui s'est trop effacée devant "l'individu".


Individu ? Animal ? Machine ? Chose ?

Individu ! Cette notion est ambiguë. Trop facile, trop partielle, trop limitée. L'unicité de l'être humain peut répondre à des problèmes d'identité mais elle ne suffit pas à régler les questions de l'altérité, du rapport à l'Autre. Aux autres.

Individu ! Le mot est très pratique. Car il autorise des définitions réductrices de l'Homme. Des définitions de plus en plus courantes dans les formulations d'idéologies, de croyances, d'hypothèses…

L'Homme ? Un animal. De la "viande vivante", dénonce Pierre Legendre. "Une substance symbiotique", prédit Joël de Rosnay. Une "particule". Une "enzyme".

Tout n'est-il pas organique ? Même le désir, le plaisir, le rêve, l'émotion ? Ne trouve-t-on pas de beaux esprits ne faire aucune différence entre "les droits des animaux" et "les droits de l'homme" ?

L'humanité, forme d'animalité ? C'est à la mode. Certains prônent même le "retour à l'animalité".

L'Homme ? Une machine. Jean-Claude Guillebaud l'explique fort bien : "La mort de l'Homme annoncée en 1966 par Michel Foucault dans les Mots et les Choses s'accomplirait, pour de bon, sous l'effet des technosciences, du réseau numérique, de la génétique, des sciences cognitives."

Une machine, Charlot dans "Les Temps Modernes" ! Une machine, l'individu robotisé, transformé en "outil de production", en numéro, en pièce détachable (et remplaçable), en gadget jetable. Manuel ou intellectuel, cols sales, bleus ou blancs, chevilles ouvrières ou cadres supérieurs : le nom est fonction. Le produit, c'est l'étiquette. Et tournez manège ! Dès l'école. Seuls les plus compétitifs, les plus performants s'en sortent.

La machine qu'on garde – qui gagne – c'est celle qui écrase les autres. Malheur aux vaincus ! Pas de pitié pour les perdants : les machines qui fonctionnent mal ou ne fonctionnent plus iront à la déchetterie. Avec recyclage non garanti. Esclavagisme et féodalités.

L'Homme ? Une matière première. Une marchandise. Une chose. Clônable, corvéable et exploitable à merci. Les "concubinages incestueux" entre le monde des affaires (la géofinance) et la recherche scientifico-technique aggrave tout. La prostitution croissante des esprits empoisonne tout.

"L'humanité de l'Homme est assiégée de tout côté", résume Jean-Claude Guillebaud. Le menace est terrible : "déshumanisation de l'homme et du monde", "négation de l'irréductible humanité de l'homme".


Le "propre de l'Homme".

Toutes ces définitions, ces conceptions, partiales et partielles de l'Homme gomment, évidemment, quelques belles spécificités essentielles : tout ce qui "personnalise" l'être humain.

L'Homme. Un animal qui pense, qui rêve, qui fait des projets, qui sait se faire artisan et artiste, fabriquant d'outils, de jouets et d'œuvres d'art, créateur de valeurs, façonneur d'éthique et de morale.

Chez lui, le "je" est dans le "jeu" et tout le jeu de la vie est dans le "je".

La parole, bien sûr, est son privilège. Comme le rire – ce "rire qui s'efface quand s'en va justement la subjectivité" note Bernard-Henry Levy face aux victimes "sans visage, sans nom" des "guerres oubliées" d'Afrique et d'ailleurs, ces "damnés de la guerre" qui vivent dans les "trous noirs" de la planète.

La main aussi est son privilège. Comme la perception et la conception du Bien, du Beau, du Vrai. "Les animaux font-ils l'amour ?" remarque Albert Jacquard. "Non, ils copulent ! Seuls les humains font l'amour". Peut-être parce qu'ils sont seuls aussi à savoir qu'ils sont mortels.

"L'homme seul meurt" notait Hegel. "L'animal périt". Monopole du Requiem ! "Inhumer, creuser des tombes, c'est le propre de l'humain", souligne encore Bernard-Henry Levy.

L'Homme ? Une chose qui sait trouver en elle-même son propre sens, et les signes de ce qui la dépasse : cette transcendance qui l'habite au-delà des croyances, des hypothèses, de la foi, des doutes… "Dieu existe puisque l'Homme l'a inventé", confiait un jour Jorge Semprun devant la cathédrale de Strasbourg.


Masque et visage

Cette nature humaine-là, cet être-là, ne se résume pas à "l'individu" mais recouvre la "personne".

"Personne". Mot d'origine étrusque. En grec : le visage. En latin (personne) : le masque… A chacun son être et son paraître : chacun est à la fois auteur et acteur de sa vie. Mon nom est personne ? Oui. Puisque "personne", c'est aussi ces figurines, des "imagines" que les Anciens plaçaient sur les tombes et qui transmettaient le nom aux descendants.

Visages, masques, noms : tout est lié. A travers le regard et la voix qui percent le visage et transpercent le masque. Et derrière chaque masque, chaque visage, chaque regard, chaque voix, chaque nom se profile une entité unique – un "moi" – capable d'activités libres, d'actes intentionnels, donc se référant à des valeurs. "Deviens ce que tu es".

Ce "moi" – et c'est l'essentiel – ne vaut que parce que chaque "autre" est aussi un "moi". "Je ne suis Je que parce que Tu es aussi un Je". Là est la clef. "L'Autre n'est pas Lui. Il est Je. Et je ne suis Je que parce qu'il est Je". Dans toute la plénitude du "Je". Avec tous les mystères du "Je". Avec la transcendance dont est capable le "Je". Avec la capacité de tout "Je" de générer son propre sens, sa propre métaphysique, sa propre éthique. Son idéal. Sa perfectibilité. Avec le pouvoir de cultiver sa liberté, donc ses propres jardins secrets, malgré les déterminismes en tous genres et les pesanteurs environnementales.

"Ma liberté personnelle dépend en partie du fait que les autres ne connaissent pas tout de moi" note avec pertinence et lucidité Albert Jacquard.

Et le décryptage ou le "séquençage" du génome humain n'y change rien. Le champ ouvert des manipulations génétiques, non plus ! "Le support biologique n'a rien à voir avec l'identité profonde d'un être humain" souligne Albert Jacquard. "La liberté d'une personne n'est pas liée à son génome mais à son humanité", note Alex Kahn en dénonçant la tentation de remplacer les droits de l'homme par "le droit des gènes".


En 1903, déjà...

Philosophie ? Oui, bien sûr. Essentielle et existentielle. Une philosophie qui se nourrit de toutes les mamelles de la "civilisation européenne". Elle aurait pu (dû) être le grand courant inspirateur du XXe siècle… Mais qui se souvient que "le personnalisme" est le titre d'un ouvrage publié en 1903 par Charles Renouvier ? Et dans quelle université étudie-t-on aujourd'hui Maurice Nedoucelle, Kierkegaard, William Stern, Max Scheler, Gabriel Marcel, Jacques Maritain, Emmanuel Mounier, Raymond Rüyer, Gaston Berger, Jean Lacroix ? Des inconnus dans les bataillons des "généraux du savoir", dans les armées des "maréchaux du bien-penser", dans les paroisses des clergés du "philosophiquement correct"…

Karl Jaspers, Vladimir Jankélévitch, Emmanuel Levinas, Paul Ricœur et quelques autres trouvent parfois grâce (heureusement), ici et là, comme incontournables références aux yeux de quelques "maîtres à penser" mais c'est rare.

Ce sont Hegel, Heidegger, Nietzsche et ceux que Husserl qualifiait de "contre-philosophes" qui sont à la mode, dans l'air (pollué) du temps, au "programme" des études des nouvelles générations.

Le Néant plus que l'Etre : les jeunes contaminés par un sida textuel ! Nihilisme ambiant.


Que ferait Hitler aujourd'hui ?

L'individu, il est vrai, est un concept très pratique. N'embrase-t-il pas tout… surtout le pire ? Des individus peuvent se battre, s'entretuer, se sélectionner. Oh ! Les belles convergences entre "le collectivisme des individus" et "l'individualisme de masse" ! Oh ! Les beaux traits d'union entre le libéralisme-totalitaire et le totalitarisme communiste ! Compétition, dévotion, soumission, élimination à tout rime ! Comme eugénisme, racisme et égoïsme…

Hitler – Staline : Auschwitz – Goulag... Quelles alliances terrifiantes : les extrêmes se rejoignent. L'internationale des geôliers, des bourreaux et des apprentis-sorciers.

Que feraient Hitler, Staline, Mao, Pol Pot (et d'autres) avec les technologies d'aujourd'hui, avec le développement des techniques qui façonnent cette "révolution biolithique décrite par Hervé Kempf ? La technobarbarie de Ben Laden confirme que tout est possible, surtout l'inimaginable, le pire.

On en revient au terrible constat de Pierre Legendre, essentiel et trop occulté : Hitler a été vaincu par les armes mais non par des idées, par des arguments.

Les victoires sur les totalitarismes du XXe siècle n'ont pas mis un terme aux idéologies qui transforment (et réduisent) certains hommes en "bétail, boue, ordure", comme disait Primo Lévy. Le "parc humain", si cher à Sloderdijk, est peuplé d'individus non de personnes.

L'égoïsme de masse

La prééminence (intellectuelle et politique) de l'individu imprègne d'ailleurs en profondeur et d'une façon perverse les société les plus "développées" et les plus "démocratiques".

"Un homme, une voix" ? Oui. Mais est-ce suffisant pour échapper aux oligarchies ? Si la démocratie américaine est de type "commercial", comme l'explique bien Olivier Duhamel, c'est bien parce qu'elle repose sur l'individu et non sur la personne. Tocqueville lui-même s'en était rendu compte en dénonçant la possible "tyrannie de la majorité". Raymond Aron, aussi, en avait pleine conscience en décryptant les risques d'un "individualisme de masse". Le conformisme est un totalitarisme ! L'égoïsme de masse aussi.

En Europe même, n'est-ce pas cet "individualisme de masse" qui explique le mal-être d'aujourd'hui ? Sélection et compétition dès le berceau ! Que dis-je ? Avant même l'accouchement. Dès la fécondation, bientôt…

"Le mal de notre civilisation", écrit pertinemment Edgar Morin, "c'est une hydre à plusieurs têtes : l'atomisation, l'anonymisation, la marchandisation, la dégradation morale, le mal-être progressent de façon interdépendante et constituent ce mal.

Ce mal ? Il favorise le développement d'une hiérarchisation de la société crapuleuse, d'une économie de trafic, d'une sociabilité de corruption, d'une diplomatie de tricheurs, d'un droits des gens hypocrites, d'une voyoucratie… Tant pis si les inégalités se multiplient et s'accroissent ! Tant pis, les mots-cultes sans cesse convoqués et célébrés perdent et leur valeur et leur sens : liberté, égalité, fraternité, solidarité.

Mêmes nos fameux "Droits de l'Homme", fierté de l'Europe, souffrent, dans les textes et dans leur esprit, du primat donné à l'individu. La raison ? Oui. Mais la compassion ? Où sont les vertus du cœur, intrinsèquement portées par la "personne" ? Le droit ? Oui. Mais, où est cette éthique de la responsabilité inhérente à la personne.


Le juridisme ambiant, en tout et pour tout, est une terrible mécanique, mal huilé, qui dépersonnalise le justiciable. "Accusé, levez-vous ?", certes. L'Homme Sapiens est un plantigrade. L'homanoïde sait tenir sur ses deux jambes. Mais l'individu, brisé, se vide, souvent, de sa personne…


L'égale dignité

Il est vrai que la notion même de "personne" est redoutable. "L'égale dignité" qu'elle implique n'est pas simple à assumer. Comment assurer "l'égale dignité" entre le bourreau et la victime ? Comment, seulement, l'admettre, la reconnaître ?

La justice n'est pas le seul domaine où la "personne" empêche de "tourner en rond", d'agir par habitude, de suivre sa pente sans la remonter. Science ? Conscience et éthique. Philosophie ? Pas de système ! Métaphysique ? Avec ou sans Dieu ! Economie. . Pas d'exploitation de l'Homme par l'Homme. Politique ? Respect. Relations sociales ? Civilité. Relations internationales ? Compréhension, reconnaissance, recherche de médiations. Foi, religion ? Tolérance authentique pour les autres.

Le kamikaze incarne d'une manière caricaturale l'individu dépersonnalisé. Il est (s'est fait ou a été fait) "non-personne". Il se tue en tuant sans savoir qui il tue. Avec une logique qui n'est ni celle du héros, ni celle du martyr. Sans courage et sans vertu, par négation de soi et des autres. Par refus du "moi" – du sien et de celui des autres. Par haine de la vie et amour de la mort. De la mort pour la mort. De la mort comme Destin sans sépulture ! De la mort comme vraie fin de l'Histoire !

Les fanatiques, les fondamentalistes, les intégristes se recrutent où "l'individu est une idée et non une personne". La formule est de Tahar Ben Jalloun. Elle ne vaut pas que pour l'islam. Elle vaut pour tous les sectarismes, tous les intégrismes, pour toutes les idéologies fondées sur la sélection, donc sur l'exclusion et la hiérarchisation et l'exploitation.

Pour "l'ultra-humain"

Il se suffit évidemment pas de remplacer "individu" par "personne", "individuel" par "personnel" et individualisme" par "personnalisme" pour que le monde, subitement, devienne meilleur : la nature humane est ce qu'elle est et les idéologies prométhéennes fondées sur l'impérialiste volonté de "changer le monde" ou l'Homme conduisent aux pires catastrophes.

Mais une remise à la mode, ou plutôt en mode, des philosophes personnalistes, et une mise en avant, un approfondissement, des idées personnalistes peuvent contribuer à sortir de cette spirale de la "déshumanisation de l'homme" qui laisse l'homanoïde de ce début du XXIe siècle sans boussole, sans repère. Et sans idéal – sans horizon d'espérance. Dans une société éclatée minée par ce que Sollers appelle l'individualisme tyrannique.

Nietzsche, à partir de l'individu, rêvait d'un "surhomme". Teilhard de Chardin, à partir de la personne, rêvait d'un "ultra-humain" Lequel est préférable ? Lequel imagine-t-on pour nos descendants ? L'enjeu majeur, pour l'avenir, est bien là.

Zarathoustra n'a-t-il pas trop parlé ? Pourquoi oublie-t-on que Nietsche est mort fou, à Weimar, non loin de Buchenwald ? … Pourquoi fait-on si rarement le lien entre ce mythe nietzschéen du "surhomme" et l'annonce, par Fuyuama et d'autres du "Dernier Homme", de l'individu dépersonnalisé, de ce qui serait effectivement "la Fin de l'Histoire" ?

Le nabot de Wells

Ce n'est pas en se plaçant au-delà du Bien et du mal, en misant sur une volonté de puissance individualiste, égoïste, aristocratique qu'on peut dégager des horizons d'espérance. Ni l'Homme-animal (génétiquement modifié) ni l'Homme-machine ne peuvent assurer l'épanouissement de la nature humane : le "Grand Lunaire" imaginé par Orson Wells, avec son cerveau géant, était maître du satellite. mais son corps était celui d'un nabot. Et il était dans une terrible solitude. Comme Zarathoustra !

L'ultra-humain de Teilhard, c'est l'homme qui sait dépasser son "individu", ses limites biologiques, ses angoisses existentielles par le don de soi, par l'amour de ses semblables (le "prochain", c'est le "proche"), par son énergie créatrice, par son cœur autant que par son cerveau.

Il n'y a pas de robot heureux; Il n'y a pas de bonheur dans les aliénations de l'égoïsme. Il n'y a pas de liberté dans les prisons de l'individualisme "L'ultra-humain", en revanche, est déjà là, non dans un avenir mythique mais dans chaque personne. La sociobiologie, si à la mode aux Etats-Unis, la fureur techno-scientiste et les folies des intégrismes en tout genre n'y changent rien : "la perfection de l'Homme, c'est sa perfectibilité", écrivait Neher. Et cette perfectibilité, c'est la personne qui l'assure. Par son esprit ou par son âme – par ce qu'elle a d'inclônage La conscience ne dépend pas du nombre ou des combinaisons des gènes !

Triple révolution

Sortir de l'individualisme pour renouer avec le personnalisme, c'est évidemment une révolution culturelle. Des schémas de pensée à bousculer. Des habitudes à changer. Des remises en cause à faire. Facile ? Certainement pas.

C'est aussi, bien sûr, une révolution intellectuelle qui concerne tout le monde mais particulièrement l'université, les grandes écoles, tous ces lieux où l'on prépare les "élites" de demain. Facile. ? Sûrement pas.

C'est encore une révolution politique car c'est de la responsabilité des élus de refuser ce qu'Alain Finkielkraut appelle "l'abandon au fil de l'eau, la canonisation de l'état des choses, la capitulation sans condition devant la Puissance". Facile ? Absolument pas. Pourtant, il n'y a aucune fatalité. C'est affaire de volonté. Il faut refuser "la défaite de la pensée". Il faut surtout surmonter toutes ces "pavanes pour une Europe défunte" qui depuis des années nous transforment "en morts en sursis subissant l'Histoire en marche comme un enchaînement incessant d'élans illusoires et d'amères déceptions".

"Le XXIe siècle", a dit André Malraux, "sera spirituel ou ne sera pas". Aujourd'hui, surtout depuis le 11 septembre, il faut être plus précis : "Au XXIe siècle, l'Europe sera personnaliste ou ne sera pas", ou plutôt elle sera vidée d'elle-même par l'uniformisation planétaire, par les dictatures financières-scientistes, par la disparition des liens sociétaux, par le choc des égoïsmes de masse, par la "modernité régressive" et la "technobarbarie".

Or, comme le disait si bien Gabriel Garcia Marquez dans un colloque à l'UNESCO en 1999 : "N'attendez rien du XXIe siècle : c'est le XXIe siècle qui attend tout de vous". Dans le grand débat sur l'architecture de l'Europe de demain, sur la perspective 2005, ces préoccupations (si rares chez les technocrates nationaux ou européens) doivent trouver leur place. Avant les querelles sur la mécanique institutionnelle à mettre sur rails. La citoyenneté européenne passe par un approfondissement de l'européénité qui se fonde précisément sur la personne. --Danielriot 8 déc 2004 à 22:21 (CET)Daniel Riot 8 dec 2004 [1]