Nina Allender

artiste et féministe américaine
Nina E. Allender
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 83 ans)
PlainfieldVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Nina EvansVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Formation
Corcoran College of Art and Design (en)
Pennsylvania Academy of the Fine ArtsVoir et modifier les données sur Wikidata

Nina Evans Allender (Auburn, - Plainfield, ) est une artiste, caricaturiste et militante des droits des femmes américaine[1]. Elle étudie l'art aux États-Unis et en Europe avec William Merritt Chase et Robert Henri. Allender travaille en tant qu'organisatrice, conférencière et militante pour le suffrage féminin. Elle est la « caricaturiste officielle » des publications du National Woman's Party, créant ce que l'on appelle maintenant la « Allender Girl ».

Biographie modifier

Jeunesse modifier

Nina Evans est née le à Auburn, au Kansas, le jour de Noël[2],[3],[note 1]. Son père, David Evans, originaire du comté d'Oneida à New York, s'installe au Kansas, où il exerce les fonctions d'enseignant avant de devenir directeur d'école[4]. Sa mère, Eva Moore[4], est enseignante dans une école communale[5],[6]. Les Evans partent vivre à Washington DC en , et Eva Evans travaille au ministère de l'Intérieur en tant que commis au Land Office. Elle y travaille jusqu'en [4],[7],[5] et est l'une des premières femmes à être employée par le gouvernement fédéral[3]. David Evans travaille, lui, au département de la Marine des États-Unis en tant que commis[8], mais est également poète[9],[10],[11] et écrivain de nouvelles[12]. Il meurt le et est enterré au cimetière national d'Arlington[8].

Mariage modifier

En 1893, à l'âge de 19 ans, Nina Evans épouse Charles H. Allender[13],[14]. Quelques années plus tard, Charles Allender, dit-on, prend une forte somme d'argent à la banque où il travaille et s'enfuit avec une autre femme[5]. Abandonnée par son mari[13], Nina intente une action en divorce contre lui en , mettant en avant son infidélité[15]. Leur divorce est prononcé quelques mois plus tard[16],[17].

Carrière modifier

 
Nina Allender à son bureau

Vers 1906, son portrait, avec le peintre Charles Sheeler est peint par Morton Schamberg. Il faisait autrefois partie de la collection de la Corcoran Gallery of Art à Washington, mais lors de la fermeture de ce musée, il est transféré à la National Gallery of Art[18]. Après des années d'études à l'étranger, Allender entre au département du Trésor[19] et au General Land Office à Washington[13]. Elle vit à Washington en 1916[2] et ouvre un studio d'art à New York en 1917[20].

En 1942, Allender déménage à Chicago, en Illinois et y reste pendant plus de dix ans. En 1955, elle s'installe à Plainfield, dans le New Jersey, où réside une de ses nièces, Mme Frank Detweiler (Joan)[1]. Elle meurt chez sa nièce à Plainfield le [21],[3],[1].

Art et engagement modifier

Éducation et style modifier

Allender suit des cours à la Corcoran Gallery of Art[4], puis étudie auprès de Robert Henri et William Merritt Chase à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts[2] du printemps 1903 à 1907. Elle passe l'été de 1903 à faire une tournée estivale de peinture, organisée par Chase[22]. Allender rejoint la classe estivale de peinture dirigée par Robert Henri en Italie en 1905[5],[23]. Allender considère William Merritt Chase [24] et Robert Henri comme ses mentors[24]. Au cours de ce voyage d'études en Europe, elle devient amie avec les peintres modernistes Charles Sheeler et Morton Schamberg[5]. À Londres, elle est l'élève de Frank Brangwyn[2],[24],[25]. Les œuvres d'Allender présentées lors d'une exposition de la Washington Society of Artists en 1909 sont décrites comme « d'excellentes petites images de neige »[26].

Vote des femmes modifier

 
Membres du comité congressionnel de la NAWSA. Nina Allender est la deuxième en partant de la gauche au second rang.

À 38 ans, Nina Allender commence à s'impliquer sérieusement dans la NAWSA (National American Woman Suffrage Association)[20]. En 1912, l’Ohio organise un référendum sur le suffrage des femmes. Allender s’y rend et prend plaisir à faire du porte-à-porte et à manifester avec d’autres suffragettes[4]. Elle se porte alors volontaire pour aider le comité du Congrès de la NAWSA à planifier son meeting pour le vote des femmes du à Washington[27]. Allender est nommée présidente du comité des « réunions en plein air » ainsi que responsable des « affiches, cartes postales et couleurs »[28]. Cette même année, elle devient présidente de la District of Columbia Woman Suffrage Association et est invitée comme conférencière lors de nombreux rassemblements locaux[29]. Au printemps 1913, elle est présidente du Stanton Suffrage Club, qui organise une conférence sur Le vote des femmes et les femmes d'affaires. Allender parle aux côtés de la future membre du Congrès Jeannette Rankin[30] et est une des quatorze femmes qui rencontrent le président Woodrow Wilson pour défendre le vote des femmes[31].

En , Allender déménage temporairement à Wilmington (Delaware) pour coordonner un défilé le [32],[33]. Un an plus tard, elle siège au conseil consultatif de l’Union nationale pour le vote des femmes[34] et devient présidente de la nouvelle branche locale de l’Union du Congrès[35]. Dans un communiqué de presse sur le vote des femmes, Allender est identifiée comme l'une des six « oratrices de rue » de la campagne[36].

En 1916, Allender est déléguée officielle à la convention de Chicago du National Woman's Party nouvellement lancé[37]. En automne, elle est envoyée par le Parti faire du lobbying dans le Wyoming en faveur d'un amendement fédéral[38],[39]. Lorsque le Parti a commence à faire des piquets de grève autour de la Maison Blanche pour faire pression sur le président Wilson, Allender les rejoint[20] et sert de déléguée lors d'un grand défilé pour le vote des femmes[40]. Le , le Parti envoie au président Wilson et aux législateurs des cartes pour la Saint-Valentin, conçues par Allender, pour un appel un peu gentil lors de la campagne visant à obtenir le droit de vote des femmes[41].

Caricaturiste du National Woman's Party modifier

Les journaux jouent un rôle important lors des campagnes pour les droits des femmes et le suffrage. La Congressional Union, dirigée par Alice Paul, fonde son propre périodique, The Suffragist, en 1913[42]. Allender est l'artiste principale de la publication[19], dans laquelle on retrouve des caricatures politiques. Les journalistes sont Alice Paul et Rheta Childe Dorr, une des fondatrices[43], venue à Washington à la demande de Paul et Lucy Burns, un autre dirigeante du mouvement suffragiste[44]. Allender, après avoir été persuadée par Paul, découvre qu'elle a du talent pour les dessins politiques et devient « la caricaturiste officielle » de The Suffragist[43] [45]. Sa première caricature politique, qui décrit la campagne et le besoin de voter des femmes, est publiée dans le numéro du [46]. Toute la page de couverture est ensuite occupée par un dessin de Nina Allender. Une critique de son travail en 1918 concède que sa première période « traite d'anciens textes sur le suffrage des femmes, essayant toujours de prouver que la place des femmes n'était plus à la maison »[46].

 
Broche « emprisonnée pour la liberté » d'Amelia Himes Walker, 1917.

Allender est l'auteure de 287 caricatures politiques sur le suffrage des femmes[47]. L'« Allender girl » donne l'image d'une jeune femme américaine capable[48], qui incarne « le nouvel esprit du mouvement pour le suffrage des femmes qui a débuté quand Alice Paul et Lucy Burns sont arrivées dans la capitale nationale en 1913 »[45].

L'image publique des défenseures des droits des femmes change grâce à la représentation par Allender de jeunes femmes élégantes, attrayantes et sérieuses[19], qui devient la « New Woman », éduquée, moderne et plus libre[49],[50]. Parmi les autres sujets de ses caricatures, on trouve les membres du Congrès, l'Oncle Sam, et des symboles pour l’amendement de la loi concernant le suffrage des femmes[19].

Allender conçoit aussi l'épinglette «Jailed for Freedom », qui est donnée aux femmes emprisonnées à partir de pour leurs activités de propagande et leurs piquets de grève[51].

La couverture du numéro du de The Suffragist montre un dessin d'Allender, Victory, pour symboliser l'obtention du droit de vote[52]. Allender crée également des caricatures politiques pour la revue Equal Rights, qui prend la suite de The Suffragist en 1923[19]. Elle prend sa retraite en raison de problèmes de santé en 1946[19].

Organisations artistiques modifier

Nina Allender est membre des organisations suivantes :

  • Membre fondatrice du Arts Club of Washington[1],[53]
  • Art Students League of Washington[53] : Allender en est la secrétaire pour la correspondance au début du siècle[54].
  • Beaux Arts Club[55]
  • Society of Washington Artists[2],[53]
  • Washington Watercolor Club[53]

Postérité modifier

Après l'aboutissement de la campagne pour le suffrage des femmes, Nina Allender reste active au sein du National Woman's Party et siège à son conseil pendant encore deux décennies[56]. Ses dessins originaux sont d'abord conservés par la Bibliothèque du Congrès[5], jusqu'à ce qu'ils soient déposés au Belmont-Paul Women's Equality National Monument, l'ancien siège du National Woman's Party. Certains d'entre eux sont réimprimés dans des anthologies[57].

Galerie modifier

Références modifier

Notes modifier

  1. Il y a discussion sur son année de naissance, 1872r ou 1873. Un passeport pour Nina Evans Allender (artiste, née à Auburn, Kansas et vivant à Washington, D.C.) mentionne la date du 25 décembre 1873r.

Références modifier

  1. a b c et d « Mrs. Allender, Artist, Dies », Plainfield Courier-News,‎ (lire en ligne) :

    « Mrs. Nina E. Allender, 85, of 1200 W. Seventh St., one of the fighters for women's suffrage and equal rights, died yesterday at home. ... »

  2. a b c d et e American Art Annual, MacMillan Company, (lire en ligne), « Allender, Nina E. », p. 315
  3. a b et c « Obituaries: Nina E. Allender », The Washington Post, Washington D.C.,‎
  4. a b c d et e Alice Sheppard, Cartooning for Suffrage, Albuquerque, University of New Mexico Press, (lire en ligne), p. 102
  5. a b c d e et f Elizabeth S. (Ed.) Bell, Words That Must Somehow Be Said; Selected Essays of Kay Boyle 1927-1984, San Francisco, North Point Press, (lire en ligne), 10
  6. « D. J. Evans, Esq », Topeka Daily Commonwealth,‎
  7. United States. Department of the Interior, Register of the Department of the Interior : Containing Appointees of the President and of the Secretary of the Interior, 1877-1909, U.S. Government Printing Office, (lire en ligne), p. 55
  8. a et b « In and About: David J. Evans », Washington Post, Washington, D.C.,‎ , p. 11, column 2
  9. « A Memorial Poet », Evening Star,‎
  10. David James Evans, « Washington's Greeting to Her Gallant Guests », Evening Star,‎
  11. David Evans, « Contentment », Washington Post,‎
  12. David James Evans, « How He Threw Her Overboard », The Washington Post,‎
  13. a b et c « Nina Allender (1872-1957) », sur Women We Celebrate, Sewall-Belmont (consulté le )
  14. « Social and Personal Chat », The Washington Post,‎
  15. « Wife Sues for Absolute Divorce », Washington Post, Washington, D.C.,‎ , p. 2, column 1
  16. « Legal Notices », The Washington Law Reporter, vol. 33, no 14,‎ , p. 367–369 (DOI 10.1038/scientificamerican04011916-367, Bibcode 1916SciAm.114..367.)
  17. « The Legal Record: Record of October 12, 1905 », The Washington Post,‎
  18. « Charles Sheeler and Nina Allender, (painting) », Smithsonian Institution (consulté le )
  19. a b c d e et f « Propagandist: Nina Allender (1872-1957) », sur Women of Protest: Photographs from the Records of the National Woman's Party, Library of Congress (consulté le )
  20. a b et c « The Women Who are 'Guarding' the White House Portals: Artist Aids in Fight », The Washington Post, Washington, D.C.,‎ , Magazine Section, 1
  21. « Mrs. Nina Evans Allender », New York Times,‎ (lire en ligne)
  22. « Walter Pach diary, 1903 June 24 through Sept. 14 », sur Research Collections, Archives of American Art (consulté le )
  23. Erika Doss, American Women Modernists: The Legacy of Robert Henri, 1910-1945, Piscataway, NJ, Rutgers University Press, (ISBN 0813536847), « Complicating Modernism: Issues of Liberation and Constraint among the Women Art Students of Robert Henri »
  24. a b et c « Nina E. Allender », Equal Rights, vol. 1,‎ , p. 43
  25. American Art Annual, vol. 14, Washington, DC, American Federation of Arts, , p. 415
  26. Leila Mechlan, « From Local Studios », Evening Star,‎
  27. « Suffrage Parade Plans », Evening Star,‎
  28. « Famed Women in Line », The Washington Post,‎
  29. « Mrs. Allender is Interesting », Wheeling Register,‎
  30. « Suffrage League Meets », Evening Star,‎ (lire en ligne, consulté le )
  31. « Women to See Wilson », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. « Planning for Suffrage Parade », Wilmington,‎
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  34. « Suffragists at New York Meeting », Evening Star,‎
  35. « Suffragists on Excursion », Evening Star,‎
  36. « Rough and Tumble Campaign Develops Clever Women Speakers; Hecklers Don't Tackle These Suffragists Now », Syracuse Journal,‎ (lire en ligne, consulté le )
  37. « Convention Plans of DC Delegates », Evening Star,‎
  38. « Detailed Chronology National Woman's Party History », sur American Memory, Library of Congress (consulté le )
  39. « Campaigners to Speak Next Sunday », The Suffragist, vol. 4,‎ , p. 7
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  41. (en) Mary Chapman et Angela Mills, Treacherous Texts : U.S. Suffrage Literature, 1846-1946, New Brunswick, N.J., Rutgers University Press, , 241–242 p. (ISBN 978-0-8135-4959-0, lire en ligne), « The President's Valentine: Nina E. Allender (1872-1957) »
  42. Inez Haynes Irwin, The Story of the Woman's Party, New York, Harcourt, Brace and Co., , p. 46
  43. a et b Rheta Childe Dorr, A Woman of Fifty, New York, Funk & Wagnalls, , p. 288
  44. Rheta Childe Dorr, A Woman of Fifty, New York, Funk & Wagnalls, , 281–2 p.
  45. a et b « Cartooning for Suffrage », The Suffragist, vol. 6,‎ , p. 8
  46. a et b « Cartooning for Suffrage », The Suffragist, vol. 6,‎ , p. 9
  47. « She Changed Suffragists from Grim Old Maids to Pretty Young Girls », The Newark Advocate,‎
  48. « Women Political Cartoonists », Christian Science Monitor,‎
  49. Kathleen L. Endres et Therese L. Lueck, Women's Periodicals in the United States : Social and Political Issues, Greenwood Publishing Group, , 529 p. (ISBN 978-0-313-28632-2, lire en ligne), p. 369
  50. Laura R. Prieto, At Home in the Studio : The Professionalization of Women Artists in America, Harvard University Press, , 292 p. (ISBN 978-0-674-00486-3, lire en ligne), p. 145
  51. « Amelia Himes Walker's "Jailed for Freedom" Pin », Smithsonian Institution (consulté le )
  52. « "Victory" by Nina Allender, Sept. 1, 1920 - Nina Allender Political Cartoon Collection », Sewall Belmont
  53. a b c et d Marian Wardle, American Women Modernists : The Legacy of Robert Henri, 1910-1945, Piscataway, NJ, Rutgers University Press, (ISBN 0-8135-3684-7)
  54. City Directories for Washington DC, William H Boyd, (lire en ligne), p. 1064
  55. « Society », Evening Star,‎
  56. « 'Whirlwind Drive' Mapped By Women; 'Finish the Job' Is Motto for Party's Move to Achieve Universal Equal Rights », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  57. Martha Bensley & Mary Ritter Beard Bruere, Laughing their Way : Women's Humor in America, New York, MacMillan, , 295 p.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

  • A. Sheppard, "Political and social consciousness in the woman suffrage cartoons of Lou Rogers and Nina Allender", Studies in American Humor 4.1/2 (1985), p. 39-50.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier