Mina Hubbard

exploratrice canadienne
Mina Benson Hubbard Ellis
Mina Hubbard lors de l'expédition de 1905 au Labrador.
Biographie
Naissance
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Bewdley (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 86 ans)
CoulsdonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Mina Adelaine Benson
Nationalité
Domicile
The Wabe (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
Distinction
Archives conservées par
Memorial University Libraries (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Mina Hubbard (née Mina Adelaine Benson le à Bewdley et morte le à Coulsdon (Grand Londres)) est une exploratrice canadienne. Elle est la première femme à explorer et à cartographier le Labrador[1]. Son voyage demeure dans les annales de l'exploration canadienne.

Biographie modifier

Origines et carrière modifier

Née en dans une ferme près de Bewdley, en Ontario, Mina Benson est la septième enfant d'une fratrie de huit, issue d'une famille nombreuse de modestes pommiculteurs[2]. Fille de l'immigrant irlandais James Benson et de l'immigrante anglaise Jane Wood, elle reçoit une éducation primaire dans l'école du village avant d'être pensionnaire à Cobourg durant deux ans[1]. À 16 ans, elle devient institutrice, poste qu'elle occupe entre 1886 et 1896 à Bewdley puis elle fait des études d'infirmière dont elle sort diplômée en 1899.

Elle poursuit sa carrière comme assistante infirmière-chef dans un petit hôpital de Staten Island à New York. En 1900, elle y rencontre le journaliste Leonidas Hubbard (en), hospitalisé pour une fièvre typhoïde[2] ; ils se marient le [1]. Le couple part pour cinq mois en voyage de noce dans la nature sauvage du sud-est des États-Unis. Leonidas Hubbard meurt en exploration le .

En 1908, elle épouse l'Anglais Harold Ellis avec qui elle a trois enfants ; ils divorcent en 1926[2].

Expéditions modifier

 
Leonidas Hubbard (en) lors de l'expédition de 1903.
 
Dillon Wallace lors de l'expédition de 1903.
 
La rivière George et les monts Pyramides.

En 1903, Mina Hubbart accompagne son premier mari en expédition au Labrador. Passionné par le plein air, la chasse et la pêche, Leonidas Hubbard travaille pour le magazine américain Outing et réalise à ce moment un reportage sur une expédition dans les terres inexplorées du Labrador[3].

Avec l'avocat Dillon Wallace et le guide amérindien George Elson, de Missanabie (en), le couple Hubbard se rend à Halifax puis à Terre-Neuve pour enfin rejoindre le Labrador[réf. nécessaire]. Mina Hubbard laisse alors son mari partir en expédition. Mal équipés et mal renseignés sur la piste à suivre, ils connaissent l'échec ; Leonidas Hubbard meurt de faim, de froid et d'épuisement le , sur les bords de la rivière Susan[4]. À la suite de l'expédition tragique, Mina Hubbard demande à Dillon Wallace de raconter cette expérience, en souvenir de son mari. Il publie alors Lure of the Labrador Wild qui devient un succès commercial en Amérique. Toutefois, Mina Hubbard en vient à croire que Wallace était responsable de la mort de son mari dont la réputation est entachée par le livre[5].

En 1905, alors que Wallace prévoit de monter une nouvelle expédition pour achever l'objectif de 1903, Hubbard met sur pied une équipe pour faire la même chose, en mémoire de son mari. Le , Mina Hubbard prend la tête d'une petite équipe bien outillée, bien préparée et surtout plus compétente constituée de George Elson (qui avait participé à l'expédition précédente), Job Chapies, Joseph Iserhoff, Gilbert Blake et de deux guides métis, cris et inuits, pour explorer le territoire non cartographié du nord du Labrador pendant neuf semaines[1],[6]. Le départ se fait à North West River et le point d'arrivée prévu est George River Post dans la baie d'Ungava[7].

Dillon Wallace part le même jour, du même endroit, pour tenter de réaliser le même exploit mais en empruntant des chemins de portages[8]. La presse qualifie les deux expéditions de « course » ; une attention considérable leur est accordé dans les nouvelles locales bien que les deux parties n'aient jamais communiqué avant ou pendant l'expédition[8].

Après un voyage de 576 milles (926 km) à travers la nature sauvage du Labrador, l'équipe de Mina Hubbard arrive dans les délais prévus (malgré les retards météorologiques début d'août lorsqu'ils atteignent le bassin versant du lac Michikamau) le quand celle de Wallace arrive le , sept semaines plus tard[7]. Elle devient la première personne d'ascendance européenne à avoir parcouru la Rivière George de sa source à son embouchure[9].

L'expédition Hubbard permet de confirmer que le Nascaupee, le lac Seal et le lac Michikamau font partie du même bassin versant et que la rivière Northwest et le Nascaupee ne constituent en fait qu'un seul et même cours d'eau. De plus, Hubbard a pris des notes détaillées sur la topographie, la géologie, la flore et la faune[7].

En 1906, elle publie une carte des rivières et des lacs explorées durant son expédition dans la revue Harper's Monthly et deux articles dans le Bulletin of the American Geographical Society[10]. En 1908, Hubbard publie l'ouvrage A Woman’s Way through Unknown Labrador: An Account of the Exploration of the Nascaupee and George River[11] dans lequel elle décrit son expédition, ses rencontres avec les Indiens Naskapis et Montagnais et les derniers grands troupeaux de caribous du Labrador[6]. Elle donne également une série de conférences au Canada, aux États-Unis et en Angleterre[2],[3]. C'est lors d'un séjour dans ce dernier pays qu'elle rencontre la famille de John Ellis. Elle marie le fils Harold le 14 septembre 1908 dont elle aura trois enfants et dont elle divorce après la Première Guerre mondiale[12]. Elle demeure cependant en Angleterre à l'exception de courts retours au Canada.

Elle a baptisé plusieurs sites le long de la rivière George, comme les Pyramides, les collines Bridgman, les collines Hadès, la colline Wedge ainsi que le lac Hubbard, source de la rivière George, en l'honneur de son mari[9].

En 1936, à 66 ans, Mina Hubbard prend part à une expédition en canoë sur la Rivière Moose, dans le nord de l'Ontario, aux côtés de George Elson[2].

Fin de vie modifier

Elle meurt le , à 86 ans, en Angleterre, percutée par une locomotive, en banlieue de Londres[13].

Mina Benson Hubbard Ellis est désignée personne d'importance historique nationale en 2018[14].

Notes et références modifier

  1. a b c et d « De remarquables oubliés : Mina Hubbard (1870-1956) », sur ici.radio-canada.ca, diffusé le mardi (consulté le ).
  2. a b c d et e (en) Stephanie Hunt, « Mina Benson Hubbard (1870-1956) », Arctic, vol. 36, no 4,‎ , p. 384–385 (lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b (en) Sherrill Grace, « "Hidden country": Discovering Mina Benson Hubbard », Biography, vol. 24, no 1,‎ , p. 273–287 (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Mina Benson Hubbard », Commission de toponymie Québec, (consulté le ).
  5. (en) Richard Clarke Davis (Ed), Lobsticks and Stone Cairns : Human Landmarks in the Arctic, Calgary (Alta.), University of Calgary Press, , 326 p. (ISBN 1-895176-88-3, lire en ligne), p. 292.
  6. a et b (en-US) Wendy Roy, « Visualizing Labrador: Maps, Photographs, and Geographical Naming in Mina Hubbard’s A Woman’s Way through Unknown Labrador », Studies in Canadian Literature / Études en littérature canadienne, vol. 29, no 1,‎ (ISSN 1718-7850, lire en ligne, consulté le ).
  7. a b et c (en) Jenny Higgins, « Race across Labrador », The Independent,‎ (lire en ligne).
  8. a et b (en) Bruce W. Hodgins et Margaret Hobbs, Nastawgan : The Canadian North by Canoe and Snowshoe, Dundurn, , 125–128 p. (ISBN 978-0-9690783-4-0, lire en ligne).
  9. a et b « Lac Hubbard », Banque de noms de lieux du Québec, sur Commission de toponymie (consulté le ).
  10. Agence Parcs Canada, Gouvernement du Canada, « Mina Benson Hubbard Ellis (1870-1956) », sur www.pc.gc.ca (consulté le ).
  11. (en) A Woman’s Way through Unknown Labrador: An Account of the Exploration of the Nascaupee and George River sur Internet Archive.
  12. Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque, Elles ont fait l'Amérique, Lux éditeur, , 448 p. (ISBN 978-2-89596-097-3), p. 91
  13. (fr) Serge Bouchard; Rachel Verdon, « De remarquables oubliés : Mina Hubbard », Première Chaîne de Radio-Canada, (consulté le ).
  14. (en) Le gouvernement du Canada annonce de nouvelles désignations historiques nationales, communiqué de presse de Parcs Canada, .

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Mina Benson Hubbard, A woman's way through unknown Labrador, Montréal, Québec, McGill-Queen's University Press, , 271 p. (ISBN 978-0-7735-2740-9, OCLC 183260207).
  • (en) Roberta Buchanan, Anne Hart et Bryan Greene, The woman who mapped Labrador, Montréal, Québec, McGill-Queen's University Press, , 506 p. (ISBN 978-0-7735-2924-3, OCLC 243600957, lire en ligne).
  • (en) James West Davidson et John Rugge, Great Heart: The History of a Labrador Adventure, Montréal, Québec, McGill-Queen's University Press, , 385 p. (ISBN 978-0-670-81950-8, OCLC 16526861).
  • (en) Alexandra Pratt, Lost Lands, Forgotten Stories: A Woman’s Journey to the Heart of Labrador, Toronto, Ontario, HarperPerennial Canada, , 262 p. (ISBN 978-0-00-648586-5, OCLC 51495014).
  • (en) Silvis Randall, Heart so hungry : the extraordinary expedition of Mina Hubbard into the Labrador wilderness, Toronto, Ontario, Alfred A. Knopf Canada, , 266 p. (ISBN 978-0-676-97586-4, OCLC 54892437).
  • (en) Wendy Roy, Maps of Difference : Canada, Women, and Travel, Montréal, Québec, McGill-Queen's University Press, , 287 p. (ISBN 978-0-7735-2866-6, OCLC 57165943).
  • (en) Dillon Wallace, The Lure of the Labrador wild : the story of the exploring expedition conducted by Leonidas Hubbard, Portugal Cove, Newfoundland, Breakwater books, 1905/réd.1977, 285 p. (ISBN 978-0-919948-38-9, OCLC 462210172, lire en ligne).

Articles connexes modifier

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