Chronologie de la vie d'Honoré de Balzac en 1820

Cet article présente une chronologie de la vie d'Honoré de Balzac en 1820.

Mars modifier

Fin mars – Début avril

Honoré achève Cromwell. Il compte 2 000 vers.

Avril modifier

8 avril

Dans l’ « Avertissement du Gars », la vie de Victor Morillon, son auteur fictif, personnage qui est à la fois son double et son pseudonyme, Honoré transpose sa propre rencontre avec Walter Scott.

Début avril

Nouveau séjour à l’Isle-Adam. Il travaille entre autres à Aghatise.

Il reclasse la riche bibliothèque de son ami, et se familiarise certainement avec l’œuvre de Buffon.

Fin avril

Il reprend et peut-être complète le sujet d’Agathise qui devient en juillet-août Falthurne, « manuscrit de l’abbé Savonati, traduit de l’italien par M. Matricante, instituteur primaire » ; dont, outre des plans et quelques brouillons, il ne rédigea que le premier chapitre et quelques brouillons, vraisemblablement en juillet-août 1820[1]. L’entreprise est passablement burlesque et vouée à l’échec : il s’agit de la traduction d’une épopée italienne, « retour de croisade », censément en vers à l’origine, par un traducteur ignorant l’italien. Il y multiplie les interventions incongrues qui achèvent de ruiner la fragile crédibilité de l’histoire. Le support, des cahiers non margés, est malencontreux, car il laisse filer l’écriture, sans autoriser des feuillets intercalaires.

Il lit Byron, Mme Staël, Chateaubriand, l’Arioste.

Mme B.F. et Laure recopient le manuscrit de Cromwell.

Mai modifier

Après le 18 mai

Devant la famille et quelques amis, Honoré lit Cromwell. L’impression de l’assistance est franchement mauvaise.

Juillet modifier

Juillet - Août

Honoré reprend le premier cahier d’Agathise sous le titre de Falthurne (voir mai-juin 1820) en remontant l’intrigue dans le temps, en bouleversant le système des personnages et en intégrant des éléments philosophiques incompatibles avec la gaieté initiale du texte. D’après les plans conservés qui essaient vainement de mettre un pu d’ordre dans ce magma, l’héroïne, désormais, aurait été la victime d’un procès en sorcellerie. Le problème insoluble, et qui mène droit à l’inachèvement, est que cette nouvelle version du début ne peut s’accorder avec le début primitif. Sa réécriture incontrôlé et aventureuse a emporté la fiction hors d’elle-même, l’a gangrenée au lieu de l’entraîner. L’écriture s’enlise et s’interrompt.

De Falthurne on connaît les deux premiers chapitres. En 1823, Honoré entreprend une seconde Falthurne proche uniquement par le titre de cet essai de 1820.

Août modifier

Août

Mme Balzac (qui a recopié le manuscrit) et Laure soumettent le manuscrit de Cromwell au jugement du fabuliste Andrieux, professeur au Collège de France ; le verdict fut, selon Laure de Surville, que l’auteur « doit faire quoi que ce soit, excepté de la littérature ».

14 août

Lettre de Mme B.F. Balzac à Andrieux.

  • Elle renvoie la note d’Andrieux que Laure avait subtilisée lors de l’audition de Cromwell.
16 août

Lettre d’Andrieux à Mme B.F. Balzac :« Madame,

À peine étiez-vous partie, que je me suis fort bien aperçu que mon petit papier avait disparu, et j’ai deviné que ce n’était pas vous, mais Madame votre fille, qui l’avait emporté. Comment se fâcher contre une aussi aimable personne ? Cela est impossible ; J’ai pensé que cette jolie et bonne sœur avait cru faire un grand plaisir à son frère en lui montrant ma note, et qu’elle n’avait pas pu résister à ce mouvement fraternel. Comme j’ai eu aussi une sœur que j’aimais beaucoup, et dont j’étais fort aimé, comme mes deux filles s’aiment tant qu’elles peuvent, et de tout leur cœur, je n’est point du tout été surpris de ce larcin dont malheureusement l’objet était bien mince. Cette note ne pouvait être fort utile au jeune Auteur ; mais j’apprécie, Madame, la délicatesse qui vous engage à me le renvoyer, et je vous en remercie. J’avais jeté ses phrases sans suite, et, au hasard sur le papier afin de me souvenir de l’effet qu’avait produit sur moi l’ouvrage, et de pouvoir vous en parler en connaissance de cause. Ces critiques de détails ont amené le jugement peut-être un peu sévère que j’ai porté. Je suis loin de vouloir encourager M. votre fils ; mais je pense qu’il pourrait mieux employer son temps qu’à composer des tragédies ou des comédies. S’il me fait l’honneur de venir me voir, je lui dirais comment je crois qu’il faut considérer l’étude des Belles Lettres et les avantages qu’on en peut et qu’on doit en tirer, sans se faire Poète de profession. Je rends grâce à la circonstance qui m’a procuré l’avantage de faire connaissance avec une personne de votre mérite, avec une bonne mère qui s’occupe de bien diriger son fils ; il ne recevra jamais de meilleurs conseils que ceux que lui donne votre tendresse éclairée. Voulez vous faire agréer à Madame votre fille, et agréer vous-même, Madame, l’hommage de mon profond respect » (Andrieux).

Septembre modifier

1er septembre

Corr. 20-7 : certificat de libération de service militaire. Il est indiqué qu’il a « la taille d’un mètre 655 millimètre, et exerçant la profession d’étudiant en droit ». (en 1837, il sera indiqué 1,68 m). Il obtient le no 344, et la liste est arrêtée au 176.

Septembre ou octobre

Cromwell est soumis au jugement de Pierre Rapenouille dit Lafon, sociétaire de la Comédie Française, « un sot incapable de le juger » selon Honoré.

Décembre modifier

8 décembre

Le propriétaire de la rue Lesdiguières donne quittance du dernier terme, jusqu’au 1er janvier 1821, de la mansarde que Balzac ; semble-t-il n’habitait plus depuis un certain temps. À cette époque les Balzac réside 17, rue Portefoin, dans le Marais.

Il travaille à la rédaction de Sténie et esquisse Une heure de ma vie.

1820 ou au plus tard premiers mois de 1821

Ébauche de Corsino[1820 1] (titre que donneront les premiers éditeurs) : 9 feuillets sans titre ; écrits pour la plupart ; au recto et au verso. L’écriture, grosse et haute, ne couvre (comme Agathise) que la partie droite de chaque page. Vers la même époque, après avoir écrit le plan de Sténie en 1819, il se lance dans son écriture[1]. Vers la fin de l’année (?), Honoré abandonne les Œuvres de l’abbé Savonati.

Notes et références modifier

  1. Fonds Lovenjoul, A 46. Le personnage principal a plusieurs noms successifs (Scorsil, Corsilno, Corsino puis Corsini)
  1. a et b Roger Pierrot, Honoré de Balzac, Fayard, 1994