Félix Moureu, (1849-1928), né à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), pharmacien, est un homme politique français. Maire de Biarritz de 1895 à 1904, il contribue grandement à l’essor de sa ville au tournant du XXe siècle. Pendant son mandat, plusieurs réalisations importantes voient le jour, notamment la reconstruction du casino et de l’établissement de bains, ainsi que celle de l’église Sainte-Eugénie.

Félix Moureu
Fonctions
Maire de Biarritz du 27 avril 1895 au 15 mai 1904
Biographie
Naissance

Mourenx (Pyrénées Atlantiques)
Décès
(à 78 ans)
Biarritz (Pyrénées Atlantiques)
Parentèle
Frère de Charles Moureu ; oncle d’Henri Moureu
Autres informations
Distinction
Chevalier de la Légion d’Honneur ; officier de l’Instruction publique ; palme des vétérans de 1870 ; officier des ordres de Charles III, de François-Joseph, de Takovo, de Gustave Wasa, de Saint-Olaff

Biographie modifier

Une enfance pyrénéenne modifier

Michel Félix Moureu naît à Mourenx (Pyrénées Atlantiques), le [1] au sein d’une famille d’agriculteurs béarnais. Son père est Vincent Moureu (propriétaire principal et maire de Mourenx), et sa mère Anne Lalanne, ménagère, originaire de Lahourcade (Pyrénées Atlantiques). Il est le troisième enfant d’une fratrie de sept, parmi lesquels son jeune frère Charles Moureu, qui deviendra un savant chimiste reconnu.

Le , à l’âge de 24 ans, Félix Moureu se marie en premières noces avec Marie Salles[2], avec laquelle ils ont trois enfants, les deux premiers décédés en bas-âge (Eugène, né en 1876, décédé à deux mois, Joseph, né en 1877, décédé à un jour), et le troisième Jean, né en 1878.

Une carrière de pharmacien modifier

Dans les années 1850, les deux oncles paternels de Félix, Jean-Lambert et François, tiennent à Bayonne la pharmacie « Moureu Frères », sous le nom de « Pharmacie centrale de Bayonne »[note 1]. En 1858, Jean-Lambert Moureu se marie avec Marie Zoé Caroline Piussan, fille de Pierre Piussan, pharmacien, natif comme lui de Mourenx, qui avait ouvert en 1852 la première officine pharmaceutique à Biarritz dans un local prêté par la mairie. Au décès de celui-ci, Jean-Lambert reprend l’affaire de son beau-père décédé, et, avec son frère François, ouvre dans la foulée, une succursale de sa pharmacie « Moureu Frères » à Biarritz, place Neuve, près de la chapelle Eugénie (aujourd’hui place Sainte Eugénie)[3]. Puis, dans le courant des années 1860, Jean-Lambert ouvre à Biarritz une nouvelle pharmacie au 5, place de la Mairie (aujourd’hui place Clémenceau), où il réside. Il y décède en .

Après son décès, Félix Moureu s’installe à Biarritz en reprenant la pharmacie de son oncle, et l’appelle « Pharmacie anglaise ». La pharmacie prend ensuite le nom de « Pharmacie normale », et devient « Pharmacie Moureu » vers les années 1890.

Une vocation de formateur modifier

Félix joue un rôle primordial dans la carrière de son jeune frère Charles Moureu, dont il remarque très tôt les dispositions exceptionnelles. À sa sortie du lycée, il l’accueille en stage dans son officine pharmaceutique et lui apprend les rudiments du métier. Il lui permet ensuite de poursuivre ses études à Paris, contribuant ainsi à l’éclosion de sa vocation de savant chimiste[4]. Charles Moureu s’illustre notamment comme découvreur du phénomène d'autoxydation et des antioxygènes, et devient professeur au Collège de France, ainsi que membre de l’Institut.

La Pharmacie Moureu accueille également comme stagiaire le jeune Ernest Fourneau, qui devient lui aussi une grande figure de la pharmacie et de la chimie française. Il fut en effet fondateur de la chimie thérapeutique française, et dirigea le laboratoire de chimie thérapeutique de l’Institut Pasteur et le laboratoire de recherches de Rhône-Poulenc.

Un engagement citoyen modifier

Après le décès de son épouse en 1879, Félix Moureu se marie en deuxièmes noces le avec Eugénie Couzain[5], avec laquelle ils ont une fille, Marie-Marguerite, née en 1884.

Il exerce les fonctions de conseiller municipal de Biarritz de 1881 à 1884, et de 1888 à 1890. Il devient adjoint au maire de Biarritz de 1890 à 1895. Il se présente aux élections municipales en 1895 : il est élu maire le , et le reste jusqu’au [6].

Par son action à la tête de la municipalité, il poursuit et amplifie le développement de la notoriété grandissante de Biarritz, initiée à l'époque de Napoléon III et de l'Impératrice Eugénie. En favorisant l’embellissement de la cité, il contribue à faire de sa ville une station balnéaire au rayonnement mondialement reconnu. Durant son mandat, quelques réalisations importantes voient le jour :

  • reconstruction du Casino et de l’Etablissement de Bains, dont l’inauguration a lieu en 1901 ;
  • reconstruction de l’église Sainte-Eugénie ;
  • construction d’un jeu de paume ;
  • en 1897, inauguration d’une ligne téléphonique entre Bayonne, Bordeaux et Paris ;
  • création d’une maison de premiers secours.

Malgré le décès en 1901 de son fils Jean, pour lequel il reçoit de nombreuses marques de soutien[note 2], il se consacre avec énergie aux diverses activités quotidiennes très variées que lui occasionnent ses fonctions de maire au service de ses concitoyens[note 3]. Ses actions font régulièrement l’objet de publications dans la presse locale[7]. Il lui arrive également de témoigner publiquement, en sa qualité de maire, de la solidarité de sa ville envers les grands événements qui surviennent dans le monde à cette période, comme l’assassinat de l'Impératrice Elisabeth d’Autriche en [note 4], ou l’éruption meurtrière de la montagne Pelée en [note 5].

Félix Moureu est élu le comme conseiller d’arrondissement, fonction qu’il exerce de 1901 à 1907[note 6]. Il est nommé officier de l’Instruction publique le [8]. Il siège également comme juge suppléant au tribunal de commerce de Bayonne.

Après son mandat de maire, il continue à s’investir dans la vie locale, en s’impliquant dans diverses bonnes œuvres. Il assure bénévolement le service pharmaceutique d’une formation sanitaire locale. Pendant la Grande Guerre, en tant que président du comité des réfugiés, il dirige notamment le refuge d’Aguiléra, qui hospitalise de nombreuses personnes[note 7]. Il préside également l’œuvre de rapprochement franco-espagnole. Ses actions lui attirent auprès de ses concitoyens une belle popularité, faite d’estime et de sympathie.

Une reconnaissance légitime modifier

En raison de ses nombreux services rendus, il est fait Chevalier de la Légion d’Honneur[9] par décret du 30 octobre 1920. La décoration lui est remise le 20 décembre 1920 par son frère Charles Moureu, Commandeur de la Légion d’Honneur, membre de l’Institut. Il est décoré en outre de divers ordres étrangers, comme Officier des ordres de Charles III, de François-Joseph, de Takovo, de Gustave Wasa, et de Saint-Olaff[10].

Il décède à Biarritz le 10 juillet 1928, à l’âge de 78 ans[11]. Lors de ses funérailles[note 8], le maire de Biarritz, M. Petit, et le député-maire de Bayonne, M. Garat, formulent, au nom de la population de la ville, des éloges funèbres émouvants, emplis de respect et de gratitude[note 9].

En hommage à son ancien maire, une avenue est baptisée avenue Félix Moureu, dans le quartier du Golf de Biarritz, entre le parcours du golf et le secteur Larochefoucauld[12]. La pharmacie Moureu du 5, place Clémenceau conserve jusqu’aux années 1980 son cadre authentique fait de lambris, d’armoires et de tiroirs anciens portant les inscriptions des différents types de produits proposés. Après rachat et réaménagements par de nouveaux propriétaires, la pharmacie s’appelle désormais « Pharmacie de l’Océan ».

Honneurs modifier

  • Chevalier de la Légion d’Honneur
  • Officier de l’Instruction Publique
  • Palme des Vétérans de 1870
  • Officier de l’ordre de Charles III
  • Officier de l’ordre de François-Joseph
  • Officier de l’ordre de Takovo
  • Officier de l’ordre de Gustave Wasa
  • Officier de l’ordre de Saint-Olaff

Monuments commémoratifs modifier

  • Avenue Félix-Moureu à Biarritz
  • Plaque commémorative (avec son frère Charles Moureu) sur le mur de leur maison natale à Mourenx (Pyrénées Atlantiques)
  • Rue Félix et Charles Moureu à Artix (Pyrénées Atlantiques)

Bibliographie modifier

Ouvrage qui lui est consacré :

Félix Moureu, 1849-1928. [La Vie d'un homme de bien, par le Dr Albert Plantier. Félix Moureu et ses concitoyens] ; Auteur : Dr Albert Plantier ; Collaborateurs : Dr. Philippe Lostalot-Bachoué, Garat, Hum-Sentouré, Albert Lafaille ; Editeur : Labéguerie et Lahontaa, 1928

Articles connexes modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La pharmacie, située au cœur de Bayonne à l’angle des rues Lormand et Port-Neuf, existe toujours sous ce nom aujourd’hui.
  2. Après le décès de son fils Jean Moureu en , L’Indépendant Biarrot du lui apporte son soutien en ces termes : « Ses obsèques, qui ont eu lieu à Biarritz au milieu de toute la population, ont été une grande manifestation de sympathie pour le chef de notre municipalité. M. Moureu est, à notre époque troublée, un de ces hommes rares auxquels vont toutes les sympathies, auxquels vont tous les respects. Ne voyant dans la vie que ce qu’il faut vraiment y voir, une série de devoirs à accomplir, il poursuit sa route en faisant le bien et en forçant les cœurs ».
  3. L’Indépendant Biarrot du relate les débats du conseil municipal concernant la mise en place d’un tramway électrique : « M. le Maire [Félix Moureu] dit que le Préfet lui a renvoyé le dossier pour la substitution de l’électricité à la vapeur comme mode de traction sur le tramway de Bayonne à Biarritz, afin que toutes les formalités de publication et d’enquête sur l’avant-projet et ses variantes fussent remplies. »
  4. Après l’assassinat de l’Impératrice d’Autriche le à Genève, Le Mémorial des Pyrénées retranscrit le télégramme adressé par Félix Moureu, maire de Biarritz, à l’ambassadeur d’Autriche à Paris : « La population de Biarritz, douloureusement impressionnée par l’horrible attentat dont a été victime Sa Majesté l’Impératrice Elisabeth d’Autriche, que nous avons eu l’honneur de compter parmi nos hôtes, prend une part très vive à la douleur ressentie par Sa Majesté l’Empereur, et s’associe au deuil de la nation autrichienne. »
  5. Suite à la tragique éruption volcanique le de la montagne Pelée à la Martinique, L’Indépendant Biarrot du 29 mai 1902 relate les délibérations du conseil municipal : « M. le maire [Félix Moureu] expose l’émotion produite dans le monde entier à la suite des désastres de la Martinique. Les souscriptions publiques ouvertes partout ont déjà produit de très beaux résultats. M. le maire demande au conseil municipal l’ouverture d’un crédit de 500 francs pour être envoyé aux victimes de la catastrophe et l’ouverture officielle d’une souscription publique. Le conseil adopte à l’unanimité la demande de M. le maire. »
  6. L’Indépendant Biarrot du retranscrit dans ses colonnes les résultats de l’élection du au conseil d’arrondissement du canton de Biarritz : sur 2 961 inscrits et 2 135 votants, M. Moureu recueille 1 276 voix, devant M. Peyta avec 846 voix.
  7. Les renseignements produits à l’appui du projet de sa nomination comme chevalier de la Légion d’Honneur décrivent ses services exceptionnels rendus en ces termes : « A assuré bénévolement le service pharmaceutique d’une importante formation sanitaire créée à Biarritz ; A collaboré à diverses œuvres de secours aux prisonniers de guerre ; Président du Comité des réfugiés, a dirigé personnellement le Refuge d’Aguiléra qui a hospitalisé jusque constamment 600 personnes. »
  8. La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque dans son édition du 13 juillet 1928, décrit l’émotion suscitée à Biarritz par les funérailles de son ancien maire : « Biarritz a fait à M. Moureu, à celui qui veilla si personnellement pendant tant d’années sur sa chère cité, l’adieu le plus touchant. C’est la population entière qui a voulu manifester une dernière fois au cher disparu son affection, son respect, sa gratitude. ».
  9. Dans cette même édition, La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque cite le discours d’hommage prononcé à cette occasion par M. Petit, maire de Biarritz : « […] Se donner tout entier, avec un complet désintéressement, ayant le souci d’être juste et la volonté d’être utile, gardant l’espoir d’avoir pu agrandir le patrimoine matériel et moral qui vous a été confié. » La Gazette retranscrit également l’éloge funèbre prononcé par M. Garat, député maire de Bayonne : « […] Celui que nous pleurons a traversé la vie en faisant le bien autour de lui. Il disparaît comme il a vécu, entouré d’une auréole d’estime et d’affection. Homme politique dans notre pays où pourtant les passions sont vives, il sut inspirer un sentiment très doux de respect, car sa bonté désarmait ceux-là même qui ne pensaient point comme lui.[…] Il apporta dans son passage à la mairie de Biarritz les qualités maîtresses de modération et de conciliation qui honorèrent au plus haut point l’homme privé. »

Références modifier

  1. Archives des Pyrénées Atlantiques, Mourenx, Etat civil, 1849, Registre des naissances, n° 10, page 485/1410
  2. Archives des Pyrénées Atlantiques, Arudy, Etat civil, 1874, Registre des mariages, n° 11, page 137/307
  3. Site du musée historique de Biarritz, Biarritz et l’Empire, la première officine
  4. Extrait de la Revue régionaliste – N° 263-264 juillet-décembre 1989 (Hervé Lucbereilh)
  5. Archives des Pyrénées-Atlantiques, Biarritz, État civil, 1882, registre des mariages, n° 32, page 243/529.
  6. Archives nationales, Base Léonore de la Légion d’Honneur, Cote LH/1954/64, Situations diverses (fonctions électives, professions).
  7. Extraits de journaux régionaux tels que La Gazette de Biarritz, de Bayonne et du Pays Basque, L’Indépendant biarrot, Le Béarn républicain, Le Mémorial des Pyrénées, La Frontière du Sud-Ouest, etc.
  8. Journal officiel de la République Française, édition du , liste des officiers de l’Instruction publique, page 585
  9. Archives Nationales, Base Léonore de la Légion d’Honneur, Cote LH/1954/64, Nomination de Chevalier de la Légion d’Honneur
  10. Médiathèque intercommunale Pau-Pyrénées, Dictionnaire biographique, pages 364/365
  11. Archives des Pyrénées Atlantiques, Biarritz, Table décennale 1923-1932, Liste des décès, n°139
  12. Monique Beaufils, Rues de Biarritz : dictionnaire historique, Biarritz, Atlantica, 2005