Le Partage scriptural » [et parfois abrégé PS], est un exercice de lecture scripturale interdisciplinaire et interconfessionnelle. Dans cette pratique, qui est en constante évolution, des juifs, des chrétiens, des musulmans, et parfois des membres d’autres religions (des bouddhistes, des hindous, des sikhs, des taoïstes et de nombreuses autres communautés religieuses) se réunissent pour étudier ensemble leurs Écritures sacrées. Ils explorent de différentes façons comment cette étude peut les aider à comprendre des questions contemporaines particulières et à trouver des réponses. Conçue à l’origine par des théologiens et des philosophes religieux comme un moyen d’encourager les corrections postcritiques et postlibérales aux modèles de raisonnement modernes, elle déborde désormais les cercles académiques.

Méthode modifier

Le Partage scriptural implique des participants, issus de multiples traditions spirituelles[1]. Réunis, très souvent en petits groupes, ils commencent par lire des passages de leurs textes sacrés comme le Tanakh, le Nouveau Testament ou le Coran[2]. Commence alors une discussion. Les textes abordent en général un thème commun. Ce peut être la figure d’Abraham, ou bien encore l’examen des questions juridiques et morales de la propriété[3]. Après une discussion sur le contenu des textes, les participants évaluent de quelles façons leurs communautés religieuses les ont utilisés et continuent de s’en servir ; ils analysent aussi comment ces textes peuvent façonner leur compréhension et leur engagement vis-à-vis d’une série de questions contemporaines[4].

Le représentant d’une tradition religieuse spécifique pourra donc :

  • discuter avec les autres participants de sa propre lecture des textes issus de sa tradition ;
  • débattre avec eux de leurs tentatives de donner un sens aux textes de sa tradition, et
  • analyser à son tour avec eux des textes de leurs propres traditions[5].

Lignes directrices du Partage scriptural modifier

Une façon de comprendre le Partage scriptural en tant que méthode d’interprétation serait de formuler ses règles. Cependant, le Partage scriptural a des applications très diverses. Ses adeptes sont plutôt réticents à l’idée de fixer un seul ensemble de règles pratiques[6]. Emily Filler a produit une liste de « lignes directrices du Partage scriptural ». Ceux qui s’initient à la pratique du Partage scriptural s’y réfère souvent[7].

1. S’en tenir aux textes. Le Partage scriptural est bien plus fructueux si l’échange reste axé sur les textes qu’on a sous les yeux, plutôt que de devenir une discussion religieuse générale. On peut puiser dans d’autres sources que le passage qui a été choisi, mais il faut toujours relier ce qu’on affirme aux textes.

2. Utiliser les langues d’origines pour élargir la conversation, et non pour la fermer. Aucune traduction française n’est parfaite. La plupart des membres du groupe ne connaissent pas toutes les langues originales. Même si la langue source d’un texte peut apporter une nuance supplémentaire à l’interprétation, la discussion doit partir surtout de la traduction en français. N’utilisez pas les langues originales qui pourraient restreindre l’échange.

3. Accepter l’invitation à étudier les textes des autres. Et invitez-les en retour à explorer vos textes. Vous tâtonnerez au début, mais le Partage scriptural est une question d’hospitalité : inviter l’autre à franchir les frontières et à mieux vous connaître, vous et vos textes. On est dans un échange ouvert, sans chercher à une lecture dogmatique des Écritures.

4. Écouter avec attention et empathie les commentaires des autres et mettez-les à l’aise. Dans le Partage scriptural, on laisse les autres s’exprimer sur les lectures et les commenter librement, même si on a des idées arrêtées sur la façon dont un texte particulier doit être compris.

5. Être honnête. On n’attend pas de vous d’être un « expert » de vos propres Textes et de votre tradition religieuse, il faut donc être honnête sur les points qu’on connaît moins. On peut être en désaccord avec les interprétations des autres, il est normal de le dire – avec respect.

6. Éviter les généralisations. Nul ne représente sa tradition de foi. Évitez donc les formules du genre : « les juifs/chrétiens/musulmans croient... » On dira plutôt, par exemple : « en tant que juif/chrétien/musulman, ce texte signifie pour moi... »

7. Être présent. Le Partage scriptural exige une attention soutenue. Il faut s’impliquer à fond : lire, réfléchir, écouter et discuter. Abstenez-vous de tout geste susceptible de distraire, comme l’usage d’un téléphone portable, même pour chercher quelque chose en rapport avec le texte, ou le fait de quitter physiquement le groupe en pleine discussion.

8. Montrer du respect envers les textes. N’oubliez pas que les diverses traditions n’ont pas les mêmes approches sur la façon de traiter les Écritures. Certaines confessions considèrent leurs Écritures comme sacrées. Cela signifie qu’on doit les manipuler avec déférence ; par exemple, ne pas les poser sur le sol et ne pas mettre de boissons dessus. En cas de doutes sur la façon de traiter ou de disposer les textes, parlez-en à un autre membre du groupe.

But modifier

On ne saurait définir une fois pour toutes le Partage scriptural qui est avant tout une pratique. Les individus et les communautés peuvent s’y engager pour toutes sortes de raisons. De plus, les effets réels de l’expérience peuvent dépasser les intentions de ses pratiquants. Dès lors, les adeptes du Partage scriptural le répètent souvent. On s’initie d’abord au Partage scriptural en tant que méthode pratique. Ensuite seulement, on est amené à en théoriser plus ou moins les raisons ou la fonction. Selon Nicholas Adams : « Le Partage scriptural est une pratique qu’on peut théoriser, et non une théorie qu’on applique. Plus précisément, il s’agit d’une variété de pratiques dont les interrelations peuvent être théorisées dans une certaine mesure, mais pas au sens fort d’une théorie pleinement explicative »[8]8. Peter Ochs fait la même remarque en se référant à un midrash de l’Exode 24.7 dans b. Shab. 88a : Dans le livre de l’Exode, à la deuxième tentative de Moïse de léguer les dix commandements, les Israélites répondent en s’exclamant : naaseh v’nishmah ! Littéralement, cela signifie : « Nous allons le faire et le comprendre », mais il s’agit plus probablement d’une expression idiomatique signifiant : « Nous sommes déjà au travail », ou : « Considérez que c’est déjà fait. » Les derniers sages rabbiniques ont proposé une lecture homilétique : « Agir d’abord, comprendre ensuite ». Le Partage scriptural s’est modelé de la même façon, en passant par de nombreuses formes de pratique avant de découvrir celle qui correspond le mieux à nos objectifs et en travaillant pendant de nombreuses années à l’affiner. Nous avons d’abord procédé par l’expérimentation et seulement ensuite par la réflexion théorique[9].

L’shma : Pour son propre bien ou pour celui de Dieu modifier

Pour David Ford, il faut pratiquer le Partage scriptural parce que l’étude des Textes a une valeur intrinsèque. Dans cette optique, la pratique le Partage scriptural obéit aux mêmes raisons et au même esprit qu’on trouve chez la plupart des lecteurs des traditions abrahamiques. David Ford souligne ce point à l’aide du terme hébreu « l’shma » :

Cette pratique de partage scriptural peut se faire pour elle-même, ou mieux encore, pour l’amour de Dieu. Chacune des trois traditions a sa propre façon de valoriser l’étude de ses Écritures comme quelque chose qui vaut la peine d’être fait en dehors de toute arrière-pensée. Le Partage scriptural peut certes avoir toutes sortes de visées pratiques, mais se fait avant tout pour l’amour de Dieu. Comme le disent les juifs, l’shma encourage la pureté de l’intention et décourage la simple instrumentalisation de l’engagement interconfessionnel[10].

Le terme l’shma, qui signifie littéralement « pour le nom », est ambigu, pouvant signifier l’étude de la Torah « pour elle-même » ou «pour l’amour de Dieu»[11].

Si le Partage scriptural relève du shma, on pourrait dire que les adeptes du Partage scriptural le pratiquent pour fortifier le développement de la « sagesse », un thème central du travail de David Ford sur le Partage scriptural[12]. Dans la même veine, Peter Ochs parle du Partage scriptural comme « ouvrant des niveaux inattendus de recherche textuelle et herméneutique... pour elle-même », une ouverture rendue possible par la chaleur affective des cercles d’étude du Partage scriptural[13]. Marianne Moyaert, par exemple, soutient que le Partage scriptural peut être caractérisé comme une « pratique ritualisée » formatrice[14].

L’étude du shma est motivée par le désir, par l’amour des Écritures et/ou de Dieu. Pour cette raison, en invitant les participants à partager l’étude du shma ensemble, le Partage scriptural fournit ce qu'Ochs appelle : « un lieu où les membres de différentes traditions ou modes d’investigation peuvent partager leur affection pour les Écritures ». Cet aspect affectif du Partage scriptural contribue à son tour à la capacité du Partage scriptural à former des amitiés interreligieuses inattendues.

La source la plus probable de ces amitiés est que le style du Partage scriptural formatif incite les participants (souvent à leur insu) à révéler au moins un peu de la chaleur et de l’ingénuité dont ils font preuve dans le cadre intime d’étude des Écritures à la maison, entre coreligionnaires[13].

« Réparer » les méthodes et logiques académiques modifier

Le Partage scriptural fut au départ conçu comme une pratique académique impliquant des théologiens, des philosophes religieux et des spécialistes des textes, avec l’intention de « réparer » ou de « corriger » les schémas de raisonnement philosophique et théologique modernes[15] Ces schémas de pensée persistent à la fois dans l’université occidentale et dans les traditions religieuses influencées par la modernité. Ainsi, selon Peter Ochs, le Partage scriptural visait à l’origine à réparer les méthodes d’étude académiques et les habitudes d’esprit qu’elles présupposent.

Pour les fondateurs du Partage scriptural, l’objectif initial était de réparer ce qu’ils jugeaient être des méthodes académiques inadéquates pour enseigner les Écritures et les religions basées sur les Écritures, telles que les religions abrahamiques. Avec le temps, le Partage scriptural et le Raisonnement textuel ont acquis de nouveaux objectifs au fur et à mesure que les participants découvraient d’autres conséquences à leurs pratiques[16].

Nicholas Adams caractérise le Partage scriptural comme une pratique de « raisonnement réparateur » capable de faire avancer « la réparation pragmatique de l’universalisme séculier »[17]. S’appuyant sur cette description, Ochs souligne fréquemment la capacité réparatrice du Partage scriptural à habituer les praticiens à de nouvelles façons de raisonner et à de nouvelles habitudes d’esprit. Il affirme que : « le but premier du Partage scriptural est de corriger le binarisme de la civilisation occidentale moderne et des groupes religieux qui ont, bon gré mal gré, adopté ce binarisme comme s’il s’agissait d’un moteur du discours et de la croyance religieuse indigène[18]. » Le binarisme est cette tendance logique à supposer que la différence entraîne l’opposition. Comme le dit Ochs : « Tout ce que j’entends par « binarisme » est une forte tendance à exagérer et à sur-généraliser l’utilité des distinctions : soit l’un/soit l’autre[19].» Le Partage scriptural répare cette tendance, en partie, en formant les praticiens à des habitudes d’esprit alternatives :

[Dire] que l’Écriture tolère, par exemple, deux sens d’un verset crucial, et non un seul, c’est déjà atténuer l’animosité éprouvée par ces participants contre des lectures différentes de la leur . Au lieu de la colère, ces participants adopteront par exemple, un regard hautain et condescendant, mais non violent, à l’égard des autres qu’ils perçoivent comme égarés mais qui sont uniquement coupables de faire une lecture moins rigoureuse de l’Écriture et non pas une lecture qui contredirait la vérité même des choses[20].

Le Partage scriptural tend aussi à réparer le binarisme, un trait persistant des traditions religieuses modernes.

Le Partage scriptural est, en outre, stimulé par la perception que les institutions religieuses qui résident dans l’Occident moderne ont eu tendance à assimiler ces tendances binaires dans leurs discours théologiques. Il en résulte que de nombreux mouvements qualifiés de « fondamentalistes » présentent des tendances à un binarisme de style occidental moderne qui a été inscrit dans le tissu des pratiques et des discours religieux traditionnels[21].

Le Partage scriptural implique donc une distinction entre fondamentalisme et traditionalisme : le premier tend à s’appliquer lorsque la logique indigène d’une tradition religieuse a été supplantée par le binarisme moderne. Pour cette raison, le Partage scriptural peut amoindrir le fondamentalisme sans attaquer la tradition religieuse en soi, et même en prétendant puiser sa réparation dans les textes et les pratiques interprétatives traditionnels. Le Partage scriptural, en revanche, mine le fondamentalisme tout en adoptant une position optimiste envers la tradition religieuse. La religion « libérale » elle-même tend à fonctionner avec la même logique moderne ; en effet, l’opposition entre les formes « libérales » et « fondamentalistes » de religion est plausible, en partie, parce que les deux fonctionnent avec des logiques similaires. Pour cette raison, comme le dit Kepnes, le Partage scriptural n’est « ni libéral ni fondamentaliste »[22]. C’est une des raisons pour lesquelles le Partage scriptural a souvent été décrit comme un mouvement théologique ou philosophique « postlibéral » ou « postcritique »[23].

Prôner la paix et la compréhension interconfessionnelles modifier

Son objectif est parfois décrit comme une rencontre interconfessionnelle « humble et créative »[24] ou une « compréhension mutuelle plus profonde[25]».

La plupart des formes de Partage scriptural présentent les traits essentiels suivants :

  • Le Partage scriptural n’exige pas des tenants des diverses traditions religieuses qu’ils se concentrent sur les thèmes où leurs discours sont proches, ou de mettre entre parenthèses leurs attachements aux sources qui constituent leur identité et leur tradition fondamentales. Le Partage scriptural laisse les participants rester fidèles aux pratiques qui représentent leur identité la plus profonde et aux allégeances de leurs communautés religieuses[26].
  • Le Partage scriptural offre aux participants un cadre où ils peuvent parler de ces engagements, voire en devenir plus conscients eux-mêmes. Les sessions de Partage scriptural font donc souvent ressortir les différences et les désaccords entre les traditions religieuses, générant des débats sérieux pour favoriser ce qu’on a appelé : « un désaccord de meilleure qualité »[27].
  • Le Partage scriptural n’attend pas de consensus entre les participants sur leur façon de percevoir la nature, l’autorité ou l’interprétation appropriée des textes qui leur sont présentés. Les participants n’ont pas à considérer, par exemple, que la Bible remplit le même rôle pour les chrétiens que le Coran pour les musulmans ou le Tanakh pour les juifs[28].
  • Le Partage scriptural, dit-on, mise sur l’honnêteté, l’ouverture et la confiance entre les participants, et plus généralement sur une amitié croissante entre eux, créant un espace pour des désaccords raisonnables. La clé du Partage scriptural ne serait pas le consensus mais l’amitié[29].
  • Pour fortifier ces liens, le Partage scriptural préconise des lieux de rencontre propices à l’hospitalité mutuelle ; par exemple, se réunir dans des enceintes académiques neutres telles que les universités. La rotation périodique entre les lieux de culte de diverses confessions est une autre option. Les groupes de Partage scriptural essaient de préserver une éthique d’hospitalité mutuelle, chaque participant étant à la fois hôte et invité, et d’assurer la parité de la direction, de la gestion ou de la participation[30].

Métaphores modifier

Pour laisser le champ libre à la variété de style que peut prendre, en pratique, le Partage scriptural, les praticiens trouvent souvent plus fructueux de caractériser le Partage scriptural de façon ouverte en termes de métaphores, souvent tirées des traditions abrahamiques elles-mêmes.

Tente de la rencontre modifier

Le Partage scriptural a parfois été décrit comme une « tente de la rencontre » – un mishkan biblique (Heb. משׁכן Ara. مسكن ) – une référence à l’histoire de la Genèse 18. Steven Kepnes, un philosophe juif, écrit :

Les participants à la pratique du Partage scriptural y viennent à la fois en tant que représentants d’institutions académiques et de « maisons » de culte particulières (églises, mosquées, synagogues). Mais le Partage scriptural se réunit en dehors de ces institutions et de ces maisons, à des moments particuliers et dans des espaces distincts qui sont comparés aux « tentes de la rencontre » bibliques. Les pratiquants se réunissent dans ces tentes de la rencontre pour lire et réfléchir sur les Écritures. Ils retournent ensuite dans leurs institutions académiques et religieuses et dans le monde avec une énergie et une sagesse renouvelées pour ces institutions et le monde[31].

Foyer modifier

Le Partage scriptural a été comparé à une réunion autour de la chaleur d’un foyer. L’analogie avec le « feu se trouve d’ailleurs dans Jérémie 23.29 : « Ma parole n’est-elle pas comme un feu ? » Dans le Sifre Devarim 343, le rédacteur conclut que « les paroles de la Torah sont comparées au feu » avant de développer cette métaphore à divers égards. Le plus pertinent pour le Partage scriptural est le suivant : « Tout comme une personne trop proche d’un feu se brûle mais souffre du froid si elle s’éloigne, il en va de même pour les paroles de la Torah. Tant qu’une personne s’y implique, elles sont vivifiantes, mais quand quelqu’un s’éloigne d’elles, elles le tuent... »

À ce propos, James et Rashkover écrivent :

Le même caractère sacré et la même vie qui récompensent l’étude de l’shma peuvent aussi susciter l’absolutisme et la violence quand une communauté se sent menacée. L’Écriture est puissante : « Ma parole n’est-elle pas comme un feu ? » (Jérémie 23.29). Ce feu qui réchauffe et donne la vie peut aussi tuer et détruire. Ochs observe que l’impulsion de protéger le caractère sacré des Écritures, même violemment, est souvent un indice de l’amour de la communauté pour ses Écritures sacrées en tant que source primitive de vie divine. Plutôt que de déchaîner le feu destructeur de la passion scripturaire, le Partage scriptural est une pratique consistant à offrir aux autres une mesure de la chaleur des Écritures[32].

Généralisant l’analogie de l’Écriture et du foyer, Ochs évoque « ces aspects de la vie vers lesquels les fidèles d’une religion se tournent en temps de crise, de tension ou d’incertitude, espérant se rapprocher de la source de leurs valeurs et de leurs identités les plus fortes »[33]. Le Partage scriptural, dans cette optique, serait le prototype de s’engager « de foyer à foyer »

Histoire modifier

Origines : le « Raisonnement textuel » modifier

Le Partage scriptural s’inspire de diverses pratiques classiques d’interprétation scripturale, en particulier le midrash rabbinique. Ses origines les plus proches, cependant, se trouvent dans une pratique connexe, le « Raisonnement textuel » [RT][34], où des penseurs juifs lisaient le Talmud en conversant avec des érudits rabbiniques[35].Peter Ochs était l’un des principaux participants au « Raisonnement textuel »[36]. Comme le disent James et Rashkover :

Le « Raisonnement textuel » est né dans les années 1980 de débats entre philosophes juifs déçus par l’impasse de la philosophie occidentale moderne pour fournir des principes d’enquête qui répondent aux questions brûlantes des cercles juifs vivants. Ces penseurs ont proposé une nouvelle pratique de l’étude des textes juifs ancrée dans la tradition textuelle juive elle-même qu’ils aspiraient à activer comme source de réparation communautaire. Le Raisonnement textuel a réuni des spécialistes des textes familiers des pratiques de lecture rabbiniques et des philosophes juifs aptes à éclairer les logiques de lecture et de raisonnement[37].

En 1990, Ochs et ses collègues ont fondé le « Réseau de philosophie juive postmoderne », qui proposait des échanges en ligne animés, des réunions semestrielles et un journal en ligne. En 1996, ils ont adopté le terme « Raisonnement textuel » pour cette pratique, évoquant les pratiques juives classiques d’interprétation, et ont rebaptisé leur groupe « Société de Raisonnement textuel »[38]. En 2002, ils ont fondé le Journal of Textual Reasoning.

Le Raisonnement textuel présentait déjà mains aspects de ce qui allait devenir le Partage scriptural. Selon Ochs, il s’agit notamment d’une tendance à poursuivre l’étude des textes « pour elle-même », à rechercher le sens ordinaire d’un texte et à explorer diverses autres dimensions de la signification, à valoriser la pensée individuelle intense et le dialogue de groupe, et à combiner la discipline savante avec l’humour et le rire[39]. Le « Raisonnement textuel » est souvent distingué, en tant que pratique d’étude juive, du raisonnement biblique (chrétien) et du raisonnement coranique (musulman).

Débuts du Partage scriptural modifier

Selon James et Rashkover : « Du Raisonnement textuel est sorti le Partage scriptural. Les pionniers du Raisonnement textuel se sont liés d’amitié avec des érudits chrétiens et musulmans et se sont mis à vivre la lecture des textes ensemble »[37]. Ochs raconte les débuts de l’histoire :

En 1994, des érudits du judaïsme, du christianisme et de l’islam, se sont réunis pour découvrir un moyen de mener un dialogue débordant ces trois traditions scripturaires abrahamiques... Au bout de cinq années d’études semestrielles, nous avons découvert et affiné la meilleure méthode, que nous avons appelée « Partage scriptural »[40].

Le terme « Scriptural Reasoning » a été inventé par Peter Ochs[41] pour distinguer la pratique interconfessionnelle de l’étude des Écritures de ses antécédents spécifiques à la tradition. Cependant, Ochs soutient également que le Partage scriptural présuppose une formation parallèle dans les pratiques d’étude au-delà des différences comme le Raisonnement textuel :

Dans son sens le plus large, le Partage scriptural comprend deux sous-pratiques : l’étude des différences au sein d’une seule tradition scripturale et l’étude à travers les frontières de différentes traditions scripturales... La première, que nous appelons : « Raisonnement textuel », apporte également une contribution irremplaçable à la pratique globale du Partage scriptural[42].

La International Society for Scriptural Reasoning [SSR] a été fondée en 1995[43]. Parmi les fondateurs figurent Ochs lui-même, David F. Ford, Daniel W. Hardy et Basit Koshul[44]. En 2001, la SSR a créé The Journal of Scriptural Reasoning afin de publier les recherches sur le Partage scriptural et d’exposer les fruits académiques du Partage scriptural en tant que pratique.

Développements modifier

Commencé comme une pratique académique, le Partage scriptural s’est vite propagé dans les cercles universitaires. Les érudits du Partage scriptural ont formé un « groupe de rencontre supplémentaire » à l’American Academy of Religion, qui est devenu par la suite l’unité officielle du programme de Partage scriptural[45].

Ils ont créé un groupe de théorie du Partage scriptural à Cambridge University, en partenariat avec le Cambridge Interfaith Program. Il a été renommé International Society for Scriptural Reasoning (SSR) en 2007 et a continué à se réunir jusqu’en 2020[46]. Ce groupe s’est concentré sur l’application du Partage scriptural dans le milieu universitaire et sur la production d’études originales sur le Partage scriptural[47]. Ce groupe a donné naissance au Scripture & Violence Project, qui a publié des travaux universitaires sur la relation entre la violence et les Écritures abrahamiques et qui met à disposition des ressources pour que les laïcs puissent s’engager sur ces questions[48].

Parmi les autres développements académiques du Partage scriptural, citons un projet de Partage scriptural au Center for Theological Inquiry de Princeton, qui a examiné le Partage scriptural et l’histoire des commentaires scripturaires médiévaux[49] ; le projet Scriptures in Dialogue fondé par le Leo Baeck College ; et le groupe Partage scriptural Oxford du Scriptural Reasoning Society (Oxford School) fondé par l’Interfaith Alliance UK.

Le Partage scriptural est aussi devenu une « pratique civique » dans la communauté. Citons le Central Virginia Scriptural Reasoning Group parrainé par l’Eastern Mennonite University, le St Ethelburga’s Centre for Reconciliation and Peace à St Ethelburga’s Bishopsgate, les groupes de Camden et de Westminster de la Scriptural Reasoning Society parrainés par le Camden Faith Communities Partnership, le Liberal Judaism (United Kingdom) et différents lieux de culte à Londres.

Parmi les développements civiques du Partage scriptural portant d’autres noms, citons le programme Faith and Citizenship de la London Metropolitan University et le Three Faiths Forum, qui propose des modes d’étude des Écritures pour les jeunes dans les écoles et les communautés locales.

L’un des premiers fruits du Partage scriptural fut le Dabru Emet, un document sur les relations judéo-chrétiennes publié en 2000 dans The New York Times[50]. Ce document, rédigé par quatre érudits juifs (Peter Ochs, David Novak, Tikva Frymer-Kensky et Michael Singer) et signé par plus de 200 rabbins et érudits de la plupart des courants du judaïsme, entendait jeter les bases d’un dialogue plus productif et chaleureux entre le judaïsme et le christianisme[51].

En 2007, les autorités islamiques indépendantes de Londres ont émis une fatwa[52]indiquant certaines recommandations simples pour permettre aux musulmans de se sentir à l’aise en participant au Partage scriptural[53].

Fondée en 2014, la Rose Castle Foundation veut équiper les dirigeants pour le travail de paix et de réconciliation entre les religions abrahamiques, le Partage scriptural étant au cœur de sa formation. La Rose Castle Foundation tient aussi une base de données des groupes de Partages scripturaux dans le monde[54].

Critiques modifier

Le théologien Adrian Thatcher s’est demandé si le Partage scriptural aplatit les différences théologiques dans la façon dont les trois traditions abordent leurs Écritures respectives, notant en particulier « la rareté des références à Jésus Christ » dans les essais de The Promise of Scriptural Reasoning (voir, par exemple, Ford et Pecknold 2006), et se demandant si cela « peut indiquer... la poursuite de l’érosion de l’interprétation biblique christocentrée. »[55]

Un autre théologien, James M. Gustafson, remet en question la prétention qu’il croit implicite dans les descriptions de Peter Ochs du Partage scriptural, à savoir qu’il « a non seulement la capacité, mais aussi l’autorité de corriger la « raison moderniste » ; et demande si le Partage scriptural a été suffisamment ouvert aux discours critiques encouragés par la modernité. S. Mark Heim a répondu directement à ces affirmations[56].

Christina Grenholm et Daniel Patte se demandent si le Partage scriptural « présuppose une vision de la chrétienté comme une nation séparée avec des frontières claires et des repères fixes » et s’il manque d’une « perspective critique qui révélerait qu’il existe différents types de Partages scripturaux ? »[57]

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Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Il est le plus souvent décrit comme impliquant des juifs, des chrétiens et des musulmans (Ford 2006; Mudge 2008, p. 33; Campbell 2001; Gaylord 2006, p. 327; Burrell 2006, p. 708; Clooney 2008, p. 28; et Hauerwas 2008, p. 19, n.43); pour l’inclusion des hindous, voir Heim 2004.
  2. Mudge 2008, p. 33, 123; Clooney 2008, p. 28.
  3. Pour la nature thématique de nombreuses discussions sur les Partages scripturaux, voir Mudge 2008, p. 123. Pour des collections de textes thématiques: - en français, voir le site https://textes-sacres-du-monde.fr/partage-scriptural qui indique aussi des réunions de Partage scriptural en français, en présentiel ou en distanciel; - en anglais, voir http://www.scripturalreasoning.org/text-packs.html. Pour des collections d’essais thématiques émergeant de telles discussions, voir les numéros du Journal of Scriptural Reasoning https://jsr.shanti.virginia.edu/back-issues/
  4. Pour l’engagement du PS dans les questions contemporaines, voir Mudge 2008, p. 124.
  5. Higton & Muers 2012, 2012, p. 94-109 fournit une transcription et une analyse de la conversation d’un groupe de PS sur un passage particulier du Coran ; pour des descriptions plus générales des PS, voir Adams 2006a, p. 240-244 ; Bailey 2006 et Ford 2006.
  6. Par exemple, Ochs 2013, p. 627 dit : « Le partage scriptural n’existe, formellement et matériellement, que là où il est pratiqué, et cette pratique intègre des éléments formels et matériels qui ne peuvent être abstraits que dans un but d’analyse. »
  7. www.scripturalreasoning.org. Ces directives sont dans le domaine public. Ochs, 2019 & 90n10 les qualifie de « ressource utile pour l’étude [du PS formel.] » ". Pour une autre tentative de formuler des « règles » de PS, voir Kepnes 2006.
  8. Adams 2006, p. 387
  9. Ochs 2019, p. 2
  10. Ford 2011
  11. Comme le souligne Mike Higton, Ford a tendance à glisser d’un sens à l’autre, « persuadé que chacun soutient ou alimente l’autre, ou même qu’il s’agit de deux façons de dire presque la même chose » Higton 2013, p. 291.thème central
  12. Ford 2007. Voir aussi Torrance 2009, p. 128 et James & Rashkover 2021.
  13. a et b Ochs 2013, p. 631
  14. Moyaert 2019
  15. Mudge 2008; Lamberth 2008, p. 460–461; Campbell 2001.
  16. Ochs 2013, p. 629-630
  17. Adams 2008. Pour un compte rendu approfondi d’Ochs et Adams en tant que raisonneurs réparateurs engagés dans la « critique immanente », voir Rashkover 2020, p. 130-151.
  18. Ochs 2013, p. 632. voir James 2022 pour un compte rendu des aspects techniques de cette réparation logique.
  19. Ochs 2013, p. 632
  20. Ochs 2015, p. 494. Le compte rendu le plus complet d’Ochs sur cette réparation logique est Ochs 2019, sur lequel voir aussi James 2022.
  21. Ochs 2014, p. 633. N.B. également son importante mise en garde : « Cela ne veut pas dire que les différentes religions n’ont pas leurs propres tendances indigènes à la méchanceté, mais seulement que la méchanceté binariste vient probablement de l’Occident. »
  22. Kepnes 2006.
  23. Pour « postliberal », voir Pecknold 2006, p. 339 ; Smith 2008, p. 469-472 ou Heim 2004 ; pour « postcritique », voir Soulen & Soulen 2001, p. 140 ; Mudge 2008 ; Lamberth 2008.
  24. Anglican Communion Network for Inter Faith Concerns (NIFCON) 2008, p. 6.
  25. Clooney 2008, p. 28
  26. Voir la section de Ford 2006 sur ‘Core Identities in Conversation’.
  27. « Contrairement à certains autres types de dialogue interconfessionnel, nous ne cherchons pas à prétendre à un consensus entre nos enseignements et nos pratiques religieuses souvent divergents, mais nous cherchons plutôt à comprendre nos désaccords plus profondément par l’étude des Écritures - et à construire des amitiés à partir de ce désaccord de meilleure qualité. » www.scripturalreasoning.org.uk/scriptural_reasoning_covenant.pdf Scriptural Reasoning Society n.d. Cf Kepnes 2006, p. 368 – « Le PS est une conversation sérieuse entre trois traditions religieuses qui préserve la différence tout en établissant des relations. »
  28. Batnitzky 2008, p. 484 : « Je ne veux pas suggérer que le point de vue d’Ochs sur le PS exige une théologie partagée comme condition préalable au dialogue. ». David F. Ford donne la maxime suivante pour les PS : « Reconnaître le caractère sacré des Écritures des autres (sans avoir à en reconnaître l’autorité pour soi-même) – chacun croit de différentes manières (qui peuvent être discutées) que ses Écritures viennent en quelque sorte de Dieu et que le groupe les interprète devant Dieu, en sa présence. » Ford 2006, p. 349, c’est nous qui soulignons).
  29. L’expression est inventée par Adams 2006, p. 243 ; pour d’autres exemples de son utilisation, voir Scriptural Reasoning Society 2007 et Abernethy 2007. Elle s’appuie sur des affirmations antérieures, comme celle de Kepnes 2006, p. 367, selon laquelle le PS " crée de la socialité parmi ses praticiens ". Cf. l’affirmation de la Society for Scriptural Reasoning 2006 : « Après environ trois sessions de ce type, un groupe réussi devrait commencer à nourrir un sentiment d’amitié dans l’étude et un sens émergent de la direction. ». Pour une description tierce de l’importance de l’amitié dans le PS, voir Torrance 2009.
  30. Voir Scriptural Reasoning Society 2007, p. 2 : « Il peut être approprié que les réunions d’un groupe membre de PS se déroulent à tour de rôle dans différents lieux associés à différentes confessions, ou que les réunions se déroulent dans un lieu neutre tel qu’une université ou un centre communautaire laïque. »
  31. Voir Kepnes 2006, p. 368. Notez que diverses sources tierces citent le manuel de Kepnes comme une description utile des PS. Voir, par exemple, Anglican Communion Network for Inter Faith Concerns (NIFCON) 2008, p. 6, Clooney 2008, p. 252, et Ochs 2019, p. 3n6.
  32. James & Rashkover 2021, p. 23, en référence à Ochs 2015, p. 489.
  33. Ochs 2019, p. 18. Ochs développe un récit étendu d’’un « foyer » dans le même ouvrage.
  34. Voir http://etext.virginia.edu/journals/tr/
  35. Ochs 2006, p. 147, n.4, Ford 2006, p. 3 : « Le PS a eu pour origine immédiate le "raisonnement textuel" au sein d’un groupe d’universitaires juifs spécialistes des textes... d’une part, et de philosophes et de théologiens d’autre part... » Lewis S. Mudge parle « d’une pratique juive traditionnelle ouverte à d’autres, comme un acte d’hospitalité ». (Mudge 2008, p. 123)
  36. Ford 2006, p. 3-4 décrit l’implication d’Ochs dans le Raisonnement textuel. La description la plus complète du Raisonnement textuel peut être trouvée dans Ochs 2002a et est lié au PS, voir Hardy 2002.
  37. a et b James & Rashkover 2021, p. 21
  38. Ochs 2002b
  39. Ochs 2019, p. 39-40
  40. Ochs 2012
  41. Mudge 2008, p. 123; Hauerwas 2008, p. 19 n.43. Notez que l’expression peut également être trouvée dans d’autres contextes - parfois en dépendance apparente de l’usage du PS, comme dans Campbell 2006, p. 60 ; « le "raisonnement scriptural" pour Paul est nécessairement une activité sociale et communautaire plutôt que purement individuelle et personnelle. » Notez que Campbell avait déjà écrit sur le PS avant d’utiliser le terme de cette façon : Campbell 2001. D’autres utilisations, comme celle de Donnelly 2009, semblent n’avoir aucun lien avec le PS.
  42. Ochs 2019, p. 35
  43. Ford 2007, p. 278
  44. Ochs 2006, p. 147 n.3 ; Torrance 2009, p. 128 ; Afzaal 1998, p. 3-5 décrit l’importance du Basit Koshul dans l’extension de cette pratique aux musulmans.
  45. 47 Ochs 2013, p. 627. Voir aussi Mudge 2008, p. 33 and Clooney 2008, p. 28.
  46. Ochs 2013, p. 627. Voir aussi Society for Scriptural Reasoning 2005.
  47. Pour un exemple de ce travail, voir les essais James 2017, Rashkover 2017, et Weiss 2017 dans le numéro 2017 du Journal of Scriptural Reasoning.
  48. Une première publication du projet « Écriture et violence » a été Synder & Weiss 2021. Des ressources publiques sont disponibles sur www.scriptureandviolence.org.
  49. Ochs 2013, p. 627. Voir aussi Gaylord 2006, p. 327.
  50. Le texte intégral est disponible sur le site du Conseil des centres pour les relations judéo-chrétiennes : https://www.ccjr.us/dialogika-resources/documents-and-statements/jewish/dabru-emet.
  51. Pour en savoir plus sur Dabru Emet voir Ochs 2007 et Rosen 2001. Les auteurs ont également produit un document complémentaire contenant une réflexion scientifique approfondie sur les relations judéo-chrétiennes : Frymer-Kensky et al. 2002.
  52. Fatahllah, Al-ansari & Al-Salamoni 2007
  53. «...les groupes sont désormais accueillis dans les principales mosquées britanniques – cela grâce à une fatwah (une opinion savante sur une question de droit islamique) obtenue par la Scriptural Reasoning Society. S’appuyant sur les enseignements fondamentaux de l’islam, la fatwa établit des directives qui permettent aux musulmans de se sentir à l’aise pour participer au dialogue scriptural. » (Williams 2009).
  54. "Scriptural Reasoning". www.rosecastlefoundation.org.
  55. Voir Thatcher 2008, p. 193–194, n.1.
  56. Gustafson 2004, p. 37–39 ; Heim 2004.
  57. Grenholm & Patte 2005, p. 16 n.14.