L'Invention collective

En 1940, une revue surréaliste tirant son nom d'une peinture de Magritte datant de 1935 voit le jour. C'est le début d'activité de l'Invention Collective

L'Invention collective est une revue surréaliste publiée en 1940 à Bruxelles.

Historique modifier

L'Invention collective, « revue paraissant tous les deux mois », est fondée en 1940 à Bruxelles par René Magritte et Raoul Ubac[1]. Il est précisé sur la couverture : « adresser la correspondance à Raoul Ubac, 66 rue Vandernoot » (Molenbeek-Saint-Jean).

La revue connaît deux numéros, en février et avril. L'invasion de la Belgique par l'armée allemande le 10 mai 1940 met fin à son activité, Agui (Agathe) et Raoul Ubac quittant Bruxelles avec Magritte pour Carcassonne où les rejoignent Louis Scutenaire et Irène Hamoir.

Le nom de la revue reprend le titre, donné par Paul Nougé, d'une peinture de Magritte datant de 1935.

Premier numéro modifier

 
Signature de Magritte pour ses amis.
 
Signature d'Ubac pour ses amis

Le premier numéro de la revue rassemble des textes d'Achille Chavée, Marcel Lecomte, Louis Scutenaire qui signe alors Jean Scutenaire[2], Marcel Mariën et Fernand Dumont.

Les illustrations sont de Pol Bury, Paul Delvaux, Marcel-G. Lefrancq, René Magritte[3], Armand Simon, Raoul Ubac et Louis Van De Spiegele.

Collaborent ainsi à ce numéro des membres des deux groupes surréalistes de Belgique, le groupe de Bruxelles (Lecomte, Scutenaire, Mariën, Magritte, Ubac), et celui du Hainaut (Bury, Chavée, Dumont, Lefranc, Simon, Van De Spiegele).

Dans une lettre de décembre 1939 Magritte avait adressé à Scutenaire un projet de texte « comme déclaration » destiné à ce premier numéro, en lui proposant de « quand même broder sur ce thème ou sur un autre ». Une « circulaire » datée du 17 décembre, signée par Chavée, Magritte, Mariën et Scutenaire, est le premier jet de l'annonce, en janvier 1940, de la publication de la revue, suivie d'un prospectus : « [...] Avant tout, ce qu'il nous importe de garder intact c'est cet état d'esprit que le surréalisme aura créé sous forme de précipité poétique [...] En publiant cette revue, nous pensons rompre le silence auquel la guerre contraint nos amis anglais et français. En Belgique, il nous reste quelques chances de nous faire entendre. [...] »[4]

Second numéro modifier

Le second numéro de la revue rassemble des textes de Pierre Mabille, André Breton, Irène Hamoir, Paul Magritte, Marcel Mariën, René Magritte[5], Jean Scutenaire, Achille Chavée, Raoul Ubac, Marcel Lecomte.

Les illustrations sont de Pol Bury, Paul Delvaux, Marcel-G. Lefrancq, René Magritte, Georges Mariën, Raoul Ubac[6] et Louis Van De Spiegele.

L'original du dessin de Magritte pour la couverture du numéro fait partie des nombreuses œuvres du peintre figurant dans le legs « Irène Scutenaire-Hamoir »[7] aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique [8].

Le texte de Louis Scutenaire intitulé Léon Forton est repris dans Louis Scutenaire, Plein Chant no 33-34, Bassac, novembre 1986-, p. 131-132.

À la dernière page de ce second numéro est annoncé la parution d'un troisième pour le 1er juin 1940. L'invasion de la Belgique par l'armée allemande ne le permettra pas.

En 1979 Marcel Mariën reproduit le prospectus annonçant la publication de L'invention collective et la totalité des pages des deux numéros dans L'activité surréaliste en Belgique (1924-1950) (p. 310-321).

Éléments de bibliographie modifier

  • Marcel Mariën, L'activité surréaliste en Belgique (1924-1950), Bruxelles, Lebeer-Hossmann, 1979.
  • René Magritte et le Surréalisme belge, textes de Elle et Lui [Irène Hamoir et Louis Scutenaire], Marcel Mariën, Marc Dachy et Philippe Robert-Jones, Bruxelles, Musée royaux des Beaux-Arts de Belgique, 1982 (plusieurs reproductions p. 296-207)
  • Michel Draguet, Magritte, folio biographies, Gallimard, 2014, p. 279-280

Notes et références modifier

  1. http://bibliothequekandinsky.centrepompidou.fr/clientbookline/service/reference.asp?output=PORTAL&INSTANCE=INCIPIO&DOCBASE=CGPP&DOCID=0467687
  2. La contribution de Scutenaire a pour titre « La Citerne ». C'est sous ce même titre que sont rassemblés peu avant sa mort l'ensemble de ses poèmes anciens dans La Citerne, poèmes complets (1913-1945), Bruxelles, Brassa, 1987. Les poèmes de « La Citerne (1940) » s'y trouvent réédités p. 441-450
  3. dessin reproduit dans Avec Magritte, Bruxelles, Lebeer-Hossmann, 1977, p. 49
  4. Le projet de Magritte, l'annonce et le prospectus sont réunis et annotés dans René Magritte, Écrits complets, édition établie et annotée par André Blavier, Flammarion, Paris, 1979, p.142-148.
  5. « La Ligne de vie », texte repris sous le titre « La Ligne de vie II » dans: René Magritte, Écrits complets, édition établie et annotée par André Blavier, Flammarion, Paris, 1979, p.135-141.
  6. Des illustrations d'Ubac figurent dans les deux numéros. Dans le second une photographie d'Ubac illustrant Romantique Adéla d'Irène Hamoir représente Agui, « femme de Raoul Ubac, allongée nue dans une écorce de tronc d'arbre » (Avant-gardes du XXe siècle, ventes du 23 et 24 novembre 2009, Paris, Binoche-Renaud-Giquello, 2009, reproduction dédicacée par Ubac à Irène Hamoir et notice n° 575, p. 190)
  7. Irène, Scut, Magritte & C°, Bruxelles, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, 1996, 558 p..
  8. fine-arts-museum.be

Articles connexes modifier