René Gardies est un universitaire, militant de l’image et de l’éducation aux médias. Il y consacre toute sa carrière tant comme pédagogue, que comme critique ou réalisateur. Né le 21 janvier 1937 à Nîmes de parents tous deux instituteurs, il décède le 11 mars 2019 à Marseille[1].

Jeune professeur de Français féru de poésie et proche des Surréalistes, René Gardies est convaincu dès le début des années 60 qu’il est impératif d’ouvrir les citoyens au langage de l’image. René Gardies a été un précurseur en matière d’enseignement du cinéma et de l’image https://www.afeccav.org/notre-collegue-rene-gardies-nous-a-quitte-le-11-mars-2019/[2]. Il y consacre toute sa carrière comme pédagogue, comme critique ou comme réalisateur. Il a ainsi été critique de cinéma pour La revue du cinéma, image et son, puis chef de séries à la télévision scolaire dans les années 60-70, avant de devenir un universitaire reconnu. D’abord formateur d’enseignants, spécialiste de l’enseignement de l’image, il professe la sémiologie de l’image à l’École de la photographie d’Arles et œuvre pour la promotion des études cinématographiques et télévisuelles à l’université d’Aix-en-Provence. Il a, à ce titre, produit une vingtaine de films et publié de nombreux ouvrages et articles de référence. Il est parfois confondu avec son frère André Gardies, également universitaire, et lui aussi spécialiste du Cinéma.

Biographie

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Fils d’un couple d’instituteurs gardois, petit-fils de paysans, René Gardies a toujours revendiqué ses racines occitanes, qu’il cultivait avec faconde. Père de deux enfants, Annick et Fabrice, issus de son premier mariage en 1958 avec Maryse Béréni, il épouse Anne-Marie Moustacas en 1990.

Formation

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Après une scolarité à Nîmes, René Gardies poursuit ses études universitaires, de 1957 à 1962, à Montpellier, où il se lie d’amitié avec le poète Jean-Paul Guibbert. Il y apprend le Portugais et consacre son DES de Lettres modernes au mouvement surréaliste « Révolte et révolution chez les Surréalistes ».

Carrière

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Après l'obtention du CAPES en 1962, il occupe son premier poste de professeur de lettres au lycée d’Uzès de 1963 à 1967. Déjà passionné par l'image et sa pédagogie, il y est responsable du ciné-club.

Il mène, parallèlement à ses heures d'enseignement, une intense activité de critique de cinéma de 1965 à 1973 pour la revue Image et son, devenue ensuite La revue du cinéma.

Il en est membre du comité de rédaction et rédige de nombreuses analyses ou coordonne des numéros collectifs comme « Cinéma et télévision » de janvier 1969, ou Cinéastes et auteurs de TV (n°273 Juin Juillet 1973) dont il est la cheville ouvrière. Exemples d’analyses filmiques : Que viva Mexico ! (N°187 d’octobre 1965) ; Main basse sur la ville (n°205 Spécial 1967), Salvatore Giuliano (n°205 Spécial 1967) ; Un homme à bruler (n°214 Spécial 1968) … (Liste non exhaustive). Exemples de critiques cinématographiques : Mouchette, Le vieil homme et l’enfant (n°205 de Juin-Juillet 1967) ; Le tournant baroque de Fellini (n°238, avril 1970) ; La nuit des morts vivants (n°238, avril 1970) ; La cérémonie (n°266, décembre 1972)… (Liste non exhaustive).

L'évolution ultérieure de sa carrière marquée par la pédagogie de l'image, ne l’empêchera pas de poursuivre la publication de ses analyses qui évoluent de l'univers du cinéma vers celui de la télévision, avec par exemple en 1987 l'article Belphégor et Cornélius ou deux moments de feuilleton télévisé (in Louis Feuillade - Cahiers de la cinémathèque, Perpignan 1987).

Dès 1967, il pense l'image au sens large comme le montre son travail sur une Analyse structurale du contenu narratif des photo-romans, réalisée au Centre audiovisuel de Saint-Cloud, sous la direction de M.Tardy de l'Université de Strasbourg. Creusant toujours plus profond le sillon de la pédagogie de l'image, il devient responsable d’une expérimentation sur l’intégration de l’audiovisuel dans l’enseignement du Français au Collège d’enseignement secondaire expérimental de Sucy-en-Brie de 1967 à 1973.

La thèse qu'il passe en 1973 en Esthétique porte sur le cinéaste Glauber Rocha, leader du cinema Novo, la nouvelle vague brésilienne, qu'il rencontre à plusieurs reprises au Brésil comme à Paris. « L’œuvre de Glauber Rocha - analyse structurale d’un système textuel » est soutenue à l'université Paris1 Panthéon-Sorbonne. Roland Barthes et Christian Metz, promoteur de la sémiologie, sont membres du jury dont le rapporteur est Bernard Teyssèdre. Ce travail fait l'objet d'une publication dans la collection Cinéma d’aujourd’hui aux éditions Seghers en 1973 https://www.babelio.com/livres/Gardies-Glauber-rocha/674831[3] L'ouvrage est ensuite traduit en portugais et parait au Brésil en 1977 (Glauber Rocha, politica, mito et linguagem, ed. Poz e Terra, Rio de Janeiro).

René Gardies revient dans le Midi en 1973 comme professeur à l’École Normale d’Institutrices d’Aix-en-Provence où il exerce jusqu'en 1985. Il y poursuit son activité pédagogique de façon intense avec la direction de deux recherches pour le Ministère de l’Éducation nationale sur l’éducation aux médias (dont les classes Médias-Langages) entre 1979 et 1986. Il crée en 1983 le Centre national de formation continuée I.D.E.N, P.E.N, C.P.E.N, qu'il dirige jusqu'en 1985. Annexé à l’École normale d’Aix-en-Provence, ce centre était spécialisé dans les stages de technologie de la communication (audiovisuel et informatique). Il crée également un second dispositif national de formation à l’image des enseignants du second degré, sous l’autorité du Ministère de l’Éducation Nationale.

Il intègre l’université d’Aix-Marseille 1 en 1985 et y enseigne le scénario, le montage et l’écriture filmique ainsi que la lecture de la télévision, tout d'abord comme maître de conférence (expression audiovisuelle-cinéma-télévision), avant d'être habilité à diriger des thèses https://www.theses.fr/058599452 [4], et nommé professeur des Universités d’études cinématographiques en 1999 (décret du 16 décembre)[5]. De 1986 à 1988, il est également professeur associé à l’École nationale de la photo d’Arles, où il enseigne le discours de la télévision, la sémiologie de l’image et l’histoire du cinéma.

C'est au titre de responsable de la Commission « Enseignement » de l’Association Française des Enseignants et Chercheurs en Cinéma et AudioVisuel (AFECCAV) https://www.afeccav.org/notre-collegue-rene-gardies-nous-a-quitte-le-11-mars-2019/[6]qu'il coordonne l’ouvrage collectif « Comprendre le cinéma et la télévision », traduit en espagnol, en chinois… https://www.sudoc.abes.fr/cbs/DB=2.1//SRCH?IKT=12&TRM=120827700&COOKIE=U10178,Klecteurweb,D2.1,Eafbbab70-304,I250,B341720009+,SY,QDEF,A%5C9008+1,,J,H2-26,,29,,34,,39,,44,,49-50,,53-78,,80-87,NLECTEUR+PSI,R10.34.103.180,FN[7]. Tandis-que la revue CinémAction consacre un numéro à L’enseignement du cinéma et de l’audiovisuel préfacé par Jean-Claude Carrière https://cinemaction-collection.com/produit/cinemaction-n45-lenseignement-du-cinema-et-de-laudiovisuel[8].

Publications

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Manuels scolaires

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De 1975 à 1984, parallèlement à ses activités d'enseignement, il réalise une série de manuels scolaires pour le collège et le Primaire. Une grande place y est accordée à l’approche de l’image dans l’enseignement, acte profondément novateur pour l’époque. « Ces guides pédagogiques d’une conception très nouvelle et vivante pour les classes de la sixième à la troisième ont eu un succès » qui a conduit « les éditions Belin à créer une « Collection René Gardies pour l’enseignement primaire » [9].

Paraissent ainsi successivement aux éditions Scodel, Aimer le Français aujourd’hui, classes de 6ème (édité en 1974, réédition 1980) et de 5ème (édité en 1975, réédité en 1978) réalisés avec Maryse Gardies. Puis Aimer le Français aujourd’hui, pour la classe de 4ème (édition 1976, réédition 1979) et la classe de 3ème en 1980, toujours aux éditions Scodel. C'est en 1983 que les éditions Belin éditent Lirelire, CE1, collection René Gardies (réédition en 1986) et l'année suivante Lirelire, CE2.

Image et cinéma

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C'est dans la lignée de ses manuels scolaires, que sortent en 1987 deux ouvrages destiné aux étudiants et enseignants. L'un Les médias à l’école est le résultat d'un travail collectif pour le CRDP d’Amiens, l'autre Parole aux images, d’un média à l’autre est publié chez Armand Colin-Bourrelier et réédité en 2000 https://www.babelio.com/livres/Gardies-Paroles-aux-images/1314974[10].

Au début des années 2000, il travaille à la publication de trois ouvrages en collaboration avec sa collègue Marie-Claude Taranger, qui paraissent tous trois aux éditions L'Harmattan. Deux volumes sont consacrés en 2003 à la télévision : Télévision : questions de formes (volume 1) https://www.fnac.com/a1213634/Rene-Gardies-Television-questions-de-formes[11] et Télévision : questions de formes. Rhétoriques télévisuelles (volume 2) https://www.fnac.com/a1338528/Marie-Claude-Taranger-Television-questions-de-formes-2[12]. En 2004, sort Télévision : notion d’œuvre, notion d’auteur https://www.fnac.com/a1525803/Rene-Gardies-Television-notion-d-oeuvre-notion-d-auteur[13].

Enfin, 2007 voit la publication de deux nouveaux livres. L'un Cinéma et voyage parait chez L’Harmattan,https://www.fnac.com/a2159543/Rene-Gardies-Cinema-et-voyage[14], l’autre Comprendre le cinéma et les images, chez Armand Colin https://www.babelio.com/livres/Gardies-Comprendre-le-cinema-et-les-images/944335[15]. Ce dernier ouvrage sera traduit en Espagnol, aux éditions La Marca à Buenos Aires en 2014 https://lamarcaeditora.com/autores/rene-gardies-209[16] et en Chinois dans le cadre du Programme d’Aide à la Publication FU Lei de l’ambassade de France en Chine, en 2015.

Chef de série et producteur à la Radio Télévision scolaire (OFRATEME Paris) de 1968 à 1973, il est scénariste et producteur de 10 émissions destinées à motiver l’expression écrite et orale. Cette série intitulée Mieux voir, mieux dire démarre par l'émission Devant la vitrine, destinée aux CM1 et CM2 et diffusée sur la Radio-télévision scolaire le 4 mars 1968[17] https://gallica.bnf.fr/html/und/videos/la-radio-television-scolaire?mode=desktop https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&startRecord=0&maximumRecords=15&page=1&collapsing=disabled&query=arkPress%20all%20%22cb343610943_date%22%20and%20dc.date%3D%221968%22%20and%20%28gallica%20all%20%22devant%20la%20vitrine%22%29[18]. Elle est suivie de Une journée à la plage, également en 1968; puis de Vendanges à Gigondas et La belle image en 1969. Deux émissions sont également produites en 1970, Aux 24 heures du Mans et Sur les gradins; une en 1971 Promenade ou invitation à la poésie; une émission en 1972 Journal de classe, et à nouveau deux pour l'année 1973 : Parler et Les mots en liberté.

Vingt ans plus tard, entre 1993 et 1994, René Gardies est à nouveau l'auteur d'une série pédagogique sur le film de fiction. Sept films de formation pour l’Éducation Nationale sont ainsi réalisés avec l'auteur-réalisateur de télévision Jean-Pierre Marchand et le réalisateur Raymond Achilli. – Production : A.S.V Marseille. Avec le soutien de l’Éducation Nationale, Académie d’Aix Marseille (MAFPEN).

Enfin, militant convaincu du rôle pédagogique d'une télévision publique de qualité, il consacre quatre années, de 2013 à 2017, à une série d’entretiens de 30 minutes avec les grands auteurs de la télévision, qu'il connait et dont il veut que soit conservée une trace. Intitulée Les yeux et la mémoire, cette série, dont il est l'auteur, est réalisée avec Raymond Achilli, en collaboration avec la SCAM (Société civile des auteurs multimédia-Paris) et l’INA (Institut national de l’audiovisuel). Est ainsi mis en valeur le travail de Claude Santelli https://www.scam.fr/actualites-ressources/hommage-a-claude-santelli/[19], Jean-Claude Bringuier https://www.scam.fr/actualites-ressources/les-yeux-et-la-memoire-hommage-a-jean-claude-bringuier/[20] , Charles Brabant, Jean-Marie Drot, Maurice Failevic ou Henri de Turenne.

Notes et références

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  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. « notre collègue René Gardies nous a quittés », sur Afeccav.org,
  3. René Gardies, « Glauber Rocha », sur babelio
  4. « Theses »
  5. « Décret du 16 décembre 1999 », sur legifrance.gouv
  6. « Notre collègue René Gardies nous a quittés », sur AFECCAV, association française des enseignants en cinéma et audiovisuel
  7. rené Gardies, « Comprendre le cinéma et la télévision »
  8. « L'enseignement du cinema », sur Cinemaction
  9. Christian Metz, « rapport scientifique de Christian Metz, du 28/9/1987 », rapport scientifique EHESS de Christian Metz, du 28/9/1987,‎
  10. René Gardies, « Parole aux images », sur Babelio
  11. René Gardies, « Télévision, question de formes »
  12. René Gardies, « Cinéma, question de formes »
  13. René Gardies, « Télévision, notion d'oeuvre »
  14. René Gardies, « Cinéma et voyage »
  15. René Gardies, « Comprendre le cinéma et les images »
  16. René Gardies, « Comprendre le cinéma et les images »
  17. René Gardies, « Devant la vitrine », sur gallica
  18. René Gardies, « devant la vitrine », sur Gallica.bnf.fr
  19. René Gardies, « Santelli », sur SCAM
  20. « Jean-Claude Bringuier », sur SCAM

Liens externes

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