Discussion:Fondation John-Templeton

Dernier commentaire : il y a 11 ans par Jean-Christophe BENOIST dans le sujet Fondation Templeton
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Fondation Templeton modifier

Bonjour, je vois que sur l'article "Fondation John Templeton" vous avez supprimé la phrase " Elle porte sur ces questions une approche empreinte d'idéologie Chrétienne." avec comme commentaire "genre de chose à sourcer absolument. Pourquoi chrétienne et pas bouddhiste ou oeucuménique ?". Si c'est à sourcer, pourquoi la supprimer plutôt que d'y mettre un refnec ? Pour répondre à votre commentaire, chrétienne et pas bouddhiste ou oeucuménique parce que la fondation Templeton est chéritienne et que sont idéologie n'est pas scientifique.

Je veux bien le croire, mais quelles sont vos sources ? --Jean-Christophe BENOIST (d) 28 juillet 2012 à 22:39 (CEST)Répondre
Bien, n'étant pas l'auteur de cette phrase, ce n'était pas à moi de faire cette recherche. Vous, avant de la supprimer, auriez dû par contre vérifier que ce que vous estimez faux l'est vraiment. Il vous aurez suffit de taper "fondation John Templeton" dans Google pour voir cet article du CNRS : http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosevol/decouv/articles/chap1/lecointre5.html.
L'auteur y mentionne le fondamentalisme protestant. A travers une citation de John Templeton, le CNRS rapporte la volonté de Templeton de trouver Dieu derrière la science. Selon le CNRS, il s'agit d'un "créationnisme philosophique qui utilise le créationnisme « scientifique » comme repoussoir afin de ramener les scientifiques raisonnables dans le giron de la théologie –et surtout de les financer pour cela".
Il ne fait aucun doute que la FT vise à unifier la science et les philosophies religieuses, notamment au niveau créationniste. Il ne fait aucun doute également que Templeton est protestant (et même fondamentaliste). La source que vous donnez source ces deux points. Mais lier les travaux de la FT spécifiquement à la philosophie chrétienne (même si elle est forcément très présente) ne semble pas exact. De plus, la phrase telle qu'elle est rédigée laisse penser à un certain dogmatisme, ce qui n'est pas exact non plus (lisez la fin de [1] qui n'est pas un site pro-FT (c'est une litote)). En bref, pour sourcer que la "FT est empreinte d’idéologie chrétienne" il faut une source sérieuse qui dise que la "FT est empreinte d’idéologie chrétienne". Si on remplace "chrétien" par "religieux", cela va beaucoup mieux, mais il y a un problème avec le mot "idéologie" qui suggère un dogmatisme, mais cf. la source que j'ai donnée. Donc beaucoup de problèmes avec cette phrase. --Jean-Christophe BENOIST (d) 29 juillet 2012 à 10:53 (CEST)Répondre
Puisqu'il ne fait aucun doute que la Fondation Templeton est fondamentaliste protestante je ne vous aucune justification de la suppression de ma source qui, et vous l'admettez, mentionne bien ces deux points. Si l'auteur de la phrase que vous avez supprimé parlait de "d'idéologie chrétienne", je n'ai pas repris cela parlant plutôt d'idéologie issue du créationnisme philosophique protestant. La belle affaire me diriez vous, on passe du christianisme au créationnisme philosophique protestant sans discuter du terme qui vous dérange : l'idéologie. Il Reste donc à définir ce qu'est une idéologie. Le terme idéologie à trois acceptions, la première, celle que vous sous entendez, une doctrine, la deuxième, des développements portant sur des idées creuses et enfin une science qui a pour objet l'étude des idées. cette dernière acception à un sens philosophique. Si vous avez lu attentivement la source que je propose, Guillaume Lecointre parle de rapprochement entre science et religion, rapprochement qui n'est sollicité que par les théologiens. La Fondation Templeton, au travers de la science, entent promouvoir l'étude et surtout la validation des idées religieuses. Il s'agit donc bien d'une idéologie. L'ensemble de l'article de Guillaume Lecointre est consacré à l'idéologie créationniste, il est parfaitement à propos.
L'article auquel je fais référence est écrit par Guillaume Lecointre pour le CNRS, en matière de sérieux je ne vois pas ce que vous pouvez lui reprocher.
Non je n'ai pas dit, et votre source non plus, que la fondation Templeton était protestante. Il s'agit de l'individu (John Templeton), qui est de religion protestante. Et c'est ce que dit la source (qui est effectivement sérieuse, je ne dit pas le contraire), pas plus. Cette fondation ne se réclame pas d'une religion particulière et aucune source montrée jusqu'ici ne dit que cette fondation se réclame du protestantisme ou d'une autre religion. Le mot idéologie ne me dérange pas tant que cela, ce qui me dérange est d'associer cette fondation à une religion particulière, ce qui est faux. En revanche, qu'elle soit proche de la spiritualité et des religions en général est vrai. Si vous militez pour garder le mot idéologie (ce qui se défend) il faudra tout de même neutraliser en disant que cela est fait sans dogmatisme, en sourçant par Futura. Sans source disant explicitement que la fondation est d'obédience protestante, cette phrase ne peut subsister telle quelle. Votre référence n°2 ne dit pas ce qui est sourcé, il n'y a même pas le mot protestant dans la source n°2. --Jean-Christophe BENOIST (d) 29 juillet 2012 à 20:07 (CEST)Répondre
Conformément à votre souhait, j'ai supprimé les mentions relatives au protestantisme de la Fondation Templeton. Par contre, j'ai conservé l'idéologie créationniste philosophique qui est bien mentionnée dans la référence Lecointre. Notons toutefois que le lien de cette Fondation avec le protestantisme est mentionné dans le Monthly Rewiew Magazine : "Politically more influential than Yale's Terry Lectureship -- and vastly more affluent -- is the Templeton Foundation, a formerly Fundamentalist Protestant grant-supporting organization, which over the past decade has been transferring its gigantic resources to the "higher level" of syncretism referred to above. Declaring its raison d'etre to be support for "Research and Discoveries about Spiritual Realities" and headlining its current blog pages as "Supporting Science -- Investing in the Big Questions," Templeton pours millions of dollars annually into subsidizing education, research, and publication in the syncretist mode." source : http://mrzine.monthlyreview.org/2010/saxton030610.html
La version actuelle est correcte. Merci de votre compréhension. Pas de problème pour conserver l'idéologie créationniste philosophique (non lié à une religion), c'est assez exact. Ce que dit le Monthly Review est que la fondation était jadis (formerly) protestante, mais a évolué vers une dimension plus large. La fondation - telle qu'elle est connue aujourd'hui - a des composantes protestantes bien sûr mais se veut.. oecuménique on va dire et intègre aussi des philosophies agnostiques. Cordialement --Jean-Christophe BENOIST (d) 30 juillet 2012 à 21:54 (CEST)Répondre
L'intégration de philosophies agnostiques, cela reste votre interprétation, il faudrait une référence pour l'affirmer. Le mot "syncrétisme" n'y réponds pas.
En effet. C'est pourquoi je ne l'écrirais pas dans l'article. En tout cas sans bonne source explicite. Cordialement --Jean-Christophe BENOIST (d) 31 juillet 2012 à 14:30 (CEST)Répondre

Une approche inhabituelle (« neuroscientifique ») du phénomène religieux. modifier

Les scientifiques (croyants) qui sont approchés (financièrement ...) par la Fondation TEMPLETON ne semblent pas avoir compris le fonctionnement de leur cerveau, ce qu'avait compris le neurobiologiste Henri LABORIT ...

Sans vouloir simplifier ou réduire l’infinie complexité du psychisme humain, en particulier le phénomène religieux, à des « mécanismes » psycho-neuro-physio-génético-éducatifs, n’est-il pas légitime de compléter son approche traditionnelle (philosophique, historique, métaphysique, théologique, psychanalytique, anthropologique, sociologique …) par l’apport des neurosciences ?

Je ne fais pas allusion ici aux observations de certains neurophysiologistes croyants, notamment canadiens, tels que Mario BEAUREGARD, financés par la Fondation Templeton, qui ont tenté de démontrer « scientifiquement » l'existence de Dieu en recherchant dans le lobe temporal l'antenne qu'il y aurait mise pour recevoir sa « Révélation » : en vain, bien évidemment ! Du fait des interconnexions constantes et éminemment complexes entre le cerveau émotionnel et le cerveau rationnel (selon le schéma simplifié mais pédagogique de McLEAN), c'est évidemment tout le cerveau qui est concerné (cf SAVER & RABIN), même si l'émotionnel prédomine en l'occurrence.

Les neurosciences ne prétendent pas davantage démontrer l’inexistence de « Dieu », puisque, par définition, aucune inexistence (sauf en mathématiques) n’est démontrable. Mais il est vrai que, par leurs implications philosophiques, les neurosciences sont susceptibles d’inciter certains à conclure à l'existence subjective, imaginaire et donc illusoire de Dieu, notamment lorsque la foi leur fait plus de tort que de bien.

L'idée simpliste d'un « gène de Dieu » n'a existé que dans l'imagination de Dean HAMER en 1996. Par contre, il semble bien y avoir une prédisposition ancestrale à la croyance, qu'elle soit superstitieuse ou religieuse, en réponse à la peur ou aux dangers. La peur, dont celle de la mort, existe chez tous les êtres vivants pourvus d’un système nerveux, mais seul l’animal humain est susceptible de l'atténuer en aspirant à «l’immortalité de l’âme », du moins si une religion a exploité sa crédulité.

C’est sans doute en raison de la faiblesse corporelle de l'homo sapiens, d'il y a quelque 100.000 ans que la sélection naturelle a lentement hypertrophié son néo-cortex pré-frontal, il y a environ 35.000 ans, le rendant alors capable d’imaginer, grâce à la bipédie de plus en plus fréquente, et à l'acquisition du langage, d'abord des esprits (animisme et chamanisme), puis un nouveau mécanisme de défense : le recours à des dieux protecteurs et anthropomorphes (plus tard à un seul), dont ils tentaient d’apaiser la colère, ou de gagner les faveurs, par des sacrifices.

Michel de PRACONTAL écrit dans « L'imposture scientifique en dix leçons » (2005), page 141 : « La pensée magique n'a jamais disparu de nos cultures supposées modernes et rationnelles, probablement parce qu'il s'agit d'un mode de raisonnement inhérent à la condition humaine. La pensée dite rationnelle n'a rien de naturel, c'est une construction, une ascèse, un exercice qui demande un travail continuel. L'éternel « retour de l'irrationnel » n'est en fait que la manifestation récurrente d'une forme de pensée qui ne nous a jamais quittés ». Sauf que, comme le constate la psychosociologie, cette prédisposition religieuse ne s'actualise qu'au sein d'un environnement croyant unilatéral, à la fois éducatif et culturel. En son absence, l'enfant de parents athées sera athée lui aussi, à moins d'influences ultérieures.

Aux USA, en Pologne, etc., la croyance anthropomorphique en « Dieu », reste majoritaire, d'abord parce que les alternatives de l'humanisme laïque y sont totalement occultées par les religions, ensuite parce que l'être humain reste en quête de sens à donner à son existence, parce qu'il a besoin d'apaisement, de certitudes, d’espérance en un au-delà, et donc de repères, de vérités révélées, d’absolu, de sacré, de spiritualité, de transcendance, d’une relation personnelle avec « Dieu » au sein d’une communauté conviviale, etc.

Par contre, dans la plupart des autres pays intellectualisés, où les options non confessionnelles ont une chance d'être découvertes, la religiosité est en chute libre, non seulement parce qu’aucun dieu ne s’est jamais manifesté concrètement, mais aussi à cause de l'aspiration croissante à l'autonomie de la conscience et à la responsabilité individuelle. Certains cependant, en raison de l'apparente harmonie de l'univers, de la prodigieuse variété des espèces animales et végétales, de l'extraordinaire complexité du vivant, du cerveau humain notamment, etc., et parce qu'ils ne peuvent pas se représenter une durée aussi longue que des millions d'années et son influence sur l'évolution, restent déistes, convaincus qu'il existe une « intelligence supérieure » qui y a présidé. D'autres se concoctent un amalgame de croyances ou de superstitions, telles que l'astrologie. (Cf « l'ouvrage « La religion en miettes » de la sociologue croyante Danielle HERVIEU-LEGER). À moins évidemment de se faire harponner par les sectes, expertes en abus de faiblesse, en manipulation mentale, en dépersonnalisation et en captation de patrimoine.

Comment expliquer la fréquente persistance de la sensibilité religieuse ou déiste et, de son corollaire, à des degrés divers : l’anesthésie de l’esprit critique de certains croyants, aussi éminents soient-ils par ailleurs, dès qu’il est question de religion ? A mes yeux d'athée,c'est parce que la foi ne résulte pas d’un choix vraiment libre. Vassilis SAROGLOU, professeur à l'Université catholique de Louvain, le confirme : « Le fait d'avoir la foi (...)n'est pas tellement, d'un point de vue statistique, une question de choix. C'est plutôt une question de continuité ou d'assimilation de tout le bagage mental ou affectif que l'on a reçu par le biais de la socialisation, qu'il s'agisse de croyance, de pratique, d'émotion ou de valeurs ».

Et pour cause : dans nos pays démocratiques, «la liberté constitutionnelle de conscience et de religion» me paraît plus théorique et symbolique qu’effective, parce que l’émergence de la liberté de croire ou de ne pas croire est généralement compromise, à des degrés divers. Elle l’est d’abord par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale précoce (le tout jeune enfant est déjà naturellement animiste), éducation forcément affective puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents (influence certes légitime mais unilatérale et communautariste). Elle est ensuite compromise par l’influence d’un milieu éducatif croyant occultant toute alternative humaniste, rationnelle, philosophiquement laïque, et donc non aliénante. L’éducation coranique, exemple extrême, en témoigne hélas à 99,99 % : la soumission à tous points de vue y est en effet totale (elle l'est à un degré moindre dans le judaïsme, le protestantisme évangélique, la religion orthodoxe, le catholicisme, le protestantisme libéral et le bouddhisme).

Déjà en 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université catholique de Louvain, avait constaté, dans « Psychologie religieuse », qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas (les parents incroyants en témoignent a contrario), et que la religiosité à l’âge adulte en dépend (et donc l’aptitude à imaginer un « Père » protecteur, « agrandi, substitutif » et anthropomorphique, fût-il qualifié d'«authentique, épuré, Présence Opérante du Tout-Autre ». Ainsi, page 294 :

« La disponibilité religieuse de l’enfant ne prend forme qu’à la condition d’avoir été précocement éduquée. Toutes les observations l’ont confirmé : l’influence des parents est le facteur le plus décisif dans la formation des attitudes religieuses.(…) Les gestes et le langage religieux des parents, la célébration des fêtes religieuses marquent de façon indélébile les souvenirs d’enfance de nombreux adultes, et déterminent leurs sentiments d’appartenance religieuse. (…). L’extraordinaire permanence des attitudes religieuses, que de nombreuses enquêtes ont mis en lumière, s’explique certainement par l’influence prépondérante de l’éducation familiale.»(…).

Son successeur actuel, Vassilis SAROGLOU, le confirme : « Le fait d'avoir eu des parents religieux et d'avoir reçu une éducation religieuse est le facteur le plus important pour déterminer les probabilités d'être, de rester ou de redevenir soi-même croyant, que ce soit à l'adolescence ou ultérieurement à l'âge adulte ». Ce n'est pas nouveau : toutes les religions spéculent sur la vulnérabilité du cerveau émotionnel de l'enfant, et même de l'adulte.

Les neurosciences tendent, me semble-t-il, à confirmer l’imprégnation neuronale de la sensibilité et du sentiment religieux : des neurophysiologistes ont constaté que si les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures à l’âge de 2 ou 3 ans, les amygdales (du cerveau émotionnel), elles, sont déjà capables de stocker inconsciemment le souvenir d'événements à forte charge affective ou des souvenirs émotionnels tels que, par exemple, l'atmosphère « envoûtante » d'une église, les comportements religieux, voire les inquiétudes métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur. Ces traces neuronales, appelées « engrammes », sont indélébiles, et se renforcent par plasticité neuronale, au fur et à mesure des expériences religieuses.

Les observations par IRM fonctionnelle et par tomographie à émission de positons suggèrent que le cerveau rationnel, le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent inconsciemment « éteints », et donc  « anesthésiés », à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins en matière de foi. Même André COMTE-SPONVILLE se dit « athée fidèle » à sa croyance enfantine, ou du moins aux « valeurs chrétiennes », telles que  l'amour du prochain ». Cela expliquerait a fortiori la fréquente imperméabilité de certains croyants, notamment créationnistes, à toute argumentation rationnelle ou scientifique, et donc la difficulté, voire l’impossibilité de remettre leur foi en question, sans doute pour ne pas se déstabiliser (cf. le pasteur évangélique Philippe HUBINON à la RTBF : « S’il n’y a pas eu « Création », tout le reste s’écroule … ! ». Donc aussi « Dieu », les dogmes, etc …

Il est logique dès lors que certains athées, comme Richard DAWKINS, ou agnostiques comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, perçoivent l’éducation religieuse, bien qu’a priori sincère et de bonne foi, comme une malhonnêteté intellectuelle et morale. Henri LABORIT, même s'il a écrit que « Jésus est mon ami », l’avait bien compris dans « Eloge de la Fuite », page 59 :

« Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d’adulte, une chance exceptionnelle pour s’évader de cette prison, s’il y parvient jamais ». Répondant à Jacques LANGUIRAND, à Radio Canada, il disait :« Vous n’êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu’on a introduits dans votre cerveau, et, finalement, c’est une illusion, la liberté ! ». Ou encore : « Tant qu’on n’aura pas diffusé très largement à travers les hommes de cette planète la façon dont fonctionne leur cerveau, la façon dont ils l’utilisent et tant que l’on n’aura pas dit que jusqu’ici que cela a toujours été pour dominer l’autre, il y a peu de chance qu’il y ait quoi que ce soit qui change » (dernière phrase du film, « Mon oncle d'Amérique » (1980), écrit par Alain Resnais.

Dans cette optique, les conversions religieuses me semblent explicables. Même si l’on ne peut pas encore expliquer le processus biochimique précis qui enclenche le “switch », l’interrupteur qui fait basculer de l’incroyance vers la croyance, il se produit un bouleversement d'hormones et de neurotransmetteurs, un peu comme dans le cas du coup de foudre amoureux. Je m’explique comme suit, par exemple, la conversion de Paul CLAUDEL, ancien croyant, en entendant le Magnificat de BACH à N-D de Paris le 25 décembre1886. Tout se passe comme si, malgré sa brillante intelligence, l’environnement sensoriel (les grandes orgues, l'odeur d’encens, le décorum, …) avait provoqué un bouleversement psychophysiologique, au niveau notamment de la production de la phényléthylamine, de l’ocytocine, de la sérotonine et de la dopamine, au point de faire disjoncter son cerveau rationnel au profit de son cerveau émotionnel. Ce n’est d’ailleurs pas surprenant lorsqu’on sait que les sensibilités poétique, musicale, religieuse, …, y ont des « localisations » voisines, ce qui facilite les interactions.

Les exemples de ce « hapax existentiel » (Michel ONFRAY) sont nombreux, dans d’autres circonstances : par exemple la conversion du docteur Alexis CARREL, qui avait perdu la foi pendant ses études, et qui l’a retrouvée lors d’un voyage à Lourdes, ou celle d’Eric-Emmanuel SCHMITT, à 29 ans, perdu sous le firmament glacial du Sahara (même lorsqu’on est issu comme lui d’une famille incroyante, l’influence inconsciente de deux mille ans de christianisme se réveille chez certains incroyants en danger de mort, notamment. Cf le « pari de Pascal » !).

Après Desmond MORRIS qui l’avait pressenti en 1968, dans « Le Singe Nu » (avec la notion de «dominant/dominé»), Richard DAWKINS estime que la soumission est génétique : déjà du temps des premiers hominidés, le petit de l’homme n’aurait jamais pu survivre si l’évolution n’avait pas pourvu son cerveau (tout à fait immature) de gènes le rendant totalement soumis à ses parents (et donc plus tard à un dieu … ?). Certes, mais je ne partage pas pour autant l'avis de Vassilis SAROGLOU, dans « La religion est-elle innée ? », lorsqu'il évoque « l'existence de prédispositions génétiques à la religiosité » : tout être vivant pourvu d'un système nerveux est seulement génétiquement programmé pour réagir, surtout s'il possède un cerveau reptilien, au danger, à la peur, et, chez l'animal humain, aux incertitudes métaphysiques et religieuses auxquelles les religions apportent des réponses immédiates et sécurisantes, en s'adressant à leur cerveau émotionnel. En outre, certains gènes, surtout « psychologiques », s'ils existent, ne s'actualisent que si l'environnement est favorable.

Vassilis SAROGLOU reconnaît quand même qu'« à côté de cette part génétique, les influences éducatives précoces décident en grande partie de l'orientation religieuse ou athée d'un enfant ». Après l'âge de 30 ans, ce ne sont pas, comme il l'écrit, « les influences génétiques, tant sur la personnalité que sur la religiosité, qui se renforcent », mais bien, selon moi, la difficulté, voire l'impossibilité d'encore remettre en question ses certitudes religieuses, par crainte de se déstabiliser et de se « décrédibiliser ». Je regrette aussi que cet auteur considère que « l'amabilité, l'esprit consciencieux, (…), l'ouverture à la différence, l'empathie, le dialogue, ... » , la solidarité, la probité, la fraternité … sont plus fréquentes chez les croyants que chez les athées. Il n'a manifestement pas fréquenté beaucoup d'athées, notamment francs-maçons adogmatiques.

Du fait de la sécularisation et de la laïcisation croissantes, de plus en plus d’européens (et même certains musulmans de chez nous) désertent les lieux de culte et tendent à privilégier l’autonomie de la conscience et la responsabilité individuelle, plutôt que la traditionnelle soumission religieuse. Mais les religions réagissent par des tentatives de re-confessionnalisation des consciences, de réinvestissement médiatique de l’espace public (surtout depuis Jean-Paul II, qui a montré la voie à Benoît XVI, le chanoine-président Sarkozy, …) et de re-cléricalisation de la politique européenne (via par exemple l’ « Opus Dei »), tandis que les sectes spéculent sur la quête de sens qui subsiste (cf. les évangélistes américains, les mormons, les scientologues, les créationnistes, etc.).

Plutôt qu’un « retour du religieux », j’y vois de nouvelles «stratégies» religieuses qui exploitent à la fois la vulnérabilité du psychisme humain, l'actuelle conception « laïque » de la « tolérance » et le laxisme de certains politiciens électoralistes qui concèdent de plus en plus de revendications inspirées notamment par la charia.

Il serait grand temps de freiner le communautarisme croissant, source d'intolérance, d'incompréhension de l'autre et de non acceptation de sa différence. Un cours commun de philosophie, pour tous et partout, irait évidemment dans ce sens, mais tant que la liberté constitutionnelle permettra inconditionnellement la liberté d'enseignement (même islamique ...) sans proposer d'alternatives, l'école confessionnelle persistera dans son projet évangélisateur, fût-il lénifié de nos jours lorsqu'il est catholique ...

Pour que les libertés de conscience et de religion, en particulier celle de croire ou de ne pas croire, deviennent plus effectives que symboliques, il faudrait, me semble-t-il, s’orienter vers un système éducatif « pluraliste » proposant à tous et partout une information minimale, progressive, objective et non prosélyte à la fois sur les différentes options religieuses (ce qui ferait apparaître leur point commun, à des degrés divers : la soumission à un dieu et à un texte « sacré »), ET sur les options laïques actuellement occultées : l’humanisme laïque, la spiritualité laïque, etc.(qui incitent au libre-examen, à l'autonomie de la conscience et à la responsabilité individuelle). Cela compenserait alors les influences religieuses familiales, légitimes mais unilatérales et communautaristes, ainsi que les inégalités socioculturelles résultant notamment de l'immigration.

La religion est évidemment une affaire privée qui n’a pas sa place à l’école. Elle ne devrait donc y être mentionnée que lors d’un cours d’histoire ou de philosophie, parce qu’un minimum de culture religieuse, notamment artistique, fait partie de la culture générale. Dans cette optique, l’enseignement confessionnel, à quelque niveau que ce soit, m’apparaît comme élitiste, inégalitaire, prosélyte, exclusif, intolérant, obsolète et donc inadapté à notre époque de pluralisme des cultures et des convictions. Chacun devrait pouvoir choisir, en connaissance de cause, aussi librement et tardivement que possible, ses convictions philosophiques (OU religieuses, puisque le droit de croire restera toujours légitime et respectable, a fortiori si cette option a été choisie plutôt qu’imposée).

Un tel système éducatif permettrait enfin de rechercher des valeurs communes, « universalisables », parce que bénéfiques à tous et partout, telles que le respect de la dignité de l’homme, de le femme et de l’enfant, la liberté de pensée, de conscience et de religion, etc... L’avènement d’une citoyenneté responsable, respectueuse de tous, me paraît à ce prix. Mais cela impliquerait de repenser d’abord les notions de «neutralité» de l’Etat et de «libre choix» des parents, lequel, quoi qu'ils en pensent, n’est pas prioritaire par rapport à «  l’intérêt supérieur de l’enfant ».

Dans une ou deux générations, peut-être, lorsqu'on aura enfin compris que la foi a une origine exclusivement éducative, psychologique, sécurisante, et qu'elle imprègne le cerveau émotionnel au point d'anesthésier le cerveau rationnel, du moins lorsqu'il est question de foi ou de religion. Mais ce n'est là que mon point de vue, dont je ne prétends évidemment pas qu'il soit pertinent.


Michel THYS à Ittre (Belgique). michel.thys357@gmail.com http://michel.thys.over-blog.org

Quelques références bibliographiques : - Antoine VERGOTE, chanoine, « Psychologie religieuse », du, Ed. Dessart 1966. ancien professeur à l’Université catholique de Louvain.1966. - Vassilis SAROGLOU (son successeur) & HUTSEBAUT, D : Religion et développement humain »,. 2001. - Patrick JEAN-BAPTISTE « La biologie de dieu » 2003 Agnès Viénot 2003. - Jean-Didier VINCENT : « Voyage extraordinaire au centre du cerveau » Odile Jacob 2007. - V.S. RAMACHANDRAN « Le fantôme intérieur ». Odile Jacob 2002. - Jean-Pierre CHANGEUX « L’homme neuronal »1993, « L’homme de vérité » 1994 - Pascal BOYER « Et l’homme créa les dieux ». - Antonio DAMASIO « L’erreur de Descartes »2001 et « Spinoza avait raison ». - Henri LABORIT « Une vie » 1996 « Derniers entretiens ». - Mario BEAUREGARD « Du cerveau à Dieu » « The spiritual brain ». - Michaël PERSINGER « On the possibility of directly accessing every human brain by electromagnetic induction of fundamental algorythms ».1995. - Paul D. Mac LEAN « Les trois cerveaux de l’homme » 1990. - Joseph LEDOUX « Emotion, mémoire et cerveau » 1994. - John SAVER & John RABIN « The neural substrates of religion experience » 1997. - Francis CRICK « Une vie à découvrir » Via Internet : « Le cerveau à tous les niveaux ». etc.

FONDATION TEMPLETON modifier

Quelle loghorré pour ne pas dire les choses simplement... la fondation TEMPELTON n'a pour seul objectif que de conforter les idées créationnistes! si vous etes un scientifique pratiquant des sujets contre créationniste, passez votre chemin. Quelle difficulté souvent sur wiki d'appeler un chat un chat... A oui les sources, et leur validation par des "censeur" autoérigé.

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