Pavillon de Haïti-Hawaï

Structure architecturale de l'exposition universelle de 1889

Le pavillon de Haïti-Hawaï est un ancien pavillon construit pour l’Exposition universelle de 1889 à Paris et situé aujourd’hui dans la commune française de La Garenne-Colombes dans les Hauts-de-Seine. Construit pour la république d’Haïti, il fut cédé avant l’ouverture de l’Exposition au royaume d’Hawaï. Après l'Exposition, il a été démonté puis reconstruit et transformé en habitation privée.

Pavillon de Haïti-Hawaï
Ancien pavillon de Haïti-Hawaï, vu de la rue Auguste Buisson - La Garenne-Colombes
Présentation
Destination initiale
Pavillon de l'exposition universelle de 1889, Paris
Destination actuelle
Habitation privée
Fondation
Architecte
Jules Bon
Patrimonialité
Inventaire Général du Patrimoine d'Île-de-France
Localisation
Pays
France
Commune
La Garenne Colombes
Adresse
Rue Auguste Buisson
Coordonnées
Carte
Le pavillon d'Hawaï. Gravure tirée de "l'Exposition universelle de 1889" d'Emile Monod, Tome II, page 477
Le pavillon des îles Hawaï. Gravure tirée du Livre d'or de l'Exposition de 1889, page 279
Pavillon d'Hawaï. Exposition de 1889. Photo Collection L.L. Paris

Histoire modifier

Le pavillon a été conçu par M. Bon architecte[1],[2], pour la république d’Haïti qui souhaitait participer à l’Exposition universelle de Paris en 1889. Des troubles politiques ont obligé le gouvernement haïtien à s’en défaire dans les conditions suivantes : « Le gouvernement de Haïti avait tout d’abord décidé de participer officiellement à l’Exposition universelle de 1889 ; il avait désigné son commissaire général et toutes les dispositions étaient prises pour que cette participation fut aussi complète et brillante que possible. Le pavillon d’Haïti était achevé au Champ-de-Mars, et les objets destinés à le garnir et à y être exposés, réunis au Port-au-Prince et prêts à embarquer, lorsque survinrent les évènements qui amenèrent la chute du président Salomon et bouleversèrent pendant plus de 18 mois le pays. Le gouvernement donna l’ordre de se défaire du pavillon, lequel fut cédé au royaume d’Hawaï qui y installa son exposition »[3].

Cette cession de dernière minute explique que de nombreux plans de l’exposition indiquent « Pavillon d’Haïti » au lieu de « Pavillon d’Hawaï » pour le pavillon carré entre le Pavillon du Guatemala et le Pavillon Indien. Le plan en couleur imprimé par Erhard Frères est lui bien à jour [4].

Le changement d’affectation est réalisé à moindre frais en camouflant les éléments propres à la république d’Haïti (le cartouche « Haïti » et les bonnets phrygiens) et en remplaçant, sur le fronton en façade, les armes d’Haïti par celles d'Hawaï [2]. Les gravures de l’époque, contrairement aux plans, indiquent correctement « Pavillon d’Hawaï » ou parfois « Pavillon des Iles Hawaï ».

À la fin de l’Exposition universelle, le pavillon est vendu à un particulier, Auguste Rémy Fauconnier, qui le fait remonter à La Garenne Colombes, 13 rue des Buissons (aujourd’hui rue Auguste Buisson) pour en faire son habitation. Le panneau en céramique nettoyé indique de nouveau « Haïti ». La toiture, joliment colorée en tuiles émaillées Montchanin et agrémentée de rives et frontons Muller Ivry, a été conservée.

La famille Fauconnier fait don du pavillon aux Petits frères des pauvres dans les années 1960 qui le revendra 3 ans plus tard. C'est dans ce contexte que le lien avec le pavillon d’Hawaï représenté dans les publications se perd. Le pavillon n'est par exemple pas listé dans "Les vestiges des Expositions Universelles à Paris et en Ile-de-France" [5] ni dans le livre de référence "Sur les traces des expositions universelles, Paris 1885-1937"[6].

Son décor en céramique est remarqué lors d’un inventaire topographique en 1991 et une fiche est créée dans l’Inventaire général du patrimoine culturel d’Île-de-France, mais le lien avec le pavillon d'Hawaï n'est pas fait [7],[8]. Il est ensuite inscrit sur le plan local d'urbanisme comme bâtiment d’intérêt patrimonial [9], mais ne bénéficie pas de protection. L’origine du pavillon est redécouverte par Philippe Le Port et Françoise Mary en août 2018[10]. Un article dans le Parisien du 2 janvier 2019[11], repris par la presse et la radio nationale le fait connaître du grand public. Le pavillon a fait l'objet, avec la gare Lisch, le pavillon des Indes et le pavillon de la Norvège Suède d'une exposition au musée Roybet-Fould de novembre 2019 au 8 mars 2020[12]. Il est cité dans deux expositions en ligne au printemps 2020 : celle des archives départementales des Hauts-de-Seine [13] et celle du musée Roybet-Fould[14]. L'association Histoire de Colombes a présenté une demande de protection au titre des Monuments Historiques en septembre 2020.

Description modifier

Le pavillon est dans un bel état de conservation, sa structure en bois de 1889 est pratiquement intacte [15] et il n'a pas fait l'objet de modifications depuis sa transformation en habitation en 1890. À cette époque, pour gagner de la surface, le remplissage de briques a été repoussé jusqu'aux poteaux extérieurs de la galerie véranda. La plupart de ces poteaux ont été maintenus, sauf ceux incompatibles avec le percement de quelques fenêtres. Le décalage vers l’arrière du premier étage, ainsi que son découpage particulier en pans de bois est d'origine. Les très belles céramiques de la façade du premier étage sont toujours à leur place. Le fronton proéminent, avec les armes d’Hawaï n’existe plus, mais on distingue encore son emplacement devant les deux fenêtres de la façade. Les éléments caractéristiques de toiture, rives, pinacles et tuiles émaillées ont disparu à la suite des différentes réfections[réf. souhaitée]

Notes et références modifier

  1. Camille Debans, Les coulisses de l'Exposition, guide pratique et anecdotique, Paris, Ernest Kolb Editeur, 373 p. (lire en ligne), page 14.
  2. a et b E. Monod, L'exposition Universelle de 1889 Tome III, Paris, E. Dentu, , 670 p. (lire en ligne), Page 50.
  3. E. Monod, L'exposition Universelle de 1889 Tome II, Paris, E. Dentu, , 618 p. (lire en ligne), Page 607.
  4. Exposition de 1889. Plan général des divers Palais, Paris, Erhard Frères, , 1 p. (lire en ligne).
  5. « Les vestiges des Expositions Universelles à Paris et en ïle-de-France », sur Site de la région Île-de-France, 21/01/2016, 16:07:00, libert christophe (consulté le ).
  6. Sylvain Ageorges (trad. du sanskrit), Sur les traces des expositions universelles, Paris, 1855-1937, Paris, Parigramme, , 187 p. (ISBN 978-2-84096-444-5).
  7. « La Garenne Colombes Réf. Mérimée IA00079430 », sur Inventaire général du patrimoine culturel d’Île-de-France, inventaire général 1991 (consulté le ).
  8. « Classé au patrimoine rue Auguste Buisson », sur La Garenne-Colombes le retour du passé, (consulté le )
  9. « carte du bâti remarquable communal page 53 », sur Commune de la Garenne-Colombes,, (consulté le ).
  10. « Un pavillon d'exposition universelle à La Garenne-Colombes », sur céramique architecturale.fr, (consulté le ).
  11. « Ils sont retrouvés un ancien pavillon de l'Exposition Universelle. », sur leparisien.fr, édition papier du 2 janvier 2019
  12. « Exposition : Paris est une fête », Courbevoie Mag N°156,‎ , p. 4-5 (lire en ligne)
  13. Archives départementales des Hauts-de-Seine, « Des projets aux vestiges : les Hauts-de-Seine et les expositions universelles », sur Hauts-de-Seine Le département (consulté le )
  14. « Expositions Universelles », (consulté le )
  15. (en) « hawaiian-pavilion-paris-exposition-1889 », sur Hawaian time machine, (consulté le )

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Parutions, Iconographie modifier

Liens externes modifier