Oro alla Patria
Oro alla Patria (Or à la Patrie) est un événement national organisé par le régime fasciste le .
Au cours de cet événement, les Italiens ont été appelés à « donner de l'or à la Patrie ».
Histoire
modifierSanctions
modifierLe , après l'incident d'Ual Ual Ual, le royaume d'Italie attaque et envahit l'Éthiopie[1]. Le , la Société des Nations condamne officiellement l'attaque italienne et quatre jours plus tard, l'assemblée crée un comité de dix-huit membres pour étudier les mesures à prendre contre l'Italie. Le , les sanctions discutées par le comité sont approuvées, l'entrée en vigueur étant prévue pour le 18 du même mois[2].
Les sanctions manquent d’efficacité, car de nombreux pays ne sont pas membres de la Société et de nombreux membres, y compris certains des plus importants, ne tiennent pas strictement compte de ces dispositions. Les sanctions interdisent l'exportation de produits italiens et interdisent à l'Italie d'importer des matières utiles à des fins militaires, mais ne concernent pas des matières d'importance vitale, comme le pétrole et le charbon, que l'Italie ne possède pas[3],[4]. La Grande-Bretagne et la France ont fait valoir que l'impossibilité de fournir du pétrole à l'Italie peut facilement être contournée en s'approvisionnant auprès des États-Unis d'Amérique et de l'Allemagne nazie, qui ne sont pas membres de la Société. Les États-Unis, en effet, tout en condamnant l'attaque italienne, ont jugé inapproprié que les sanctions fussent votées par des nations aux empires coloniaux comme la France et la Grande-Bretagne[5].
La Giornata della fede
modifierLe vote des sanctions, même légères, fait exploser le ressentiment des citoyens italiens contre la Société des Nations, provoquant la mobilisation interne. Ainsi, commence la collecte des métaux utiles à la cause de la guerre[3]. L'Italie lance la campagne « De l'or à la patrie » et un mois après la délibération de la Société des Nations, le , est proclamée Giornata della fede (« Journée de la foi »), provoquant une mobilisation importante et spontanée[6] des gens qui, en offrant leurs alliances, assument les coûts de la guerre.
La cérémonie principale a lieu à l'autel de la Patrie à Rome. La première à donner son alliance avec celle de son mari est la reine Hélène de Monténégro[6],[7], suivie par Rachele Mussolini et de nombreux habitants de Rome. L'épouse de Mussolini se souvient dans ses mémoires qu'elle avait aussi donné un demi-kilo d'or et deux quintaux et demi d'argent, fruit des dons reçus de son mari comme chef de l'État. Rien qu'à Rome, plus de 250 000 alliances sont collectées, et à Milan environ 180 000[6],[8].
De nombreuses personnalités faisant autorité à l'époque, même parmi celles qui n'ont pas soutenu le régime, décrivent la cérémonie comme « la plus haute expression du patriotisme de masse italienne de tous les temps[9] ». Il a d'illustres donateurs : la reine Hélène donne son alliance, le roi des barres d'or et le prince Umberto le collier de Très Sainte Annonciade, mais aussi Guglielmo Marconi (l'alliance et sa médaille de sénateur), Luigi Pirandello (la médaille du prix Nobel) et Gabriele D'Annunzio (alliance et une caisse d'or)[8]. Luigi Albertini et Benedetto Croce font don des médailles de sénateurs[6]. Les hiérarchies ecclésiastiques ont également invité le clergé à participer à la campagne[10].
Ceux qui ont donné leur alliance d'or reçoivent en échange une alliance de fer[8] portant les mots « ORO ALLA PATRIA - 18 NOV.XIV ».
Utilisation de l'or
modifierIl est collecté au total 37 tonnes d'or et 115 tonnes d'argent qui sont envoyées à la Monnaie de l'État comme patrimoine national[7].
Deux cruches pleines d'alliances sont retrouvées le par la 52e Brigade Garibaldi « Luigi Clerici » parmi les richesses des hiérarques fascistes en fuite avec Mussolini[11].
Notes et références
modifier- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Oro alla Patria » (voir la liste des auteurs).
- (it) Domenico Quirico, Lo squadrone bianco, Milan, Mondadori, .
- Tranfaglia, p. 309.
- Biagi, p. 289
- Petacco, p. 98.
- Petacco, p. 99.
- Biagi, p. 291
- (it) Giuseppe Parlato, « L'Italia resta sola, come la punizione si trasformò in successo », L'illustrazione italiana, no 4 anno 3, , p. 8 à 10.
- (it) Marco Innocenti, « Oro alla Patria », Il sole 24 ore, (lire en ligne, consulté le ).
- (it) Renzo De Felice, Breve storia del fascismo, Mondadori, .
- Biagi, p. 304.
- (it) Dino Messina, « L'unica pista certa delle carte segrete di Mussolini porta in Vaticano. Ecco le prove e un'ipotesi sul carteggio con Churchill », Corriere della sera, (lire en ligne).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (it) Nicola Tranfaglia, Il fascismo e le guerre mondiali, UTET, .
- (it) Enzo Biagi, Storia del fascismo, vol. 2, Florence - Milan, Sadea-Della Volpe Editori, .
- (it) Petra Terhoeven, Oro alla Patria, Il Mulino, .
- (it) Edoardo Susmel et Duilio Susmel, Opera omnia di Benito Mussolini, Florence, La Fenice, .
- (it) Renzo De Felice, Breve storia del fascismo, Mondadori, .
- (it) Domenico Quirico, Lo squadrone bianco, Milan, Mondadori, , 360 p. (ISBN 88-04-50691-1).
- (it) Arrigo Petacco, Faccetta nera. Storia della conquista dell'impero, Milan, Mondadori, .