Insurrection communiste malaise

conflit armé (1948-1960)

L'insurrection communiste malaise (la situation étant désignée en anglais sous le nom de Malayan Emergency, État d'urgence malais) s'est déroulée à partir de 1948 sur le territoire de l'actuelle Malaisie, encore colonie britannique. L'état d'urgence, déclaré par le gouvernement colonial britannique de la Malaisie en 1948 contre l'insurrection menée par l'Armée de libération des peuples de Malaisie du Parti communiste malais, n'a été levé que le , par le gouvernement de la Malaisie indépendante.

Insurrection communiste malaise
Description de cette image, également commentée ci-après
Policiers britanniques questionnant un civil durant l'état d'urgence le 23 avril 1949.
Informations générales
Date 1948 - 1960
Lieu Malaisie britannique, puis Fédération de Malaisie
Casus belli Soulèvement du Parti communiste malais
Issue
  • Indépendance de la Malaisie en 1957
  • Victoire du gouvernement malais sur les communistes
Belligérants
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande

Drapeau de la Malaisie Fédération de Malaisie
Drapeau de la Rhodésie du Sud Rhodésie du Sud
Drapeau de la fédération de Rhodésie et Nyassaland Fédération de Rhodésie et du Nyassaland

Drapeau des Fidji Fidji
Colonies britanniques d'Afrique de l'Est
Parti communiste malais
Armée de libération des peuples de Malaisie
Commandants
Drapeau du Royaume-Uni Harold Briggs
Drapeau du Royaume-Uni Roy Urquhart
Drapeau du Royaume-Uni Henry Gurney (en)
Drapeau du Royaume-Uni Gerald Templer
Drapeau de l'Australie Henry Wells
Chin Peng (en)

Guerre froide

Contexte historique

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Avro Lincoln du No. 1 Squadron RAAF de la Royal Australian Air Force bombardant des positions communistes dans la jungle malaise, 1950.

Après l'invasion japonaise et la période d'occupation qui s'est ensuivie durant la Seconde Guerre mondiale, le sentiment d'indépendance est devenu de plus en plus populaire parmi la population malaisienne. En 1946, les Britanniques réunissent les États malais et les British Settlements de Malacca et Penang en une seule colonie, l'Union malaise (Malayan Union). Cette Union n'inclut donc pas Singapour, que les Britanniques avaient pourtant jusque-là considéré comme une partie de la Malaisie. On peut penser que sa population, à 80 % chinoise, refuserait la prépondérance malaise dans une telle union. Cette même année, le protectorat de Bornéo du Nord devient colonie de la Couronne. Charles Vyner Brooke, petit-neveu de James, abdique et Sarawak devient aussi colonie de la Couronne.

Devant l'opposition des nationalistes malais, l'Union est dissoute et remplacée en 1948 par une « Fédération de Malaisie » (en anglais Federation of Malaya, en malais Persekutuan Tanah Melayu), qui rétablit la position symbolique des souverains des États malais. Au sein de cette fédération, les États malais sont des protectorats du Royaume-Uni, alors que Malacca et Penang restent des colonies de la couronne. La fédération impose une citoyenneté unique, afin de s'assurer la loyauté des Chinois et d'Indiens suspectés d'un patriotisme très mesuré. Toutefois, des désastres économiques, favorisent l'émergence de mouvements communistes qui lancent une insurrection dès le contre le gouvernement malais.

Déroulement et intervention britannique

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L'état d'urgence, déclaré en 1948, a entraîné la suppression des droits civils, l'octroi de pouvoirs spéciaux à la police, et d’autres mesures visant à la suppression de partis radicaux de gauche, en particulier le Parti communiste malais (en langue anglaise : Malayan Communist Party ou MCP). La guérilla fut un épisode du long conflit entre le MCP et le pouvoir colonial, commençant en 1945 et se poursuivant contre le gouvernement malais jusqu’à la signature d’un traité de paix en décembre 1989. La MNLA était la branche militaire du MCP, s’appuyant sur le Min Yuen (Organisation de masse).

Au début du conflit, les Britanniques disposaient de seulement 13 brigades d'infanterie en Malaisie, ce qui s'avérait insuffisant pour contrer les insurgés communistes. Des unités des Royal Marines et du King's African Rifles ainsi qu'une formation de Special Air Service (SAS) sont déployées en 1950.

À la fin du conflit, 40 000 soldats britanniques et du Commonwealth (Australie et Nouvelle-Zélande notamment) étaient ainsi mobilisés contre 7 000 à 8 000 guérilleros communistes. Notons l'usage du défoliant agent Orange entre 1952 et fin 1954[1],[2].

Les forces aériennes sont largement mobilisés, allant des bombardiers quadrimoteurs datant de la Seconde Guerre mondiale au début du conflit jusqu'aux avions à réaction. Ainsi de 1958 à 1960, les CAC Sabres de la 78e escadre (en) de la RAAF, comprenant les escadrons 3 et 77, exécutèrent plusieurs sorties d'attaque au sol contre les insurgés communistes en Fédération de Malaisie.

Les pertes des forces armées britanniques se sont élevées à 1 443 tués[3].

Bilan de l'insurrection

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Membres de la Senoi Praaq ("hommes de guerre"), recrutés parmi les Orang Asli du groupe des Senoi et chargés de la lutte contre la guérilla communiste (photo prise en 1953).

Après plus d'une dizaine d'années de guérilla, les forces gouvernementales parviennent à mater la rébellion communiste, qui se solde par l'exil de Chin Peng (en), dirigeant du Parti communiste malais. Près de 1 400 soldats, 6 700 rebelles et 2 500 civils ont péri au total lors de l'insurrection.

 
Tract largué sur les insurgés les invitant à se présenter avec un fusil-mitrailleur Bren et recevoir une récompense de 1 000 $.

Gerald Walter Robert Templer, officier de l'armée britannique, contribue grandement à la répression de l'insurrection, entre 1952 et 1954 : « la jungle a été neutralisée », déclara-t-il à l'époque dans un article du Time Magazine en 1952. Templer assuma par la suite les fonctions de Chief of the Imperial General Staff — chef de l'État-major général impérial — de 1955 à 1958 et fut fait Field Marshal.

Notes et références

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  1. Clyde Haberman, « Agent Orange’s Long Legacy, for Vietnam and Veterans », The New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. Lion Olivier, « Des armes maudites pour les sales guerres ? L’emploi des armes chimiques dans les conflits asymétriques », Stratégique, vol. 2009/1, nos 93-94-95-96,‎ , p. 491-531 (lire en ligne).
  3. « Après une année blanche en 2016, un soldat britannique tué le 2 janvier en Irak », sur Ouest-France, (consulté le ).

Annexes

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Articles connexes

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Bibliographie

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Monument commémoratif de l'insurrection.
  • (en) Leon Comber, Intelligence and National Security, 18 : 3, , « The Malayan Security Service (1945–1948) », p. 128–153
  • (en) Leon Comber, Intelligence and National Security, 21 : 1, février, 2006, « The Malayan Special Branch on the Malayan-Thai Frontier during the Malayan Emergency », p. 77–99
  • Leon Comber, PhD dissertation, Monash University, Melbourne, ISEAS (Institute of SE Asian Affairs, Singapore) and MAI (Monash Asia Institute), , « Malaya's Secret Police 1945–60. The Role of the Special Branch in the Malayan Emergency »
  • (en) Karl Hack, Intelligence and National Security, , « Corpses, Prisoners of War and Captured documents: British and Communist Narratives of the Malayan Emergency, and the Dynamics of Intelligence Transformation »
  • (en) Karl Hack et Chin, C. C., Dialogues with Chin Peng : New Light on the Malayan Communist Party,
  • (en) Roy Jumper, Death Waits in the "dark" : The Senoi Praaq, Malaysia's Killer Elite, Westport, Greenwood Press, , 1re éd., 210 p. (ISBN 978-0-313-31515-2, lire en ligne)
  • (en) John A. Nagl, Learning to Eat Soup with a Knife : Counterinsurgency Lessons from Malaya and Vietnam, Chicago, University of Chicago, , 249 p., poche (ISBN 978-0-226-56770-9)
  • (en) Anthony Short, The Communist Insurrection in Malaya 1948–1960. London and New York: Frederick Muller. Reprinted (2000) as In Pursuit of Mountain Rats. Singapour, 1975.
  • (en) Richard Stubbs, Hearts and Minds in Guerilla Warfare : The Malayan Emergency 1948–1960, Eastern University, , 300 p. (ISBN 978-981-210-352-9)
  • (en) Robert Taber, War of the flea : the classic study of guerrilla warfare, Washington, Brassey's, , 1re éd., 199 p., poche (ISBN 978-1-57488-555-2)

Liens externes

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