Ernst Misselwitz, né le , est un SS-Hauptscharführer de la police allemande et membre de la Gestapo (police secrète d'État) pendant l'occupation de la France par le Troisième Reich. Il fut chef de la sous section IV E du RSHA (Reichssicherheithauptamt, Office Central de la Sécurité du Reich) de la Gestapo de Paris.

Ernst Misselwitz
Naissance
Décès inconnue
Origine Allemagne
Allégeance Drapeau de l'Allemagne nazie Allemagne nazie
Arme Schutzstaffel
Grade SS-Hauptscharführer
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Responsable de l'arrestation de résistants français
Autres fonctions agent secret français DST

Gestapo

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Ernst Misselwitz est arrivé en rue des Saussaies dans le Sicherheitsdienst (SD), le service de renseignement et de maintien de l'ordre de la SS[1]. En , il entre au BdS (Befehlshaber der Sipo-SD) situé au 84 avenue Foch[1]. Le BdS comprend la gestapo pour laquelle il est responsable de la section IV E, lutte contre les communistes français et la résistance française. Karl Bömelburg est son supérieur et dirige la section IV. Misselwitz eut liberté d'action et d'autonomie pour poursuivre toute personne considérée comme antinazie. Il devint un agent de confiance du SD et dirigea de nombreuses opérations contre la résistance française. Misselwitz dirigeait la salle d'interrogatoire et de torture au siège de la Gestapo à Paris. Avant de travailler à Paris, Misselwitz travailla au siège de la Gestapo à Lyon.

Le 3- Jean Moulin est conduit au siège de la Gestapo à Paris où Misselwitz l'interrogera en compagnie de Klaus Barbie[2]. Officiellement, Jean Moulin meurt de ses blessures le .

Gilberte Brossolette, la veuve du héros de la Résistance Pierre Brossolette, a témoigné des crimes de guerre de Misselwitz[3]. En , Pierre Brossolette (sous le nom de Boutet) est arrêté à Audierne (29) en zone interdite alors qu'il n'est pas détenteur de papiers l'autorisant à y circuler. Il est ensuite transféré à Rennes, via Quimper, pour vérification d'identité. Le , Misselwitz se déplace en personne pour l'identifier, l'ayant croisé à Lyon au cours d'une mission[4]. Il fait transférer Brossolette le 19 mars au quartier général de la Gestapo avenue Foch où il sera interrogé et torturé par Robert Krekeller et lui-même[5]. Le , Forest Yeo-Thomas, agent secret britannique du Special Operations Executive (SOE) est capturé par la Gestapo à la station de métro Passy alors qu'il tentait d'organiser l'évasion de Brossolette à Rennes. Misselwitz se charge de son interrogatoire[6]. Brossolette ayant peur de parler et de trahir sa cause sous la torture saute d'une fenêtre du sixième étage et se tue le .

En , la sœur de Jean Moulin se rend à la gestapo de Paris pour redemander les cendres de son frère. Misselwitz la congédie[7].

Agent français

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Avec la Libération de Paris le , Misselwitz déménage de Paris en Allemagne. En , Misselwitz, 36 ans, se présente aux services de sécurité français dans le nord-ouest de Berlin[8]. Au début de 1946 Misselwitz est arrêté et emprisonné pendant une courte période et offre d'espionner ses co-détenus. En 1952, Misselwitz a été condamné par contumace par un tribunal de Paris a à cinq ans de prison[8]. Il n'a jamais été retrouvé ni arrêté. Le , Le Monde informe, sur des sources de Serge et Beate Klarsfeld, que Misselwitz est devenu un agent secret des services secrets français[9],[10],[11]. Cependant, Roger Wybot, ancien directeur de la D.S.T. dément cette information[12],[13].

Notes et références

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  1. a et b Gérard Chauvy, Aubrac: Lyon 1943, le Grand livre du mois, (ISBN 978-2-226-08885-7, lire en ligne)
  2. Pierre Péan, Vies et morts de Jean Moulin, Fayard, (ISBN 978-2-213-64470-7, lire en ligne)
  3. Alain GUÉRIN, Chronique de la Résistance (nouvelle édition), Place des éditeurs, (ISBN 978-2-258-08853-5, lire en ligne), p. 568-569
  4. Eric Roussel, Pierre Brossolette, Fayard, (ISBN 978-2-213-66515-3, lire en ligne)
  5. (en) « Gadsden Times - Google News Archive Search », sur news.google.com (consulté le )
  6. Dominique Decèze, La lune est pleine d'éléphants verts: histoire des messages de Radio-Londres à la Résistance française, 1942-1944, J. Lanzmann, (lire en ligne)
  7. « Le mystère des cendres de Jean Moulin », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. a et b (de) « Frankreich: Enthüllung », sur www.zeit.de, Die Zeit, (consulté le )
  9. (en-US) « Klarsfelds Accuse French Intelligence Units of Having Employed Notorious Nazis During the Post-war Y », sur Jewish Telegraphic Agency, (consulté le )
  10. (en-US) Reuters, « Hunter of Nazis Says France Used Gestapo Man as Agent », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  11. Alain Guérin, Chronique de la Résistance (nouvelle édition), Place des éditeurs, (ISBN 978-2-258-08853-5, lire en ligne), p. 570
  12. « M. Roger Wybot dément que le nazi Ernst Misselwitz ait été un agent de la D.S.T. », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Jean-Pierre Azema, « La mémoire, trop souvent passionnelle, doit s'effacer devant les documents. Affaire Aubrac: les faits sont têtus », sur Libération.fr, (consulté le )

Article connexe

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