Operational Intelligence Centre

Le « Operational Intelligence Centre » (ce que l'on peut traduire en : « Centre de Renseignement Opérationnel »[note 1]) est un service de l'Amirauté britannique durant la Seconde Guerre mondiale. Sa fonction est de centraliser et d'analyser tous les renseignements disponibles concernant la Bataille de l'Atlantique, afin d'assurer au mieux la sécurité des convois transatlantiques et de combattre le plus efficacement possible les forces navales de l'Axe.

Création modifier

 
L'immeuble (la « Citadelle ») de l'Amirauté où se trouvait l'OIC.

Durant la Première Guerre mondiale, l'Amirauté britannique avait fondé ses décisions, en grande partie, sur les informations du service connu comme Room 40 (OB). Ce service assurait le décryptage des messages ennemis ; il passait ses informations au Bureau des Opérations, qui prenait les décisions. Cela avait conduit, comme lors de la Bataille du Jutland, à certaines erreurs[note 2],[2].

Lorsque le nouveau conflit s'annonce, l'Amirauté reconnaît le besoin d'avoir une structure équivalente, dont les sources d'informations seraient plus variées que la structure précédente, et qui serait capable d'analyser les informations disponibles avant de les présenter aux décideurs.

Le service correspondant est mis en place en 1937 et fut confié au Lieutenant commander Denning[3]. Il se compose alors de deux personnes, Denning et un assistant, Charlie Pace[4]. En 1939, l'OIC compte 36 employés[3]. Il est organisé en quatre sections (marines italienne et japonaise ; localisations par radiogoniométrie ; traque des U-boote ; suivi des navires de surface nazis, avec plusieurs sous-sections[4].

En 1939 sont aussi formalisés les liens avec les différentes structures capables de fournir des informations à l'OIC[5]. En premier lieu, le GC&CS (connu aussi par sa localisation, Bletchley Park).

Personnel modifier

L'OIC est mise en place par le Lieutenant commander Norman Denning, en 1937, lors de la guerre civile espagnole pour renseigner sur les mouvements des navires des deux camps.

La particularité de cette structure est de fonctionner avec très peu de marins mais avec une majorité d'engagés volontaires, voire de civils sous contrat. Un certain nombre de ces derniers seront affectés à la RNVR.

Le responsable de la sous-section 8S, celle qui est chargée de traquer les U-bote (tracking room) est un avocat, Rodger Winn, civil qui avait proposé ses services comme interprète et avait été, « logiquement », affecté à l'OIC. Il avait été nommé commander dans la RNVR, bien que n'ayant suivi aucune formation militaire correspondante[note 3].

Une autre particularité est d'utiliser de nombreuses WRENS (c'est-à-dire d'auxiliaires féminines de la marine britannique), tant officiers que femmes du rang. La section 8K sera même dirigée, à partir de janvier 1943, par une Wren, Margaret Stewart[6].

Fonctionnement modifier

Organisation modifier

 
Un convoi allié dans l'Atlantique (1942).

Administrativement, l'OIC est la 8e section du NID (« Naval Intelligence Division (en)», le service de renseignement de l'Amirauté)[7].

En 1943, l'OIC est divisé en une quinzaine de sous-sections, certaines d'entre elles divisées en sous-sous-sections[8].

Liste des sous-sections[9] :

code mission code mission
8A Liaison Air et Luftwaffe 8F marine marchande allemande
8M Mines allemandes 8S Recherche et suivi U-boote
8T pool dactylos 8X Radiogoniométrie et traçage
8W Administration

Liste des sous-sections subdivisées[9] :

code mission code mission code mission
8EI théâtre méditerranéen 8J Extrême Orient
8E Marine de surface allemande 8G1 Guetteurs 8C Mer Baltique
8H Norvège
8K côtes de l'Elbe à l'Espagne
8P reconnaissance photo
8R Raiders de surface

Production modifier

L'OIC reçoit des informations de sources variées et nombreuses[10], au premier rang desquelles ce qui provient de Bletchley Park et des stations Y (repérage par radiogoniométrie des messages radios émis par les unités navales ennemies).

À partir de ces éléments, est élaboré un tableau journalier de la situation qui est communiqué aux centres de décisions. Ce tableau liste l'ensemble des navires ennemis détectés ainsi que leur localisation.

L'OIC a la possibilité d'informer directement des unités de la Royal Navy. Par exemple, informer le commandant de l'escorte et le commodore d'un convoi d'une modification de la route suivie afin d'éviter de rencontrer des U-boote.

Structures équivalentes modifier

  • Les britanniques établiront des « clones » de l'OIC pour couvrir les théâtres d'opération de Méditerranée et d'Extrême-Orient.
  • Une structure similaire à l'OIC sera mise en place par la marine américaine, avec les mêmes objectifs (connue sous le sigle Op-20[note 4], puis F.31)[11].
  • En revanche, la marine du Reich ne ressentira pas le besoin de mettre en place une telle cellule d'analyse.

Notes & références modifier

Notes modifier

  1. C'est-à-dire que son domaine n'est pas celui de la stratégie mais de l'action sur un théâtre d'opération donné.
  2. Pour donner un exemple, le 31 mai 1916, le directeur des Opérations veut savoir si la flotte allemande, commandée par l'amiral Scheer, est toujours à l'ancre ou a appareillé. Il demande à Room 40 où se trouve « DK » (indicatif utilisé par l'amiral Scheer). Room 40 répond : dans la Jade. Réponse correcte car « DK » est l'indicatif utilisé quand Scheer est au port ; mais Room 40 sait aussi que ce jour-là, Scheer utilise un autre indicatif car la flotte allemande a levé l'ancre. La réponse correcte est donc aussi une réponse fausse : l'Amirauté informe Lord Jellicoe que la flotte allemande est toujours au port. Quelques heures plus tard, la bataille navale fait rage[1].
  3. C'est avec le grade de Captain qu'il terminera la guerre.
  4. L'une de ses sections, OP-20-G, est celle qui arrivera à casser des codes de la marine japonaise.

Références modifier

  1. Beesly 2000, p. 3.
  2. McLachlan 1968, p. 58.
  3. a et b Beesly 2000, p. 11.
  4. a et b Beesly 2000, p. 22.
  5. Beesly 2000, p. 23.
  6. Hamilton 2000, p. 299.
  7. Hamilton 2000, p. 295.
  8. Hamilton 2000, p. 297.
  9. a et b Hamilton 2000, p. 298.
  10. McLachlan 1968, p. 57.
  11. Beesly 2000, p. 110.

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Articles modifier

  • (en) CI Hamilton, « The Character and Organization of the Admiralty Operational Intelligence Centre during the Second World War », War in History, vol. 7, no 3,‎ , p. 295--324 (lire en ligne   [PDF])  

Livres modifier

  • (en) Patrick Beesly, Very Special Intelligence : The Story of the Admiralty's Operational Intelligence Centre 1939--1945, Annapolis, Naval Insitute Press, , 296 p. (ISBN 978-1591149248) 
  • (en) Donald MCLachlan, Room 39 : Wherein took place the exciting story of British Naval Intelligence during World War II, New York, Atheneum, , 438 p. 

Voir aussi modifier

Liens internes (articles connexes) modifier

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