Mouvement d'action populaire unitaire

parti politique
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Movimiento de Acción Popular Unitaria
Movimiento de Acción Popular Unitaria
Image illustrative de l’article Mouvement d'action populaire unitaire
Logotype officiel.
Présentation
Chefs Rodrigo Ambrosio
Eduardo Aquevedo
Kalki Glauser
Óscar Guillermo Garretón
Fondation 1969
Disparition 1994
Siège Santiago
Coalition Unité populaire
Idéologie Socialisme démocratique
Marxisme
Démocratie chrétienne
Théologie de la libération
Gauche chrétienne
Couleurs Rouge et vert
Site web memoriamapu.cl

Le Mouvement d'action populaire unitaire (en espagnol : Movimiento de Acción Popular Unitaria, abrégé en MAPU) est un parti politique chilien de gauche, formé le .

Création modifier

Le MAPU a été créé le d'une scission de l'opposition au Congrès national de la Démocratie chrétienne en , alors que le démocrate-chrétien Eduardo Frei Montalva était au pouvoir. L'opposition de gauche démocrate-chrétienne, en particulier la jeunesse du parti, critiquait en effet ce qu'elle considérait comme une orientation pro-impérialiste et nord-américaine du gouvernement Frei Montalva.

De jeunes militants tels que Rodrigo Ambrosio, Rafael Agustín Gumucio, Óscar Guillermo Garretón, Alberto Jerez, Julio Silva Solar, Vicente Sota, Enrique Correa Ríos, Carlos Montes, Jacques Chonchol, José Miguel Insulza (ministre de la Concertación dans les années 1990 et élu secrétaire général de l'OEA en 2005), Eduardo Aquevedo, Jaime Estévez, Eduardo Rojas, Tomás Moulian, Gonzalo Ojeda, Samuel Bello, Juan Ruz,Omar Jofré, Gladys Goede, etc., participèrent ainsi à la création du MAPU.

En 1970, celui-ci se joignit à la coalition électorale de l'Unité populaire (UP) qui soutenait la candidature du socialiste Salvador Allende, élu président. Mené par Rodrigo Ambrosio, qui décéda d'un accident en , il participa au gouvernement Allende. Jacques Chonchol, qui avait retiré sa candidature lorsque le MAPU décida d'appuyer celle d'Allende, fut ainsi nommé ministre de l'Agriculture.

Au cours de 1971, Allende et d'autres secteurs poussèrent la direction du MAPU à adopter une ligne davantage chrétienne révolutionnaire, plus proche de la théologie de la libération que du marxisme. Une délégation du parti, menée par Jaime Gazmuri et Eduardo Aquevedo, fut invitée à La Havane le , où Fidel Castro lui-même leur enjoint de ne pas adopter une ligne marxiste orthodoxe, alléguant l'existence d'autres partis marxistes et la nécessité de représenter la gauche chrétienne. Les dirigeants du MAPU rejetèrent cependant ce conseil, dont, notamment, Eduardo Aquevedo, très critique par ailleurs vis-à-vis de l'URSS.

Ainsi, lors du IIe congrès du MAPU, en , la tendance d'Aquevedo et de Kalki Glauser l'emporta. Celle-ci défendait un marxisme indépendant, critique envers Moscou et davantage proche du mouvement des non-alignés, ce qui lui valut une certaine réprobation de la part du PCC et du PS. Aquevedo demeura premier sous-secrétaire général, Óscar Guillermo Garretón étant élu secrétaire général du MAPU.

Vers la fin du gouvernement Allende, le MAPU se divisa, en , en deux tendances: d'une part le MAPU proprement dit, marxiste-léniniste et dirigé par Óscar Guillermo Garretón et Eduardo Aquevedo, et d'autre part le MAPU Obrero Campesino (MAPU OC ou MOC, MAPU Ouvrier et Paysan), moins radical et plus proche du PCC, dirigé par Jaime Gazmuri et Enrique Correa. Les deux tendances continuèrent à participer au gouvernement de l'Unité populaire(UP) , ainsi qu'aux élections générales de 1973, jusqu'au coup d'État du 11 septembre 1973.

La dictature Pinochet modifier

Comme les autres partis de l'Unité populaire, le MAPU fut proscrit sous la dictature de Pinochet et ses militants persécutés. Il continue toutefois à suivre, entre 1975 et 1976, une politique d'unité populaire. Sous l'effet de la répression de la DINA et de l'opération Condor, une grande partie des militants sont arrêtés, torturés et assassinés. Certains parviennent à survivre en exil.

Eugenio Tironi, membre du groupe de la direction intérieure du MAPU, qui avait succédé à Óscar Garretón, s'exile en Europe. On le charge d'expulser une tendance dite « fractionniste », gauchiste, menée par le premier sous-secrétaire Eduardo Aquevedo et Gonzalo Ojeda. Celle-ci représentait la majorité des militants exilés ainsi qu'un nombre important de militants restés au Chili. Elle préconisait un élargissement de l'Unité populaire jusqu'au MIR, ce à quoi Tironi rétorquait qu'elle menaçait au contraire la cohésion de l'UP.

À l'intérieur, une nouvelle génération de cadres émerge au fur et à mesure de l'approfondissement de la répression: Carlos Montes, Víctor Jeame Barrueto, Guillermo del Valle, Rodrigo González, Guillermo Ossandón, Ricardo Brodsky et Jaime Manuschevich. Ils critiquent rétrospectivement la participation au gouvernement Allende.

En 1980, alors que l'unité des socialistes n'est pas acquise et que le PC s'apprête à se lancer dans la lutte armée (avec la création, trois ans plus tard, de son bras armé, le FPMR), le MAPU intérieur décide de participer, avec d'autres socialistes modérés (le futur président Ricardo Lagos ou Ricardo Núñez), à la rénovation de la gauche chilienne. Ces efforts donnèrent lieu à la création de la Convergence socialiste (es), initiée dès avec la Gauche chrétienne (es), qui rivalisait avec le PC, le MIR et le Parti radical.

En 1983, ils formèrent le Bloc socialiste (es), dissous en 1988. Ce Bloc, qui comprenait une tendance socialiste liée à Carlos Altamirano, s'éloignait du léninisme et se déclarait anti-communiste, se rapprochant des groupes centristes. Il préconisait la création d'un vaste front social démocratique, non-violent, s'opposant au général Pinochet.

Une partie du MAPU refusa cependant cette nouvelle orientation, et, avec Guillermo Ossandón, créa le MAPU Lautaro, qui se lança dans l'action directe contre la dictature.

La réunification et la division entre le PPD et le PS modifier

Lors du Congrès (clandestin) de l'Unité, à Punta del Tralca (1985), les secteurs menés par Garretón et Gazmuri fusionnèrent, Víctor Barrueto étant élu secrétaire général. Comme d'autres partis de gauche, ils soutiennent le NON lors du référendum d'octobre 1988 par lequel Pinochet espérait plébisciter le peuple.

La plupart des militants (dont Ricardo Lagos) participèrent ensuite, en 1988, à la création du Parti pour la démocratie (PPD), avant qu'un secteur important ne rejoigne le Parti socialiste. La moitié des cadres et militants se répartissait entre le PPD et le PS. Aujourd'hui dissous, le MAPU continue à irriguer la vie politique chilienne, avec la présence de nombre de ses militants dans les secteurs dirigeants, académiques ou associatifs.

Militants disparus modifier

Beaucoup de militants du MAPU ont été faits desaparecidos ou/et torturés (certains sont recensés dans le rapport Valech). La Commission Rettig recensa 42 militants disparus ou assassinés.

Disparitions forcées modifier

Parmi les disparitions forcées, on peut citer:

  • Héctor Vergara Doxrud, séquestré à Santiago le ; en avril 2010, le chef de la DINA, Manuel Contreras, a été condamné à 5 ans de prison pour son « enlèvement aggravé »; César Manríquez, inculpé dans d'autres affaires et qui était alors chef de la brigade métropolitaine de la DINA, écopa de 3 ans de prison mais bénéficia de la liberté conditionnelle. Marcelo Morén Brito obtint du sursis et deux autres inculpés, Ciro Torré Sáez, ex-chef administratif de la DINA et carabinieri à la retraite, et l'ex-colonel Orlando Manzo Durán, furent acquittés[1].

  • Lucio Hernán Angulo Carrillo (37 ans. Pto. Octay, )
  • Levy Segundo Arraño Sancho (27 ans. Quillota, )
  • Juan Bautista Bastías Riquelme (25 ans. Allipén, )
  • Silvio Francisco Bettancourt Bahamondes (23 ans. Punta Arenas, )
  • Rene Burdiles Almonacid (21 ans. Puerto Octay, )
  • Raúl Iván Cárcamo Aravena (32 ans. Viña Del Mar, )
  • Gastón De Jesús Cortés Valdivia (39 ans. Antofagasta, )
  • Luis Eduardo Durán Rivas (29 ans. Santiago, )
  • Luis Enrique González González (26 ans. Santiago, )
  • Reinaldo Luis Jeldres Riveros (33 ans. Chillán, )
  • Sergio Hernán Lagos Hidalgo (30 ans. Santiago, )
  • Alberto Leiva Vargas (33 ans. Paine, )
  • Maria Cecilia Magnet Ferrero (27 ans. Buenos Aires, )
  • Juan Bosco Maino Canales (27 ans. Santiago, )
  • Sergio Adrián Maureira Lillo (46 ans. Lonquén, )
  • José Manuel Maureira Muñoz (26 ans. Lonquén, )
  • Rodolfo Antonio Maureira Muñoz (22 ans. Lonquén, )
  • Segundo Armando Maureira Muñoz (24 ans. Lonquén, )
  • Sergio Miguel Maureira Muñoz (27 ans. Lonquén, )
  • José Rosendo Pérez Ríos (24 ans. Argentine, )
  • Elizabeth Mercedes Rekas Urra (27 ans. Santiago, )
  • Héctor Patricio Vergara Doxrud (32 ans. Santiago, )

Liste établie par la Commission Rettig[2]

Assassinats modifier

  • René Guillermo Aguilera Olivares (41 ans. Tué lors d'une fusillade. Valparaíso, )
  • Hernaldo Aguilera Salas (28 ans. Assassiné. Freire, )
  • Carlos Enrique Alcayaga Varela (38 ans. Assassiné. La Serena, )
  • José Rufino Córdova Croxato (35 ans. Assassiné. Pisagua, )
  • Nelson Jorge Flores Zapata (29 ans. Assassiné. Santiago, )
  • Oscar Armando Gómez Farias (31 ans. Assassiné. Tejas Verdes, )
  • Roberto Darío Hernández Andrade (26 ans. Assassiné. Santiago, )
  • José Gregorio Hernández Andrade (27 ans. Assassiné. Santiago, )
  • Lincoyán Carlos Huenul López (25 ans. Assassiné. Santiago, )
  • Jorge Andrés Lamana Abarzua (27 ans. Assassiné. Laja, )
  • Pedro Meneses Brito (30 ans. Assassiné. Paine, )
  • Leomeres Monroy Seguel (25 ans. Assassiné. Freire, )
  • Miguel Ángel Moyano Santander (24 ans. Assassiné. San Antonio, )
  • Eugenio Ruiz-Tagle Orrego (26 ans. Assassiné. Antofagasta, )
  • Luis Onofre Sáez Espinoza (37 ans. Assassiné. Laja, )
  • Eduardo Toledo Cartes (36 ans. Décédé des suites de torture. Los Angeles, )
  • Jorge Manuel Vásquez Matamala. (52 ans. Assassiné. La Serena, )
  • Oscar Vega González. (67 ans. Suicide au camp de concentration de Chacabuco, )
  • Gabriel Gonzalo Vergara Muñoz (22 ans. Assassiné. La Serena, )
  • Michael Roy Woodward Iriberri (42 ans. Décédé des suites de torture. Valparaíso, )

Liste établie par la Commission Rettig[2]

Élus modifier

Sénateurs modifier

Période de 1969 à1971

Nom Province Circonscription (es) Période
Alberto Jerez Horta Concepción, Ñuble, Biobío, Arauco Agrupación Provincial 1971 - 1971 Élu par le PDC

Députés modifier

Période 1969-1973

Nom Province Circonscription (es) Période
Julio Silva Solar Province de Santiago 7.3 Agrupación Departamental 1969 - 1971 Élu par le PDC, membre en 1971 de la Gauche chrétienne

Période 1973-1973

Nom Province Circonscription (es) Période
Alejandro Bell Province de Linares 14 Agrupación Departamental 1973 - 1973
Óscar Guillermo Garretón Province de Concepción 17 Agrupación Departamental 1973 - 1973

Notes et références modifier