European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz

La mission European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz, connue également sous l’acronyme EMASoH, est une mission de surveillance maritime, soutenue politiquement à ses débuts par huit pays européens. Résultat d’une initiative française, cette « coalition de volontaires » qui agit indépendamment de et n’a aucun lien avec l’Union Européenne, soutient une approche de désescalade pour ce qui a trait aux sujets de sécurité de la région. Dans le même élan, dans le cadre d’EMASoH, une opération militaire appelée AGENOR a débuté en 2020. Depuis septembre 2021, la Norvège a rejoint EMASoH en devenant le 9ème pays européen de cette coalition ad hoc[1]. L’état-major opérationnel d’AGENOR est situé aux Emirats arabes unis depuis le lancement en 2020[2]. En complément avec les initiatives et efforts de sécurité maritime déjà existant dans la région, dont IMSC, EMASoH vise à assurer un environnement de navigation sûr et de faire baisser les tensions qui existent dans la région.

Situation géographique modifier

Le détroit d’Ormuz est un point de passage stratégique, un goulet reliant la région du Golfe à la mer d’Arabie et l’océan Indien. Au nord, se situe l’Iran et au sud les Emirats Arabes Unis et Musandam, une enclave faisant partie du Sultanat d’Oman dessinant la côte méridionale du détroit, qui est la pointe extrême nord de la péninsule arabique. Plusieurs îles iraniennes se trouvent dans le détroit et à proximité : Ormuz, qui a donné son nom au détroit, Kish, Qeshm, Larak, Siri et Hengam mais aussi Abu Musa, et les Grande et Petite Tomb, ces trois dernières disputées entre l’Iran et les EAU. Ces îles ont une grande importance stratégique de par leur emplacement.

Le détroit est large de 21 milles nautiques (environ 39 kilomètres) à son endroit le plus étroit, là où le trafic maritime est divisé en deux routes, chacune de 2 nautiques de large (3,7 kilomètres). La route menant au golfe, d’est en ouest, traverse les eaux territoriales iraniennes ; la route sortant du golfe traverse les eaux territoriales omanaises. Il y a une zone tampon de 2 nautiques entre les deux routes pour éviter les collisions. Le détroit est assez profond pour faire passer les plus grands pétroliers.  

Contexte économique modifier

Le détroit d’Ormuz est un important point de passage pour le pétrole. Il est communément admis qu’environ un tiers (33 %) du pétrole brut mondial transporté par mer (un cinquième du trafic mondial de pétrole) transite par le détroit d’Ormuz, faisant de ce dernier la plus importante route de transit du pétrole d’après les chiffres de l’US EIA. C’est environ 18 à 20 millions de barils de pétrole par jour sur les 5 dernières années. Le pétrole provient majoritairement d’Iran, d’Iraq, du Koweït et d’Arabie saoudite[3]. Le détroit devient aussi un important point de passage pour le gaz naturel liquéfié (LNG) et pour le transport maritime de containers. Toute fermeture du détroit d’Ormuz aurait des conséquences catastrophiques sur les approvisionnements mondiaux de pétrole et de gaz.

Rappel historique modifier

Insécurité et instabilité ont été perçues de manière croissante à travers toute la région du Golfe et en particulier dans le détroit d’Ormuz à partir de 2019 ; les tensions régionales grandissantes ont eu pour conséquences de multiples incidents, maritimes et autres. En juin 2019, deux pétroliers furent attaqués à proximité du détroit, l’un des bateaux ayant pris feu[4]. Les 44 membres d’équipage du Kokuka Courageaous et du Front Altair furent secourus par un navire iranien. Plus tôt cette même année, quatre autres navires de commerce furent aussi attaqués au large des côtes des Emirats arabes unis[5]. En juillet 2019, le Stena Impero, un pétrolier britannique, fut saisi dans le détroit et un autre navire fut détenu pour être relâché plus tard[6]. En 2020 et 2021, plusieurs autres pétroliers furent capturés ou attaqués dans le détroit d’Ormuz.

Partageant le constat que la situation dans le Golfe et le détroit d’Ormuz restait trop instable dans une région si cruciale pour la stabilité globale, et soutenant l’approche de désescalade quand il s’agit de problématiques sécuritaires dans cette région, les gouvernements de l’Allemagne, la Belgique, du Danemark, de la France, de la Grèce, de l’Italie, des Pays-Bas et du Portugal ont soutenu politiquement la création d’une mission de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz menée par les Européens (EMASoH)[7]. Depuis septembre 2021, la Norvège a rejoint EMASoH devenant le neuvième état européen soutenant l’initiative.

La mission modifier

EMASoH est une initiative politique et diplomatique bâtie pour fournir concrètement des capacités renforcées de surveillance de la région du Golfe, du détroit d’Ormuz et du golfe d’Oman, afin d’établir une connaissance autonome de la situation maritime et de rassurer les opérateurs du commerce maritime, dans le but de promouvoir la liberté de navigation. EMASoH repose sur deux piliers : l’un est diplomatique, le second est militaire. Le pilier militaire est appelé opération AGENOR. L’opération souligne l’unité européenne avec une posture neutre, centrée sur la désescalade et la contribution à un franchissement sûr de la zone. EMASoH entend apaiser les tensions et contribuer à un environnement permettant une navigation en sécurité. Elle entend restaurer la confiance et la sécurité dans le but de rassurer les opérateurs du commerce maritime civil[8].

Avec des capacités navales et aériennes, elle surveille la zone et établit sa propre appréciation de la situation maritime permettant ainsi d’informer et de rassurer le commerce maritime dans la zone d’opération. Actuellement, sept pays européens fournissent un soutien militaire à l’opération AGENOR, avec du personnel ou des unités. Le Portugal et l’Allemagne fournissent quant à eux un soutien politique au pilier diplomatique d’EMASoH.

En plein accord avec la convention des Nations unies sur le droit de la mer (UNCLOS), la mission contribue aux franchissements sûrs dans le détroit d’Ormuz, sur base du principe de liberté de navigation. EMASoH a été établie pour être un instrument utile à la sauvegarde de la liberté de navigation en assurant une coordination idoine et des mécanismes de partage d’informations avec tous les partenaires travaillant dans la zone, y compris l’industrie maritime. EMASoH entend favoriser la désescalade et promouvoir les efforts diplomatiques essentiels afin d’augmenter la stabilité et le dialogue régional inclusif dans un contexte délicat.

Pilier diplomatique d’EMASoH modifier

Le pilier diplomatique d’EMASoH est dirigé par un Haut Représentant Civil (ou en anglais Senior Civilian Representative, SCR), poste actuellement occupé par l’Ambassadeur danois Jakob Brix Tange. C’est le Groupe de Contact Politique (GCP, en anglais PCG) qui désigne le Haut Représentant Civil qui travaille en étroite coordination avec les capitales des pays d’EMASoH. Le pilier diplomatique travaille à identifier les différents moyens permettant d’éviter l’escalade des tensions et à promouvoir la confiance mutuelle dans le domaine maritime ; il est fondé sur le dialogue régional en matière de sécurité maritime.

Haut Représentant Civil
Période Ambassadeur État
17 février 2020 - 16 août 2020 Jeanette Seppen Pays-bas
17 août 2020 - 31 août 2021 Julie Elisabeth Pruzan-Jorgensen Danemark
1 septembre 2021 - en exercice Jakob Brix Tange Danemark

Opération AGENOR – le pilier militaire d’EMASoH modifier

Le commandement de l’opération AGENOR, le bras militaire d’EMASoH, est assuré par l’état-major opérationnel (OHQ) situé aux Emirats arabes unis tout comme l’est l’état-major tactique (FHQ).

Le commandant de l’opération est ALINDIEN COMFOR EAU, l’officier général français commandant la zone maritime de l’océan Indien et les Forces françaises aux EAU.

Le commandant de force et son état-major sont situés dans les locaux d’ALINDIEN mais peuvent aussi être déployés sur un bâtiment en mer, c’est un commandement tournant entre les pays contributeurs d’EMASoH.

AGENOR déploie des moyens navals et aériens fournis par les pays participant à EMASoH :

AGENOR emploie normalement des unités de surface (habituellement deux frégates) et des aéronefs comme des avions de patrouille maritime. Ces unités sont déployées soit en soutien direct soit en soutien associé. Dans le dernier cas, ces unités effectuent leur tâche principale dans la zone et si elles le peuvent, elles contribuent aussi à celles d’AGENOR. Ces unités militaires fournissent une Connaissance de la Situation Maritime (Maritime Situational Awareness) au profit des navires de commerce qui naviguent dans la zone d’opération, elles émettent des appels de rassurance et dans certains cas peuvent accompagner des navires marchands lors de leur transit dans le détroit d’Ormuz.

Les opérateurs du commerce maritime et les navires peuvent rapporter leurs positions dans la zone d’opération en adhérant au schéma volontaire de rapportage (VRS) quand ils traversent la Voluntary Reporting Area (VRA, zone de report volontaire) d’EMASoH.

Commandant opérationnel
Période Commandant État
20 janvier 2020 - 1 septembre 2020 Vice-amiral Didier Malterre France
1 septembre 2020 - 26 août 2022 Vice-amiral Jacques Fayard France
26 août 2022 - en exercice Vice-amiral Emmanuel Slaars France
Commandant tactique
Période Commandant État
20 janvier 2020 - 20 mai 2020 Contre-amiral Eric Janicot France
20 mars 2020 - 1 septembre 2020 Capitaine de vaisseau Ludivic Poitou France
1 septembre 2020 - 13 janvier 2021 Capitaine de vaisseau Christophe Cluzel France
13 janvier 2021 - 17 avril 2021 Commandeur Carsten Fjord-Larsen Danemark
17 avril 2021 - 15 juillet 2021 Commandeur Anders Friis Danemark
15 juillet 2021 - 9 janvier 2022 Capitaine de vaisseau Bruno de Vericourt France
9 janvier 2022 - 1 mars 2022 Capitaine de vaisseau Nicolas du Chene France
1 mars 2022 - 6 juillet 2022 Contre-amiral Tanguy Botman Belgique
6 juillet 2022 - 27 janvier 2023 Contre-amiral Stefano Costantino Italie
27 janvier 2023 - 9 juin 2023 Contre-amiral Renaud Flamant Belgique
9 juin 2023 - 7 décembre 2023 Contre-amiral Mauro Panebianco Italie
7 décembre 2023 - 8 mars 2024 Contre-amiral Hans Huygens Belgique
8 mars 2024 - en exercice Contre-amiral Gilles Colmant Belgique

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. (nb) « Aktivitet », sur Forsvaret (consulté le )
  2. (en) Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, « European Maritime Awareness in the SoH (EMASOH): political statement by the governments of Belgium, Denmark, France, Germany, Greece, Italy, the Netherlands, and Portugal (20 Jan. 20) », sur France Diplomacy - Ministry for Europe and Foreign Affairs (consulté le )
  3. (en) « The Strait of Hormuz is the world's most important oil transit chokepoint », sur www.eia.gov (consulté le )
  4. (en) Eliza Mackintosh,Helen Regan,Vasco Cotovio, « Gulf of Oman tankers attacked », sur CNN (consulté le )
  5. (en) « UAE says 4 ships targeted by 'sabotage' off its east coast », sur AP NEWS, (consulté le )
  6. (en) Barbara Starr,Ryan Browne,Kara Fox, « Iran announces capture of British-flagged oil tanker; US officials say two ships seized », sur CNN, (consulté le )
  7. (en) Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères, « European Maritime Awareness in the SoH (EMASOH): political statement by the governments of Belgium, Denmark, France, Germany, Greece, Italy, the Netherlands, and Portugal (20 Jan. 20) », sur France Diplomacy - Ministry for Europe and Foreign Affairs (consulté le )
  8. (nl) Ministerie van Defensie, « Nederlandse bijdrage missie Straat van Hormuz - Missie in Straat van Hormuz - Defensie.nl », sur www.defensie.nl, (consulté le )