Tarquinio Galluzzi

Jésuite, professeur de rhétorique et de morale

Tarquinio Galluzzi, né en 1574 à Montebuono et mort à Rome le , est un rhéteur et érudit italien.

Biographie modifier

Né à Montebuono, dans la Sabine, en 1574, Galluzzi fut admis dans la Compagnie de Jésus à l’âge de seize ans, et se fit bientôt une réputation assez étendue par son talent oratoire. Il enseigna la rhétorique dans le collège romain pendant dix ans et la philosophie morale pendant quatre ans, avec un grand concours d’auditeurs. Les deux volumes in-folio de son commentaire sur l’Éthique à Nicomaque d'Aristote, dédiés au pape Urbain VIII, furent édités à Paris en 1645, chez le libraire royal Sébastien Cramoisy[1]. Galluzzi publie en 1633 la Rinovazione dell'antica tragedia, bien connue en France ; pour lui, la tragédie athénienne était à l'origine une apologie du régime « républicain » ; il explique l'importance accordée par Aristote à la crainte et à la pitié par sa condition de courtisan de la monarchie macédonienne. La tragédie chrétienne doit s'éloigner des préceptes d'Aristote et revenir à l'ancien modèle proposé[2]. Nommé recteur du Collège pontifical grec de Rome, il en remplit les fonctions pendant dix-huit ans, et mourut le , à 75 ans.

Œuvres modifier

De tous les discours de Galluzzi, celui qui eut le plus de succès fut son Éloge funèbre du cardinal Bellarmin. Jean-Louis Guez de Balzac, qui lui avait entendu réciter cette pièce, dit « que la dignité de ses gestes, la grâce de sa prononciation, et l’éloquence de tout son corps, qui accompagnait celle de sa bouche, le transporta en esprit dans l’ancienne république. »[3] On a encore de Galluzzi :

  • Carminum libri tres, Rome, 1611, in-12 ; nouvelle édition augmentée, ibid., 1616, in-12 ; une partie des pièces qui composent ce recueil a été insérée dans le Parnassus societatis, Francfort, 1654.
  • Orationes, Rome, 1617, 2 tomes in-12 ; Cologne, 1618, in-12 ; Paris, 1619. Ces différentes éditions ne contiennent ni l’Éloge funèbre de Bellarmin, ni les Sermons sur la passion et la mort de Jésus-Christ, qu’il prononça en présence des papes Paul V et Urbain VIII ; ces pièces n’ont été imprimées que séparément ou dans des recueils d’ouvrages du même genre : l’Oraison funèbre du cardinal d’Ossat, par Galluzzi, a été traduite en français.
  • Virgilianæ vindicationes et commentarii tres de tragœdia, comœdia, elegia, Rome, 1621, in-4°. « Son dessein, dit Adrien Baillet, dans cet ouvrage, a été de justifier Virgile, à quelque prix que ce fût ; parmi quelques raisonnements assez faibles il s’en trouve d’assez bons, soutenus même de beaucoup d’érudition et de plusieurs belles maximes sur l’art poétique. »[4]
  • Rinovazione dell’antica tragedia e difesa del Crispo, ibid. 1633, in-4°. Cette tragédie de Crispus, dont il prend ici la défense, est l’ouvrage du P. Bernardino Stefonio, son compatriote et son ami.
  • In Aristotelis libros decem moralium ad Nicomachum nova interpretatio, commentarii et quæstiones, Paris, t. 1er, 1635, et t. 2, 1645, in-fol.
  • Commentaire sur l'élégie (trad. Émilie-Jade Poliquin), Paris, Les Belles Lettres, coll. « Classiques de l'humanisme », (ISBN 978-2251454832). Publié initialement en 1621, ce traité théorique est consacré au genre élégiaque. L'auteur place sa réflexion sur l'élégie à l'intérieur du cadre de la poétique aristotélicienne.

Notes modifier

  1. Marc Fumaroli, Héros et orateurs : Rhétorique et dramaturgie cornéliennes, Paris, Librairie Droz, , p. 325.
  2. Voir Marc Fumaroli, « Entre Athènes et Cnossos, les dieux païens dans Phèdre », Revue d'histoire littéraire de la France, 1993, no 1, p. 37-38.
  3. Les Œuvres diverses du sieur de Balzac, Amsterdam, Elzevier, 1664, relation à Ménandre, discours seizième, p. 264-265.
  4. Adrien Baillet, Jugemens des savans sur les principaux ouvrages des auteurs, vol. 3, Paris, chés Charles Moette, Charles Le Clerc, Pierre Morisset, Pierre Prault, Jacques Chardon, , p. 296.

Liens externes modifier