Turan (agence de presse)

Turan est une agence de presse azerbaïdjanaise fondée en mai 1990. Rare média indépendant du pouvoir en place, il publie des informations en russe, azéri et anglais.

Histoire modifier

L'agence est créée dans la capitale, Bakou, en , par un groupe de journalistes, alors que l'État appartient à l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS)[1].

En 2013, un mois avant l'élection présidentielle, le président (et candidat à sa propre succession) Ilham Aliyev propose à plus d'une centaine de journalistes un logement gratuit dans un immeuble neuf près de la capitale ; selon Courrier international, Turan est le seul média non gouvernemental à refuser l'offre[2].

Qualifié par M, le magazine du Monde de « l’un des derniers journaux indépendants » en 2015, le média fait l'objet d'un harcèlement du régime d'Ilham Aliyev : « coupures d’électricité, connections Internet interrompues, refus d’accréditations, interdiction de recevoir des fonds étrangers, amendes diverses et variées, menaces sur la famille... »[3].

Le , une enquête est ouverte contre Turan par l'administration fiscale, qui l'accuse de n'avoir pas déclaré toutes ses recettes[4],[5]. Le 24 août, Mehman Aliev, le directeur de la publication de l'agence de presse, est arrêté, placé en garde à vue puis en détention provisoire, après une mise en examen pour « évasion fiscale » et « abus de pouvoir ». Reporters sans frontières dénonce une « escalade de la répression contre le dernier média indépendant encore actif en Azerbaïdjan »[6] ; le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Amnesty International dénoncent également la répression qui vise le média[7],[8],[9]. Sous la pression internationale, Mehman Aliev est placé sous résidence surveillée le 11 septembre et finalement libéré (en même temps que les poursuites à l'égard de Turan sont abandonnées) en novembre[8]. Associated Press rapporte que quelques mois avant l'ouverture de poursuites judiciaires contre l'agence de presse, le gouvernement aurait proposé à Mehman Aliev de la financer en échange de son contrôle – et aurait essuyé un refus[10].

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. (en) « About us », sur turan.az (consulté le )
  2. « Azerbaïdjan. A un mois des élections, le régime achète la presse », Courrier international,
  3. Louise Couvelaire, « Les doubles Jeux de l’Azerbaïdjan », M, le magazine du Monde,‎ (lire en ligne)
  4. « Le dernier média indépendant d’Azerbaïdjan rattrapé par la répression », Reporters sans frontières,
  5. Mathieu Ait Lachkar, « En Azerbaïdjan, arrestation du directeur de la seule agence de presse indépendante », Libération,‎ (lire en ligne)
  6. « Escalade de la répression en Azerbaïdjan: le directeur de l’agence Turan arrêté », Reporters sans frontières,
  7. (en) « Azerbaijan detains head of Turan news agency », Comité pour la protection des journalistes,
  8. a et b « Azerbaïdjan 2017/2018 », Amnesty International,
  9. (en) Giorgi Gogia, « Azerbaijan’s Last-standing Independent News Agency Facing Closure », Human Rights Watch,
  10. (en) Hannah Lang (Associated Press), « US pressure aids release of imprisoned Azeri journalist », Chicago Tribune,‎ (lire en ligne)

Lien externe modifier