Creep Catchers
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Les Creep Catchers sont des individus et groupes indépendants qui cherchent à prévenir les abus sexuels sur mineur : se faisant passer pour des mineurs, ils participent à des salons de discussion et des sites de rencontres pour attirer des adultes voulant rencontrer un enfant à des fins sexuelles, puis dénoncent ces adultes en publiant des vidéos de la confrontation qui suit la prise de contact[1]. En se présentant comme des enfants afin d'attirer des cyberprédateurs avant de dénoncer leurs actes, le modus operandi du mouvement présente des similarités avec la série To Catch a Predator, excepté qu'aucun policier n'est présent lors de la confrontation, qui généralement a lieu en public.

Fonctionnement modifier

Les Creep Catchers laissent à leur cible l'occasion de s'exprimer en public (par une confession ou une explication) avant de publier leur vidéo et leurs archives de conversations (en) sur un site central et sur divers réseaux sociaux. Quand ils se montrent coopératifs, les suspects reçoivent un sermon dans une intimité relative ; en revanche, les suspects combatifs ou ceux qui ont conduit des conversations particulièrement explicites sont dénoncés à grand fracas et tournés en ridicule de façon crue. Les réactions du public et des autorités aux groupes de Creep Catchers sont contrastées : certains approuvent l'intention de protéger contre les abus sur mineurs mais d'autres s'inquiètent du vigilantisme mené par des amateurs sans formation. En 2017, Vice.com a produit Age of Consent, un film documentaire qui suit Justin Payne, habitant de Toronto et Creep Catcher indépendant, sans affiliation avec d'autres membres de ce mouvement[2].

Histoire modifier

À partir de juillet 2014, Justin Payne commence à démasquer publiquement des adultes qui pensaient rencontrer des mineurs désireux de s'adonner à des activités sexuelles ; il mène ses opérations à Mississauga[1]. Dawson Raymond s'inspire de ces actions et les imite dans sa ville de résidence, Calgary ; il donne à son groupe le nom de Creep Catchers. Raymond et son associé, Slammington, déclarent que rien ne saurait les arrêter pour protéger les enfants qui naviguent sur Internet[3],[4]. Au , plus de 30 groupes de Creep Catchers sont en activité[1].

Jonathan Woodward de W5 a tourné une émission sur les Creep Catchers dans plusieurs régions ainsi de leurs membres. Ce documentaire s'est intéressé au versant non visible de leurs opérations, ainsi que le récit d'un policier dont une enquête sur un pédocriminel a été gâchée par des Creep Catchers[5].

Confrontations modifier

En juin 2016, deux Creep Catchers de Penticton démasquent un homme qui, visiblement, espérait rencontrer une adolescente de 14 ans[6]. Le , deux Creep Catchers de Surrey démasquent un employé de la Coast Mountain Bus Company (en) en présentant les preuves qu'il a cherché à rencontrer un adolescent de 14 ans. L'homme s'enfuit en voiture alors qu'il est filmé. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) classe son dossier et l'employeur de l'homme ouvre une enquête interne[7]. En août 2016, un employé des logements étudiants à l'Université de la Colombie-Britannique, dont le casier judiciaire contenait quatre condamnations relatives à ses approches sur un enfant de moins de 14 ans en 2008, est démasqué par les Creep Catchers alors qu'il cherchait à rencontrer une adolescente de 15 ans (en réalité un Creep Catcher) et lui a envoyé des photos de son pénis ; cet employé, en pleurs, a formulé d'abondantes excuses[8]. Le , des Creep Catchers de Surrey surprennent un agent de la GRC en civil qui aurait essayé de rencontrer une adolescente de 14 ans. Le 16 septembre, la GRC annonce qu'un officier de police est accusé de communiquer avec une personne de moins de 16 ans à des fins d'actes sexuels[9]. Le , les Creep Catchers de Fraser Valley publient une vidéo montrant, selon eux, le principal d'une école élémentaire dans un centre commercial où il pensait rencontrer une adolescente de 14 ans disposée à un rapport sexuel[10],[11]. Le , les CReep Catchers dénoncent un fonctionnaire de Langley qui pensait rencontrer une adolescente de 13 ans disposée à un rapport sexuel[12].

Réactions modifier

Certains auteurs, comme John Gormley estiment que les Creep Catchers, malgré leurs bonnes intentions, s'exposent au danger, ainsi que leurs suspects ; ils interfèrent dans des enquêtes officielles et leurs actions ne cadrent pas avec l'État de droit. D'autres journaux déclarent que les groupes de Creep Catchers bénéficient de la bienveillance publique et qu'ils encouragent la police à s'appuyer sur eux pour éliminer des suspects[13].

En 2016, Sean Smith, chroniqueur des médias sociaux, a critiqué le mouvement des Creep Catchers. En réponse, Ryan Laforge (un Creep Catcher) le traite de pédophile. En mars 2017, Smith intente une action en justice contre Laforge pour diffamation[14]. Il s'agit alors de la seconde plainte visant Laforge[15].

Jason Proctor de CBC News annonce que ces mouvements de chasseurs de pédocriminels en ligne, s'ils ne sont pas nouveaux, ont été encouragés par leurs premiers succès mais découragés par « un chœur de commandants de police »[16],[17]. Jon Woodward, de la série W5, a filmé son enquête sur les Creep Catchers dans diverses régions du Canada[18].

Le mouvement des Creep Catchers essuie d'importantes critiques en 2017 quand le public apprend que l'une de ses cibles était un jeune adulte de 21 ans souffrant de retard du développement et de handicap mental[19]. Les historiques de discussion n'ont pas montré de conversations portant sur le sexe[19].

Notes et références modifier

  1. a b et c Manisha Krishnan, « The Rise of Creep Catchers, Canada's Vigilante Pedophile Hunters », VICE
  2. Vice Staff., « Behind the Scenes of 'Age of Consent' », VICE,
  3. "Dawson Raymond poses as young girl on the Internet to lure and confront alleged pedophiles", by Michael Platt, Calgary Sun
  4. Josh Elliott, « 'He tried to run me over': Pedophile-targeting vigilante sting goes awry », (consulté le )
  5. « W5: Creep Out, part one », sur CTVNews (consulté le )
  6. Kent Molgat and Kendra Mangione, « Another 'Creep Catchers' video prompts RCMP warning to vigilantes », (consulté le )
  7. « Man in Creep Catchers video works for Coast Mountain Bus Company », (consulté le )
  8. « VIDEO: UBC employee caught trying to lure underage girl », (consulté le )
  9. « RCMP officer charged with child luring » (consulté le )
  10. « Former B.C. elementary school principal charged with child luring » (consulté le )
  11. « Former school principal charged with luring after Creep Catchers sting », (consulté le )
  12. « 'High-profile' Township of Langley employee allegedly caught in latest Creep Catchers sting »
  13. OUR VIEW: Surrey's Creep Catcher has struck a chord with community", from The Now
  14. Manisha Krishnan, « Surrey Creep Catchers Are Being Sued Again for Calling One of Their Critics a Pedophile », Vice.com,
  15. Mack Lamoureux, « A Vigilante Pedophile Hunter is Being Sued For Defamation », Vice.com
  16. « No successful charge has come from vigilante groups, say Surrey RCMP » (consulté le )
  17. « Vigilantes' pursuit of 'justice as entertainment' can end in disaster, expert says » (consulté le )
  18. Jon Woodward and Stephen Grant, « W5's 'Creep Out': Are online pedophile hunters 'catching' the innocent? », (consulté le )
  19. a et b « Creep Busters ambush of man with mental disability called 'vigilantism' », CBCNews

Articles connexes modifier