Le nœud vert est un dessin qui nait en 1861 pour signer sous forme de rébus les faïences produites à Nevers. Inventée par Henri Signoret de la manufacture du Bout du monde, cette signature est reprise par les autres producteurs et marque encore aujourd’hui les faïences fabriquées à Nevers.

La propriété de cette signature a fait l’objet de 1888 à 1891 d’une procédure judiciaire opposant Antoine Montagnon à la faïencerie Trousseau et qui aboutira à placer cette signature dans le domaine public.

Origine modifier

Henri Signoret, à la tête à Nevers de la manufacture du Bout du monde, marque d’abord les faïences qu’il produit H S Nevers ou H SIGNORET / A NEVERS[1]. Il vend une partie importante de sa production à Paris mais son dépositaire, installé rue de Paradis-Poissonnière, se plaint que ses clients s’adressent parfois directement à la manufacture et demande en 1861 à Henri Signoret d’utiliser une signature moins précise[1].

Un ami de Signoret, M. Regnaudin, voyant sur le cahier du jeune fils de Signoret le dessin de branches de laurier et de chêne liées par un nœud vert, y vit un rébus (Nevers) qu’il proposa à Signoret comme signature de sa production[1]. Dès lors, Henri Signoret fait signer ses pièces de ses initiales « H. S. » accompagnées d’un nœud vert[1].

Pierre-Francis Leblanc, de la manufacture « Conrade », emprunte le nœud vert d’Henri Signoret pour marquer une partie de sa production qu’il signe F. Albus suivi d’un nœud vert[2]. Antoine Montagnon, qui a racheté en 1875 sa faïencerie à Henri Signoret, continue à utiliser la signature au nœud vert[3]. Il rachète en 1877 le matériel de la manufacture « Conrade »[2] et devient le seul utilisateur de cette signature dont il dépose la marque[4].

Procès du nœud vert modifier

Créée en 1885 par d’anciens ouvriers de Montagnon à la suite d’une grève[5], la faïencerie Trousseau & Cie signe d’abord sa production d’un blason de la ville placé au-dessus du mot NEVERS[6]. Cependant, à partir de 1888, Trousseau & Cie commence à aussi utiliser le nœud vert[6]. Antoine Montagnon, se considérant seul propriétaire de cette signature, intente un procès à son concurrent pour imitation frauduleuse[7]. La procédure judiciaire finit en 1891 par être défavorable à Montagnon et la signature au nœud vert est dès lors considérée comme étant dans le domaine public[7].

Abattu par la décision de justice, Antoine Montagnon envisage d’abandonner le nœud vert comme signature et signe quelques pièces d’un cœur traversé par une épée[8]. Sur proposition de son fils Gabriel, Antoine Montagnon finit par adopter comme signature son nom en toute lettre écrit verticalement traversant un nœud vert[8].

Le nœud vert sera adopté comme signature par la plupart des faïenciers de Nevers[9] et l’est encore par la faïencerie Georges et par Clair Bernard (les deux faïenciers encore en activité à Nevers).

Signatures modifier

Autres rébus signant des faïences de Nevers modifier

Pierre Suchaud signa en 1884 une de ses productions « SUCHAUD PÉTRUS » suivi du dessin d’un âne vert (pour à Nevers)[5].

Armand Hiver, qui créa son propre atelier après avoir travaillé pour Montagnon puis pour Trousseau, signe une partie de sa production d’un « I » de couleur verte (pour Hiver) en-dessous duquel figure un nœud vert[11].

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. a b c et d Rosen 2011, « L’invention du « nœud vert » », p. 125
  2. a et b Rosen 2011, p. 153
  3. Rosen 2011, p. 169
  4. Rosen 2011, p. 189
  5. a et b Rosen 2011, p. 180
  6. a et b Rosen 2011, p. 198
  7. a et b Rosen 2011, « Le procès du « nœud vert » (1889-1891) relaté par Gabriel Montagnon », p. 233-234
  8. a et b Rosen 2011, p. 190
  9. « Les signatures » sur le site faiencedenevers.fr
  10. Rosen 2011, p. 199
  11. Rosen 2011, p. 207-208