« Si on examine avec soin ce qui attache ordinairement les hommes plutôt à une opinion qu'à une autre, on trouvera que ce n'est pas la pénétration de la vérité et la force des raisons, mais quelque lien d'amour-propre, d'intérêt ou de passion […]. Nous jugeons des choses, non par ce qu'elles sont en elles-mêmes, mais par ce qu'elles sont à notre égard ; et la vérité et l'utilité ne sont pour nous qu'une même chose. »

— Logique de Port-Royal, III, ch. xx, Des sophismes d'amour-propre, d'intérêt et de passion.

« Lorsqu'on lit la vie de plusieurs grands hommes […], on remarque que les conditions de leur enfance, de leur éducation, ou de leur métier ne les prédisposaient pas à ce qu'ils ont accompli. Ce n'est pas à cause de cette éducation, c'est malgré elle souvent qu'ils ont pu croître. […]Et souvent l'élément le plus favorable n'est-il pas de manquer. Car ce manque de l'objet extérieur fait surgir au centre de vous-même une impulsion qui le remplace; c'est le moi substitué à la chose, c'est le génie. »

— Le travail intellectuel - Jean Guitton - chapitre II - partie IV – p 44

« Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer. La compréhension même du mot « double pensée » impliquait l’emploi de la double pensée. »

— George Orwell, 1984, Première Partie, Chapitre III, p51