Tamikrest

groupe de musiciens issus du peuple des touaregs
Tamikrest
Description de cette image, également commentée ci-après
Le groupe en concert en 2013 à Coblence.
Informations générales
Genre musical musique touareg, tichoumaren, blues rock
Années actives 2006 – aujourd'hui
Labels Glitterhouse
Site officiel www.tamikrest.net
Composition du groupe
Membres Ousmane Ag Mossa
Aghaly Ag Mohamedine
Cheick Ag Tiglia
Paul Salvagnac
Nicolas Grupp

Tamikrest (mot en tamasheq ⵜⵎⴾⵔⵙⵜ pour le nœud, la coalition, l'avenir) est un groupe de musiciens issus du peuple des touaregs. Le groupe a été créé en 2006. Ils mélangent la musique traditionnelle africaine avec le pop et le rock occidental et chantent en langue tamaschek (langue tamazight). L'auteur principal des chansons est le leader du groupe Ousmane Ag Mossa.

La musique du groupe est marquée par l'utilisation de plusieurs guitares, électriques pour la plupart. S'y ajoutent le chant avec des trilles occasionnelles ainsi que la basse, la batterie, le djembé et d'autres percussions. Leur style peut être qualifié de blues touareg (tichoumaren).

Biographie modifier

Les débuts du groupe modifier

Les membres du groupe Tamikrest avaient 20 ans lors de la formation du groupe en 2006[1]. Originaires de la région de Kidal, autour de la ville du même nom, dans le Nord-Est du Mali, ils ont été ensemble à l'école Les enfants de l'Adra, financée par des fondations européennes et située à Tinzaouaten, une petite ville-oasis dans le Sahara, où ils ont reçu une formation musicale de base. Leur enfance et leur jeunesse a été marquée par la guerre civile. Beaucoup ont perdu des membres de leur famille et des amis lors des révoltes touaregs dans les années 1990 à 1995, dans lesquelles les Touaregs revendiquaient une autonomie plus grande.

Lorsque les émeutes éclatent en 2006, Ousmane Ag Mossa, né à Tin Zaouatine[2], et son camarade de classe Cheick Ag Tiglia se décident non pas à rejoindre la lutte armée mais à faire de la musique un moyen de soutenir les Touaregs dans leur combat et d'attirer l'attention sur leur situation.

Durant leur adolescence, ils jouaient la plupart du temps les sons traditionnels des Kel Tamashek (ainsi qu'ils se définissent eux-mêmes) ou bien les chansons du groupe touareg Tinariwen, qui mélange déjà depuis les années 1980 la musique traditionnelle touareg et la musique occidentale. Ousmane ag Mossa déclare d'ailleurs qu'il admire le jeu de guitare de Ibrahim ag Alhabib, membre de Tinariwen, un groupe qui l'a fortement influencé[3],[4]. Le groupe est considéré en 2017 par l'AFP comme « la relève » de Tinariwen[5].

Internet et la diffusion de mp3 amènent plus tard d'autres influences occidentales. Le leader Ousmane ag Mossa se dit admirateur de Bob Marley, Mark Knopfler et d'Eric Clapton[6],[7]. On retrouve dans la musique de Tamikrest l'influence de musiciens comme Jimi Hendrix et Pink Floyd[8],[9]. Un mélange de blues, psychédélisme et rock'n'roll selon l'AFP en 2018[10].

Six albums après 2008 modifier

D'une rencontre avec le groupe australo-américain Dirtmusic lors du Festival de musique touareg Festival au Désert en 2008 dans la commune malienne d'Essakane, district de Goundam, à environ 70 Kilomètres à l'ouest de Timbuktu, naît une amitié et une coopération artistique[11]. Tamikrest joue en 2010 sur le deuxième album de Dirtmusic BKO, enregistré en studio à Bamako. C'est lors de ces sessions musicales que le premier album de Tamikrest Adagh voit le jour, produit par Chris Eckman (membre de Dirtmusic et des Walkabouts)[12].

En 2010 les deux groupes partent ensemble en tournée en Europe et jouent entre autres au Sziget Festival et au Orange Blossom Special-Festival organisé par Glitterhouse, leur maison de disques commune. Toumastin, leur deuxième album, est enregistré en octobre et à nouveau produit par Chris Eckmann. La guerre du Mali, qui commence en 2012, empêche le groupe de jouer dans le nord du pays, dont il est originaire[13]. « Nous vivons des moments très difficiles à cause des islamistes radicaux. Mais l’État malien est aussi largement responsable de la situation actuelle. Il ne fait rien pour les Touaregs et a laissé les terroristes s’implanter dans notre désert », témoigne Ousmane Ag Mossa, leader du groupe en 2013[14].

Leur troisième album, Chatma, sur lequel chante Wonou Walet Sidati, sort en 2013[8]. Portés par des boucles de guitares blues entêtantes, y figurent des thèmes comme la défense de la culture, le désir d'indépendance et la souffrance des femmes[6],[15]. Ce sont « des explorateurs d’un blues saharien hypnotique et psychédélique » écrit alors les Inrockuptibles[16]. La même année, le groupe voit l'arrivée d'un nouveau membre, le guitariste français Paul Salvagnac[17]. Le batteur français Nicolas Grupp les a également rejoints[18].

Leur cinquième album, enregistré au studio Bogolan à Bamako, sort en mars 2017[19]. Il s'appelle Kidal, en hommage à la ville au nord du Mali[20],[21]. Sur cet album « la singularité de l’écriture musicale des Tamasheq n’a pas cédé au formatage, tout comme leur blues rock – ou rock blues – hypnotique, cousin proche du registre de Tinariwen », écrit RFI[22]. Tamikrest se produit notamment sur scène en 2018 au Festival international des nomades, à M'Hamid El Ghizlane, au Maroc[23].

Leur sixième album, Tamotaït, sort en 2020. Il compte parmi ses invités la chanteuse marocaine Hindi Zahra[24]. Un album qualifié par FIP de « sans doute le plus aventureux du groupe propulsant ses mélodies et son rock touareg jusqu'aux contrées lointaines des îles reculées du Japon »[25].

Discographie modifier

Notes et références modifier

  1. Elodie Maillot, « Tamikrest élargit son horizon », sur RFI Musique, (consulté le ).
  2. Alain Vicky, « Tamikrest, la mémoire vive du Sahel », sur Slate Afrique, (consulté le ).
  3. (en) Andy Morgan, « Tamikrest: 'This music was founded on a very precise cause – the Tuareg's' », sur the Guardian, (consulté le ).
  4. (en) Aman Al Bezreh, « Tamikrest: A shining Saharan ray of Tuareg music and vibes », sur english.alaraby.co.uk, (consulté le ).
  5. AFP, « Tinariwen, les bluesmen du Sahara inspirés par "l'espace et le silence" », sur Le Point, (consulté le ).
  6. a et b François-Xavier Gomez, « Tamikrest, des airs de sable », Libération,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Astrid Krivian, « TAMIKREST : Rencontre avec un Bluesman du désert », sur L'Afrique des Idées, (consulté le ).
  8. a et b (en) Robin Denselow, « Tamikrest: Chatma – review », sur the Guardian, (consulté le ).
  9. Arnaud Robert, « Tamikrest », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  10. AFP, « Au Maroc, les rockeurs du Sahara surfent sur la vague de la world music », sur LExpress.fr, (consulté le ).
  11. Marta Amico, La fabrique d'une musique touarègue, Éditions Karthala, , 320 p. (ISBN 9782811126889, présentation en ligne, lire en ligne), p. 125-126
  12. Bertrand Lavaine, « Tamikrest, entre héritage et stratégie », sur RFI Musique, (consulté le ).
  13. Priscille Lafitte, « La musique malienne, en berne au Sud, interdite au Nord », sur France 24, (consulté le ).
  14. Benjamin Roger, « Mali : le chant des partisans – Jeune Afrique », sur Jeune Afrique, (consulté le ).
  15. Georges Marie-Anne, « Chatma Tamikrest », sur La Libre Belgique, (consulté le ).
  16. Louis-Julien Nicolaou, « Le monde des musiques du monde (1) », sur Les Inrocks, (consulté le ).
  17. Jérémy Bernède, « Montpellier : Paul le Lodèvois, le "touareg blanc" de Tamikrest », sur Midi libre, (consulté le ).
  18. AFP, « Les rockeurs du Sahara surfent sur la vague de la world music », sur RTBF, (consulté le ).
  19. Stéphane Deschamps, « Tamikrest, le grand retour du groupe touareg, de plus en plus rock », sur Les Inrocks, (consulté le ).
  20. Jules Crétois, « « Kidal », l’album de Tamikrest en hommage aux Touaregs du nord du Mali – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com, (consulté le ).
  21. (en) Robin Denselow, « Tamikrest review – desert blues on shifting sands », sur the Guardian, (consulté le ).
  22. Bertrand Lavaine, « Tamikrest et la ville du désert », sur RFI Musique, (consulté le ).
  23. Mohamed Ag Ahmedou, « Le Festival International des Nomades: une scène musicale pour les jeunes talents », sur parismatch.com, (consulté le ).
  24. David Honigmann, « Tamikrest: Tamotaït — songs of longing from a Touareg band », Financial Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. Guillaume Schnee, « Tamikrest invite Hindi Zahra sur "Timtarin" », sur Radio France, (consulté le ).

Liens externes modifier