Tarbikha

village de Palestine mandataire dépeuplé en 1948
Tarbikha
Fort Tegart à Tarbikha (maintenant Shomera)
Nom local
(ar) تربيخاVoir et modifier les données sur Wikidata
Géographie
Pays
Sous-district
Superficie
18,56 km2 ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Altitude
550 mVoir et modifier les données sur Wikidata
Coordonnées
Démographie
Population
1 000 hab. ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Densité
53,9 hab./km2 ()
Fonctionnement
Statut
Localité disparue (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Histoire
Remplacé par
Shomera (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation sur la carte de la Palestine mandataire
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Tarbikha (en arabe : تربيخا) était un village de Palestine mandataire, situé à 27 km au nord-est d’Acre. Il a été capturé et dépeuplé pendant la guerre israélo-arabe de 1948.

Histoire ancienne et médiévale modifier

Trois sarcophages ont été trouvés sur le côté méridional du site du village. Un bassin semi-circulaire, des cisternes et des tombes ont aussi été découverts[1].

Un village appelé « Tayerebika » existait à l’époque des croisades[2]. En 1183, il est noté dans un document que Godfrey de Tor a vendu les terres du village à Josselin III d'Édesse[3],[4],[5]. En 1220, la fille de Jocelyn III, Beatrix de Courtenay, et son second époux Othon de Botenlauben cèdent plusieurs villages, dont Tayerebika, aux chevaliers teutoniques[6],[7],[5].

Période ottomane modifier

Tarbikha a été incorporé à l’empire ottoman en 1517 avec le reste de la Palestine, et selon le registre fiscal faisait en 1596 partie du nahié (sous-district) of Tibnine dans le sandjak de Safed, avec une population of 88 habitants[8]. Il payait des impôts sur plusieurs types de cultures, dont le blé, les olives et l’orge, ainsi que sur les chèvres, les ruches et un pressoiur qui était utilisé soit pour les olives, soit pour les raisins[9],[10].

À la fin du XIXe siècle, le village de Tarbikha était décrit comme construit de pierres et situé sur une crête, avec une population d’environ 100 personnes, vivant surtout de la culture des olives[11],[2]. Pendant cette période, Tarbikha faisait partie de la province de Beyrouth. Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale, quand les frontières entre le Liban et la Palestine furent délimitées par les gouvernements britannique et français que le village de Tarbikha fut affecté à l’administration de la Palestine[2].

Période de la Palestine mandataire modifier

 
Carte des sept anciens villages chiites

Dans le recensement de la Palestine en 1931, mené par les autorités britanniques, Tarbikha avait une population of 674 habitants, répartis en 149 maisons  ; ils étaient majoritairement de religion musulmane, sauf un chrétien[12].

Le village avait deux mosquées et une école élémentaire, fondée après 1938, qui comptait 120 élèves au milieu des années 1940. Il possédait aussi un bureau des douanes et un poste de police militaire, un fort Tegart pour surveiller la frontière libanaise[2].

Dans les statistiques rassemblées en 1945, Tarbikha est regroupé avec les hameaux voisins de Suruh et d’Al-Nabi Rubin. Ils ont ensemble envrion 1000 habitants, tous musulmans[13]et occupent un total de 18 563 dounams (soit 18,563 km) de terres[14]. Aux plantations et à l’irrgiation étaient consacrés 619 dounams, et 3 204 étaient utilisés pour les céréales[15], alors que 112 dounams étaient occupés par des bâtiments et des maisons[16].

Suruh et Al-Nabi Rubin étaient des villages à dominante sunnite, alors que Tarbikha était en majorité chiite[17].

La guerre de 1948 et ses suites modifier

La ville fut assaillie par la brigade Oded pendant l'opération Hiram le [18]. La population fut contrainte à partir pour le Liban début novembre[19]. L'armée ne laissa pas les villageois arabes collecter les récoltes qu'ils avaient plantées, mais permirent aux habitants (juifs) du kibboutz Tarbikha de le faire. Elle laissa le village sans surveillance contre le pillage des biens laissés sur place[20]. Les terres furent occupées par des immigrants juifs venus de Hongrie et de Roumanie, dans le cadre de la politique de judaïsation de la Galilée ; ils édifièrent en particulier le moshav Shomera. D'autres localités sont aussi maintenant installées sur les terres de l'ancien village et des hameaux alentour[21].

L'historien palestinien Walid Khalidi décrivit les structures restantes en 1992 : « Une vingtaine de maisons environ du village sont maintenant occupées par les résidents du moshav Shomera. Quelques-uns des toits ont été remodelés et sont maintenant à double pente. Des pierres des maisons originelles embellissent le toit du bâtiment central du moshav[22],[23]. »

En 1994, les réfugiés des sept villages chiites de la région, classés comme réfugiés palestiniens depuis 1948, se sont vus accorder la citoyenneté libanaise[24].

Références modifier

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de la page de Wikipédia en anglais intitulée « Tarbikha » (voir la liste des auteurs).

  1. Conder et Kitchener 1881, SWP I, p. 193.
  2. a b c et d Khalidi 1992, p. 33.
  3. Strehlke 1869, p. 15-16, n° 16.
  4. Röhricht 1893, RRH, p. 125, n° 624.
  5. a et b Frankel 1988, p. 264.
  6. Strehlke 1869, p. 43-44, n° 53.
  7. Röhricht 1893, RRH, p. 248 n° 934.
  8. Rhode 1979, p. 6, conteste cette date et conclut que le registre en question date en fait de 1548-1549.
  9. Hütteroth et Abdulfattah 1977, p. 183.
  10. Kahlidi 1992, p. 33.
  11. Conder et Kitchener 1881, SWP I, p. 150.
  12. Mills 1932, p. 103.
  13. Statistiques de 1945, p. 5.
  14. Hadawi 1970, p. 41.
  15. Hadawi 1970, p. 81.
  16. Hadawi 1970, p. 131.
  17. Morris 2004, p. 506.
  18. Morris 2004, p. 474.
  19. Morris 2004, p. 506-507.
  20. Totah 1955, p. 192.
  21. Morris 2004, p. 381-382.
  22. « About twenty houses from the village are now occupied by the residents of Moshav Shomera. Some of the roofs have been remodeled and given a gabled form. Stones from the original houses embellish the roof of the central shelter of the moshav »
  23. Khalidi 1992, p. 34.
  24. Peteet 2005, p. 177.

Bibliographie modifier

  • (en) Department of Statistics, Village Statistics, April, 1945, Government of Palestine, (lire en ligne).
  • (en) Claude Reignier Conder et Horatio Herbert Kitchener, The Survey of Western Palestine : Memoirs of the Topography, Orography, Hydrography, and Archaeology, Londres, Committee of the Palestine Exploration Fund, (lire en ligne).
  • (en) Rafael Frankel, « Topographical notes on the territory of Acre in the Crusader period », Israel Exploration Journal, vol. 38, no 4,‎ , p. 249–272.
  • (en) Sami Hadawi, Village Statistics of 1945 : A Classification of Land and Area ownership in Palestine, PLO Research Center, (lire en ligne).
  • (en) Wolf-Dieter Hütteroth et Kamal Abdulfattah, Historical Geography of Palestine, Transjordan and Southern Syria in the Late 16th Century, Erlangue, Vorstand der Fränkischen Geographischen Gesellschaft, coll. « Erlanger Geographische Arbeiten » (no 5), , 225 p. (ISBN 3-920405-41-2, lire en ligne).
  • (en) All that remains : the Palestinian villages occupied and depopulated by Israel in 1948, Washington, Institute for Palestine Studies, , 636 p. (ISBN 0-88728-224-5, lire en ligne).
  • (en) Eric Mills, Census of Palestine 1931 : Population of Towns, Villages and Administrative Areas, Jérusalem, Greek Convent and Goldberg Presses, (lire en ligne).
  • (en) Benny Morris, The Birth of the Palestinian Refugee Problem Revisited, Cambridge University Press, , 640 p. (ISBN 978-0-521-00967-6, lire en ligne).
  • (en) Edward Henry Palmer, The Survey of Western Palestine : Arabic and English Name Lists Collected During the Survey by Lieutenants Conder and Kitchener, R. E. Transliterated and Explained by E.H. Palmer, Committee of the Palestine Exploration Fund, (lire en ligne).
  • (en) Julie Peteet, Landscape of Hope and Despair : Palestinian Refugee Camps, University of Pennsylvania Press, , 280 p. (ISBN 978-0-8122-0031-7, lire en ligne).
  • (en) Harold Rhode, Administration and Population of the Sancak of Safed in the Sixteenth Century (Ph D en sciences politiques), Columbia University Press, (lire en ligne).
  • (la) Reinhold Röhricht, (RRH) Regesta Regni Hierosolymitani (MXCVII-MCCXCI), Innsbrück, Libraria Academica Wagneriana, (lire en ligne).
  • (la) Ernst Strehlke (éd.), Tabulae Ordinis Theutonici ex tabularii regii Berolinensis codice potissimum, Berlin, Weidmanns, (lire en ligne).
  • (en) Khalil Totah, Dynamite in the Middle East, Philosophical Library, .

Lien externe modifier