Lydia Délectorskaya

peintre russe
Lydia Délectorskaya
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Lydia Nikolaevna Délectorskaya, née le à Tomsk en Sibérie occidentale et morte le à Paris 5e[2], est une collaboratrice russe et une proche d'Henri Matisse de 1932 jusqu'à la mort de celui-ci en 1954.

Biographie modifier

Lydia Délectorskaya, fille unique d'un pédiatre renommé de la ville de Tomsk, devient orpheline à douze ans, lorsque les deux parents meurent dans les épidémies successives de fièvre typhoïde et de choléra. Eduquée par sa tante, elle fuit avec elle en Mandchourie, dans la partie chinoise. Elle gagne Paris, à un moment où la France entre en dépression économique. Lydia Délectorskaya veut devenir médecin et est acceptée à la faculté de médecine de la Sorbonne, mais les frais élevés exigés pour les étudiants étrangers sont hors de portée. Lydia Délectorskaya trouve de petits emplois : « J’appartenais à la catégorie des émigrés qui, d’après les lois françaises, n’avaient pas droit au travail rémunéré. »[3].

En 1932, installée à Nice, Lydia Délectorskaya entre comme aide d'atelier dans la maison d'Henri Matisse pour un remplacement de quelques jours, qui deviendra six mois. Elle a 22 ans, connait peu de choses sur le monde de l'art et n'a même pas connaissance du prestige du peintre. L'année suivante, elle est sollicitée à nouveau, à l'initiative de Madame Matisse, de santé délicate, comme dame de compagnie[4].

En , Matisse fait le premier portrait de Lydia Délectorskaya, à l'estompe. Matisse la dessine dans un moment de repos, sa tête sur ses bras croisés et reposant sur le siège arrière, pensive et lointaine. Le de l'année suivante, il la fait poser à nouveau mais c'est au printemps 1935, Le corsage bleu, Le châle écossais, Les yeux bleus, puis en Le Rêve. Elle est son seul modèle en cette année 1935. Elle accompagne le couple Matisse à Beauvezer en juillet. Puis, au retour à Nice, elle se voit confier également par Madame Matisse, Amélie Matisse, des travaux de secrétariat. En 1936, elle pose pour plus de quarante peintures[4].

Lydia Délectorskaya est la seule collaboratrice quotidiennement présente pendant des années dans l'étude de Matisse, pour l'aider dans l'atelier, pour lui servir quelquefois de modèle (même si elle n'est plus le seul modèle), ou pour faire du secrétariat. Elle nettoie les pinceaux, dispose les instruments, efface les toiles ou les parties de toile, achète le matériel, etc.[4]. « L'atmosphère était typique d'un théâtre. Je lui tenais un objet puis une bouteille d'encre de Chine, des feuilles de papier, […] Matisse concevait son œuvre, sans dire un mot, sans donner le moindre signe d'agitation, mais avec, dans son immobilité, une légère tension. »[5].

Lydia Délectorskaya prend l'initiative d'enregistrer par des photographies la fin de chaque session, en indiquant la date, permettant au peintre de retrouver la composition ou les situations antérieures[6]. Le , avec les appointements supplémentaires qu'elle reçoit comme modèle, Lydia Délectorskaya achète un premier dessin à Henri Matisse[4].

En 1938, Amélie Matisse, n'ayant plus besoin de dame de compagnie, met fin à son contrat. Henri Matisse mesure alors ce qu'elle lui apporte. Sa femme le quitte le , et il rappelle Lydia Délectorskaya dès le mois de juin de la même année. Elle lui est indispensable pendant la Seconde Guerre mondiale, organisant ses différents déménagements et lui apportant une assistance quotidienne, alors que sa santé et son état physique se détériorent. Elle l'aide également à continuer à créer[4].

Elle joue un rôle décisif, à la demande d'Henri Matisse, dans le suivi de la création du musée Matisse du Cateau-Cambrésis, de la construction de la chapelle du Rosaire de Vence, et dans le montage d'un certain nombre d'expositions dédiées à l'artiste, à Londres, Paris, Philadelphie, etc.[7].

Le dernier dessin de Matisse pour Lydia Délectorskaya est du . Henri Matisse meurt deux jours plus tard, le , d'un accident vasculaire cérébral[4]. Lydia Délectorskaya quitte le Régina où ils étaient installés sans assister aux funérailles[4]. Un an plus tard, la famille Matisse la sollicite pour terminer des travaux inachevés, notamment le contre-collage de papiers gouachés découpés disposés dans l'atelier[4].

Dans les années 1980, elle écrit deux témoignages sur ses années avec Henri Matisse, et sur le mode de travail de celui-ci. Elle reste en contact avec les musées et lieux d'exposition du peintre, n'hésitant pas à leur rappeler des exigences de l'artiste. Elle écrit à Pierre Matisse, fils du peintre : « Je n’y peux rien : le Patron a fait de moi une sorte de perfectionniste, autrement dit, un casse-pieds »[6]. Elle meurt le , à Paris, à 87 ans. Elle aura fait préalablement don des différentes œuvres achetées et données par Henri Matisse à des musées, tout particulièrement à des musées russes[4].

Publications modifier

  • Lydia Délectorskaya, L’apparente facilité, Henri Matisse : peintures de 1935-1939, Paris, Galerie Maeght, (réimpr. 1993), 327 p. (ISBN 2-86941-026-3, BNF 34926440), prix Paul-Marmottan 1994.
  • Lydia Délectorskaya, Henri Matisse. Contre vents et marées. Peinture et livres illustrés de 1939 à 1943, .

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Harry Bellet, « Lydia Delectorskaya, Henri Matisse, 1947 », The Guardian,‎ (lire en ligne).
  • Collectif, Lydia Delectorskaya, muse et modèle de Matisse, Réunion des musées nationaux, .
  • Harry Bellet, « Celle que Matisse a peinte jusqu'à sa mort », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • (en) Michael Hodges, « A daughter tortured by Nazis. A besotted, suicidal muse. His own cancer and chronic depression: The unbelievable story of Henri Matisse », Daily Mail,‎ (lire en ligne).

Archives modifier

Notes et références modifier

Liens externes modifier