Mathieu Désubas

pasteur français
Mathieu Désubas
Biographie
Naissance
Décès
Activité

Mathieu Majal, dit Désubas, né le aux Ubas près de Vernoux-en-Vivarais, et mort le à Montpellier, est un pasteur du désert français. Il est dénoncé, arrêté dans la nuit du 11 au , condamné à mort le et pendu sur l'Esplanade de Montpellier le lendemain.

Biographie modifier

Mathieu Désubas est le fils de Jacques Majal et de Marie, née Chapon[1], et tire son pseudonyme de son lieu de naissance, les Ubas (ou Ubats). Alors que le culte protestant reste interdit depuis la révocation de l'édit de Nantes, Mathieu Majal est reçu comme « proposant » en 1738, puis étudiant au séminaire de Lausanne d'octobre 1740 à juillet 1743[2]. Il est consacré à Lausanne le 20 juillet 1743 puis est pasteur Dans le Vivarais et le Languedoc. Alors qu'il devait prêcher au Chambon le , il est arrêté près de Saint-Agrève, sur dénonciation[3]. Il est conduit à Vernoux, où une foule nombreuse essaie de le délivrer. S'ensuit une fusillade qui tue trente-six coreligionnaires[1]. De sa prison, Majal écrit à la foule un message d'apaisement : « Je vous prie, Messieurs, de vous retirer, les gens du roi sont ici en grand nombre ; il n'y a eu déjà que trop de sang répandu. Je suis fort tranquille et entièrement résigné aux volontés divines »[4].

Conduit et incarcéré à Montpellier, capitale du Languedoc, il est interrogé par l'intendant. En vertu d'un édit de Louis XV, il est condamné à mort et pendu le sur l'esplanade où Claude Brousson et Pierre Durand avaient été exécutés. Dans une dernière lettre de consolation à ses parents, il écrivait : « je me glorifie de souffrir pour le nom de Christ ; je m'en réjouis, je suis heureux de ce qu'il m'a choisi pour le confesser devant les hommes, pour suivre ses traces et celles de tant d'illustres et glorieux martyrs »[5].

Complainte modifier

Comme d'autres pasteurs du Désert, Désubas est commémoré par une complainte (avec des variantes)[6]. Voici quelques strophes citées par Jean Carbonnier[7] :

« Notre glorieux prince
A proscrit pour jamais
De toutes ses provinces
La loi des réformés.
Pourquoi faire violence ?
Monsieur, vous avez tort,
Et selon l'ordonnance,
Vous méritez la mort.

Zubas avec constance
Répond à ce seigneur :
Si j'ai prêché en France
La loi de mon Sauveur,
Les apôtres en Judée,
En Galilée épars,
Prêchaient en ces contrées
En dépit de César.


Il répondit humblement
Qu'il avait modestement
Prêché le saint Évangile
Dans les bois et dans les champs,
Au peuple pauvre et docile
Qu'on appelle protestants. »

Hommages modifier

  • Désubas est commémoré le 3 février dans le calendrier des églises luthériennes.
  • Une stèle a été érigée en sa mémoire à Vernoux[8].
  • Son nom est inscrit sur la plaque commémorant les exécutions de pasteurs sur l'Esplanade à Montpellier[9].

Références modifier

  1. a et b « Mathieu Majal dit Désubas, pasteur », sur web.archive.org, (consulté le )
  2. Claude Lasserre, Le Séminaire de Lausanne : Instrument de la restauration du protestantisme français., vol. 112, Lausanne, Bibliothèque historique vaudoise, Éditions Ouverture, , 368 p. (ISBN 9782354790929), p. 159, 252 & 284
  3. Jean Estéoule, Vie et passions huguenotes au cœur du Vivarais, Curandera, , p. 196-197.
  4. Jean Estéoule, op. cit., p. 198.
  5. « Desubas », sur regard.eu.org (consulté le )
  6. François Boulet (compte-rendu), « Christian Maillebouis, Didier Perre, Complaintes des huguenots en Velay. Mazet-Saint-Voy, 1776-1838 », Revue d'histoire du protestantisme, vol. 5, no 1,‎ , p. 139–142 (ISSN 2624-8379, lire en ligne)
  7. Jean Carbonnier, Coligny ou les sermons imaginaires, Paris, Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-037180-9), p. 94-95.
  8. Christian Prost, « Vernoux-en-Vivarais. La stèle du pasteur Désubas restaurée », sur www.ledauphine.com,
  9. Jacques Delteil et Pierre-Yves Kirschleger, « La Société d’histoire du protestantisme de Montpellier au service du patrimoine protestant », Patrimoines du sud, no 5,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Focus sur la complainte sur la mort de Monsieur Désubas, sur le site du musée du Désert, consulté le .
  • Martha Fletcher, « Lettre de Théophile de Bordeu sur l'exécution de Mathieu Majal », Bulletin de la Société de l'histoire du protestantisme français, vol. 119,‎ , p. 116-122 (lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes modifier

  • Pierre Durand, pasteur ardéchois également exécuté à Montpellier.