Guerre des Réunions

conflit court entre la France de Louis XIV et l'Espagne (1683-1684)
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La guerre des Réunions (1683-1684) est un court conflit entre la France de Louis XIV d'une part et l'Espagne et ses alliés d'autre part. Cette guerre est un épisode peu connu du règne de Louis XIV et s'inscrit dans la politique des Réunions au royaume de France d'enclaves et de dépendances territoriales dont les limites étaient encore mal définies par les traités internationaux. Dès 1670, Louis XIV demanda à des chambres de réunions d'étudier si la France avait reçu toutes les dépendances qui lui étaient dues. Ces chambres réclamèrent la réunion à la France d'un certain nombre de territoires supposés dépendre de ses possessions.

Guerre des Réunions

Informations générales
Date
Lieu Pays-Bas espagnols
Issue Victoire française
Belligérants
Drapeau du royaume de France Royaume de France Drapeau de l'Espagne Monarchie espagnole
Commandants
Louis XIV
Louis de Crevant
Charles II

Guerres de Louis XIV

Batailles

Cette guerre est une conséquence directe de la guerre de Dévolution et de la guerre de Hollande. Les traités qui mirent fin à ces guerres, tout comme le traité antérieur de Westphalie, avaient laissé à la France de nombreuses villes. La coutume voulait que le souverain qui prenait possession d'une ville, recevait également le territoire rural des alentours qui fournissait, entre autres, la subsistance à cette ville. Le cas le plus frappant est la situation de l'Alsace. Cette région était, au XVIIe siècle, une véritable mosaïque de territoires différents. En 1648, la France avait annexé le territoire appartenant précédemment aux Habsbourg d'Autriche : le Sundgau. C'est un territoire relativement peu étendu au sud de Mulhouse. Le traité de Nimègue n'a pas vraiment changé la donne territoriale mais Louis XIV entendait avoir la pleine souveraineté de la France pour ces territoires qui dépendaient encore du Saint-Empire romain germanique. Dès 1679, les chambres de réunion ont été chargées d'enquêter sur ces territoires. Les mêmes procédures ont été suivies à la frontière luxembourgeoise et avec les Pays-Bas espagnols.

Les Espagnols, possédant les Pays-Bas méridionaux, s'opposent à cette menace croissante et adressent un ultimatum à Louis XIV en 1683. Mais l'Espagne demeure isolée. La République néerlandaise refuse de s'engager, à peine cinq ans après la fin du conflit précédent, sur fond de contentieux politique entre les négociants d'Amsterdam, favorables à la paix, et le stathouder Guillaume III d'Orange, favorable à la guerre. L'Autriche des Habsbourg est également dans l'impossibilité d'aider ses cousins de Madrid, puisqu'au même moment les Turcs ottomans assiègent Vienne.

En , Louis XIV s'empare de Courtrai dans les Pays-Bas espagnols, et en de Luxembourg (continuation de la politique des Réunions). En , la flotte française bombarde et incendie le port de Gênes en Italie, ville soutenant l'Espagne avec sa marine. Devant une telle détermination française, les Provinces-Unies, pourtant menacées par l'avancée de la France dans les Pays-Bas espagnols, rompent leur alliance avec l’Espagne des Habsbourg (). L'empereur Léopold Ier, par la trêve de Ratisbonne du , accepte les acquisitions de Louis XIV en Alsace et reconnait celles des Pays-Bas espagnols. L'Espagne, n'ayant pas d'autres choix et face à son isolement, fait de même le . Ces acquisitions sont conclues pour un délai de vingt ans. Ce qui signifie que les puissances, pour gagner du temps, et occupées par le péril ottoman, reconnaissent à la France son droit à occuper Luxembourg, Strasbourg, le nord de l'Alsace et la Sarre jusqu'en 1704.

Ce succès est amplement célébré en France. Louis XIV n'aura de cesse de vouloir transformer cette trêve en véritable paix, pour que ces occupations soient reconnues comme des annexions définitives. Il faudra le traité de Ryswick pour que Louis XIV réalise en partie cet objectif, avec l'annexion définitive de toute l'Alsace et de la Sarre, mais en rétrocédant à l'Espagne le Luxembourg plus tôt que prévu.

Charles Le Brun, L’Espagne défaite, vers 1684.

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