Perrissona Gappit (également connue sous le nom de Perrussone) est une femme jugée et brûlée pour sorcellerie en 1465 en Suisse.

Perrissona Gappit
Biographie
Décès
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Condamnée pour
Sorcellerie (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Condamnation

Contexte

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Les procès de sorcières étaient encore rares au XVe siècle lorsque le concept de sorcellerie diabolique a commencé à émerger. L'étude de quatre chroniques concernant des événements en Valais, dans les Alpes bernoises et dans la région voisine du Dauphiné a permis de montrer que certaines idées concernant la sorcellerie se sont implantées dans la région dans les années 1430, pour représenter la sorcellerie comme une alliance avec le diable qui saperait et menacerait le fondement chrétien de la société[1].

Historiographie

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Le cas de Perrissona Gappit a été étudié pour la première fois en 1909. Il a fait l'objet de plusieurs écrits académiques qui ont analysé différents aspects du procès. Une étude de 1976 a établi que les accusations s'étaient modifiées au milieu du procès, passant d'allégations de l'usage de sorcellerie à celui de sorcellerie diabolique[2]. Une autre étude publiée en 1989 a cherché à établir des détails sur les antécédents de l'accusée. Les études se sont également penchées sur la situation politique instable à Châtel dans les années 1460 en lien avec l'affaire[3],[4].

Procès et exécution

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L'affaire, jugée dans la région de Fribourg, en Suisse, est connue pour l'exhaustivité du dossier conservé à travers les âges[5]. Son procès est instruit par le notaire Claude Burritaz en 1465[6]. Les premiers comptes rendus des séances ont été enregistrés par Jean Colomb, un notaire local, mais comme l'affaire n'avance pas, faute du manque d'expérience probable du vice-inquisiteur, on appelle des experts à la rescousse. Claude Burritaz est envoyé en 1465 sur mandat du vicaire général de l’évêque de Lausanne avec un vice inquisiteur à Châtel-Saint-Denis, en tant que commissaire. Le procès est mené à terme grâce à l'aide d'un autre inquisiteur, Jean Brunet. C'est Claude Burritaz qui finit par arracher des aveux à Perrissone, en employant la torture[7].

Les procès pour sorcellerie dans ce que Kieckhefer appelle la « tradition populaire » se limitaient aux accusations de sorcellerie, la fréquentation du diable n'étant habituellement pas un élément dans les accusations portant sur le fait de jeter un mauvais sort aux animaux ou de provoquer le mauvais temps. Perrissona est accusée par deux témoins d'avoir tenté de kidnapper un bébé, d'avoir causé la mort de l'enfant en usant de magie et d'avoir préparé de la nourriture qui a rendu d'autres personnes malades. Elle a nié les allégations jusqu'à ce que le vicaire inquisiteur soit impliqué. L'inquisiteur s'est tout particulièrement intéressé à relever l'élément diabolique des crimes[2]. Selon Kieckhefer, la présence du rôle du diable dans ce types d'accusations était concomitante avec un grand niveau d'érudition des juges[2].

Sous la pression des nouveaux interrogatoires menées par l'inquisiteur, Perrissona a finalement avoué avoir rencontré le diable et mangé la chair d'un enfant lors d'une assemblée diabolique, même si le témoin n'avait pas fait une telle allégation[8]. Certains des aveux de Perrisona ont été extorqués sous la torture[2].

À la suite du procès, Perrissona est condamnée à mort et brûlée en public.

Références

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  1. Richard Kieckhefer, The Oxford Handbook of Witchcraft in Early Modern Europe and Colonial America, , « The First Wave of Trials for Diabolical Witchcraft »
  2. a b c et d Richard Kieckhefer, European Witch Trials: Their Foundations in Popular and Learned Culture, 1300-1500, University of California, 32-33 p.
  3. Richard M Golden, Encyclopedia of Witchcraft: The Western Tradition, ABC-CLIO, 1310 p.
  4. Modestin, « Wozu braucht man Hexen? Herrschaft und Verfolgung in Châtel-Saint-Denis (1444-1465) »
  5. Modestin, « Ein klarer Fall? Wie Perrissona Gappit aus Châtel-St-Denis im Jahr 1465 zu einer Hexe wurde », Volkshochschule Zürich,‎ (lire en ligne)
  6. (de) ETH-Bibliothek Zuerich, « Les chasses aux sorciers dans le Pays de Vaud (1430-1530) : bilan des recherches », sur E-Periodica (DOI 10.5169/seals-81299, consulté le )
  7. Georg Modestin et Martine Ostorero, « Le notaire, figure oubliée de l’Inquisition. L’exemple du diocèse de Lausanne (XVe siècle) », dans Le notaire : Entre métier et espace public en Europe VIIIe – XVIIIe siècle, Presses universitaires de Provence, coll. « Le temps de l’histoire », (ISBN 978-2-8218-8570-7, lire en ligne), p. 29–41
  8. Richard Kieckhefer, Avenging the Blood of Children: Anxiety Over Child Victims and the Origins of the European Witch Trials (in The Devil, Heresy and Witchcraft in the Middle Ages), Brill, p. 107