Mobula munkiana

espèce de poissons

Raie du diable pygmée

La raie du diable pygmée (Mobula munkiana) est un élasmobranche (poisson cartilagineux) de la famille des Myliobatidae ou Mobulidae selon les classifications.

Description modifier

Les raies du diable pygmées, ou du diable de Munk (Mobula munkiana) appartiennent à la famille des Mobulidés et sont des organismes filtrants de taille moyenne, qui se trouvent dans les eaux peu profondes du Pacifique oriental. Elles ont été décrites pour la première fois en 1987 par Notarbartolo-di-Sciara. Étant donné leur taille importante et leur régime alimentaire au bas des chaines trophiques, les Mobula peuvent être considérées comme indicatrices de l'état de santé de l'écosystème[1].

Morphologie modifier

Ces organismes peuvent atteindre 110 à 112 cm de largeur de disque[2]. Elles possèdent un dos violacé foncé à gris violacé et une surface ventrale blanche. Une partie de leurs nageoires pectorales sont grisâtres[3].

Comportement modifier

Les M. munkiana ont un comportement agrégatifs, elles vivent en groupe pouvant aller jusqu'à plusieurs milliers d'individus à certains moments de l'année et ont un comportement social[2].Elles peuvent plonger jusqu'à 30 mètres de profondeur[4].Les migrations de ces raies sont probablement dues aux changements de température de l'eau, en lien avec les migrations de plancton dont elles se nourrissent. Comme d'autres Mobula, cette espèce est connue pour ses sauts à la surface de l'eau[1].

Régime alimentaire modifier

Les Mobula munkiana sont des organismes zooplanctivores. Dans le Golfe de Californie, elle se nourrit également de Mysidacea (crustacés) et de Nyctiphanes (dont le nom vernaculaire est krill) [2].

Mobula munkiana est la seule espèce du Golfe de Californie qui n'est là que durant l'hiver, se nourrissant de Mysidium spp., qui est la ressource planctonique la plus abondante à cette période[5].

Reproduction et espérance de vie modifier

Les raies ont une reproduction vivipare aplacentaire. La reproduction de cette espèce est retardée et à une fécondité faible, la plus faible de tous les élasmobranches (1 petit par portée). Une période de 1 à 3 ans sépare deux gestations. La période de mise bas est estimée entre avril et juin au Mexique[2].

Une étude a indiqué que les juvéniles résistaient significativement mieux à l'intérieur d'une baie peu profonde qu'à l'extérieur de celle-ci. Ces zones de baies peu profondes, appelées zones de nurserie, ont donc une importance pour la conservation de l'espèce[2]. À la naissance, on estime la taille de l'individu à 35 cm[6].La maturité sexuelle est atteinte vers 87 cm de largeur de disque pour les mâles et vers 97 cm pour les femelles[3].L'âge de cette maturité de même que l'espérance de vie, ne sont pas connus et sont dès lors déduits de Mobula mobular, bien que celle-ci peuvent atteindre des tailles bien plus importantes (350 cm). Mobula mobular atteint sa maturité vers 5 à 6 ans et vit maximum 20 ans, avec une longueur de génération de 12,8 ans[6].

Répartition et Habitat modifier

 
Aire de répartition Mobula munkiana

La raie du diable pygmée vit dans les eaux pélagiques néritiques et côtières peu profondes. Elle est endémique du Pacifique oriental. On la retrouve notamment dans le Golfe de Californie, au Mexique et au Pérou, incluant les Galápagos, les Iles Cocos et l'île de Malpelo. Les données historiques de populations de Mobula munkiana sont absentes[6].

Menaces modifier

À cause de leur faible rendement de reproduction annuel, le déclin de l'espèce induit par la pêche est difficile à contrer[7],[2]. Leur vitesse de nage lente, leur grande taille, et leur tendance à se regrouper tend à rendre leur capture plus facile. D'autres causes de mortalité peuvent être citées : la destruction et la dégradation des habitats, les changements climatiques, l'acidification des océans, la pollution par le déversement d'hydrocarbures, ou encore la pollution par les plastiques, micro plastiques et leurs contaminants comme les polluants organiques persistants.Pour permettre aux populations de se rétablir, il est recommandé d'interdire toute pêche de Mobulidae.

Au total, c'est une diminution de l'espèce de 30 à 49 % au cours des trois dernières générations qui est probable[6].

Pêche modifier

Les raies sont surtout pêchées pour leur plaques branchiales, qui sont consommées. L'offre diminue pour ces plaques branchiales, tandis que les prix augmentent et que la demande reste continue, indiquant un déclin potentiel du genre Mobula. Presque toutes les plaques branchiales des Mobulidés partent vers la Chine. Même si l'espèce est protégée, notamment dans les eaux mexicaines, la pêche illégale ciblée des raies existe toujours, notamment dans le Golfe de Californie[8] et même dans les réserves, telle que dans la réserve de ressources marines des Galápagos en Équateur[6]. Les pêches déclarées ne sont donc probablement qu'une partie de la mortalité totale liée à la pêche.

Lorsqu'elles sont capturées involontairement, elles sont souvent gardées car leur valeur commerciale est élevée, et que même rejetées vivantes à la mer, elles sont souvent blessées et le taux de mortalité est élevé.

Peu de pêcheries identifient les Mobula trouvées jusqu'à l'espèce, ce qui rend difficile l'évaluation des prélèvements des espèces par la pêche.

Références modifier

  1. a et b « Mobula munkiana | CMS », sur www.cms.int (consulté le )
  2. a b c d e et f (en) Marta D. Palacios, Edgar M. Hoyos-Padilla, Abel Trejo-Ramírez et Donald A. Croll, « Description of first nursery area for a pygmy devil ray species ( Mobula munkiana ) in the Gulf of California, Mexico », Scientific Reports, vol. 11, no 1,‎ , p. 132 (ISSN 2045-2322, PMID 33420295, PMCID PMC7794486, DOI 10.1038/s41598-020-80506-8, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b P. R. Last, Rays of the world, (ISBN 978-0-643-10914-8 et 0-643-10914-5, OCLC 967717812, lire en ligne)
  4. (en) S. Weigmann, « Annotated checklist of the living sharks, batoids and chimaeras (Chondrichthyes) of the world, with a focus on biogeographical diversity », Journal of Fish Biology, vol. 88, no 3,‎ , p. 837–1037 (ISSN 1095-8649, DOI 10.1111/jfb.12874, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) L. I. E. Couturier, A. D. Marshall, F. R. A. Jaine et T. Kashiwagi, « Biology, ecology and conservation of the Mobulidae », Journal of Fish Biology, vol. 80, no 5,‎ , p. 1075–1119 (ISSN 1095-8649, DOI 10.1111/j.1095-8649.2012.03264.x, lire en ligne, consulté le )
  6. a b c d et e Kwang-Ming Liu et Rodrigo Barreto (Centro de Pesquisa e Conservação da Biodiversidade Marinha do Sudeste e Sul (CEPSUL/ICMBio)), « IUCN Red List of Threatened Species: Mobula munkiana », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le )
  7. (en) Katherine B. Burgess, Matt K. Broadhurst, Vincent Raoult et Betty J. L. Laglbauer, « Short- and long-term diets of the threatened longhorned pygmy devil ray, Mobula eregoodoo determined using stable isotopes », Journal of Fish Biology, vol. 97, no 2,‎ , p. 424–434 (ISSN 1095-8649, DOI 10.1111/jfb.14381, lire en ligne, consulté le )
  8. « Oceanic Manta Ray Mobula birostris », dans Guide to the Manta and Devil Rays of the World, Princeton University Press, (ISBN 978-0-691-20721-6, lire en ligne), p. 74–77