Deuxième crise du détroit de Taïwan

Seconde crise du détroit de Taïwan
Description de cette image, également commentée ci-après
Localisation du détroit de Taïwan.
Informations générales
Date 23 août
(4 semaines et 2 jours)
Lieu Détroit de Taïwan
Issue Cessez-le-feu, retour au statu quo ante bellum
Belligérants
Drapeau de la République populaire de Chine République populaire de Chine Drapeau de Taïwan République de Chine
Drapeau des États-Unis États-Unis
Commandants
Drapeau de la République populaire de Chine Mao Zedong
Drapeau de la République populaire de Chine Zhou Enlai
Drapeau de la République populaire de Chine Peng Dehuai
Drapeau de la République populaire de Chine Xu Xiangqian
Drapeau de la République populaire de Chine Ye Fei
Drapeau de la République populaire de Chine Zhang Aiping (en)
Drapeau de la République populaire de Chine Liu Peishan (zh)
Drapeau de la République populaire de Chine Zhao Zhangcheng (zh)
Drapeau de Taïwan Tchang Kaï-chek
Drapeau de Taïwan Chiang Ching-kuo
Drapeau de Taïwan Yu Dawei (zh)
Drapeau de Taïwan Hu Lien
Drapeau de Taïwan Ji Xingwen
Drapeau de Taïwan Zhao Jiaxiang (zh)
Drapeau de Taïwan Zhang Jie (zh)
Drapeau des États-Unis Dwight D. Eisenhower
Drapeau des États-Unis Nathan F. Twining
Drapeau des États-Unis Wallace M. Beakley (en)
Drapeau des États-Unis Roland N. Smoot (en)
Drapeau des États-Unis Benjamin Oliver Davis, Jr.
Forces en présence
215 000 hommes
569 pièces d'artillerie
800 avions
92 000 hommes
≃ 400 pièces d'artillerie
765 avions

La deuxième crise du détroit de Taïwan ou crise de Quemoy et de Matsu[1] est un conflit armé ayant opposé la république populaire de Chine à Taïwan au cours de l'été 1958.

Le conflit débute par le bombardement des îles de Kinmen (Quemoy) et Matsu par une Chine populaire désireuse de jauger l'étendue du soutien américain à Taïwan et pourquoi pas de « libérer » l'île de l'influence du Kuomintang qui y avait élu refuge une décennie auparavant. Le conflit voit notamment une tentative de débarquement amphibie sur l'île Dongding (en) être repoussée par la Marine taïwanaise.

En dépit de son caractère local, la deuxième crise du détroit de Taïwan a une influence importante sur le cours de la guerre froide puisqu'elle limite le processus de coexistence pacifique entamé au même moment par l'Union soviétique et les États-Unis, ces derniers allant même jusqu'à soutenir publiquement Taïwan, notamment avec des pièces d'artillerie susceptibles de lancer des frappes nucléaires en territoire chinois, ce qui en fait la « première crise nucléaire sérieuse » de l'histoire selon Christian Herter[2].

Historique modifier

 
Le porte-avions USS Lexington (CVA-16) accompagné d'un navire de ravitaillement d'un destroyer au large de Taïwan durant la crise.
 
Des F-104A du 83th Fighter Interceptor Squadron sur la base aérienne de Taoyuan durant la crise.

De à , la première crise du détroit de Taïwan a lieu entre la république populaire de Chine communiste et la république de Chine nationaliste réfugiée à Taïwan après la guerre civile chinoise. Pékin réussit à capturer deux des îles près des côtes qui étaient encore sous contrôle nationaliste mais fut stoppée par les menaces d'intervention militaire des États-Unis.

La seconde crise débute le , elle a commencé lorsque l'artillerie de l'Armée populaire de libération commence à bombarder les îles de Quemoy et de Matsu dans le détroit de Taïwan vingt-quatre heures après que le président des États-Unis Eisenhower eut proposé à Nikita Khrouchtchev le premier sommet soviéto-américain de la guerre froide, et une réduction des armements nucléaires. Mao Zedong ne voulait pas que la question de Taiwan reste dans l'ombre. En accord avec le traité de coopération mutuelle et de sécurité entre les États-Unis et la république de Chine entré en vigueur en 1955, ces attaques provoquent le déploiement de la Septième flotte américaine dans le détroit et l'envoi de renforts aérien au United States Taiwan Defense Command dont une «Force de frappe aérienne composite» (Composite Air Strike Force) du Tactical Air Command[3]. Après quelques semaines critiques pendant lesquelles les îles furent en danger sérieux, les Américains réussirent à établir une ligne de ravitaillement à Quemoy, y débarquant publiquement, entre autres, de l'artillerie susceptible de lancer des charges nucléaires tactiques. L'éventualité de frappes nucléaires sur la Chine continentale a été sérieusement envisagée par les responsables américains[4].

Soutenue par les États-Unis, la république de Chine à Taïwan ne faiblira pas malgré la puissance de l'armée chinoise. 470 000 obus furent tirés par l'artillerie chinoise et l'on vit la première utilisation de missiles air-air au combat de la part de la force aérienne de la république de Chine lorsque le , un AIM-9 Sidewinder est utilisé lors d'un affrontement entre 32 North American F-86 Sabre et plus de 100 MiG-17. Un total de 31 MiG-17 de la RPC furent abattu - 60 % par des missiles Sidewinder dont ce fut la première utilisation, un non-explosé est récupéré par la Chine[5] - contre 2 Sabre taïwanais[6].

Ce conflit s'achève par un cessez-le-feu entre les belligérants mais les bombardements continuèrent de façon intermittente pendant plus d'une décennie.

Selon le bilan figurant dans la brochure officielle publiée à l’occasion du 50e anniversaire de la bataille par la république de Chine à Taïwan, le bombardement de Kinmen nommé par ce pays Bombardement 823[7] fit 514 morts et disparus ainsi que 2 200 blessés parmi les militaires, dont 440 morts et disparus et 1 911 blessés pour la seule armée de Terre. Par ailleurs, 80 civils perdirent la vie et 221 furent blessés dans les bombardements[8].

Notes et références modifier

  1. François Godement, « La troisième crise du détroit de Taiwan », Libération,
  2. (en) Morton Halperin (en), The 1958 Taiwan Straits Crisis : A Documented History, Santa Monica, RAND Corporation, (lire en ligne)
  3. « Tactical Air Command », sur National Museum of the United States… (consulté le ).
  4. (en-US) Charlie Savage, « Risk of Nuclear War Over Taiwan in 1958 Said to Be Greater Than Publicly Known », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  5. un Sidewinder a frappé un MiG-17 mais n'a pas explosé, et il est retourné en toute sécurité à la base, après quoi l'épave du missile a été retirée et examinée plus tard, résultant par rétroingénierie le Vympel K-13 ( AA-2 Atoll ) en URSS et son équivalent PL-2 construit sous licence en RPC
  6. (en) Christian Orr, « AIM-9: Is the Sidewinder the Best U.S. Missile Ever? », sur www.19fortyfive.com, (consulté le ).
  7. Le Point.fr, « Taïwan : la présidente Tsai Ing-wen appelle à ne pas céder aux pressions de Pékin », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  8. https://taiwaninfo.nat.gov.tw/news.php?unit=47&post=206570

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Bush, R. & O'Hanlon, M. (2007). A War Like No Other: The Truth About China's Challenge to America. Wiley. (ISBN 0471986771)
  • Bush, R. (2006). Untying the Knot: Making Peace in the Taiwan Strait. Brookings Institution Press. (ISBN 0815712901)
  • Carpenter, T. (2006). America's Coming War with China: A Collision Course over Taiwan. Palgrave Macmillan. (ISBN 1403968411)
  • Cole, B. (2006). Taiwan's Security: History and Prospects. Routledge. (ISBN 0415365813)
  • Copper, J. (2006). Playing with Fire: The Looming War with China over Taiwan. Praeger Security International General Interest. (ISBN 0275988880)
  • Federation of American Scientists et al. (2006). Chinese Nuclear Forces and U.S. Nuclear War Planning
  • Gill, B. (2007). Rising Star: China's New Security Diplomacy. Brookings Institution Press. (ISBN 0815731469)
  • Shirk, S. (2007). China: Fragile Superpower: How China's Internal Politics Could Derail Its Peaceful Rise. Oxford University Press. (ISBN 0195306090)
  • Tsang, S. (2006). If China Attacks Taiwan: Military Strategy, Politics and Economics. Routledge. (ISBN 0415407850)
  • Tucker, N.B. (2005). Dangerous Strait: the U.S.-Taiwan-China Crisis. Columbia University Press. (ISBN 0231135645)