Station de Waihopai

station néo-zélandaise d'interception des télécommunications

Station de Wahopai
Image illustrative de l’article Station de Waihopai
Station de Wahopai, en Nouvelle-Zélande.

Lieu près de Blenheim, Marlborough

Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande

Fait partie de UKUSA
Construction 1989
Utilisation Renseignement d'origine électromagnétique
Contrôlé par Government Communications Security Bureau (GCSB)
Coordonnées 41° 34′ 33,6″ sud, 173° 44′ 20,4″ est
Géolocalisation sur la carte : Nouvelle-Zélande
(Voir situation sur carte : Nouvelle-Zélande)
Station de Waihopai

La station de Waihopai (NZC-333) est une station d'interception des communications électromagnétiques du Government Communications Security Bureau (GCSB). Opérationnelle depuis 1989, elle est située à proximité de la ville de Blenheim, dans la région de Marlborough en Nouvelle-Zélande. Il s'agit d'une installation liée au réseau ECHELON.

Histoire modifier

Le gouvernement néo-zélandais envisage l'interception des communications par satellite en 1979, tandis qu'un premier site est déjà en construction à Tangimoana. Consacrée à l'interception des ondes radios hautes fréquences (HF), cette station entre en activité en 1982, mais l'utilisation croissante des satellites dans les années 1980 réduit progressivement l'efficacité de ses installations[1],[2]. En conséquence, la construction d'une nouvelle station sur 36 ha de terrain est autorisée en 1987 par le Premier ministre David Lange et le ministre des Finances Roger Douglas. Une première antenne de 18 m de diamètre, protégée par un radôme, est mise en service le [2],[3],[4].

En 1997, le GCSB souhaite améliorer sa capacité d'interception et fait construire une seconde antenne sur le site, mise en service en 1998[5]. Il s'agit de l'une des deux décisions annoncées le par le Premier ministre Jim Bolger, la seconde concernant l'aspect juridique des interceptions de communications étrangères[6].

Le , à l'aide d'une faucille et de couteaux, un groupe composé de trois militants pour la paix s'introduit dans l'enceinte du site et endommage le radôme d'une des antennes[7],[8]. Restés sur place jusqu'à leur arrestation, les trois hommes dénoncent l'implication de la station dans les activités militaires des États-Unis, notamment la guerre d'Irak[9],[10]. Poursuivis pour avoir causé des dommages intentionnels avec effraction, ils sont jugés et acquittés en 2010[7],[8].

En , le GCSB annonce que les deux antennes et leurs radômes vont être déconstruits et retirés de la station, leur technologie étant devenue obsolète[11],[12]. En , les installations en question sont démontées, tandis que d'autres collectes de données et d'informations se poursuivent à Waihopai[13].

Activités modifier

Surveillance des satellites modifier

Dans son livre Secret Power, publié en 1996, le journaliste néo-zélandais Nicky Hager décrit la station comme étant une installation de surveillance du réseau ECHELON, réseau automatisé d'ordinateurs et de dictionnaires inter-connectés. Il indique que les cibles principales des antennes de Waihopai sont les satellites INTELSAT stationnés successivement au-dessus de l'océan Pacifique[3],[14]. De 1994 à 2011, il s'agit du satellite INTELSAT-701 (IS-701), remplacé ensuite par le satellite INTELSAT-18 (IS-18)[15],[16]. Ces informations sont reprises par une commission temporaire du Parlement européen en 2001, qui s'appuie sur les enquêtes de plusieurs journalistes indépendants et les témoignages d'anciens agents[17].

Le , des publications du New Zealand Herald et du site The Intercept confirment que la station de Waihopai intercepte le contenu et les métadonnées des télécommunications de plus d’une dizaine de pays et d’îles du Pacifique, dont Tuvalu, Nauru, les Kiribati, les Samoa, Vanuatu, les îles Salomon, Fidji, Tonga, la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie. Une série de documents, dévoilés par le lanceur d'alerte Edward Snowden, indiquent que le partage des données obtenues avec les autres agences de renseignement des Fives Eyes est systématique depuis une mise à niveau du programme XKeyscore en 2009[18],[19],[20].

Une grande partie de l'infrastructure technique de la station est celle de la National Security Agency (NSA), qui a développé tous les systèmes opérationnels utilisés à Waihopai (dont le nom de code est IRONSAND)[21],[22]. Un rapport du GCSB révèle que la surveillance des satellites de télécommunications s'est étendue avec l'installation et la mise en service d'une antenne multi-faisceaux Torus en 2007[15],[21].

Notes et références modifier

  1. Hager 1996, Chap. 9 - « Station NZC-332 : Electronic Eavesdroppring From Tangimoana », p. 147-164
  2. a et b (en) David Filer, « Signals Intelligence in New Zealand during the Cold War » [PDF], Security and Surveillance History Series, sur wgtn.ac.nz, Victoria University of Wellington,
  3. a et b Hager 1996, Chap. 10 - « Under the Radome : What Happens at Waihopai », p. 165-185
  4. (en) Gerald Hensley, Final Approaches: A Memoir, Auckland University Press, , 312 p. (ISBN 978-1869403782)
  5. (en) « Background notes GCSB Radomes » [PDF], sur gcsb.govt.nz, Site du GCSB,
  6. (en) « Improved Capabilities for GCSB », sur beehive.govt.nz, Site du gouvernement de Nouvelle-Zélande,
  7. a et b (en) Vaimoana Tapaleao, « Spy base verdict lets protesters go free », The New Zealand Herald,‎ (lire en ligne)
  8. a et b (en) Emily Watt, « Waihopai three walk free », Stuff,‎ (lire en ligne)
  9. (en) « Spy base trio found not guilty », Radio New Zealand,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Gyles Beckford et Alex Richardson, « Peace protesters deflate NZ spy base dome », Reuters,‎ (lire en ligne)
  11. (en) Government Communications Security Bureau, « GCSB to remove dishes and radomes at Waihopai Station », sur gcsb.gov.nz,
  12. (en) David Fisher, « Waihopai Valley spy domes 'iconic' yet 'obsolete' - will come down as GCSB moves to new technology », The New Zealand Herald,‎ (lire en ligne)
  13. (en) Morgane Solignac, « 'Virtually obsolete' Waihopai spy domes dismantled », Stuff,‎ (lire en ligne)
  14. (en) Duncan Campbell, « Interception Capabilities 2000 », Science and Technology Options Assessment, Parlement européen,‎ (lire en ligne [PDF])
  15. a et b (en) Desmond Ball, Duncan Campbell, Bill Robinson et Richard Tanter, Expanded Communications Satellite Surveillance and Intelligence Activities utilising Multi beam Antenna Systems, Nautilus Institute for Security and Sustainability, (lire en ligne), p. 32-37
  16. (en) David Eames, « Waihopai a key link in global intelligence network », The New Zealand Herald,‎ (lire en ligne)
  17. Parlement européen, Rapport sur l’existence d’un système d’interception mondial des communications privées et économiques (système d’interception ECHELON), , 202 p. (lire en ligne), p. 61
  18. (en) Nicky Hager et Ryan Gallagher, « The price of the Five Eyes club: Mass spying on friendly nations », The New Zealand Herald,‎ (lire en ligne)
  19. (en) Ryan Gallagher, « New Zealand Spies on Neighbors in Secret ‘Five Eyes’ Global Surveillance », The Intercept,‎ (lire en ligne)
  20. (en) Toby Manhire, « New Zealand spying on Pacific allies for 'Five Eyes' and NSA, Snowden files show », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  21. a et b (en) COMSAT Advisory Board (CAB), « GCSB Update » [PDF], sur stuff.co.nz,
  22. (en) Ryan Gallagher et Nicky Hager, « Documents Shine Light on Shadowy New Zealand Surveillance Base », The Intercept,‎ (lire en ligne)

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Nicky Hager, Secret Power : New Zealand's Role in the International Spy Network, Craig Potton Publishing, , 299 p. (ISBN 0-908802-35-8, lire en ligne).  

Articles connexes modifier

Liens externes modifier