Onde de détonation Taylor-von Neumann-Sedov

L'onde de détonation Taylor-von Neumann-Sedov est une solution auto-similaire du problème de détonation décrite simultanément par Geoffrey Ingram Taylor, John von Neumann et Leonid Sedov pendant la Seconde Guerre mondiale[1],[2].

Ces études ont été effectuées afin d'estimer les effets d'un engin nucléaire indépendamment par :

  • Geoffrey Ingram Taylor pour le Royaume-Uni en juin 1941[3],
  • John von Neumann pour les États-Unis, également en juin 1941[4],
  • Leonid Sedov, à pareille époque, pour l'URSS[5]. La publication de ses travaux date de 1946[6].

La théorie modifier

Cette théorie décrit les effets d'une explosion, donc de la création et de la propagation d'un choc et d'un écoulement associé, à partir d'une distance où le détail de la source ne joue plus de rôle et où celle-ci peut être entièrement décrite par une énergie   issue du point en  .

La propagation se fait dans une atmosphère pour laquelle on peut prendre     compte tenu de la valeur importante     derrière le choc créé   . Il n'en va pas de même pour la masse volumique : en effet les relations de Rankine-Hugoniot prédisent une limite à la masse volumique

 

  est l'indice adiabatique du milieu (  pour l'air à basse température).

On suppose que le paramètre pertinent est le seul nombre adimensionnel possible pour ce problème où interviennent les variables  . Ce nombre est

 .

En particulier ceci est vrai pour le rayon de propagation

 

D'où la vitesse de propagation

 

Les relations de Rankine-Hugoniot permettent de calculer les quantités en amont du choc

 

  est donc approximativement constant.

Solution autosimilaire modifier

 
Solution autosimilaire pour   et  .

Le système obéit aux équations d'Euler en géométrie sphérique

 

En   les valeurs sont celles définies ci-dessus.

La pression peut être remplacée par la vitesse du son   .

On introduit les variables sans dimension[7],[8]

 .

Les conditions derrière le choc   deviennent

 

La résolution des équations d'Euler est assez longue[6]. On peut la simplifier à partir de la conservation de l'énergie. La relation entre   et   peut être déduite directement de la conservation de l'énergie. La solution étant auto-semblable l'énergie à l'intérieur de la sphère de rayon   quelconque, grossissant à la vitesse  , est constante. L'énergie qui quitte la sphère de rayon   dans l'intervalle   du fait de la vitesse de gaz   est    où    est l'enthalpie volumique du gaz. Dans cet intervalle de temps le rayon croît avec la vitesse   pour arriver à une énergie    où    est l'énergie interne par unité de volume. D'où

 

Les équations de continuité et de conservation de l'énergie deviennent

 

En exprimant   et   comme fonctions de   seulement et en intégrant on obtient

 

 

La constante   qui exprime la position du choc peut être déduite de la conservation de l'énergie

 

On obtient

 

On peut alors revenir aux variables physiques

 

et en déduire la température  

 

Comportement asymptotique dans la partie centrale modifier

L'analyse de la solution permet de connaître le comportement asymptotique pour lequel la masse volumique décroît rapidement derrière le choc et la pression vers une valeur limite   (voir figure)

 

On rappelle que   dépend du temps comme  . Dans les variables physiques

 

La vitesse varie linéairement dans la partie centrale.

 

et son comportement asymptotique est donné par

 

Comportement en temps long modifier

L'analyse ci-dessus n'est plus valide lorsque   , phase dans laquelle se forme une partie en dépression en aval du choc. Dans ce cas on ne peut plus définir un seul nombre adimensionnel caractéristique et l'auto-similarité n'est plus vérifiée. Il existe une méthode pour aller plus loin dans les méthodes analytiques[9] mais de nos jours on fait plutôt appel au calcul numérique[10],[11],[12]

En géométrie cylindrique modifier

Le problème de la ligne explosive a été résolu par Leonid Sedov, A. Sakurai[9] et S. C. Lin[13]. Le nombre adimensionnel pertinent est ici

 

Références modifier

  1. (en) Bluman, G. W. et Cole, J. D., Similarity methods for differential equations, vol. 13, Springer,
  2. (en) Barenblatt, G. I., Scaling, self-similarity, and intermediate asymptotics: dimensional analysis and intermediate asymptotics, vol. 14, Cambridge University Press,
  3. (en) G. I. Taylor, The formation of a Blast Wave by a Very Intense Explosion, British Report RC-210,
  4. (en) John von Neumann, The point source solution, NDRC, Div. B, Report AM-9,
  5. (en) Deakin, M. A., « GI Taylor and the Trinity test », International Journal of Mathematical Education in Science and Technology, vol. 42, no 8,‎ , p. 1069-1079
  6. a et b (en) L. I. Sedov, « Propagation of strong shock waves », Journal of Applied Mathematics and Mechanics, vol. 10,‎ , p. 241-250
  7. (en) Landau, L. D. et Lifshitz, E. M., Fluid Mechanics. Volume 6 of Course of Theoretical Physics, Pergamon Press,
  8. (en) L. I. Sedov, Similarity and Dimensional Methods in Mechanics, CRC Press,
  9. a et b (en) Sakurai, A., « On the Propagation and Structure of the Blast Wave, I. », Journal of the Physical Society of Japan, vol. 8, no 5,‎ , p. 662-669
  10. (en) Goldstine, H. H. et Neumann, J. V., « Blast Wave Calculation », Communications on Pure and Applied Mathematics, vol. 8, no 2,‎ , p. 327-353
  11. (en) Brode, H. L., « Numerical Solutions of Spherical Blast Waves », Journal of Applied Physics, vol. 26, no 6,‎ , p. 766-775 (lire en ligne)
  12. (en) Okhotsimskii, D. E. E., Kondrasheva, I. L., Vlasova, Z. I. et Kazakova, R. K., « Computation of Point Explosion Taking into Account Counter-Pressure », Trudy Matematicheskogo Instituta imeni VA Steklova, vol. 50,‎ , p. 3-66
  13. (en) Lin, S. C., « Cylindrical Shock Waves Produced by Instantaneous Energy Release », Journal of Applied Physics, vol. 25, no 1,‎ , p. 54-57

Ouvrages modifier


Voir aussi modifier