Société métallurgique de Lommel

Société métallurgique de Lommel
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La Société métallurgique de Lommel (dite « de Maatheide ») était une usine de raffinage et production de zinc, installée à Lommel en Belgique. Construite à l'extrême ouest du territoire communal en 1904, elle a ensuite été rachetée par UMICORE, et fermée en 1974. Elle est à l'origine d'une grave pollution de l'eau et des sols, favorisée par des sols localement naturellement acides et perméables, qui s'est étendu bien au-delà des 300 hectares de l'usine, via le vent et la lixiviation des polluants par les eaux pluviales et de nappe[1], et a provoqué un désert, le Sahara de Lommel, faisant partie du paysage régional Basse Campine.

Histoire modifier

L'usine de zinc de Lommel a été fondée par les frères Schulte, qui possédaient également une usine similaire à Overpelt.

L'entreprise, connue sous le nom de Société métallurgique de Lommel ou localement désignée par l'usine de zinc, possédait un terrain de landes de 300 hectares sur lequel elle s'est progressivement étendu en construisant une usine de grillage de minerai de zinc puis une usine produisant du zinc grossier, une usine d'acide sulfurique, et d'autres sous-unités industrielles dont une installation destinée à valoriser le cuivre et le plomb récupérés dans les résidus de fours à zinc. L'usine disposait aussi de son propre laboratoire de chimie/physique.

Elle était stratégiquement positionnée non loin de plusieurs bassins miniers (en France, Belgique et de la Ruhr en Allemagne ; presque en bord à canal (sur le Dedemsvaart (canal)). Elle possédait en outre sa propre ligne de chemin de fer reliant l'usine à son quai de déchargement.

Un habitat ouvrier dits "colonie de travailleurs" (Lommel-Werkplaatsen) a été progressivement construit par l'usine, de la 1904 à 1914, avec un grand nombre de résidences pour travailleurs et d'autres installations - considérées comme excellentes pour l'époque - à Dubbelrij et dans les environs.

Bien que située en Belgique, l'entreprise était presque entièrement dirigée par des Allemands (en lien avec sa société-sœur (l'usine d'Overpelt) et elle produisait principalement pour fournir en zinc le bassin de la Ruhr.

En 1913, elle fusionne avec l'usine d'Overpelt pour devenir la Compagnie des Métaux d'Overpelt-Lommel.

En 1928, une Société Métallurgique de Corphalie (Le rocher de Corphalie est un massif rocheux près de Huy) a été constituée, avec sa propre usine.

Difficultés, fermeture modifier

En 1944, l'usine est bombardée par les Alliés. Mais elle est restaurée et légèrement modernisée.

La production d'acide sulfurique est stoppée en 1957, puis une unité de lavage.

En 1969, 344 personnes y travaillent encore ; seuls les fours à zinc et la fabrique de moufles sont encore en activité ; le raffinage se fait à Overpelt. Cette année-là, une fusion a lieu avec l'entreprise métallurgique de Hoboken et avec Métallurgie Hoboken-Overpelt.

Le démantèlement de la société de Lommel se poursuit et fin 1973, les fours à zinc sont chargés pour la dernière fois. Depuis lors, la production est reportée à Overpelt, en faveur d'un procédé par électrolyse.

L'usine est enfin démolie à partir de 1974. Sibelco a ensuite dépollué et réhabilité le site marqué de nombreuses séquelles de pollution, dont des sols pollués contaminés. En échange Sibelco y a reçu une concession pour l'extraction de sable argenté.

Patrimoine industriel modifier

Les bâtiments et infrastructures de l'usine ont disparu, mais quelques résidences de la colonie ouvrière ont été préservées.

La Belgique redécouvre le développement remarquable et l'histoire méconnue de l'industrie belge du zinc[2],[3].

Champignon qui protège de la pollution par le zinc modifier

Lors des études des pollutions des sols du Sahara de Lommel, on a découvert un variant génétique d'un champignon (Suillus bovinus), naturellement résistant au zinc, et que ce champignon protège alors aussi les pins de l'écotoxicité de ce métal ; Cette découverte a confirmé le rôle de champignons et des microbes symbiotes racinaires adaptés à la pollution comme « composante majeure de la stratégie de survie des arbres qui colonisent des sols contaminés »[4].

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Anonyme (1990) Historiek Lommelse zinkfabriek 1904–1974. Drukkerij Lenders pvba, Lommel.
  • Péters, Arnaud, L'histoire méconnue de l'industrie belge du zinc, Agence wallonne du Patrimoine, octobre 2012[3].
  • Peters, A. (2010). L'essor de l'industrie belge du zinc et la prise en compte de l'environnement. In I. Parmentier (Ed.), La recherche en histoire de l'environnement : Belgique, Luxembourg, Congo, Rwanda, Burundi, Actes PREBel, Namur, décembre 2008 (pp. 159-174). Namur, Belgium: Presses Universitaires de Namur. https://hdl.handle.net/2268/69973.
  • Roome N & Jadot V (2019) A Case of Radical Reinvention: Umicore. In Managing Sustainable Business (pp. 519-548). Springer, Dordrecht([]).
  • Steenackers J (1991) Étude exploratoire de la qualité des sols et des eaux souterraines du Maatheide à Lommel, rapport intérimaire. IREA (Institut de sauvetage, d'ergonomie et d'hygiène du travail).

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Horckmans, L., Swennen, R., & Deckers, J. (2006). Geochemical and mineralogical study of a site severely polluted with heavy metals (Maatheide, Lommel, Belgium). Environmental geology, 50(5), 725-742 (résumé).
  2. Arnaud Péters, chercheur au Centre d’Histoire des Sciences et des Techniques de l’Université de Liège, « L'histoire-méconnue-de-l-industrie-belge-du-zinc » [PDF], sur Agence wallonne du Patrimoine, (consulté le )
  3. a et b « L'histoire méconnue de l'industrie belge du zinc », sur culture.uliege.be (consulté le )
  4. Adriaensen, K., Van Der Lelie, D., Van Laere, A., Vangronsveld, J., & Colpaert, J. V. (2004). A zinc‐adapted fungus protects pines from zinc stress. New Phytologist, 161(2), 549-555 |URL:https://nph.onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1046/j.1469-8137.2003.00941.x