Ebb Cade, né le dans le comté de Macon (Géorgie) et mort le à Greensboro, est un ouvrier du bâtiment chez Clinton Engineer Works à Oak Ridge.

Ebb Cade
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 63 ans)
GreensboroVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Travailleur de la constructionVoir et modifier les données sur Wikidata

Il fut la première personne soumise à une torture médicalisée impliquant une injection de plutonium.

Biographie modifier

Ebb Cade est né le 17 mars 1890 dans le comté de Macon en Géorgie. Fils d'Evens et de Carrie Cade, il épouse Ida Cade. À l'âge de 63 ans, Cade meurt des suites d'une fibrillation ventriculaire et d'une insuffisance cardiaque le 13 avril 1953 à Greensboro, comté de Guilford, Caroline du Nord[1].

Injection de plutonium modifier

Le 23 mars 1945, Cade, cimentier afro-américain pour la JA Jones Construction Company, était en route pour travailler sur un chantier de construction pour le projet Manhattan lorsqu'il fut impliqué dans un accident de la circulation à Oak Ridge. Il fut porté à l'hôpital d'Oak Ridge avec des fractures de la rotule droite, du radius droit et du cubitus et du fémur gauche. Le Dr Hymer Friedell, directeur médical adjoint du Manhattan Engineer District, décrivit Cade comme un « homme de couleur » « bien développé... bien nourri », apte à « l'expérimentation » avec l'injection de plutonium. Ses fractures furent laissées sans traitement pendant 20 jours, jusqu'au début des injections de plutonium le 10 avril 1945.

Cade reçut les injections à l'hôpital d'Oak Ridge, sans son consentement ni sa connaissance. On lui donna le matricule HP-12 (Human Product-12 / Produit Humain 12), et il fut ainsi la première personne à recevoir une injection de Pu-239[2],[3],[4]. Par la suite, afin de tester la migration du plutonium à travers son corps, quinze de ses dents ont été extraites, et des échantillons d'os furent prélevés[5],[6],[4].

De 1945 à 1947,18 personnes ont participé à une série d'études impliquant une injection de plutonium, dont :

  • 11 personnes à Rochester, au Strong Memorial Hospital,.
  • 3 personnes à Chicago, au Billings Hospital de l'Université de Chicago.
  • 3 personnes à San Francisco, à l'hôpital universitaire de l'Université de Californie à San Francisco. La première personne injectée en Californie était Albert Stevens[7],[8],[9],[10].

Des échantillons d'urine et de matières fécales furent prélevés sur les sujets testés, puis envoyés à Los Alamos (également connu sous le nom de projet Y) afin d'y quantifier le plutonium rejeté[11],[12]. Ces études menèrent à l'établissement d'un modèle mathématique du taux d'excrétion de cet élément[13],[14],[15],[2].

Notes et références modifier

  1. North Carolina State Board of Health (27 Avril 1953), Ebb Cade. Certificat de décès #238, Greensboro, North Carolina : Bureau of vital statistics
  2. a et b Openness, DOE. (June 1998). Human Radiation Experiments: ACHRE Report. « Chapter 5: The Manhattan district Experiments; the first injection », Washington, DC. Superintendent of Documents. US Government Printing Office.
  3. 1945–1947: Eighteen patients were injected with plutonium in AEC experiments
  4. a et b Laurent Frédéric Bollée et Denis Rodier, La bombe, (ISBN 978-2-344-02063-0 et 2-344-02063-2, OCLC 1149551082, lire en ligne)
  5. Diana Preston, Before the fallout : from Marie Curie to Hiroshima, Walker & Co, , 277 p. (ISBN 978-0-8027-1819-8 et 0-8027-1819-1, OCLC 793227965, lire en ligne)
  6. Denise Kiernan, The Girls of Atomic City: The Untold Story of the Women Who Helped Win World War II, New York, NY, Touchstone of Simon & Schuster, , 344–345 p. (ISBN 978-1451617528, lire en ligne) :

    « cites Dated September 19, 1945, Formerly Declassified Correspondence, 1942–1947; Records of the Atomic Energy Commission, Record Group 326; National Archives at Atlanta »

  7. Patricia W. Durbin, Plutonium in man: A twenty-five year review., Office of Scientific and Technical Information (OSTI), (lire en ligne)
  8. Patricia W. Durbin, Radiobiology of Plutonium, (lire en ligne), « Plutonium in man: A New Look at Old Data »
  9. W. Langham, R. Carter, S. Bassett et P. Harris, Distribution and excretion of plutonium administered intravenously to man, Office of Scientific and Technical Information (OSTI), (lire en ligne)
  10. W. H. Langham, « Physiology and Toxicology of Plutonium-239 and Its Industrial Medical Control », Health Physics, vol. 2, no 2,‎ , p. 172–185 (ISSN 0017-9078, DOI 10.1097/00004032-195904000-00006, lire en ligne, consulté le )
  11. W. H. Langham, J.N.P. Lawrence, J. McClelland et Louis H. Hempelmann, « The Los Alamos Scientific Laboratory's experience with plutonium in man », Health Physics, vol. 8, no 6,‎ , p. 753-760 (lire en ligne, consulté le )
  12. L. H. Hempelmann, W. H. Langham, C. R. Richmond et G. L. Voelz, « Manhattan Project Plutonium Workers », Health Physics, vol. 25, no 5,‎ , p. 461–479 (ISSN 0017-9078, DOI 10.1097/00004032-197311000-00001, lire en ligne, consulté le )
  13. J. N. Stannard et R. W. Baalman Jr., Radioactivity and health : a history, Pacific Northwest Laboratory, (ISBN 0-87079-590-2 et 978-0-87079-590-9, OCLC 30339844, lire en ligne)
  14. J. N. Stannard, « Toxicology of Radionuclides », Annual Review of Pharmacology, vol. 13, no 1,‎ , p. 325–357 (ISSN 0066-4251, DOI 10.1146/annurev.pa.13.040173.001545, lire en ligne, consulté le )
  15. H.C. Hodge, J.N. Stannard et J.B. Hursh, Uranium. Plutonium. Transplutonic elements, Springer-Verlag, (ISBN 3-540-06168-1 et 978-3-540-06168-7, OCLC 476575166, lire en ligne)