Une kunya (en arabe : كنية, kunyah)[1] est un teknonyme, c'est-à-dire un nom porté par un parent et qui fait référence à l'enfant. Ce type de nom est utilisé dans la culture arabe. Il s'agit du nom d'une personne adulte composé à partir du prénom de son fils ou de sa fille aîné.

Une kunya se construit par l'utilisation d'abou (père) ou d'oumm (mère) dans une construction génitive (iḍāfah (en)), c'est-à-dire « père de » ou « mère de »[2]. Elle s'utilise à la place, ou accompagnée, du prénom dans le monde arabe et dans le monde islamique plus généralement[2]. L'utilisation de la kunya est le signe d'une interaction proche mais qui reste respectueuse avec la personne ainsi désignée.

La kunya est l'un des éléments du nom arabe, un type d'épithète, désignant en théorie le fils ou la fille aîné de celui ou celle qui le porte. Mais par extension, il peut aussi tirer son origine de références hypothétiques ou métaphoriques, tel un nom de guerre ou un surnom, sans qu'il y ait de véritable référence à un fils ou une fille[3].

Usage général modifier

Abou ou Oumm précède le nom du fils ou de la fille, dans une construction génitive (ʼiḍāfa). L'équivalent français serait par exemple d'appeler un homme "Père de Jacques" si son fils aîné s'appelle Jacques. L'utilisation de la kunya implique normalement une certaine proximité entre le locuteur et la personne ainsi désignée, mais elle est plus polie que l'utilisation du prénom seul. La kunya est également fréquemment utilisée en référence aux hommes politiques et autres célébrités pour indiquer le respect. Barakah bint Tha'laba, l'esclave abyssine qui éleva de Mahomet est ainsi désignée sous le nom de Oumm Ayman, en référence à son fils aîné[4].

Une kunya peut aussi être un surnom exprimant l'attachement d'un individu à une certaine chose, c'est le cas s'agissant de Abu Bakr, "le père du chamelon", kunya qui a été donnée à ce compagnon du prophète Mahomet en raison de son affection pour les chameaux.

Lorsque l'on utilise la kunya en complément du prénom de la personne désignée, la kunya précède ce prénom. Ainsi on dira : abū Māzin Maħmūd, pour "Mahmud, le père de Mazen" (comme par exemple pour Mahmoud Abbas). En arabe classique, mais pas dans les formes dialectales[réf. nécessaire], abou peut changer et se retrouver sous les formes abā et abī ( accusatif et génitif, respectivement), selon la position de la kunya dans la phrase

Les hommes qui n'ont pas encore d'enfant sont souvent désignés par une kunya inventée. L'homme choisit alors sa propre kunya, souvent en référence à un personnage historique célèbre, parfois en référence à son père.

Kunya utilisée comme pseudonyme modifier

Une pratique spécifique s'est développée au sein des groupes arabes, ou de culture musulmane, évoluant dans la clandestinité. Les membres de ces groupes se servent de kunyas comme noms de guerre afin de masquer leur identité véritable[5].

Références modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

  1. Shahpurshah Hormasji Hodivala, Historical Studies in Mughal Numismatics, Numismatic Society of India, 1976 (republication de l’original de 1923).
  2. a et b Annemarie Schimmel, Islamic Names: An Introduction, Edinburgh University Press, .
  3. Pedzisai Mashiri, "Terms of Address in Shona: A Sociolinguistic Approach", Zambezia, XXVI (i), pp. 93–110, 1999
  4. Jean Henri Jaume Saint-Hilaire et Firmin. Didot, La flore et la pomone francaises :histoire et figure en couleur, des fleurs et des fruits de France ou naturalises sur le sol francais /par m. Jaume Saint-Hilaire ..., Chez l'auteur, rue Furstemberg,, (lire en ligne)
  5. Matthieu Suc, « «Ulysse» et les djihadistes, les dessous d’un attentat empêché », sur Mediapart (consulté le )