Ján Chryzostom Korec

cardinal de l'Église catholique romaine

Ján Chryzostom Korec, né le à Bošany (Slovaquie) et mort le , est un prélat jésuite slovaque, ordonné évêque clandestinement en 1951, tout en travaillant comme ouvrier dans un laboratoire chimique. Il reçoit le diocèse de Nitra en 1990, et est fait cardinal en 1991.

Ján Chryzostom Korec
Image illustrative de l’article Ján Chryzostom Korec
Ján Chryzostom Korec en 2005.
Biographie
Naissance
Bošany (Tchécoslovaquie)
Ordre religieux Compagnie de Jésus
Ordination sacerdotale
Décès (à 91 ans)
Nitra (Slovaquie)
Cardinal de l'Église catholique
Créé
cardinal
par le
pape Jean-Paul II
Titre cardinalice Cardinal-prêtre
de Ss. Fabiano e Venanzio a Villa Fiorelli
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par
Pavel Hnilica
Dernier titre ou fonction Évêque émérite de diocèse de Nitra (de)
Évêque de diocèse de Nitra (de)
Évêque clandestin en Slovaquie

Blason
(it) Notice sur www.vatican.va
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Biographie

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Jeunesse et formation

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Né dans une famille de travailleurs pauvres, Jan entre dans la Compagnie de Jésus le . Ses années de formation religieuse et sacerdotale coïncident avec la prise de pouvoir par les communistes (). En Tchécoslovaquie tout ce qui est œuvre catholique (journaux, écoles, organisations) est progressivement fermé ou interdit. Les chrétiens qui s’affichent tels sont exclus de l’administration et de l’enseignement.

Prêtre

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Dans la nuit du 13 au , les monastères et maisons religieuses sont envahis par la police, et leurs occupants expulsés. Ainsi en est-il également, à Trnava, pour l’étudiant en théologie Jan Korec. Après quelques mois en prison il est relâché et invité à trouver une occupation professionnelle. Tout en travaillant dans un laboratoire de chimie, il continue clandestinement ses études et est ordonné prêtre le ,

La présence des jésuites est désormais interdite en Tchécoslovaquie ; une forte répression est menée contre les évêques, prêtres, religieux et religieuses. Les évêques sont tous en prison ou en résidence surveillée.

Évêque clandestin

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Sous prétexte d’examen médical l’évêque de Roznava, Robert Pobozny, échappe à la surveillance de ses gardiens et parvient à consacrer comme évêque le jésuite Pavel Hnilica (). Dans son zèle à visiter et encourager les communautés chrétiennes clandestines Hnilica attire bientôt l’attention de la police. Il lui est conseillé - tant qu’il est encore libre - de consacrer un autre évêque. Le choix se porte sur le jeune prêtre Jan Chryzostom Korec.

D’abord très réticent celui-ci accepte dans un esprit d'obéissance et de service à l'Église cette charge très risquée. La nuit du , au cours d’une cérémonie simple et brève dans une pièce obscure et fermée à clef, Korec est consacré évêque par Pavel Hnilica. Il a 27 ans, et est le plus jeune évêque de l’Église, avec une des charges les plus dangereuses…

Évêque d’une église des catacombes, Korec est prudent et attentif. Pour l’état civil il est travailleur en usine « construisant une société socialiste juste et nouvelle ». Sa fidélité politique est régulièrement contrôlée car la police sait qu’il est ‘ancien’ jésuite. Sur le lieu de son travail il est progressivement déchu : d’assistant de laboratoire à travailleur manuel, et finalement gardien de nuit dans une usine chimique.

Parallèlement (et clandestinement) il prend contact avec d’anciens séminaristes. Pour eux il organise durant son temps libre un programme d’études personnelles de théologie, les préparant au sacerdoce et à un travail pastoral clandestin. Il ordonne prêtre plusieurs d’entre eux.

En prison

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Sa vraie identité est découverte en 1959. Il est arrêté, jugé et condamné, en , à 12 ans de travaux forcés pour trahison (à cause de ses contacts avec le monde capitaliste) et pour avoir ordonné des prêtres. Il contracte la tuberculose en prison où par ailleurs il continue son ministère sacerdotal dans la mesure du possible.

De prison il écrit à la Cour qui l’avait condamné : « Je ne peux admettre cette condamnation, puisqu’elle est une violation flagrante de la loi, de la Constitution et des droits civils. Je ne nie pas certaines actions. Mais j’insiste que, définitivement, elle n’étaient pas illégales et ne pouvaient en aucune manière être qualifiées de trahison. Personne n’a pu prendre au sérieux l’accusation d’association avec les capitalistes et les propriétaires. J’ai grandi dans une famille pauvre. Mon père était un invalide de guerre qui a passé cinquante années de sa vie comme ouvrier d’une tannerie (…) Par ailleurs ce n’est pas sans une certaine fierté que j’accepte l’accusation de fidélité au pape. Mais je maintiens que je n’ai besoin de la permission de personne pour cette fidélité ; c’est là un de mes droits civils de base (…) Dans mon appel je ne demande ni pitié ni faveur. Je demande la justice, la vérité et le respect de la loi »[1]. Cet appel reste sans réponse.

Printemps de Prague et conséquences

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La Tchécoslovaquie connait une courte période de liberté politique en 1968 : le printemps de Prague. Avec d’autres prisonniers politiques, Korec est libéré et « réhabilité ». Cette réhabilitation est cependant partielle, car il ne lui est toujours pas permis d’exercer son ministère sacerdotal et épiscopal. Son état de santé laisse à désirer et il doit faire un séjour à l’hôpital. Quand il en sort, il travaille comme balayeur de rue.

En 1969, il se rend à Rome où il est reçu par le pape Paul VI. Rencontre émouvante : Paul VI embrasse cet évêque-travailleur-prisonnier et lui offre sa propre croix pectorale. À son retour en Tchécoslovaquie, Korec doit reprendre - pour survivre - son travail comme ouvrier : il est magasinier dans la même usine chimique que précédemment. Il reste très surveillé.

En 1974, sa réhabilitation est annulée et il retourne poursuivre sa peine en prison avant d'être à nouveau libéré quatre ans plus tard (en 1978) à cause de son état de santé. Il arrive à l’âge de la pension comme « liftier » ; officiellement il est « travailleur à la retraite ». Il a un grand prestige dans son pays. Ses paroles sont écoutées avec respect et attention. Il jouit d’une plus grande liberté, mais son ordination épiscopale n’est pas reconnue par le gouvernement.

En mai 1986, il est fait doctorat honoris causa de la faculté de droit de l’université Notre-Dame aux États-Unis, qui reconnaît en lui « un véritable exemple de courage chrétien dans la défense des droits de l'homme ».

Après la chute du communisme

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Après la chute du régime communiste - et 39 ans après avoir été consacré évêque - Korec reçoit finalement un diocèse : il est nommé évêque de Nitra le , une charge qu’il occupe jusqu'à l'âge de 81 ans, donnant sa démission le .

Cardinal

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Il est créé cardinal par le pape Jean-Paul II lors du consistoire du avec le titre de cardinal-prêtre de Santi Fabiano e Venanzio a Villa Fiorelli.

Il perd sa qualité d'électeur le jour de ses 80 ans le , c'est pourquoi il ne peut pas participer aux votes des conclaves de 2005 (élection de Benoît XVI) et de 2013 (élection de François).

Il meurt le à l'âge de 91 ans[2].

Notes et références

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  1. Cité d'après l'Annuaire de la Compagnie de Jésus, , p. 22
  2. « Décès du cardinal Korec, figure de "l'Église du silence" », sur radiovaticana.va (consulté le ).

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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