Conditionnel en français

Le conditionnel en français comporte trois temps, dont les formes sont tirées de temps d'autres modes :

  • un temps du présent, formé sur la base du futur simple mais avec les terminaisons de l'imparfait. Les irrégularités et les exceptions du futur sont donc répercutées (ex : verbe manger, je manger-ai au futur et je mangeai-s à l'imparfait, soit je manger-ai-s au conditionnel présent) ;
  • deux temps du passé, considérés comme équivalents en nuance :
    • conditionnel passé 1re forme (ex : verbe manger, j'aurais mangé), constitué de l'auxiliaire au conditionnel présent et du participe passé du verbe ;
    • conditionnel passé 2e forme (ex : verbe manger, j'eusse mangé), qui peut apparaître comme expression du mode conditionnel dans des textes anciens ou littéraires.

Morphologie

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Dans la plupart des langues romanes, futur et conditionnel se sont formés à partir d'une périphrase composée de l'infinitif du verbe concerné et de l'auxiliaire avoir conjugué au présent (pour le futur) ou à l'imparfait (pour le conditionnel). Soit, pour le verbe cantare, les formes *cantare habeo et *cantare habebam (j'ai pour destin de chanter, j'avais pour destin de chanter). On suppose que cette tendance à la périphrase, déjà présente en latin classique, s'est imposée lorsque le futur, malmené par l'évolution phonétique, devenait de moins en moins discernable. Quant au conditionnel, il n'existait pas en latin. On peut remarquer que l'usage de futurs périphrastiques est une constante de la langue, et que des formes telles que « je vais partir » ou « je dois partir » sont fréquemment utilisées dans le langage courant.

Fait soumis à une condition

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C'est cet emploi qui a valu au conditionnel son nom. Les exemples suivants sont appelés par les grammaires traditionnelles potentiel, irréel du présent et irréel du passé, selon un schéma calqué sur le latin :

  • Potentiel : « Si tu venais demain, je serais content. » (sous-entendu : tu as encore le temps de venir)
  • Irréel du présent : « Si tu venais aujourd'hui, je serais content. » (sous-entendu : tu es trop loin pour venir rapidement)
  • Irréel du passé : « Si tu étais venu hier, j'aurais été content. » (sous-entendu : tu n'es pas venu de toute façon).

On note qu'en français, au contraire du latin, il n'existe aucune distinction morphologique entre le potentiel et l'irréel du présent : la différence est sémantique et se fait grâce au contexte.

On peut également traduire certaines clauses conditionnelles par le futur de l'indicatif ; on parle de futur à valeur modale de conditionnel ou hypothétique :

  • Hypothétique : « Si tu viens demain, je serai content. »

Expression d'une hypothèse

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Une valeur propre au conditionnel, mais aussi au futur antérieur. Dans le premier cas on a affaire à une hypothèse fréquemment employée par les journalistes pour bien montrer qu'ils ne reprennent pas à leur compte le fait qu'ils citent (procédé de modalisation). Dans le second cas, il s'agit souvent de se rassurer en transformant une hypothèse en quasi-certitude :

  • « Le voleur se serait caché dans les bois environnants ; il aurait entendu la police arriver. » (conditionnel)
  • « Jean-Pierre est en retard ; il aura sans doute été retardé par les embouteillages. » (futur antérieur)

L'usage fait par les journalistes a débouché sur l'expression désignant une information incertaine « une information à mettre au conditionnel » (on la trouve dans la chanson Au conditionnel du disque Archie Kramer de Matmatah).

Expression de l'imaginaire

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Là encore, futur et conditionnel peuvent être mis en parallèle. Par exemple dans ce jeu enfantin, le futur indique comment va se réaliser le jeu, tandis que le conditionnel expose quelles pourraient être les conditions de ce jeu :

  • « Moi je serai le docteur et toi tu seras la malade. » (futur)
  • « Moi je serais le docteur et toi tu serais la malade. » (conditionnel)

Le conditionnel traduit ici la constitution d'une actualité autre, une actualité ludique (c'est pour cette raison que le conditionnel, dans ces conditions d'emploi, est d'ordinaire appelé "conditionnel ludique"), ou une demande implicite de l'accord de la partenaire. On peut donc l'interpréter comme un passage dans un espace mental parallèle, celui du jeu, distinct du monde réel (de même que Il était une fois signale le passage dans le monde du merveilleux).

Demande/politesse

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On a affaire à des tournures utilisant les verbes pouvoir ou vouloir comme semi-auxiliaires. Ce genre de phrase peut faire usage du présent, du futur ou du conditionnel, tout étant une affaire de nuances :

“Pouvez-vous m'indiquer la rémunération de ce poste ?”(présent) <Pourrez-vous m'indiquer la rémunération de ce poste ? >(futur) <Pourriez-vous m'indiquer la rémunération de ce poste ? > (conditionnel)

Le conditionnel apporte un degré de politesse de plus par rapport au futur, lui-même plus ferme et moins soumis que le conditionnel mais plus poli que le présent.

L'expression du futur

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Dans le discours indirect, la concordance des temps impose que, lorsque la principale est à un temps du passé, le conditionnel présent se substitue au futur (on parle de futur dans le passé). Ainsi la phrase :

  • « Dès qu'il ne pleuvra plus, j'irai chercher des champignons. »

devient, dans un récit au discours indirect au présent :

  • « Jacques annonce que, dès qu'il ne pleuvra plus, il ira chercher des champignons. »

mais devient, au passé :

  • « Jacques annonça que, dès qu'il ne pleuvrait plus, il irait chercher des champignons. »

Cette valeur du conditionnel est essentielle, car c'est certainement la plus fréquente dans les textes écrits, qu'on utilise le discours indirect ou le discours indirect libre. Le conditionnel y joue le rôle de futur par rapport au passé, tout à fait conforme à sa morphologie. Cet emploi pousse certains linguistes (mais ce point est très disputé) à considérer le conditionnel comme un temps de l'indicatif (voir plus loin Mode ou temps ?)[1].

Dans un récit dont le temps de narration est au passé, le conditionnel exprime un procès futur par rapport à celui exprimé par le verbe au temps de narration : « Justine avait étalé ses plus beaux vêtements sur son lit. Elle réfléchit longtemps avant de choisir la tenue qu'elle porterait dimanche. »

Notes et références

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Voir aussi

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