Hyperplasie

volume anormalement important d'un tissu organique ou d’un organe, due à l'augmentation du nombre de ses cellules
Hyperplasie
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MedlinePlus 003441
MeSH D006965

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L'hyperplasie est un terme médical désignant une hypergénèse ; un volume anormalement important d'un tissu organique ou d’un organe, due à l'augmentation du nombre de ses cellules (prolifération cellulaire)[1]. Ceci peut entraîner l'hypertrophie d'un organe.

C'est une réponse prénéoplasique courante à un stimulus[2].

Au microscope, les cellules ressemblent à des cellules normales mais anormalement nombreuses. Parfois, la taille des cellules elle-même est aussi anormalement grosse[3] (hypertrophie cellulaire, qui diffère de l'hyperplasie en ce que le changement (adaptatif ou réactif) des cellules dans l'hypertrophie est une augmentation de la taille des cellules, alors que l'hyperplasie implique une augmentation du nombre de cellules)[4].

Étymologie, sémantique modifier

Le mot hyperplasie vient du grec ancien ὑπέρ (uper ; « sur ») et πλάσις (plasis, « formation »),

Il est parfois synonyme de néoplasie bénigne ou de tumeur bénigne[5].

Causes modifier

L'hyperplasie peut avoir des causes ou circonstances très diverses, dont principalement[6] :

  • la prolifération de la couche basale de l'épiderme pour compenser une perte de peau ;
  • une réponse inflammatoire chronique ;
  • certains dysfonctionnements hormonaux ;
  • cicatrisation à la suite de blessures, lésions, fractures, etc. ;
  • maladies.

Mécanismes modifier

Deux cas sont à distinguer :

  • l'hyperplasie physiologique normale, qui est une réponse physiologique (normale ou non) à un stimulus spécifique. Les cellules d'une croissance hyperplasique restent alors soumises à des mécanismes de contrôle régulateurs normaux[5]. Dans ces cas, l'hyperplasie est naturelle, ou bénigne pour les tissus.
    Ainsi chez tous les mammifères la croissance et la multiplication des cellules glandulaires sécrétant le lait dans le sein ou les mamelles est une réponse hyperplasique normale et nécessaire lors de la grossesse, préparant le processus d'allaitement[7] ;
  • les hyperplasies pathologique, induites par un stimulus anormal (ex. : perturbation hormonale, production ou apport anormal d'un facteur de croissance. Les cellules hyperplasies sont alors toujours contrôlées par des hormones ou facteurs de croissance, et elles cessent de proliférer quand le stimulus disparait[8].

On parle de néoplasie : est le processus sous-jacent au cancer et aux tumeurs bénignes où des cellules génétiquement mutées parviennent à proliférer d'une manière non-physiologique, ne répondant plus aux stimuli régulateurs de l'organisme[9].

Diagnostic modifier

Il est souvent d'abord visuel (taille anormal d'un organe, d'une glande, hyperkératoseetc.), ou se fait lors d'une palpation (hyperplasie sensible au toucher...) ; il est confirmé par la microscopie ou d'autres analyses biologiques.
Dans le cas de l'hyperplasie endométriale, un frottis vaginal et/ou une biopsie peuvent être faits sur le tissu endométrial même.
Pour la maladie de Cushing, le dosage de cortisol salivaire à un niveau élevé « tard dans la nuit » permet de la détecter chez de nombreux patients[10].

Types d'hyperplasie modifier

 
Hyperplasie de la muqueuse interne de la lèvre inférieure dans le cas de la maladie de Heck
 
Patient avec hémi-hyperplasie impliquant des membres supérieure et inférieure plus longs du côté droit. L'inégalité de longueur des membres inférieurs cause une inclinaison pelvienne marquée
 
Exemple de Gigantomastie (années 1910) [11]
 
Patiente présentant une hémi-Hyperplasie du sein ou Hémi-Hypermastie[12]

Les cas cliniques les plus fréquents d'hyperplasie ou susceptibles de conduire à une hyperplasie sont :

  • hypertrophie bénigne de la prostate (fréquent après 55 ans)[13] ;
  • maladie de Cushing (excès chronique de sécrétion de cortisol et secondairement d'ACTH (hormones adrénocorticotropes), souvent induit par des adénomes cortico-surrénaliens)[14] ;
  • hyperplasie congénitale des surrénales (trouble héréditaire de la glande surrénale[15] ;
  • hyperplasie de l'endomètre (Hyperprolifération de l'endomètre dans l'utérus, souvent en réponse à une stimulation œstrogénique sans opposition dans le cadre du syndrome des ovaires polykystiques ou de l'administration exogène d'hormones. L'hyperplasie endométriale atypique peut être un processus néoplasique précoce évoluant en adénocarcinome endométrial[16],[8] ;
  • hemi-hyperplasie ou hémihypertrophie (cf. photo), quand d'un côté du corps les membres sont plus grand que de l'autre côté[17] ;
  • hyperplasie du sein ou Hypermastie ou Gigantomastie dans les cas extrêmes ; on distingue l'hyperplasie canalaire habituelle, qui est une expansion focale du nombre de cellules dans un canal mammaire terminal, de l'hyperplasie canalaire atypique, où un schéma de croissance plus anormal est observé, associée à un risque accru de cancer du sein[18] ;
  • hyperplasie intimale (épaississement de la tunique intima d'un vaisseau sanguin, généralement une complication d'un acte de reconstruction ou d'une endartériectomie. L'hyperplasie intimale est la réponse universelle d'un vaisseau sanguin à une lésion et c'est une cause importante d'échec de greffe tardive, en particulier dans les veines et les greffes vasculaires synthétiques[19] ;
  • hyperplasie hépatique compensatoire (le foie subit une division cellulaire à la suite d'une lésion aiguë, les nouvelles cellules rétablissant la fonction hépatique ; environ 75 % du foie peut être gravement endommagé ou réséqué avec une régénération apparemment complète grâce à la division des hépatocytes (qui est une hyperplasie) ; ceci a rendu possible la transplantation de foie de donneurs vivants[20] ;
  • hyperplasie épidermique de la peau : hyperkératose, Acanthosis nigricans, Hyperplasie sébacée (petites excroissances jaunâtres se formant sur la peau, sur le visage en général, bénignes et non-contagieuse)[21] ;
  • hyperplasie épithéliale focale (= maladie de Heck) ; papules apparaissant dans les tissus muqueux de la bouche ou plus rarement, de la gorge, causée par certains sous-types du virus du papillome humain [22] (le HPV13–32)[23]. La maladie de Heck est commune chez les inuits et amérindiens et rare chez des Caucasiens d'Amérique, d'Europe et du Moyen-Orient, chez des Noirs d'Afrique et chez des aborigènes d'Australie et de Polynésie ; et elle semble très rare ou absente en Extrême-Orient[24]. Elle n'est pas connue pour provoquer le cancer[25].

Traitement modifier

Il concerne les cas pathologiques, et consiste par exemple pour une hyperplasie bénigne de la prostate, à combiner des bloqueurs des récepteurs alpha-1 et des inhibiteurs de la 5-alpha-réductase[26].

Exemples modifier

  • les tissus cicatriciels présentent davantage de tissus conjonctifs de soutien que les tissus non lésés, expliquant la densité et le volume plus importants des cicatrices, mais aussi certains problèmes chirurgicaux car la régénération tissulaire peut parfois pâtir de cette hyperplasie cicatricielle[27] ;
  • des hyperplasies découlent de certaines maladies (ex. : goître dans les syndromes immunitaires touchant la thyroïde) ;
  • un tissu peut croître en réponse à des stimuli ou des besoins de l'organisme (ex. : hyperplasie du tissu adipeux de l'hypoderme chez les personnes atteintes de diabète ou en surpoids).

L'hyperplasie est à différencier de l’hypertrophie, laquelle désigne :

  • soit l'augmentation du volume d'une cellule (qui peut éventuellement causer une augmentation de volume au niveau macroscopique comme pour certaines pommes) ;
  • soit l'évolution par augmentation de volume d'un organe au sein d'une lignée ou d'une espèce (ex. : les canines hypertrophiées du smilodon).

Utilisation modifier

Certains agents dopant utilisés par certains sportifs ou culturistes visent à doper la production de certaines cellules (sanguines, musculaires…) ; ainsi l'IGF induit une division des cellules musculaires[28] et conduit à une hypertrophie des muscles squelettiques[29],[30]. La musculation (avec ou sans utilisation de stéroïdes anabolisants) permet à ces nouvelles cellules de mûrir en taille et en force. L'hyperplasie peut aussi être induite par certains exercice qui augmentent le nombre de fibres musculaires et pas seulement le volume et la longueur des fibre[31].

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Levine G.D & Rosai J (1978) Thymic hyperplasia and neoplasia: a review of current concepts. Human pathology, 9(5), 495-515.

Notes et références modifier

  1. « Hyperplasia: MedlinePlus Medical Encyclopedia », sur www.nlm.nih.gov (consulté le )
  2. James F. Zachary et M. Donald McGavin, Pathologic Basis of Veterinary Disease, Elsevier Health Sciences, (ISBN 9780323291729, lire en ligne)
  3. Carie Ann Braun et Cindy Miller Anderson, Pathophysiology: Functional Alterations in Human Health, Lippincott Williams & Wilkins, (ISBN 9780781762502, lire en ligne)
  4. Emanuel Rubin et Howard M. Reisner, Essentials of Rubin's Pathology, Lippincott Williams & Wilkins, (ISBN 9780781773249, lire en ligne)
  5. a et b K. Sembulingam et Prema Sembulingam, Essentials of Medical Physiology, JP Medical Ltd, (ISBN 9789350259368, lire en ligne)
  6. Carol Porth, Essentials of Pathophysiology: Concepts of Altered Health States, Lippincott Williams & Wilkins, (ISBN 9781582557243, lire en ligne)
  7. Frederick Dirbas et Carol Scott-Conner, Breast Surgical Techniques and Interdisciplinary Management, Springer Science & Business Media, (ISBN 9781441960764, lire en ligne)
  8. a et b Kumar, V., Abbas, A., Aster, J., Robbins Basic Pathology, Philadelphia, USA, Elsevier, , 4 p. (ISBN 9780808924326)
  9. Waun Ki Hong et William N. Hait, Holland Frei Cancer Medicine Eight, PMPH-USA, (ISBN 9781607950141, lire en ligne)
  10. Cushing's Syndrome: New Insights for the Healthcare Professional: 2013 Edition: ScholarlyBrief, ScholarlyEditions, (ISBN 9781481651837, lire en ligne)
  11. Deaver John B. (John Blair), (1917) The breast: its anomalies, its diseases, and their treatment
  12. Source : John Chalmers (1919) Modern surgery, general and operative
  13. « Prostate Enlargement: Benign Prostatic Hyperplasia », sur www.niddk.nih.gov (consulté le )
  14. « Cushing disease: MedlinePlus Medical Encyclopedia », sur www.nlm.nih.gov (consulté le )
  15. « Congenital adrenal hyperplasia: MedlinePlus Medical Encyclopedia », sur www.nlm.nih.gov (consulté le )
  16. « Endometrial Hyperplasia - ACOG », sur www.acog.org (consulté le )
  17. « Hemihyperplasia - Glossary Entry », sur Genetics Home Reference (consulté le )
  18. Frederick C. Koerner, Diagnostic Problems in Breast Pathology, Elsevier Health Sciences, (ISBN 978-1416026129, lire en ligne)
  19. Vladimir M Subbotin, « Analysis of arterial intimal hyperplasia: review and hypothesis », Theoretical Biology & Medical Modelling, vol. 4,‎ , p. 41 (ISSN 1742-4682, PMID 17974015, PMCID 2169223, DOI 10.1186/1742-4682-4-41)
  20. Vinay Kumar, Abul K. Abbas et Jon C. Aster, Robbins & Cotran Pathologic Basis of Disease, Elsevier Health Sciences, (ISBN 9780323296359, lire en ligne)
  21. Colby Craig Evans et Whitney A. High, Skin Diseases in the Elderly: A Color Handbook, CRC Press, (ISBN 9781840766158, lire en ligne)
  22. Pfister H & al. (1983) Characterization of human papillomavirus type 13 from focal epithelial hyperplasia Heck lesions. Journal of virology, 47(2), 363-366.
  23. L. Youcef (2014) Efficacité du laser à colorant pulsé dans l’hyperplasie épithéliale focale « maladie de Heck » Annales de dermatologie et de vénéréologie ; Volume 141, Issue 12, Supplément décembre ; Page s491
  24. Praetorius-Clausen F (1973) Geographical aspects of oral focal epithelial hyperplasia. Pathobiology, 39(3-4), 204-213 (résumé).
  25. Swapan Kumar Purkait, Essentials of Oral Pathology, JP Medical Ltd, (ISBN 9789350252147, lire en ligne)
  26. « Benign Prostatic Hypertrophy Treatment & Management: Approach Considerations, Combination Therapy, Minimally Invasive Treatment », sur Medscape, eMedicine (consulté le )
  27. « Traumatic neuroma and scar tissue »(en)
  28. Phillip Gardiner, Advanced Neuromuscular Exercise Physiology, Human Kinetics (ISBN 9781450412278, lire en ligne)
  29. Jordan D. Metzl et Carol Shookhoff, The Young Athlete: A Sports Doctor's Complete Guide for Parents, Little, Brown, (ISBN 9780316086738, lire en ligne)
  30. Britannica Educational Publishing, The Endocrine System, Britannica Educational Publishing, (ISBN 9781615307319, lire en ligne)
  31. Carolyn Kisner et Lynn Allen Colby, Therapeutic Exercise: Foundations and Techniques, F.A. Davis, (ISBN 9780803638976, lire en ligne)