Le royaume Baoulé (Baouléman) a été fondé au XVIIIe siècle par Nanan Abla Pokou au terme de l'exode qui l'a conduite de l'Asanteman jusqu'au centre de la Côte d'Ivoire. Baouléman signifie « pays (ou royaume) des Baoulés »[1].

Historique modifier

Vers la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, à la suite de multiples guerres entre les tribus Akan du Ghana, et à la suite des conflits dynastiques à l’intérieur du royaume Asante à la mort du roi Osei Toutou, des vagues successives de populations ont émigré vers l’ouest de l’autre côté du Kumwin (fleuve Comoé) pour trouver la paix. « Deux batailles décisives en 1701, la première à Edunku puis à Feyase voient la déroute des armées denkyira. Malgré la mort tragique du roi Ntim Gyakari, les Denkyira, avec à leur tête Badu Akrafi Brempon, résistent désespérément, mais ce dernier est capturé à son tour par les Ashanti. La migration denkyira se fera alors de façon massive dans toutes les directions. Vers Mpoho dans le Wassa, en Akyem et sur la côte. Une partie importante des migrants passe par les territoires de l’Aowin et du Sefwi pour s’établir définitivement dans le futur baoulé. Ce fut le peuplement alanguira qui se fera entre 1701 et 1706. »[2]

À la suite du décès de l'Asantehene Opokou Waré, Kusi Obodom se fit introniser puis assassina Dako, l'héritier légitime, frère de Abla Pokou. Le massacre des partisans et parents de la victime va aboutir à la grande division du royaume fondé par Osei Toutou[3]. C’est ainsi qu’une partie de la population asante, éprise de paix et de justice, conduite par la reine Abla Pokou, s’est installée dans le centre de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui pour fonder le Baouléman[4].

Sur le chemin d’exil, les Baoulés ont fait escale à Tiassalé où Tano Adjo, une des sœurs de la Reine s’est installée. Arrivées dans la région de Bouaké, Pokou et sa suite se sont installées à Niamonou dans le N’drannouan. À sa mort, sa nièce Akwa Boni lui a succédé. Celle-ci a conquis de nouvelles terres, donnant au Baouléman sa configuration géographique actuelle, couvrant environ 30 000 km² et s'étend de Bouaké à Tiassalé en passant par Tiébissou, Yamoussoukro et Toumodi, de Béoumi à Daoukro et Dimbokro, entre le Bandama blanc et le N'Zi. Ayant quitté Niamonou, Akwa Boni a créé un village, Walébo (Oualèbo), plus à l'ouest ; à sa mort en 1790 dans le Yaouré, sa dépouille a été ramenée dans le village pour y être inhumée. Ce village a été rebaptisé Sakassou. Sa région et son peuple ont gardé le nom Walebo (Oualèbo)[5],[6]

Références modifier

  1. « Royaume Baoulé - Google Arts & Culture », sur Google Arts & Culture (consulté le )
  2. Albert Van Dantzig, Les Hollandais sur la côte de Guinée à l’époque de l’essor de l’Ashanti et du Dahomey, 1680-1740, Société française d’histoire des outre-mers, 1980, p. 125 (ISBN 2-85970-003-X)
  3. (en)Ivor Wilks, Asante in the Nineteenth Century: The Structure and Evolution of a Political Order, Cambridge University Press, 1975, p. 332-333
  4. Jean-Noël Loucou, Françoise Ligier, La reine Pokou : fondatrice du royaume baoulé, Henri Goursau, coll. « Grandes figures africaines », 1977 (ISBN 978-2858090839)
  5. Kouamé René Allou, « Confusion dans l'histoire des Baoulé, à propos de deux reines : Abraha pokou et Akoua boni », Journal des africanistes, 2003, tome 73, fascicule 1, p. 137-143
  6. « Rezo-Ivoire .net | le royaume baoule sous groupes et fractions », sur rezoivoire.net (consulté le )

Voir aussi modifier

Article connexe modifier

Bibliographie modifier

  • Kouamé René Allou, Confusion dans l'histoire des Baoulé, à propos de deux reines, Abraha Pokou et Akoua Boni, 2003, pp 137-143
  • Kouamé René Allou, Eclairage sur l’histoire précoloniale des Baoulé de Côte d’Ivoire, UFR Sciences de l’homme et de la société, département d’histoire, Université de Cocody, Côte d'Ivoire
  • Kofi Agyekum, The Sociolinguistic of Akan Personnal Names, University of Ghana, Legon; Published in the Nordic Journal of African Studies 15(2): 206-235(2006)
  • N’Guessan Jean Paul Brou, Akawa, Royaume N’DRANNOUAN fondé par la Reine Pokou
  • Maurice Delafosse, Essai de manuel de la langue agni: parlée dans la moitié orientale de la Côte d'Ivoire
  • Pierre Etienne, « Les Baoulés et le temps », Cahier ORSTOM, volume n° 3, 1968, p. 31-32
  • Ivor Wilks, Asante in the Nineteenth Century, Cambridge University Press, p. 332-333
  • H. Memel Foté et J.P. Chauveau, L’Identité politique baule (Côte d’Ivoire), O.R.S.T.O.M. Fonds Documentaire N° 30367 EX 1 (1989) p. 33-40
  • HRM King Baffour Gyanko Fofie, I Akan Kingdoms Ruler: The Imperial House of DAKO RA of the Akan Confederation of Empires, Kingdoms And States In Africa - ADAKO Dakon kingdoms Thrones HISTOTRY 1720-2011
  • Jean Pierre Chauveau, Contribution de la géographie historique de l’or en pays baule (Côte d’Ivoire), O.R.S.T.O.M. Fonds Documentaire n° 22668 EX 1 (1978) p. 15-69
  • Radio Côte d'Ivoire, Documents sonores:
 L'Histoire des Origines des Wawolés (Baoulé) par les Wawolés    https://www.youtube.com/watch?v=MLNdgIBJq_Y&spfreload=10

 L'Histoire des Origines des Wawolés (Baoulé) par les Wawolés-partie 2
 https://www.youtube.com/watch?v=oDLPcAD2xl0