Guerre radiologique

Forme de guerre s'appuyant sur l'empoisonnement par radioactivité

Une guerre radiologique est un conflit armé où des matériaux radioactifs sont délibérément utilisés afin d'empoisonner ou de contaminer une zone.

Un exercice de guerre chimique, biologique et radiologique.

Les armes radiologiques sont en général catégorisées comme des armes de destruction massive (ADM)[1] même si les armes radiologiques peuvent cibler des personnalités individuelles, comme dans le cas d'Alexandre Litvinenko, que le FSB a empoisonné par des radiations avec du polonium 210[2].

De nombreux pays ont montré leur intérêt envers des programmes d'armes radiologiques ; plusieurs ont mené à bien ces programmes et trois ont entrepris des tests d'armes radiologiques[3].

Bombes salées modifier

Une bombe salée est une arme nucléaire dotée d'importantes quantités de produits salés métalliques, inertes sur le plan radiologique. Les produits de guerre radiologique sont issus de la capture neutronique par les matières salées de la radiation neutronique (en) émise par l'arme nucléaire. Ce procédé évite les problèmes de stockage relatifs aux matériaux hautement radioactifs[4]. Ce type d'arme produit des retombées radioactives plus intenses que les armes nucléaires classiques : les bombes radiologiques peuvent rendre une zone impropre à l'habitation sur une longue durée.

La bombe au cobalt est un exemple d'arme se prêtant à la guerre radiologique, car le cobalt 59 est converti en cobalt 60 par capture neutronique. Initialement, les rayons gamma issus des produits de fission d'une bombe (en supposant que la quantité de particules de poussière radioactive générée seraient équivalentes) sont nettement plus intenses que le cobalt-60 : 15 000 fois plus intenses sur une heure, 35 fois plus sur une semaine, cinq fois plus sur un mois, et équivalents sur six mois. Puis la fission décroît à toute vitesse, et les retombées du cobalt-60 sont huit fois plus intenses que celles issues de la fission sur un an et 150 fois plus intenses sur cinq ans[5].

D'autres modèles ont examiné des variantes de bombes salées qui ne sont pas composées de cobalt[6],[7]. Par exemple, le salage du sodium-24 (en) : en raison de sa demi-vie de 15 heures, il provoque d'intenses radiations[8],[9].

Explosions nucléaires en surface modifier

Une explosion aérienne (en) est recherchée si les effets du rayonnement thermique et de l'onde de souffle (en) doivent être maximaux. Les armes nucléaires, tant à fission qu'à fusion, contaminent le site de la détonation avec des radiations neutroniques, ce qui entraîne l'activation neutronique des matériaux. Les bombes à fissions contribuent également aux résidus issus de la bombe. En faisant éclater ces bombes au niveau de la surface ou au-dessus, le sol est pulvérisé, il devient radioactif et, lorsqu'il refroidit et se condense en particules, il engendre d'importantes retombées radioactives[10].

Dispositifs de dispersion modifier

Par rapport aux armes radiologiques citées ci-dessus, il existe une version très simplifiée : la « bombe sale » ou « dispositif radiologique de dispersion », dont l'objectif est de répandre des poussières radioactives sur une zone. La libération des matières radioactives peut se passer d'une « arme » particulière ou d'une force associées, comme une explosion, et n'entraîner aucune mort directe ; toutefois, la bombe sale peut rendre inutilisables des zones ou infrastructures entières. Les particules radioactives peuvent être diffusées lentement sur une secteur étendu et les victimes risquent de mettre du temps à prendre conscience qu'une attaque radiologique est en cours, surtout en l'absence d'appareils de détection de la radioactivité (en)[11].

La guerre radiologique au moyen de bombes sales peut être présente à des fins de terrorisme pour semer ou renforcer la terreur. Concernant ces armes, les États-nations peuvent aussi propager des rumeurs et des désinformations pour inspirer la panique[12].

Notes et références modifier

  1. William Safire, « On Language; Weapons of Mass Destruction », sur The New York Times, (consulté le )
  2. (en-GB) Esther Addley et Luke Harding, « Key findings: who killed Alexander Litvinenko, how and why », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  3. Samuel Meyer, Sarah Bidgood et William C. Potter, « Death Dust: The Little-Known Story of U.S. and Soviet Pursuit of Radiological Weapons », International Security, vol. 45, no 2,‎ , p. 51–94 (ISSN 0162-2889, DOI 10.1162/isec_a_00391  )
  4. Samuel Glasstone, The Effects of Nuclear Weapons, U.S. Department of Defense, U.S. Atomic Energy Commission, , 464–465 p. (lire en ligne) :

    « 9.111 Even if a radioisotope with suitable properties and which could be readily manufactured were selected as a radiological warfare agent, the problems of production, handling, and delivery of the weapon emitting intense gamma radiation would not be easily solved. In addition, stockpiling the radioactive material would present a difficulty. ... 9.112 Instead of preparing and stockpiling the contaminating agent in advance, with its attendant difficulties, the radioactive substances are produced by fission at the time of the explosion. Radiological warfare has thus become an automatic extension of the offensive use of nuclear weapons of high fission yield. »

  5. Carey Sublette, « Nuclear Weapons Frequently Asked Questions (Section 1) » (consulté le )
  6. Samuel Glasstone, The Effects of Nuclear Weapons, U.S. Department of Defense, U.S. Atomic Energy Commission, , 464–465 p. (lire en ligne) :

    « 9.110 ... To be effective, a radiological warfare agent should emit gamma radiations and it should have a half-life of a few weeks or months. Radioisotopes of long half-life give off their radiations too slowly to be effective unless large quantities are used, and those of short half-life decay too rapidly to provide an extended hazard. »

  7. Carey Sublette, « Types of Nuclear Weapons – Cobalt Bombs and Other Salted Bombs » [archive du ], Nuclear Weapons Archive Frequently Asked Questions, (consulté le )
  8. « Science: fy for Doomsday », Time,‎ (lire en ligne [archive du ]  )
  9. W. H. Clark, « Chemical and Thermonuclear Explosives », Bulletin of the Atomic Scientists, vol. 17, no 9,‎ , p. 356–360 (DOI 10.1080/00963402.1961.11454268, Bibcode 1961BuAtS..17i.356C)
  10. Samuel Glasstone, The Effects of Nuclear Weapons, U.S. Department of Defense, U.S. Atomic Energy Commission, , 28–47,109–116,414,465 (lire en ligne) :

    « (page 465) 9.112 ... The explosion of such devices at low altitudes can cause radioactive contamination over large areas that are beyond the range of physical damage. Consequently, they are, in effect, weapons of radiological warfare. »

  11. Lynn E. Davis, Tom LaTourette, David E. Mosher, Lois M. Davis, David R. Howell, Individual Preparedness and Response to Chemical, Radiological, Nuclear, and Biological Terrorist Attacks, RAND Corporation, , 30–31 p. (lire en ligne)
  12. Earl P. Stevenson, E. Gordon Arneson, Eric G. Ball, Jacob L. Devers, Willis A. Gibbons, Fredrick Osborn, Arthur W. Page, Report of the Secretary of Defense's Ad Hoc Committee on Chemical, Biological and Radiological Warfare, (lire en ligne), p. 18,22

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

Liens externes modifier