Mariette Houyoux-Richald

féministe belge

Mathilde Marie-Louise Théodorine Richald, dite Mariette Houyoux-Richald (Bruxelles, - Uccle, ), est une féministe belge. Elle est la mère de George Houyoux et de Maurice Houyoux.

Mariette Houyoux-Richald
Mariette Houyoux Richald en 1910.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 55 ans)
UccleVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Enfants
Mariette Houyoux-Richald

Biographie

modifier

Elle épouse l'avocat Jean Paul Houyoux en 1884. Le couple a six enfants : trois filles (Mariette, Mathilde et Hélène) et trois garçons (Paul, Maurice et George). Louis Richald (1838-1897), son père, libéral, progressiste et franc-maçon, fut fonctionnaire à la Cour des Comptes, membre de la chambre des représentants, membre du conseil provincial du Brabant et conseiller communal de Bruxelles. Sa mère Marie-Élisabeth-Mathilde Hellinckx (1841-1913) est l’héritière de la maison Hellinckx, une quincaillerie fondée en 1839.

Mariette Houyoux-Richald reçoit les Cours d’Éducation d'Isabelle Gatti de Gamond. A 29 ans, elle est d’abord élue secrétaire générale de la Ligue belge du droit des femmes, fondée en 1892 par Marie Popelin. Elle s’affirme dans un rôle de plus en plus politique, et privilégie l’éducation populaire comme moyen d’émancipation. En 1894, elle soutient l’Université Nouvelle, fondée en octobre à la suite d'un conflit politique à l'Université Libre de Bruxelles, et qui inscrit l'égalité des sexes à son programme[1]. Son mari Paul Houyoux (Droit) et son père Louis Richald (Sciences politiques) y dispenseront également des cours[2]. Elle déclare : « Toujours il y aura des gens qui ne comprendront pas que les femmes s'occupent de politique, mais instruire et moraliser ce n'est pas faire de la politique ! »[3].

La même année, elle organise avec Isabelle Gatti de Gamond l’ « Oeuvre des cours féminins », dans le but d’enseigner aux femmes des notions domestiques et de puériculture. Elle déclare : « Je dis que la femme n’est armée, n’est éduquée pour affronter aucune des charges qui lui incombent dans toutes ces conditions sociales si diverses. Je dis qu’elle n’est outillée ni pour ses devoirs de mère, ni pour ses devoirs d’épouse, ni pour ses devoirs de ménagère, ni enfin pour les devoirs si graves qui incombent à la femme riche, indépendante, dans la lutte pour la justice qui aura été la dominante de cette fin de siècle. Nous avons pensé qu’une lacune immense est à combler dans l’éducation féminine »[4].

Elle inaugure, toujours avec Gatti de Gamond, un cycle de conférences à l’École industrielle de Bruxelles, dont le but est d’affirmer les compétences des femmes sur le marché du travail. Elle poursuit également une grande campagne, entamée avec la Ligue, en faveur des employées de magasin, qui aboutira beaucoup plus tard, le 25 juin 1905, à ce que le Code du travail prescrive de leur mettre à disposition des sièges, dans une loi dite ‘loi des sièges’.

Mariette Houyoux-Richald rejoint à nouveau Marie Popelin en 1905, qui vient de fonder le Conseil national des femmes belges (CNFB), regroupant au départ trois associations, mais qui finira par en réunir douze (dont la fédération belge pour le suffrage des femmes et l’union des femmes de Wallonie). Sous l’autorité du CNFB, elle participe à divers congrès internationaux, notamment à Paris[5], Genève et Aberdeen[6], et aborde entre autres le sujet de la mortalité infantile. Lors du Troisième congrès international d'éducation familiale à Bruxelles en août 1910, à l’occasion de l’Exposition universelle, elle présentera des propositions à l’endroit des employées de maison et des gouvernantes, et recommande « des notions très élémentaires d’hygiène pratique et de puériculture ».

Le CNFB fonde le 23 décembre 1907 une mutualité de retraite réservée aux domestiques, ‘Vers le Progrès féminin’, qui prendra en 1909 le nom de ‘L’Espoir dans l’Avenir’, dont Mariette Houyoux-Richald intègre le conseil d'administration[7]. Elle présidera la section ‘moralité et hygiène’ du CNFB à partir de 1912, et poursuivra en priorité l’égalité économique et civile en vue d’œuvrer pour l’intégration des femmes belges dans la vie publique.

En 1908, la Section du livre et de la presse du CNFB lance un concours de nouvelles inédites pour les femmes de lettres belges, où Mariette Houyoux-Richald[8] est récompensée aux côtés de Marguerite Baulu et Marguerite Coppin[9].

A Rome en mai 1914, elle déclare au nom du CNFB: « Il devient en effet indiscutable que le suffrage est au fond la seule revendication importante parce qu’elle entraîne toutes les autres réformes sollicitées depuis si longtemps. »[10]

Mariette Houyoux-Richald sera la première femme à occuper la vice-présidence de la Ligue de l’Enseignement[11].

Bibliographie

modifier
  • Mariette Houyoux-Richald, « De la condition de la femme mariée », dans La Ligue. Organe belge du droit des femmes, n°2/1, janvier 1894, p. 22-23.
  • Mariette Houyoux-Richald, 50e anniversaire des cours d'éducation : discours prononcés à la fête commémorative célébrée le 18 janvier 1920 au Théâtre de la Monnaie, éd. Ville de Bruxelles, 1920, 46 p., 22 cm
  • Éliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges : XIXe et XXe siècles, Racine, 2006, p. 482-483.
  • Jean-Michel Chaumont et Christine Machiels (dir.), Du sordide au mythe. L’affaire de la traite des blanches (Bruxelles, 1880), Presses universitaires de Louvain, Louvain-la-Neuve, 2009.
  • Éliane Gubin, Valérie Piette (éd.), "Féminisme international", in Sextant, volume 23-24, Groupe interdisciplinaire d’études sur les femmes de l’Université libre de Bruxelles, 2007.
  • Mariette Houyoux-Richald, Œuvre des cours féminins, leur portée, leur organisation, La Ligue, n°2, avril 1894, p. 68.
  • "Femmes artistes", Sextant, Volume 11, Groupe interdisciplinaire d’études sur les femmes de l’Université libre de Bruxelles, 1999.
  • Valérie Piette, Domestiques et servantes. Des vies sous condition. Essai sur le travail domestique en Belgique au 19e siècle, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2000, 521 p.
  • Rapports du IIIe Congrès international d'éducation familiale tenu à Bruxelles en 1910. L'éducation familiale avant l'âge d'école. Mariette Houyoux-Richald, « Les domestiques, les bonnes, les gouvernantes », Goemaere, imp. du roi, 1910
  • F. Van Lierde, La Ligue belge du Droit des Femmes, 1892-1897, mémoire présenté en histoire, UCL, 1971, p. 123.
  • Julie Carlier, Moving beyond Boundaries. An entangled history of feminism in Belgium, 1890-1914, Gent, (doctoraatsverhandeling Universiteit Gent), 2010. (promotor: G. Deneckere).
  • Marie Kympers, Vreemde vrouwen Een groepsportret van de buitenlandse studentes aan de Université Nouvelle in Brussel, 1894-1919, Gent, Masterproef voorgedragen tot het behalen van de graad master in de geschiedenis, 2012, p. 80
  • Claudine Marissal, Protéger le jeune enfant : enjeux sociaux, politiques et sexués (Belgique, 1890-1940), 2014, Éditions de l'Université de Bruxelles, 380 p, p.310

Notes et références

modifier
  1. (nl) Marie Kympers, Vreemde vrouwen Een groepsportret van de buitenlandse studentes aan de Université Nouvelle in Brussel, 1894-1919, Gent, Masterproef voorgedragen tot het behalen van de graad master in de geschiedenis, , 175 p., p. 80
  2. (en) Isabel Maddison, « Handbook of the courses open to women in British, continental and Canadian universities. Supplement for 1897 », (consulté le )
  3. Mariette Houyoux-Richald, « Oeuvre des cours féminins, leur portée, leur organisation », La Ligue, no 2,‎ , p. 68
  4. Mariette Houyoux-Richald, « Oeuvre des cours féminins, leur portée, leur organisation », La Ligue, nos 2/2,‎ , p. 66
  5. En janvier 1909, la française Guénia Avril de Sainte-Croix du Conseil international des femmes se rend à Bruxelles pour encourager les féministes belges à fonder une nouvelle section axée sur l'égalité morale entre les sexes et le problème de la traite. Mariette Houyoux-Richald, qu'elle a rencontrée à Paris, accepte de prendre la présidence de cette section. Une conférence à Bruxelles est alors envisagée, mais le projet échoue.
  6. (en) International Council of Women, The health of the nations, Aberdeen, Rosemount Press, , 200 p. (lire en ligne), p. 162
  7. Suzanne van Rokeghem, Jacqueline Aubenas, Des femmes dans l'histoire en Belgique, depuis 1830, Bruxelles, Luc Pire, , 303 p. (ISBN 9782874155239), p. 70
  8. Mariette Houyoux-Richald, « Consolatrix », La Ligue. Organe belge du droit des femmes, vol. 17, no 1,‎ , p. 25-31
  9. L’héroïne de Mariette Houyoux se bat pour pouvoir exercer la médecine. Le concours de nouvelles continuera à être organisé après la guerre. À partir de 1935, la présidence de la Section est alors assurée par Marie Gevers (1883-1975).
  10. Eliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges: XIXe et XXe siècles, Bruxelles, Racine, , 482-483 p.
  11. Bibliothèque royale de Belgique, Bibliographie de Belgique, Bruxelles, H. Manceaux, , 964 p. (lire en ligne), p. 674