Ekoadjom

village du Cameroun

Ekoadjom ou Hikoadjom (en langue bassa[1], celle des autochtones) est un village de la région du Centre du Cameroun, situé dans la commune de Makak, département du Nyong-et-Kéllé.

Ekoadjom
Ekoadjom
Lép Lia, le lac d'Hikoadjom
Administration
Pays Drapeau du Cameroun Cameroun
Région Centre
Département Nyong-et-Kéllé
Démographie
Population 590 hab. (2005)
Géographie
Coordonnées 3° 36′ 00″ nord, 11° 12′ 00″ est
Altitude 764 m
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
Voir sur la carte topographique du Cameroun
Ekoadjom
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
Voir sur la carte administrative du Cameroun
Ekoadjom
Matériel de soutien Scolaire en 2017 à l'école Ekoadjom
Matériel de soutien Scolaire en 2017 à l'école Ekoadjom

Étymologie modifier

 
Fromager (Pied arbre ) à Hikoadjom

Ekoadjom a pour nom original en langue bassa « Hikoadjom ». En référence au Fromager, grand arbre tropical appelé en langue locale « Djôm » sur le site où vécurent les fondateurs du village, notamment le premier chef du village. Ce site est situé sur une colline « Hikoa ». Hikoadjom signifie donc « La colline du fromager ».

Ekoadjom est la version francisée, administrative et officielle du nom de ce village. C’est la version originale Bassa « Hikoadjom » qui parle aux habitants car elle traduit dans leur langue la réalité géographique du lieu de création de leur village.

Histoire modifier

Origine et fondation de la chefferie d'Hikoadjom modifier

 
Kameruner Straße à Berlin

Hikoadjom serait fondé vers la fin du XIXe siècle, entre 1880 et 1890. Binong bi Mangoung[2] serait venu de Mapubi (près de Matomb) avec ses deux jeunes frères Maah Mangoung et Bikoï bi Mangoung conquérir des terres. Une branche importante de cette famille se trouve toujours à Mapubi. Mbinack Binong - fils de Binong bi Mangoung devient le premier chef vers 1892 alors que le Cameroun est sous[3] administration coloniale allemande. Il était également Mbombog. Traditionnellement, chez les Bassa, le Mbombog est le chef spirituel, le dépositaire de l’organisation, de la paix sociale et de l’ordre public dans le respect du Mbok[4]. Les descendances des trois frères MANGOUNG, la fratrie pionnière du village occupent toujours les terres conquises par leurs aïeux, formant ainsi une lignée générationnelle[5], les LOG MANGOUNG. La langue officielle parlée dans ce village est le français. Le Bassa est le dialecte local.

En 1925, Nwind Mbinack, devient chef du village. Au cours de son règne il devient « Mbombog[6] » selon les rites traditionnels du Mbog[7](k). Il est désormais appelé Mbombog Nwind Mbinack.

À son décès le 10 , il est remplacé par Augustin Minka mi Nwind né le à Hikoadjom, mort le à Yaoundé. Pendant son règne de 32 ans, Ekoadjom devient un Centre d’État-civil en 1965, évitant aux ressortissants du village et environnants de longs et pénibles déplacements vers Makak – Chef - lieu d’arrondissement situé à 29 km pour l’obtention des documents d’état-civil.

 
Sa Majesté NWIND Bienvenu Claude 1955-2024

Du au 23 février 2024, Sa Majesté Bienvenu Claude Nwind Minka présida pendant 37 années aux destinées du village. Il a été nommé Officier d'État-civil le .

Ekoadjom a eu quatre chefs traditionnels :

  • Mbombog MBINACK BINONG 1892 – 1925
  • Mbombog NWIND MBINACK 1925 – 1955
  • MINKA mi NWIND Augustin 1928 – 1987
  • NWIND MINKA Bienvenu Claude 1955 - 2024
 
Mbombog Nwind Mbinack Chef du village d’Hikoadjom de 1925 à 1955

Rôle de la chefferie et du Mbombog modifier

Dans la structure de l’administration camerounaise[8], les chefferies traditionnelles[9] sont des auxiliaires de l’administration. Elles assurent une administration de proximité, permettant de perpétuer une organisation sociale ancestrale déjà existante et ce bien avant la colonisation. Traditionnellement, chez les Bassa, c’est le Mbombog, chef spirituel qui est le dépositaire de l’organisation, de la paix sociale et de l’ordre public dans le respect du Mbok[4]. Certaines de ses missions sont confiées aujourd’hui aux chefferies traditionnelles. Idéalement elles l’assument en collaboration avec les Mbombog lorsque les fonctions de Chef du village et de Mbombog ne sont pas exercées par la même personne. Cela peut créer une dualité de repère culturel et administratif chez les populations. Mais l’objectif pour l'un ou l'autre personnage est de maintenir la paix sociale dans les villages et de promouvoir le développement économique et social des populations dans le respect de la culture Bassa. Monsieur Nyeck Yamb (Bell Yamb) Raphäel de la lignée de Maah Mangoung à Song Yamb est le garant des traditions ancestrales, il est le référent du Mbok dans le village, principalement dans sa communauté . Son père Yamb Bell Anselme était Mbombog. Son fils Boum Nyeck Jacques A. a été intronisé Mbombog en 2023 assurant ainsi un avenir à cette fonction culturelle et ancestrale à Ekoadjom.

Les chefferies traduisent la survivance d'une culture[10] et des modes d'organisation traditionnelle ancestrales.

Pour son fonctionnement, la chefferie d’Ekoadjom s’est dotée de 2 organes majeurs depuis 1987 avec Sa Majesté Bienvenu Claude Nwind:

  • un conseil des notables : dont les missions sont similaires à celles d’une assemblée.
  • un comité de développement qui impulse toute l’activité économique.

Ekoadjom est une chefferie du 3e degré en zone rurale, dans les limites territoriales d'un village

Géographie modifier

[11]Hydrographie à Hikoadjom

 
Le ruisseau Ndjock Yambi à Hikoadjom

Hikoadjom est situé en zone équatoriale humide en forêt dense avec des pluies abondantes et irrégulières qui maintiennent cependant le débit des cours d’eau. Le fleuve le Nyong et la Kéllé (affluent du Nyong) [ii] ne traversent pas ce village qui est cependant arrosé par deux autres grands ruisseaux : Yamakouba et  Ndjock Yambi, qui sont aussi des affluents du Nyong. Le Nyong traverse deux autres départements de la Région administrative du Centre dont les noms sont composés par la dénomination de ce fleuve : Nyong-et-Mfoumou, Nyong-et-So'o.

Le ruisseau Yamakouba se trouve au Nord du village et s’étend jusqu’à l’ouest. Ndjock yambi se trouve au sud. Les autres petits ruisseaux du village sont :

  • Lép Liaa qui a donné naissance au lac artificiel du même nom est un affluent de Ndjock Yambi. Il traverse le hameau autour de la chefferie ;
  • Lép Mbong, affluent de Ndjock Yambi coule au lieudit Mbondo (Ngo Bakebeg) ;
  • Lép Ngomb, affluent de Yamakouba se trouve au lieudit « Song Yamb » non loin du village Mom (Cameroun).

Lép signifie eau en langue Bassa du Cameroun.

Climat modifier

Le climat chaud et humide se décline en quatre saisons. Une grande et une petite saison de pluie, une grande et une petite saison sèche. C’est une alternance de pluies et de sécheresse qui rythme les activités agricoles, la préparation des travaux champêtres: les abattages, les brûlis, les semis et les récoltes. Les températures moyennes se situent entre 23 et 26 degrés.

  • De la mi-mars à la mi-juin : c’est la petite saison de pluie appelée, Hiyon.
  • De la mi-juin à la mi-août : c’est la petite saison sèche, Hikang.
  • De la mi-août la mi-novembre : c’est la grande saison de pluie, Mbéng.
  • De la mi-novembre à la mi-mars : c’est la grande saison sèche, Sép.

Centre d'état civil[12] modifier

À sa création en 1965, le Centre d’État-civil[13] d’Hikoadjom était un Centre dit Spécial rattaché à la Sous-préfecture de Makak . À cette époque, l’arrondissement de Makak avait à sa tête un Sous-Préfet –Maire. Aujourd’hui le Centre d’état-civil est directement rattaché à la Mairie de Makak. Hikoadjom est un Centre secondaire depuis 2015. Il existe d'autres Centres secondaires du même genre dans d'autres villages de l'arrondissement de Makak, à Boumkok, Libamba, Mom 1, Sepp, Nguimakong, Ngougoum II, Minkot-Mbem, Kaya, Mboglom, Likongue et Mbeng. Ce sont des services communaux décentralisés près des populations pour les formalités relatives à une naissance, un mariage ou un décès. Le Centre d’état-civil le plus proche est celui d’Otélé situé dans la Commune voisine de Ngoumou, département de la Mefou et Akono.

Population et développement modifier

En 1962, la population de Ekoadjom était de 449 habitants et de 590 habitants lors du recensement de 2005[14]. La population autochtone est constituée de Bassa majoritairement les Ndog Nlet, Log Mangoung. Mais au fil des années, des migrations, des unions et des ventes de terrain, d'autres clans Bassa[15] se sont installés dans le village. Des allochtones y vivent aussi pour des raisons souvent professionnelles, notamment les travailleurs agricoles et les enseignants.

Les quartiers modifier

 
Chapelle à Song Yamb(Ekoadjom)

Les différents quartiers[11] du village par ordre alphabétique sont: Bibaya, Mandonga, Mbondo(Rive gauche de Ndjock Yambi), Song Bissee, Song Bout, Song Boog, Song Miyang mi Ndoum, Song Nwind et Song Yamb.

Santé modifier

Ekoadjom à partir de la Chefferie est situé à 2,5 km de l’Hôpital Ad Lucem Hikoa-Maen : Père Urs Memorial Clinic inauguré et mis en service en 2016 sur le site de ce qui a d’abord été en 1936 une infirmerie, puis le Dispensaire - Maternité d'Hikoa-Maen sur le territoire d'Ekoadjom. Plusieurs personnes de la région sont nées à Hikoa-Maen[16](appelé Nkolmelen en langue éwondo). Cette structure sanitaire a été dans une impasse[17] pendant quelques années. Des initiatives locales et internationales mises en place pour sa survie ont transformé le Dispensaire en un Hôpital qui offre en zone rurale 24 h/24 h, les services suivants : analyses médicales, chirurgie, hospitalisation, maternité, pédiatrie, pharmacie, urgence et radiologie. C'est le résultat du partenariat entre la Fondation Ad Lucem et la Fondation suisse Saint Martin - déjà active dans la zone avec le projet d'eau potable « L’eau c’est la vie ».

Enseignement - Activités de Soutien à l'éducation en zone rurale modifier

 
Élèves de l'école primaire et de l'école maternelle d'Hikoadjom devant le plus ancien bâtiment du site
 
École maternelle Hikoadjom en 2016

Enseignement maternel et primaire

Il y a une école primaire et une école maternelle dans le village. Mbombog Nwind Mbinack (1925-1955), chef du village, n’a jamais été à l’école. Ne sachant ni lire ni écrire le français, il va se positionner en faveur d’une éducation de proximité. Il va amener l’école au village en offrant aux pouvoirs publics une parcelle de ses terres. C’est sur ce site que se trouve depuis 1952, l’école publique d’Ekoadjom, évitant ainsi à de nombreux enfants de parcourir de longs kilomètres pour s'instruire. En 2012, soixante ans après la création de l’école primaire, le village est doté d’une école maternelle. Dans un premier temps, elle va occuper le plus ancien bâtiment vétuste de ce site consacré à la scolarité.

 
Nouvelle salle de classe école maternelle émergence d'Ekoadjom - novembre 2021
 
Nouveaux locaux école maternelle émergence d'Ekoadjom en 2021

Pour soutenir cette initiative, en 2018, l'association des élites d'Ekoadjom, va offrir à la nouvelle école maternelle un bâtiment de deux salles de classe et du mobilier. Les constructions sont toujours en cours mais c'est dans ces locaux plus confortables qu'ont lieu désormais les cours. Un exemple de solidarité et une générosité intergénérationnelle entre des adultes travailleurs et une jeunesse scolarisée.

Il existe d'autres actions de soutien à l'éducation des jeunes.

Pour rendre hommage à Mbombog Nwind Mbinack, une Maison de l'éducation a été créée en 2018 par sa descendance pour pérenniser son héritage culturel et sa vision en faveur de l'éducation. Cette Maison de l'éducation organise diverses activités :

  • l'offre de matériels scolaires aux plus démunis : livres, cahiers et cartables ;
  • le projet pilote « Jeudi c'est Cantine » (2017- 2022) en partenariat avec l'association des femmes HISSIS et la chefferie d'Ekoadjom proposait des repas en rapport avec le patrimoine culinaire local, adaptés aux besoins nutritionnels des enfants. C'étaient des moments de détente et de convivialité dans un cadre scolaire rural avec les élèves, les enseignants, les parents et les bénévoles des associations partenaires du projet. Un jeudi par semaine de février à juin.

Enseignement secondaire

Il n'y a pas d'établissement d'enseignement secondaire dans le village. Après leurs études primaires, les élèves s'inscrivent soit au Lycée le plus proche à Otélé ou dans les établissements secondaires à Ngoumou dans la Commune voisine du même nom - soit dans des établissements d'enseignement à Mom, village voisin de l'arrondissement de Makak. D'autres élèves rejoignent des membres de familles à Yaoundé, Douala ou ailleurs. C'est l'exode rural scolaire.

Transport modifier

 
Ligne de chemin de fer traversant le village d'Hikoadjom
 
Passage à niveau sur la ligne de chemin fer près de Ndjock Yambi vers Mbondo à Hikoadjom

La ligne du chemin de fer à voie unique appelée le Transcamerounais  sur son trajet de Yaoundé à Douala traverse le village d'Hikoadjom qui se situe entre deux gares Otélé et Mom. Seuls les trains de marchandises desservent ces 2 gares. Le train express pour passagers ne s'y arrête malheureusement pas. Il faut descendre plus loin à Makak ou à Ngoumou. Les habitants utilisent donc les taxis de brousse, voitures ou motos.

L’aéroport international de Yaoundé[18] - Nsimalen se trouve à 70km du village. Le port autonome de Douala situé dans la capitale économique se trouve à de 267 km.

La cité balnéaire de Kribi[19]et ses plages se trouve à 211 km[20] sur l’océan Atlantique.

À 35 km au sud de Kribi, dans le village de Mboro, se trouve le Port en eaux profondes, appelé le PAK - Port autonome de Kribi.

Vie associative et culturelle modifier

 
Les femmes de l'association Ndjock Yambi Negbè au défilé le 8 mars 2017 à Hikoadjom

Il y a une vie associative et culturelle qui impacte le développement social et économique du village. Parmi les associations, on peut citer : Mawandas ma Ekoadjom, HISSIS – Association des femmes rurales d’Hikoadjom, l'AJEK – Association des Jeunes d’Ekoadjom, l'association des élites d'Ekoadjom, l'Association des LOG MANGOUNG.

HISSIS – Association des femmes rurales d’Hikoadjom

Le nom HISSIS est composé de 3 matrices qui correspondent respectivement au lieu, à l’action et à l’actrice. H indique la situation géographique, lieu de rattachement des membres de l’association à Hikoadjom. HISS en Bassa signifie ancrer, asseoir et symbolise les actions durables de renforcement des capacités des femmes : solidarité, activités génératrices de revenus, de gestion responsable de l’environnement, de leurs droits, et des formations. ISIS, c’est la femme rurale actrice et clé du développement. Elle rappelle la déesse Isis de la mythologie égypto-nubienne. Dans leur récit mythique, les Bassa viendraient d’Égypte[21]. Isis est le symbole de l’énergie créatrice, déesse de la santé, de la maternité, de la stabilité des éléments de la nature : la terre, le feu et l’eau. Les femmes de l’ethnie Bassa ont coutume de chanter « HISS - HISS, Makoo ndig Hiss » en tapant leurs pieds au sol pour affirmer leur ancrage, inviter une personne à s’ancrer, à s’intégrer. C’est un hymne au courage, à la solidité.

L'AJEK – Association des Jeunes d’Ekoadjom.

L’AJEK rassemble sans distinction de sexe, de religion, de famille ou de clan, tous les jeunes natifs et/ou vivant à Ekoadjom. De par son esprit fédérateur et ses activités, l’AJEK au fil du temps s’impose comme un acteur majeur de rassemblement et de développement du village.

En 1991, les descendants (arrière-petits-fils) de Mbinack Binong décident sous l’impulsion d’Ernest Nouind[22], de se constituer en association. L’AWAMBI (Adna Wandas Mbinak Binong) tiendra son premier congrès. Son succès est retentissant. À la fin du congrès, les autres jeunes du village, émirent l’idée fédératrice d’associer tous les jeunes du village. L’AWAMBI, devient l’AJEK en mai 1992, Association des Jeunes d’Ekoadjom et tient son premier congrès en aout la même année. C’est le début d’une fantastique aventure qui rythme des générations entières de jeunes du village et ses environs.

Attractions modifier

 
Le Lac d'Ekoadjom
 
Lép Liaa - Lac à Hikoadjom
 
Lép Lia - Hommage posthume à son Maître D'ouvrage Sa Majesté Bienvenu Claude Nwind les 12 et 13 avril 2024

Au niveau de la chefferie d'Ekoadjom sur la route Ngoumou - Makak via Otélé se trouve le lac Lép Liaa. Traduit littéralement Lép Liaa signifie l'eau du rocher. Ce lac artificiel était précédemment un marécage. Il est aménagé depuis le fin des années 90 à l'initiative personnelle du Chef village Bienvenu Claude Nwind Minka dans la perspective du développement d'un tourisme vert, d'activités sportives et de loisirs pour le bien être des populations avec une valeur ajoutée sur l'esthétique du village. Un hommage posthume lui a été rendu lors de ses obsèques les 12 et 13 avril 2024 . Le Lac a été spécialement décoré de drapeaux blancs à son effigie. Cette initiative inspirante d'aménagement des marécages a été suivie par d'autres habitants riverains de marécages instaurant une dynamique positivement appréciée pour donner un cachet à la gestion environnementale. Un équilibre est cependant à trouver entre tous ces aménagements et les désagréments qui pourraient être causés aux écosystèmes.

Infrastructures et équipement en eau et électricité modifier

Eau

 
Pompe à eau à l'école d'Ekoadjom

L’approvisionnement en eau reste une préoccupation à Hikoadjom malgré l'existence des ruisseaux. Pour les tâches ménagères, rares sont les sources d’eau naturelle utilisées jadis qui sont encore accessibles. Ces points d'eau sont souvent éloignés de certaines habitations. Il y a dans le village, des puits d'eau avec une pompe manuelle construits très souvent par le projet d'eau potable " L'Eau c'est la vie" basé près d'Hikoa-Maen (la colline des palmiers), une œuvre de la Fondation suisse St Martin. Chaque installation de puits est un projet communautaire qui implique les populations utilisatrices, de la construction à l'entretien. De rares particuliers alimentent leurs habitation avec une eau issue d'un forage.

 
Entretien point d'eau par les femmes de Hissis -Novembre 2021

Électricité

 
Lampes rechargeables au soleil

Hikoadjom est un village rural timidement connecté au réseau électrique. Les coupures de courant sont très fréquentes: pannes d'équipements, délestages. Certaines zones enclavées n’ont même pas accès à ce réseau. De très rares particuliers trouvent des solutions alternatives en Énergie renouvelabe.

Communications et de télécommunications modifier

Routes

 
Route non bitumée au lieu-dit Mbondo à Hikoadjom

Les routes ne sont pas bitumées. De nombreuses zones habitées sont enclavées, accessibles uniquement à pied, à vélo ou à moto. Difficile pour les agriculteurs et les agricultrices d’acheminer les productions vers les marchés. Les entrepreneurs du bois ont d’énormes soucis à travailler convenablement. L’exploitation de la forêt pour toute initiative est compliquée notamment pendant la saison de pluies où les routes deviennent de véritables patinoires boueuses. En saison sèche, elle soulèvent une poussière incommodante.

 
Hikoadjom_mini_carrefour

Couverture en réseau de téléphonie mobile

La couverture des services de télécommunications, des technologies de l’information et de la communication est très limitée parfois inexistante à certains endroits dans le village. Cette situation engendre un état l’isolement supplémentaire qui se superpose aux coupures récurrentes d’électricité, empêchant par exemple de recharger les batteries des téléphones portables. Les habitants n'ont pas tous des comptes bancaires. Ils utilisent de plus en plus le mobile money via leurs téléphones pour leurs transactions financières. Malheureusement, ils sont très souvent à la merci d’un réseau internet très aléatoire.

Agriculture modifier

L'économie est centrée sur une agriculture paysanne, familiale et vivrière de subsistance. Elle n'est pas du tout mécanisée et n’est donc pas orientée commerce faute de production conséquence. Les excédents de productions non consommés sont écoulés vers les marchés de proximité, parfois à Yaoundé en zone urbaine à 50 km. L'huile de palme est systématiquement vendue. Même si la rentabilité du Palmier à huile et donc des palmeraies pose question compte tenu de leur coût d'entretien et de production. Les espèces de palmiers cultivées sont certes vétustes, trop hautes et difficile d'accès pour les récoltes, mais l'huile végétale de palme inscrite dans le patrimoine culinaire du village, est souvent la principale source de revenus pour certains ménages.

Une boisson locale est aussi extraite du palmier à huile, Maok ma maen, le(Vin de palme) très prisé par les populations. Cette sève du palmier de couleur blanche est douce, puis elle subie un processus de fermentation alcoolisée grâce à une écorce naturelle, lihum. C'est un breuvage bio.

 
Mintoumba - pâte de manioc salée - au hiomi(arôme végétale) - piment (si souhaité) cuite dans une feuille verte spécifique. Idéalement séchée dans une hôte au dessus d'un feu de bois.

Les autres produits transformés et commercialisés sont les dérivés du manioc : Mintoumba, Bobla (bâtons de manioc ou Bobolo), l’huile de palmiste à usage cosmétique, cheveux et corps.

Les arbres fruitiers présents dans cette zone de forêt sont, le Safou (Bitoro en Bassa), le manguier sauvage, le manguier

 
Mangues d'Hikoadjom

, le goyavier, le papayer, la banane douce(appelée banane fruit ou likoubé en bassa). Elle est différente de la banane plantain(Likondo) qui est un accompagnant de plat principal sauce viande ou poisson avec la recette mythique[23] du Bongo'o ou de légumes.

 
Pieds de Macabo. Tubercules et jeunes feuilles sont commestibles

Parmi les tubercules on a le macabo, le manioc, et une variétés d'ignames, blanches et jaunes. Les cultures maraichères sont la tomate, le gombo(Bikoyè), le piment et des légumes verts tels que les feuilles de manioc (Kwem), le Gwaam(ou Zom en éwondo), le pooga(appelé Folon à Yaoundé), le hikok(ou Okok), le ndolè (Mandowa en Bassa).

On y cultive aussi des arachides (cacahuètes). Le maïs est le céréale le plus présent dans la zone et dans le village.

La culture pérenne la plus courante est celle du Palmier à huile. Ekoadjom fut un Centre[24] public de culture du cacao dans les années 1970 en vue d’expérimentations agricoles. Avec la chute des cours de la fève de cacao sur le marché mondial, les populations ont détruit les vergers et ce sont reconverties dans la culture du palmier à huile dont la rentabilité est très mitigée.

 
Régimes de noix de palmes à Ekoadjom

Élevage modifier

Il s'agit d'un petit élevage destiné à la consommation: chèvres, porcs, volaille et poissons d'eau douce. Les poules et les coqs en élevage libres.

 
Mère poule et ses à Hikoadjom

sont la cible de prédateurs volants. Il faut noter quelques initiatives privées de fermes notamment l'élevage[25] de poulets destinés à la commercialisation dans les marchés des environs et parfois vers Yaoundé. L'approvisionnement en aliments consommés par ces poulets n'est pas aisée compte tenu des routes. L'acheminement des produits de l'élevage vers les marchés est aussi compliquée. Cela a un impact sur les coûts de production et l'écoulement compte tenu du pouvoir d'achat des consommateurs.

Habitation modifier

 
Cases d'habitation Ekoadjom 2013

La case traditionnelle chez les Bassa du Cameroun est une maison principale de forme carrée. Une pièce est réservée à la cuisine au feu de bois surmontée d’une hôte où l'on dépose certains produits à faire sécher comme les épis de maïs, bongo, les écorces de Hiomi. On y trouve comme meubles un ou deux lits en bambou qui servent de siège en journée et parfois de couchette le soir. Suivant la taille de la famille une ou deux petites chambres dans une autre case à côté de la cuisine, souvent à l'avant, le Koumba, C’est la pièce de vie où l'on reçoit les visiteurs. L’ossature des murs est constituée de bambous ficelés de façon latérale sur des poteaux gris d’une essence réputée pour sa robustesse, le Ngwa.  Entre les bambous, on insère une mixture de terre rouge et d’eau à la main, ce qui laisse des reliefs sur les murs et leur donne un cachet particulier avec les traces des doigts. Parfois, les murs étaient lissés et couverts de chaux blanche. La case est ensuite surmontée d’un toit fait de nattes de raphia très combustibles. Ces murs de terre battue mélangée à de l’eau dans une zone où les pluies sont constantes ont une durée de vie limitée. Au fil du temps, cette architecture traditionnelle a évolué le crépissage des murs avec du ciment pour les renforcer et des toitures de tôles d’aluminium. On trouve de plus en plus de constructions faites de briques de ciment. C’est tout un art architectural[26] et un savoir -faire ancestral qui est entrain de disparaître.

Bibliographie modifier

vignette

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références modifier

  1. Mesmin Tchindjang, Louise Angéline Ngamgne et Athanase Bopda, « La cartographie linguistique, traceuse de l’histoire, des civilisations et des cultures: une application au Cameroun » [PDF], ich.unesco.org/doc
  2. Fils de Mangoung, petit fils d'Etounga et arrière petit fils de Mbamba
  3. « L'Allemagne face à ses colonies », sur www.lhistoire.fr (consulté le )
  4. a et b Le Mbok, cadre culturel des Bassa, se décline en espace, temps, pouvoir divin, genre et parole selon Robert NDEBI BIYA, Philosophe, Anthropologue, Théologien et Enseignant à l'Université de Yaoundé I et à l'Université catholique d'Afrique centrale (UCAC) - Institut de Yaoundé.
  5. Robert NDEBI BIYA - Être, Pouvoir et génération - Le Mbok chez les Basa du sud du Cameroun - Édition l'Harmattan ; (ISBN 2-85802-782-X) • 1987 • 135 pages . Dans cet ouvrage, pages 9 et 10, l'auteur retrace ses échanges avec Mbombog BELL YAMB (de la lignée de Maah Mangoung à Ekoadjom - au lieu dit Song Yamb), notamment la vision de ce grand initié du Mbok(g) de son époque: un testament ancestral focalisé sur les "Malons"(les peuples), leur dispersion sur l'espace terre, mais aussi le rapport entre générations et terres.
  6. NEBEU DANIEL, « LE MBOMBOG PRECOLONIAL CHEZ LE PEUPLE BASSA AU CAMEROUN », sur www.litenlibassa.com (consulté le )
  7. Mbok ou Mbog sont les variantes de ce mot. Même chose pour le Mbombok ou Mbombog.
  8. Contribution à l'étude de la dynamique structurelle et normative de l'administration publique en Afrique noire francophone: le cas de l'administration camerounaise, Roger Gabriel Nlep
  9. Les chefferies traditionnelles au Cameroun sont organisées par le Décret n°77/245 du 15 juillet 1977
  10. Célestin SIETCHOUA DJUITCHOKO, « Aspects de l'évolution des coutumes ancestrales dans le Droit Public des chefferies traditionnelles au Cameroun », Revue Générale de droit et de jurisprudence, volume 2, numéro 2, 2002,‎ , p. 359-381 (lire en ligne)
  11. a et b Source orale, Sa Majesté Bienvenu Claude Nwind, Chef du Village d'Ekoadjom, 66ans au moment de l'entretien en de novembre 2021
  12. Centre d'état-civil de proximité
  13. Depuis 2013, c'est le BUNEC - Bureau national de l'état civil crée par Décret du PRC N°2013/031 du 13 février 2013 qui assure la supervision, le contrôle, la régulation et l’évaluation du système national de l’état civil au Cameroun. Le défi majeur de cet Établissement Public Administratif est de mettre en oeuvre la numérisation et la centralisation de tous les faits d'état-civil dans le pays.
  14. Troisième recensement général de la population et de l’habitat (3e RGPH), Bureau central des recensements et des études de population du Cameroun (BUCREP), 2005.
  15. Ndog Ngond, Ndog Soul, Ndog Béa, Pan...
  16. Hikoa-Maen(en Bassa) ou Nkolmelen(en éwondo) signifie la colline des palmiers. C'est une zone limitrophe entre 2 ethnies et 2 départements: le Nyong-et-Kellé et la Mefou-et-Akono. Zone tampon pour certains, les infrastructures existantes, hôpital, école, églises, séminaire ont été réparties géographiquement entre et sur les 2 territoires géographiques administratifs
  17. « Soutenez le dispensaire Hikoamaen village missionaire au Cameroun » (consulté le )
  18. https://www.adcsa.aero/index.php
  19. Via la N22 au niveau de Ngoumou puis la N3 (Axe Yaoundé-Douala) au niveau de Mbankomo (au lieu dit carrefour Nomayos) vers Edéa, prendre à Edéa, la N7 vers - Kribi
  20. République du Cameroun - Ministère des travaux publics, « Correspondance entre ancienne et nouvelle nomenclature:Routes nationales », CORRESPONDANCE ENTRE ANCIENNE ET NOUVELLE NOMENCLATURE: ROUTES NATIONALES,‎ , p. 2,3,6 (lire en ligne   [PDF])
  21. Oum Ndigi, Les basa du Cameroun et l'antiquite pharaonique egypto-nubienne : recherche historique et linguistique comparative sur leurs rapports culturels a la lumiere de l'egyptologieThèse de Doctorat en Linguistique soutenue en 1997 à Lyon, Lille, Presses universitaires du Septentrion, , 610 p. (ISBN 9782729524593, lire en ligne), p. 389-404
  22. L'orthographe du nom Nwind aurait été modifié par un secrétaire d'état-civil qui aurait vu le "W" en "O" (pas bien fermé) et un "U". Il existe une autre variante de ce nom, Mouind où le "N" est devenu le "M". La rédaction des actes d'état-civil étant toujours manuscrite, le risque de confusion à la lecture existe si l'on ne parvient pas à lire ce qui est écrit.
  23. « Au Cameroun, la recette du « mbongo » se transmet de mère en fille », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  24. Aujourd'hui, c'est le CEAC - Centre d'éducation et d'Action communautaire. Voir Plan Communautaire de développement de la Commune de Makak (PCD) de novembre 2015, p. 22
  25. Centre Agro Pastoral et Piscicole de Hikoadjom - CAPAP
  26. Rémy Dzou-Tsanga, Architectures et identités techniques au Cameroun, Cameroun, IHMC - Institut d'histoire moderne et contemporaine (UMR 8066), , 13 p. (e-ISSN 2552-0741, lire en ligne), P 36-48
  27. Daniel Etounga Manguéllé, La colline du Fromager, Cle Editions, , 95 p. (ISBN 9782723500227, lire en ligne)