L'esprit est ardent mais la chair est faible
« L'esprit est ardent mais la chair est faible » (en latin : Spiritus quidem promptus est, caro vero infirma) est un proverbe biblique.
Histoire
modifier« L'esprit est ardent mais la chair est faible » est un leitmotiv du Nouveau Testament[1]. La phrase est rapportée comme ayant été prononcée par Jésus lors de sa dernière nuit à Gethsémani. On la trouve dans l'Évangile selon Matthieu et dans l'Évangile selon Marc[2]. Ce proverbe est une mise en garde par Jésus envers les séductions mondaines, considérées comme basses et indigne de Dieu[3]. Dans l'Évangile selon Matthieu, Jésus exhorte ses disciples : « Veillez et priez, de peur que vous ne succombiez à la tentation ; car l'esprit est ardent, mais la chair est faible »[4].
Ce thème est aussi abordé dans les Épître aux Galates, avec des mots similaires : Jésus dit « conduisez-vous par l'esprit et vous n'accomplirez pas la convoitise de la chair », car « la chair convoite contre l'esprit et l'esprit contre la chair »[5]. L'Évangile selon Jean rapporte que Jésus aurait également dit : « c'est l'esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien »[6].
Interprétation
modifierDualisme corps-âme
modifierLe proverbe biblique a été interprété comme la marque du dualisme entre le corps et l'âme, la matière et l'esprit[6]. Cette opposition émaille tout le Nouveau testament[2],[7].
Anthropologie juive
modifierSerge Boulgakov souligne que ce proverbe est cohérent avec l'idée selon laquelle « la matière du monde avait déjà subi une modification quand elle était devenue la chair du Christ ». Elle garde quelque chose de rebelle « à cause de l'affaiblissement général qui avait suivi le péché originel »[8]. Louis-Marie Chauvet remarque que la conception de la chair qui est en jeu dans ce proverbe n'est pas la conception grecque, mais celle inhérente à l'anthropologie juive, selon laquelle la chair est la marque de la faiblesse (et, à terme, de la mort) chez l'humain[9].
Euphémisation de l'organe sexuel
modifierLe terme de « chair » est utilisé dans le Nouveau testament, à plusieurs reprises, de manière euphémique pour désigner les organes génitaux[10].
Postérité
modifierLe proverbe connaît une grande postérité dans le monde chrétien. On en trouve des références dans de nombreuses œuvres littéraires. Le proverbe est retrouvé chez, par exemple, Augustin d'Hippone[11], D. H. Lawrence[10], William Somerset Maugham[12].
Notes et références
modifier- (en) Michael O'Sullivan, Weakness: A Literary and Philosophical History, A&C Black, (ISBN 978-1-4411-9564-7, lire en ligne)
- Sébastien Doane, Lexique sympathique de la Bible, Novalis, (ISBN 978-2-89646-940-6, lire en ligne)
- Collectif, Christianisme - Dictionnaire des temps, des lieux et des figures, Editions du Seuil, (ISBN 978-2-02-143575-7, lire en ligne)
- Meditations religieuses, en forme de discours, pour toutes les epoques, circonstances ...: 5, Meline, (lire en ligne)
- Michel Fromaget, Maurice Zundel, Nicolas Berdiaev et les « trois fils d'or »: Essai d'anthropologie comparée, Parole & Silence, (ISBN 978-2-512-01134-7, lire en ligne)
- Christian Belin, Le Corps pensant. Essai sur la méditation chrétienne: Essai sur la méditation chrétienne, Editions du Seuil, (ISBN 978-2-02-108011-7, lire en ligne)
- Michel Fromaget, Les trois visages de l'amour: Eros, Philia, Agape, Le Mercure Dauphinois, (ISBN 978-2-35662-265-5, lire en ligne)
- Serge Boulgakov, Le Paraclet, L'AGE D'HOMME, (ISBN 978-2-8251-0718-8, lire en ligne)
- Louis-Marie Chauvet, Dieu, un détour inutile ?, Editions du Cerf, (ISBN 978-2-204-13966-3, lire en ligne)
- (en) Michael Black et Michael H. Black, D. H. Lawrence: The Early Fiction, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-32293-5, lire en ligne)
- (en) Lisa Freinkel, Reading Shakespeare's Will: The Theology of Figure from Augustine to the Sonnets, Columbia University Press, (ISBN 978-0-231-50486-7, lire en ligne)
- (en) Martin H. Manser, The Facts on File Dictionary of Proverbs, Infobase Publishing, (ISBN 978-0-8160-6673-5, lire en ligne)