Syndrome hypoglycémique auto-immun

Le syndrome hypoglycémique auto-immun, également connu sous le nom de maladie d'Hirata, est un type rare d'hypoglycémie d'origine auto-immune[1],[2]. Il a été décrit pour la première fois par Hirata au Japon en 1970[3].

Épidémiologie modifier

C'est la troisième cause, au Japon, d'hypoglycémie due à un hyperinsulinisme non iatrogène [4] mais reste exceptionnelle ailleurs[5]. L'incidence est probablement sous évaluée, la maladie pouvant être confondue avec un insulinome[6].

Signes et symptômes modifier

Les patients concernés sont généralement des adultes, connaissant de multiples épisodes d'hypoglycémie spontanée avec des symptômes neuroglucopéniques[7].

Causes modifier

La cause du syndrome hypoglycémique auto-immun n'est pas clairement comprise. Il peut s'associer à une gammapathie monoclonale ou à d'autres maladies auto-immunes[2]. Il est parfois retrouvé une prise médicamenteuse récente. Dans ce cas, l'hypothèse est une interaction entre la liaison disulfure dans la molécule d'insuline et des médicaments contenant un groupe thiol tels que le méthimazole, le carbimazole, le captopril, l'isoniazide, l'hydralazine, l'imipénem ou encore l'acide lipoïque [8],[9],[10]. L'auto-immunisation médicamenteuse est mise en évidence par l'apparition d'auto-anticorps anti-insuline quelques semaines après la prise d'un médicament contenant le groupe thiol.

Il existe une participation génétique, avec une fréquence plus élevée chez les porteurs du HLA DR4[11].

Physiopathologie modifier

Après un repas, la concentration de glucose dans le sang augmente, ce qui stimule la sécrétion d'insuline. Les auto-anticorps se lient à ces molécules d'insuline, les rendant incapables d'exercer leurs effets. L'hyperglycémie qui en résulte favorise une libération supplémentaire d'insuline. Au fur et à mesure que la concentration de glucose diminue, la sécrétion d'insuline diminue également et le niveau d'insuline total diminue. Lorsque les molécules d'insuline se dissocient spontanément des auto-anticorps, l'augmentation inappropriée du taux d'insuline libre pour la concentration en glucose provoque une hypoglycémie[12],[7],[13].

Un autre syndrome proche est lié à des anticorps antirécepteurs de l'insuline[14].

Diagnostic modifier

Les signes cliniques habituels sont de multiples épisodes d'hypoglycémie spontanée et l'apparition d'auto anticorps anti-insuline, en l'absence d'antécédent d'administration d'insuline exogène[15]. Le taux d'insuline est significativement élevé, généralement jusqu'à 100 mUI/L, le taux de peptide C est nettement élevé et les anticorps anti-insuline sont positifs.[réf. nécessaire]

Traitement modifier

Le traitement usuel consiste à recommander de petits repas fréquents et à éviter les sucres rapides. Les médicaments contenant un groupe thiol doivent être évités et les corticoïdes peuvent être utilisés dans les cas résistants [16],[13].

L'évolution se fait vers une amélioration spontanée, ou après arrêt du médicament responsable, en quelques mois dans la plupart des cas[17].

Dans les formes graves, le rituximab peut être essayé[18]. L'acarbose peut également être une option[19]. La plasmaphérèse associée à des corticoïdes a également une certaine efficacité[20].

Notes et références modifier

  1. Alves, Constança, De León et Snider, « A novel atypical presentation of insulin autoimmune syndrome (Hirata's disease) in a child », Journal of Pediatric Endocrinology and Metabolism, vol. 26, nos 11–12,‎ , p. 1163–1166 (PMID 23843578, PMCID 4361817, DOI 10.1515/jpem-2013-0215)
  2. a et b « Syndrome hypoglycémique auto-immun », sur orpha.net (consulté le )
  3. Hirata Y, Ishizu H, Ouchi N et al. Insulin autoimmunity in a case of spontaneous hypoglycemia, J Jpn Diabetes Soc, 1970;13:312-320
  4. Yamada Y, Kitayama K, Oyachi M et al. Nationwide survey of endogenous hyperinsulinemic hypoglycemia in Japan (2017–2018): congenital hyperinsulinism, insulinoma, non-insulinoma pancreatogenous hypoglycemia syndrome and insulin autoimmune syndrome (Hirata’s disease), J Diabetes Investig, 2020;11:554-563
  5. Lupsa BC, Chong AY, Cochran EK, Soos MA, Semple RK, Gorden P. Autoimmune forms of hypoglycemia, Medicine (Baltimore), 2009;88:141-153
  6. Woo CY, Jeong JY, Jang JE et al. Clinical features and causes of endogenous hyperinsulinemic hypoglycemia in Korea, Diabetes Metab J, 2015;39:126-131
  7. a et b JB et FQ, « Autoimmune hypoglycemia », Endocrinol Metab Clin North Am, vol. 28, no 3,‎ , p. 603–618 (PMID 10500933, DOI 10.1016/S0889-8529(05)70090-6)
  8. T, J, Y et Y, « Possible relevance of HLA-DRB1*0403 haplotype in insulin autoimmune syndrome induced by alpha-lipoic acid, used as a dietary supplement », Diabetes Care, vol. 30, no 12,‎ , p. 131 (PMID 18042740, DOI 10.2337/dc07-1636)
  9. Y, Y et Y, « Drug-induced insulin autoimmune syndrome », Diabetes Res Clin Pract, vol. 83, no 1,‎ , p. 19–20 (PMID 19070385, DOI 10.1016/j.diabres.2008.10.015)
  10. BC, AY, EK et MA, « Autoimmune forms of hypoglycemia », Medicine (Baltimore), vol. 88, no 3,‎ , p. 141–153 (PMID 19440117, DOI 10.1097/MD.0b013e3181a5b42e)
  11. Uchigata Y, Hirata Y, Omori Y, Iwamoto Y, Tokunaga K, Worldwide differences in the incidence of insulin autoimmune syndrome (Hirata disease) with respect to the evolution of HLA-DR4 alleles, Hum Immunol, 2000;61:154-157
  12. Cappellani D, Macchia E, Falorni A, Marchetti P, Insulin autoimmune syndrome (Hirata disease): a comprehensive review fifty years after its first description, Diabetes Metab Syndr Obes, 2020;13:963-978
  13. a et b V, B, S et SR, « Insulin autoimmune syndrome as a cause of recurrent hypoglycemia in a carbimazole user: a case report from Nepal », International Medical Case Reports Journal, vol. 2019, no 12,‎ , p. 29–32 (PMID 30799961, PMCID 6369838, DOI 10.2147/IMCRJ.S190908)
  14. Censi S, Mian C, Betterle C. Insulin autoimmune syndrome: from diagnosis to clinical management, Ann Transl Med, 2018;6:335-335
  15. Y., « Insulin autoimmune syndrome (IAS, Hirata disease) », Ann Med Interne (Paris), vol. 150,‎ , p. 245–253
  16. AA, « The insulin autoimmune syndrome (IAS) as a cause of hypoglycaemia: an update on the pathophysiology, biochemical investigations and diagnosis », Clin Chem Lab Med, vol. 54, no 11,‎ , p. 1715–1724 (PMID 27071154, DOI 10.1515/cclm-2015-1255)
  17. Haverkamp GL, Ijzerman RG, Kooter J, Krul-Poel HM, The after-dinner dip, N Engl J Med, 2022;386:2130-2136
  18. Saxon DR, McDermott MT, Michels AW. Novel management of insulin autoimmune syndrome with rituximab and continuous glucose monitoring], J Clin Endocrinol Metab, 2016;101:1931-1934
  19. Philippon M, Sejil S, Mugnier M et al. Use of the continuous glucose monitoring system to treat insulin autoimmune syndrome: quantification of glucose excursions and evaluation of treatment efficacy, Diabet Med, 2014;31:e20-e24
  20. Dozio N, Scavini M, Beretta A et al. Imaging of the buffering effect of insulin antibodies in the autoimmune hypoglycemic syndrome, J Clin Endocrinol Metab, 1998;83:643-648