Turkoman (hybride)

hybride entre le chameau et le dromadaire
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Le turkoman est le nom utilisé en Asie centrale pour désigner un hybride entre le Camelus bactrianus et le Camelus dromaderius. Plus corpulent que ses deux parents, le turkoman de première génération est le plus grand camélidé actuel[1].

Description modifier

Le turkoman a une bosse unique, légèrement subdivisée[2], décrite parfois comme « une bosse et demie », la bosse arrière se prolongeant dans une bosse avant peu individualisée[3].

Cet hybride, issu le plus souvent d'un chameau mâle et d'une femelle dromadaire[3], est commun en Asie centrale le long de l'ancienne route de la soie. Réputé pour ses capacités de bât[4], il a l'avantage de combiner la rusticité du chameau et l'endurance et la qualité laitière du dromadaire[2].

L'hybride femelle est toujours fertile, en revanche le mâle est réputé ne pas l'être, ou peu[5]. Cependant, d'autres sources considèrent que la réputation d'infertilité du mâle est erronée[6].

Étymologie et dénominations modifier

Le nom turkoman dérive de Turcoman, autre nom des Turkmènes, un peuple turc d'Asie centrale.

Dans le cas d'hybrides obtenus à partir d’une chamelle et d’un dromadaire mâle, on parle de nar-Maya ; dans les cas inverses, il s'agit d'iner-Maya. Aux générations suivantes, ce sont respectivement des kurts ou des kospaks[3].

Histoire modifier

Le turkoman est connu depuis longtemps ; il est mentionné dans les écrits d'Al-Mas'ûdî, au Xe siècle, et des découvertes archéologiques ont permis de l'identifier dès l'ère romaine ou parthe, voire sous l'empire assyrien[6].

Croisements modifier

Les femelles du turkoman peuvent être utilisées pour des croisements ultérieurs, mais il n'est pas recommandé d'utiliser les mâles, sauf ceux de type kurt-III et kurt-IV[7]. Certains types de turkoman présentent une tendance à la polyploïdie plus élevée que le chameau et le dromadaire (en particulier le nar-maya, l’iner-maya et le kurt-IV)[8].

Hybrides de première génération modifier

Les hybrides de première génération sont semblables au dromadaire, mais leur bosse est plus étalée le long du dos. Si leur production de lait et de laine se trouve dans la moyenne de celle de leurs deux parents, ils sont plus forts et endurants (hétérosis). Leur masse corporelle est supérieure de 5 à 12 % à celle de leurs parents[9].

Hybrides de seconde génération modifier

Les hybrides de seconde génération présentent des performances moins intéressantes que celles de leurs parents (l'effet d'hétérosis disparaît), c'est pourquoi ils sont beaucoup moins fréquents et peu développés par les éleveurs[9].

  • Le kospak est obtenu en croisant une femelle nar-maya et un chameau de Bactriane mâle. On parle de bal-kospak (ou kospak-1) pour le premier croisement, puis de myrza-kospak (ou kospak-2), et de nar-kospak (ou kospak-3) pour les croisements suivants. Leur production de lait est supérieure de 10 à 40 % à celle de la chamelle de Bactriane de type kazakh[10].
  • Le kez-nar est obtenu par croisement d'une femelle kospak avec un dromadaire. Son gabarit, supérieur à celui du kospak, est similaire à celui du nar-maya, mais sa production de laine est plus importante que celle de ce dernier[10].
  • Le kurt est obtenu par croisement d'une femelle nar-maya avec un dromadaire. Le fruit de ce croisement présente une bosse compacte avec un petit bourrelet à peine remarquable, qui s'efface de génération en génération et dont on ne retrouve plus trace après la 5e ou 6e génération. Le kurt est moins massif que le chameau, mais produit plus de lait. Le mâle kurt de génération III ou IV donne des croisements intéressant avec des femelles turkoman d'autres types[11].
  • Le kurt-nar est un hybride du kurt avec le chameau de Bactriane de type kazakh. Il est moins massif que l’iner-maya[12].

Distribution modifier

Le turkoman se retrouve plus particulièrement dans les régions où sont élevés à la fois le dromadaire et le chameau de Bactriane. Il est présent en Afghanistan, en Iran, en Russie, en Turquie, mais aussi en Arabie saoudite, au Turkménistan et au Kazakhstan[13]. Au Kazakhstan, en 2007, près de 23 % du cheptel camelin était des turkomans[14].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Les animaux hybrides n'ont pas de nom binomial ou trinomial propre.

Références modifier

  1. « Different types », sur CamelPhotos.com, (consulté le ).
  2. a et b CIRAD 2002.
  3. a b et c Mangin 2013.
  4. France, Ministère des Affaires étrangères, CIRAD et Groupe de recherche et d'échanges technologiques, Mémento de l'agronome, Paris, Quae, , 1691 p. (ISBN 2-87614-522-7 et 978-2-87614-522-1, BNF 39062673), p. 1468.
  5. « Le chameau et le dromadaire, une affaire de bosse », sur Chameau du désert (consulté le ).
  6. a et b (en) Eugène M. McCarthy, « Bactrian Camel × Dromedary », sur macroevolution.net (consulté le ).
  7. Baïmukanov 2002, p. 24.
  8. Baïmukanov 2002, p. 57.
  9. a et b Baïmukanov 2002, p. 26.
  10. a et b Baïmukanov 2002, p. 27.
  11. Baïmukanov 2002, p. 27-28.
  12. Baïmukanov 2002, p. 28.
  13. (en) « Camel Types & Breeds », sur CamelPhotos, (consulté le ).
  14. Baïmukanov 2009, p. 11.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • [Baïmukanov 2002] (ru) Dastanbek Asylbekovitch Baïmukanov, Cytogénétique et sélection des chameaux, dromadaires et de leurs hybrides, Almaty, , 160 p. (lire en ligne [PDF]), p. 24-34.  
  • [Baïmukanov 2009] (ru) Dastanbek Asylbekovitch Baïmukanov, Élevage camelin au Kazakhstan au XXIe siècle, Almaty, , 200 p. (lire en ligne), p. 23-34.  
  • [Konuspayeva 2007] Gaukhar Konuspayeva, Variabilité physico-chimique et biochimique du lait des grands camélidés (Camelus bactrianus, Camelus dromedarius et hybrides) au Kazakhstan, Université Montpellier II, , 255 p. (lire en ligne [PDF]).

Articles connexes modifier

  • Cama, hybride entre un lama et un dromadaire

Liens externes modifier