Diebold Krug

orfèvre strasbourgeois
Diebold Krug
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Activité

Diebold[1] Krug est un orfèvre actif à Strasbourg au milieu du XVIe siècle.

Biographie modifier

Les Krug figurent parmi les principaux orfèvres strasbourgeois du XVIe siècle, formant une véritable dynastie qui perdure jusqu'au XVIIIe siècle[2].

Issu d’une famille d’orfèvres nurembergeois, Erasmus Krug, le chef de cette dynastie, se fixe à Strasbourg et acquiert le droit de bourgeoisie grâce à son mariage avec Jacobea Spielmann en 1506. Le couple a au moins deux fils, Erasmus, l'aîné, et Diebold[2].

Comme en témoigne la table d'insculpation, Diebold est reçu maître en 1545[2].

Diebold se marie deux fois, en 1547 avec Richardis Stindler à l'église Saint-Pierre-le-Vieux, puis en 1561 avec Apolonia Werler à l'église Saint-Thomas, deux églises luthériennes strasbourgeoises[2].

Parallèlement à leur activité artistique, les deux frères Erasmus et Diebold Krug s'intéressent aussi à l'exploitation minière, mais se heurtent à d'importantes difficultés financières qui mettent fin à leur projet[3].

Œuvre modifier

 
Le Grand Tir de 1576 au Schiessrain par Alfred Touchemolin (1895).

En 1566 Diebold, qui s'adonne aussi à la fonte du bronze[4], décore la fontaine des Arquebusiers au Schiessrain[5], l'ancien champ de tir que le maréchal de Contades a transformé deux ans plus tôt en promenade et fait planter d'arbres – devenu au XIXe siècle l'actuel parc des Contades[6].
Son contemporain, le chroniqueur Balthasar Ludwig Kunast[7], décrit l'érection du monument en ces termes : « 1566 ist der springbrunnen auf dem Armbrustrain mit vielen von erz gegossenen rörlin und bildchen, so Diebold Krüge ein burger und gold- schmiedt verfertigt und auf sonntag 5 maii hat zum ersten mal wasser daraus springen lassen[8]»,[2]. En susbstance : « le 5 mai 1566 on inaugura au champ de tir une fontaine avec de nombreux tuyaux et figurines[4] ».

Mais Diebold Krug est avant tout orfèvre. Sa marque est une petite cruche (Krug = « cruche » en allemand[5]).

Le musée de l'Œuvre Notre-Dame de Strasbourg détient de lui un gobelet en vermeil (avant 1567) et un broc en argent doré et serpentinite (après 1567)[9]. Celui-ci est ciselé de cuirs et de têtes d'enfants. L'anse est décorée d'un torse de femme. Sur le couvercle figure l'inscription : « EGO SUM VIA VERITAS ET VITA » TC 14[5].

 
Urne en argent doré et cristal de roche.
Château de Skokloster

Le Victoria and Albert Museum conserve une chope en argent doré, cristal de roche et agate, réalisée à Strasbourg vers 1575. Elle a été achetée à Jacques Kugel à Paris en 1984 et prêtée par la Rosalinde and Arthur Gilbert Collection au V&A[10].

 
Coupe couverte en argent doré et cristal de roche
Musée d'Art du comté de Los Angeles.

D’autres pièces sont conservées au château de Skokloster en Suède, ainsi qu'à Stuttgart (Staatliche Kunstsammlungen)[2].

Le musée d'Art du comté de Los Angeles détient une coupe couverte en argent doré et cristal de roche, faite à Strasbourg vers 1560[11].

L'une de ses œuvres les plus originales — la seule coupe en forme d'animal connue de Strasbourg — est une coupe en argent doré en forme d'ours assis sur ses pattes arrière et tenant une poignée de fruits dans sa patte gauche[12]. Sa tête est amovible. Son collier est relié à une chaîne se terminant par un anneau. La date de sa réalisation est estimée entre 1570 et 1580. La pièce appartient à une collection particulière[13].

Notes et références modifier

  1. ou Diebolt, Dieboldt, Dibolt, Thiébaut
  2. a b c d e et f François Joseph Fuchs, « Krug (famille d'orfèvres) », Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, 1994, vol. 22, p. 2121, [lire en ligne].
  3. François-Joseph Fuchs, « Erasme Krug, exploitant de mines à Disentis (Grisons) et à Silenen (Uri) », Cahiers alsaciens d’archéologie, d’art et d’histoire, 11, 1967, p. 77-88
  4. a et b Connaissance des arts, juillet 1964, p. 108
  5. a b et c Geneviève Haug, « L'orfèvrerie en Alsace des origines au XIXe siècle », Revue d'Alsace, no 110,‎ , p. 118
  6. Roland Recht, Jean-Pierre Klein et Georges Foessel (dir.), « Parc du Contades », in Connaître Strasbourg : cathédrales, musées, églises, monuments, palais et maisons, places et rues, Alsatia, 1998 (nouvelle édition remaniée), p. 267 (ISBN 2-7032-0207-5)
  7. François-Joseph Fuchs, « Kunast, Baltasar Ludwig », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, [lire en ligne]
  8. Bulletin de la Société pour la conservation des monuments historiques d'Alsace, 2e partie, vol. 18, 1896, [lire en ligne]
  9. Cécile Dupeux et Barbara Gatineau, D'argent, de nacre et d'os - Objets d'arts et de curiosité, Musées de Strasbourg, 2015, encart central, n.p. (ISBN 978-2351251324)
  10. (en) « Tankard. Krug, Dieboldt. 3rd quarter 16th century », Victoria and Albert Museum [1]
  11. (en) « Cup and Cover » , Musée d'Art du comté de Los Angeles [2]
  12. Vincent Laloux et Philippe Cruysmans, Le Bestiaire des Orfèvres. L'oeil du hibou, Editions Suzanne Hurter, 1994, p. 170-172
  13. Bénédicte Bonnet Saint-Georges, « Autour de la Biennale : les expositions des galeries parisiennes », La Tribune de l'Art, 18 septembre 2014 [3]

Bibliographie modifier

  • Michèle Bimbenet-Privat et Alexis Kugel, « Chope en serpentine montée en argent doré. Humpen », Chefs-d'œuvre d'orfèvrerie allemande : Renaissance et baroque, Dijon, Faton, 2017, p. 218-219 (ISBN 978-2-87844-235-9)
  • Cécile Dupeux et Barbara Gatineau, D'argent, de nacre et d'os - Objets d'arts et de curiosité, Musées de Strasbourg, 2015, encart central, n.p. (ISBN 978-2351251324)
  • François Joseph Fuchs, « Krug (famille d'orfèvres) », Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, 1994, vol. 22, p. 2121, [lire en ligne]
  • Geneviève Haug, « L'orfèvrerie en Alsace des origines au XIXe siècle », Revue d'Alsace, no 110,‎ , p. 113-140
  • Hans Haug, Le siècle d’or de l’orfèvrerie de Strasbourg, catalogue de l’exposition à Paris du 10 au 31 octobre 1964 chez Jacques Kugel, Strasbourg, 1964, p. 58-59
  • Hans Haug, L'orfèvrerie de Strasbourg dans les collections publiques françaises (tome 22 de l'Inventaire des Collections publiques françaises), Éditions des Musées nationaux, Palais du Louvre, , 225 p. (ISBN 9782711800742, lire en ligne), p. 53
  • (de) Hans Haug, Die Renaissance im deutschen Südwesten zwischen Reformation und Dreissigjährigem Krieg. Heidelberger Schloss 21 Juin-19 Oktober 1986, catalogue d’exposition, II, Karlsruhe, 1986, p. 967.
  • (de) Hans Meyer, Die Strassburger Goldschmiedezunft von ihrem Entstehen bis 1681, Leipzig, Duncker & Humblot, 1881, p. 215
  • (de) Thieme-Becker (Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart), XXII, 1928, p. 4-6