No pasarán, le jeu

roman jeunesse français
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No pasarán, le jeu est un roman jeunesse de Christian Lehmann, paru le à L'École des loisirs. Il comporte 204 pages.

Il met en scène trois jeunes français confrontés à un jeu vidéo qui les téléporte sur les champs de bataille des grandes guerres du XXe siècle.

Cette réflexion sur la fascination adolescente pour la violence a été traduite en plusieurs langues. Lehmann en a écrit deux suites, No pasarán, le retour (2005) aussi publié sous le titre Andreas, le retour puis No pasarán, endgame (2012).

Lehmann a ensuite adapté en bande dessinée sa trilogie avec le dessinateur Antoine Carrion, aux éditions Casterman (2012) puis Rue de Sèvres (2014)[1],[2],[3].

Résumé modifier

No pasarán, le jeu (1996) modifier

Trois adolescents français fascinés par la guerre, Éric, Thierry ( le plus faible de la bande qui a été emmener de force suite a une sortie scolaire) et Andreas, ramènent d'un voyage à Londres(London)Expérience Ultime, un jeu vidéo qui permet de les plonger réellement dans les différents conflits du XXe siècle tels que la Première Guerre mondiale, la Guerre du Viêt Nam ou bien la Guerre d'Espagne[4]. Les sympathies pour le nazisme d'Andreas le conduisent à passer de plus en plus de temps dans le jeu, particulièrement à jouer le camp phalangiste, alors que ses amis s'en détournent[4]. Le livre s'achève par la capture d'Andreas, devenu soldat SS, par des policiers français qui le prennent pour un Juif lors de la Rafle du Vélodrome d'Hiver[4]. Le lecteur apprendra dans Andreas, le retour que c'est le choix de s'incarner en SS qui a trahi le joueur : seules les forces de l'ordre françaises ont orchestré la Rafle, à laquelle les Nazis n'ont pas participé[5]. Il faut néanmoins signaler qu'Andreas dispose de papiers d'identité indiquant sa judéité, puisque le policier lui demande « Pourquoi ne portez-vous pas votre étoile ? » lors de son interpellation.

Andreas, le retour (2005) modifier

Trois années ont passé, et Andreas est toujours prisonnier de l'Expérience Ultime. Un jour, à la suite d'une découverte, ses amis vont essayer de le sortir de là[6],[7].

En effet, alors que le lecteur sait depuis la fin du roman précédent qu'Andreas a pu accéder de nouveau au Jeu et qu'il a choisi de retourner vivre l'épisode de la Rafle du Vélodrome d'Hiver, les personnages ignorent quant à eux ce qu'il est advenu de lui. En visionnant machinalement et pour la énième fois un reportage consacré à la disparition d'Andreas, Thierry aperçoit dans un plan montrant la chambre de son camarade que le jeu est encore ouvert sur l'écran de l'ordinateur, ce qui signifie qu'il n'a pas fugué mais qu'il est bien toujours dans le jeu[8].

L'essentiel du roman consiste en des échanges entre Thierry et Éric, ce dernier peinant à se laisser convaincre d'essayer de retrouver Andreas. De nouveaux personnages sont introduits, notamment un nouveau camarade de classe, Khaled Boudjedrah, autour duquel est esquissée la thématique nouvelle du jihadisme. Les protagonistes croisent également des personnages connus tels que Nita Salaun, la mère d'Andreas, grâce à laquelle ils récupèreront l'ordinateur de ce dernier, ce qui permettra à Éric de retourner dans le jeu dans la dernière partie du roman. Comme à la fin du précédent roman, Gilles et Elena sont toujours en couple, mais le nouveau travail de journaliste de guerre de Gilles pèse lourdement sur Elena, ainsi qu'elle le révèle dans un message à Éric[9].

Divers événements inspirés de faits réels sont également évoqués dans le roman. Gilles, parti comme journaliste et blogueur en Irak, découvre ainsi une vidéo d'un mitraillage aérien prise depuis un hélicoptère Apache qui évoque la vidéo dévoilée par Wikileaks en 2010[10]. Le jeu vidéo America's Army, réellement développé par l'armée des États-Unis à des fins de communication, est évoqué en détail dans un long passage du livre.

Dans les dernières pages du roman, Thierry laisse un message vocal à Éric pour lui intimer, trop tard, de ne pas relancer le jeu à la recherche d'Andreas. Il explique alors clairement que l'Expérience Ultime n'est pas, comme ils le croyaient, un jeu extraordinairement réaliste, mais une forme de machine à remonter le temps : « Tu ne dois pas retourner là-bas, Éric. Surtout pas. Andréas n'a pas été happé par le Jeu, Éric, il est remonté dans le temps... »[11].

Éric est néanmoins déjà reparti dans le jeu, presque malgré lui, sous les traits de l'inspecteur Maynard, policier français enrôlé dans la Rafle. Il cherche à limiter les arrestations de Juifs puis à leur permettre de s'échapper du vélodrome, même s'il croit encore alors qu'il ne s'agit que d'une simulation informatique. Il finit par retrouver Andreas dans les toilettes de l'étage, depuis lesquelles il projetait de faire s'enfuir des prisonniers par les toits. Heureux de retrouver son camarade, il ne voit pas venir le coup porté par ce dernier qui, après l'avoir assommé, en profite pour fuir seul dans le but manifeste de profiter de l'époque pour commettre des exactions : « Il était libre. Libre. Et un monde nouveau, riche, brutal, s'offrait à lui. Il pressa le pas. Il n'avait pas de temps à perdre. »[12]

No pasarán, endgame (2012) modifier

Andreas rejoint la Milice du Régime de Vichy de Pétain.

Publications modifier

Romans modifier

  • No pasarán, le jeu, L'École des loisirs, 1996 (ISBN 2211037119).
    • (es) No pasarán! : El videojuego (trad. Alegría Gallardo), Madrid, Espasa Calpe, coll. « Espasa juvenil » (no 98), (ISBN 84-239-7064-7).
    • (en) Ultimate Game : A Novel (trad. William Rodarmor), Boston, D. R. Godine, , 178 p. (ISBN 1-56792-215-5).
    • (de) Spiel um dein Leben : Ein Computerthriller (trad. Ilse Strasmann), Francfort-sur-le-Main, Fischer-Taschenbuch-Verl., , 183 p. (ISBN 3-596-50797-9).
  • Andreas, le retour, L'École des loisirs, 2005 (ISBN 2211077536).
  • No pasarán, endgame, L'École des loisirs, 2012 (ISBN 9782211079679).

Bandes dessinées modifier

Notes et références modifier

  1. « No pasarán », sur bedetheque.com.
  2. "No Pasaran - le Jeu", l’Intégrale par Lehmann et Carrion - Edition Rue de sèvres, actuabd.com, 6 mars 2014 par Patrice Gentilhomme
  3. No pasaran Le Jeu Intégrale, planetebd.com, 22 février 2014, par Benoit Cassel
  4. a b et c Noiville 1997.
  5. Christian Lehmann, Andreas, le retour, l'École des loisirs, coll. « Médium », (ISBN 978-2-211-07753-8), p. 160-161 :

    « Observant l'uniforme obscène qui pivotait lentement à l'écran sous toutes ses coutures autour d'un axe invisible comme pour mieux se faire admirer, Éric réalisa l'erreur d'Andreas, sans s'en étonner outre mesure. Le pardessus de cuir noir, la casquette, les bottes, tout le parfait attirail fétichiste nazi... Tout cela avait accroché l'attention d'Andreas, l'avait attiré comme dans un piège. La rafle du Vel d'Hiv avait été orchestrée par les seules forces françaises. Pas un soldat allemand, pas un membre de la SS, de la Wehrmacht ou de la Gestapo ne s'y était sali les mains. Éric l'avait lu sur le Mémorial du bâtiment aujourd'hui rasé, et dans les articles qu'il avait parcourus sur Internet. Andreas, bien entendu, ne s'était pas soucié d'un tel détail historique, et cela, plus que toute autre chose, avait probablement causé sa perte. »

  6. « Andreas, le retour - Christian Lehmann », sur Babelio (consulté le )
  7. « Andreas, le retour », sur www.ricochet-jeunes.org (consulté le )
  8. Christian Lehmann, Andreas, le retour, l'École des loisirs, coll. « Médium », (ISBN 978-2-211-07753-8), p. 17 :

    « Je te dis que j'ai vu sa chambre, et son écran d'ordinateur, AL-LU-MÉ. Ça n'a duré qu'un instant, mais j'ai reconnu la capture d'écran. Je suis certain que c'était le Jeu. »

  9. Christian Lehmann, Andreas, le retour, l'École des loisirs, coll. « Médium », (ISBN 978-2-211-07753-8), p. 118 :

    « C'est un autre monde pour moi, un monde auquel j'ai pensé échapper en quittant mon père et ma terre natale pour venir vivre en France, et pouvoir laisser derrière moi tout cela, les guerres, les atrocités des hommes... tout cela auquel Gilles, sans le vouloir, me ramène sans cesse. J'ai vécu pendant deux ans en zone de guerre, et aujourd'hui, alors que j'aspirais à vivre dans un pays en paix, je me retrouve dans la situation d'une femme de marin, d'une compagne de soldat, parti au front pour je ne sais combien de temps. Tout ce que vit Gilles, tout ce qu'il écrit sur son weblog, tout ce après quoi il court, jour après jour, m'angoisse. »

  10. Christian Lehmann, Andreas, le retour, l'École des loisirs, coll. « Médium », (ISBN 978-2-211-07753-8), p. 98-104
  11. Christian Lehmann, Andreas, le retour, l'École des loisirs, coll. « Médium », (ISBN 978-2-211-07753-8), p. 217
  12. Christian Lehmann, Andreas, le retour, l'École des loisirs, coll. « Médium », (ISBN 978-2-211-07753-8), p. 218

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • Éléonore Hamaide-Jager, « Les grandes guerres du XXe siècle dans No pasarán le jeu de Christian Lehmann : écrire et réécrire l’histoire pour les adolescents, du roman à la bande dessinée », Amnis, no 16 « Écrire l'histoire pour la jeunesse »,‎ (lire en ligne).
  • Florence Noiville, « L'Enfer du jeu », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • Bernadatte Poulou, « La Prise de conscience du fait historique par les jeunes : la réception de No Pasarán, le jeu », Nous voulons lire, no 157,‎ (lire en ligne).

Liens externes modifier