Christophe Oberlin
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Biographie
Naissance
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Nationalité
Activité

Christophe Oberlin, né le , est un chirurgien de la main. En dehors de ses compétences médicales, il est connu pour des prises de position politiques sur le conflit israélo-palestinien.

Compétences médicales modifier

Christophe Oberlin est un chirurgien spécialisé dans la microchirurgie et la chirurgie de la main. Ses techniques originales dans le domaine de la chirurgie des paralysies (l'Oberlin procedure) lui valent une notoriété internationale.

Engagement humanitaire modifier

Après sa nomination à l'Internat des Hôpitaux de Paris, il fait sa coopération en 1978-1979 comme chirurgien dans un poste isolé en République Centrafricaine. Depuis son retour il n'a cessé d'opérer et de former des chirurgiens locaux dans une quinzaine de pays. Il a transposé notamment en Algérie puis à Gaza les enseignements des deux diplômes d'Université qu'il dirigeait à la faculté Denis Diderot à Paris (Diplôme inter universitaire de la pathologie chirurgicale de la main, et Diplôme de Microchirurgie).

Engagement pour Gaza modifier

« En 2001, après les attentats du 11-Septembre, cet ancien élu du 19e arrondissement de Paris rencontre, au cours d'une réunion sur la Palestine, le professeur Marcel-Francis Kahn, un homme de tous les combats : Algérie, Vietnam, Afrique du Sud et Palestine. Ce rhumatologue de renom n'a guère de difficulté à le convaincre de le suivre à Gaza où il part avec un petit groupe de professeurs de l'Assistance publique »[1]. Depuis cette date Il se rend trois fois par an à Gaza pour opérer les handicapés victimes de blessures de guerre, et former des chirurgiens palestiniens à la microchirurgie et la chirurgie réparatrice.

Politique modifier

Aux élections européennes de juin 2004 il prend en Ile-de-France la tête d'une liste intitulée Euro-Palestine. Il remporte 1,83% des suffrages exprimés. Il s'exprime sur internet notamment contre l'interdiction d'un spectacle de l'humoriste Dieudonné et contre le soutien apporté par le président Hollande à l'offensive israélienne sur Gaza en juillet 2014.

Polémique modifier

Professeur de médecine à l'université Denis Diderot à Paris, il enseigne l'anatomie et la chirurgie de la main. Responsable d'un certificat optionnel de médecine humanitaire, il pose aux étudiants, en juin 2012, parmi d'autres questions, une question de droit humanitaire, cas réel documenté dans les rapports internationaux: « Vous êtes à l'hôpital de Rafah situé dans la bande de Gaza, lors de la guerre de l'hiver 2008-2009. Des ambulances vous amènent 22 corps comportant tous le nom d'Al Daya. Les ambulanciers et les membres survivants de la famille vous déclarent qu'il s'agissait d'un bombardement classique. la mort de chacun d'entre eux a été constatée. Quelle est la ou quelles sont les qualifications des crimes perpétrés (crime de guerre, crime contre l'humanité, crime de génocide). Argumentez votre position en vous basant sur les définitions des différents crimes ». Sur signalement de l'Amicale des Médecins Israélites de France, et un email anonyme, la chambre disciplinaire du Conseil de l'Ordre saisit le Défenseur des Droits qui déboute le Conseil de l'Ordre . Le Conseil de l'Ordre porte alors plainte devant sa propre juridiction et condamne à un blâme le Professeur le 12 juin 2015. Les motifs du blâme sont :

  • La question d’examen de droit humanitaire portant sur la Guerre de Gaza de 2012 qui a été considérée comme « partiale et partisane ».
  • D’avoir tenu des propos antisémites.

En juridiction d'appel le Conseil de l'Ordre est contraint de retirer son accusation de tenue de propos antisémites. Il maintient néanmoins le blâme pour la question d'examen. L'affaire est alors portée devant le Conseil d’État. À l'audience de mars 2018, le procureur du Conseil d’État considère que le Conseil de l'Ordre des médecins n'est pas compétent pour juger d'une affaire liée à l'enseignement, que la liberté d'enseignement des enseignants chercheurs ne saurait être mise en cause dans le cas particulier, que la question posée ne comportait rien de répréhensible.

Dans son jugement lu le 13 avril 2018[2], le Conseil d'Etat décide que "la décision de la chambre disciplinaire nationale de l'ordre des médecins du 15 novembre 2016 est annulée" et renvoie l'affaire devant la chambre disciplinaire nationale de l'ordre des médecins. Il motive sa décision par le fait que "si les professeurs des universités-praticiens hospitaliers ou les maîtres de conférence des universités-praticiens hospitaliers sont susceptibles de faire l'objet de poursuites devant les juridictions de l'ordre dont ils relèvent pour tout fait lié à l'exercice de leurs fonctions, il n'en va toutefois pas de même pour ceux de ces faits qui seraient indétachables de leur activité universitaire, lesquels ne sont susceptibles de fonder régulièrement des poursuites que devant la juridiction spécialisée instaurée par l'article L. 952-22 du code de l'éducation". "Considérant qu'il ressort des termes mêmes de la décision attaquée que, pour infliger à M. [...] la sanction litigieuse, la chambre disciplinaire nationale a jugé que le libellé d'un sujet d'examen donné le 12 juin 2012 à ses étudiants de l'université Paris Diderot, dans le cadre de son enseignement universitaire, avait méconnu les principes déontologiques qui résultent des articles R. 4127-3 et R. 4127-31 du code de la santé publique ; que, l'agissement mis en cause par ce grief, portant exclusivement sur la connotation politique du libellé d'un sujet d'examen, n'était pas détachable des fonctions d'enseignement de M. [...] en sa qualité de professeur des universités ; qu'il résulte de ce qui a été dit ci-dessus que ce grief n'était pas recevable devant la chambre disciplinaire nationale ; que, par suite, il y a lieu, sans qu'il soit besoin d'examiner les moyens du pourvoi de M. [...], d'annuler la décision qu'il attaque".

Bibliographie séléctive modifier

  • avec Mohamed al-Rantissi, Survivre à Gaza, Monaco et Paris, Koutoubia, 2009
  • Chroniques de Gaza (2001-2011), postface de Mahmoud Zahar, Paris, Éditions Demi-Lune, 2011
  • avec Acacia Condès, Bienvenue en Palestine. Destination interdite, Paris, Éditions Erick Bonnier, 2012
  • La vallée des fleurs, photographies de Samer Mohdad et Joss Dray, Paris, Éditions Érick Bonnier, 2013
  • Quelle est la blancheur de vos blancs et la noirceur de vos noirs ? Pour en finir avec les « races humaines », Saint-Denis, Édilivre, 2014
  • Le Chemin de la Cour. Les dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale, Paris, Éditions Erick Bonnier, 2014
  • L'échange. Le soldat Shalit et les Palestiniens, Paris, Éditions Erick Bonnier, 2015
  • Chrétiens de Gaza, photographies de Serge Nègre, Paris, Éditions Erick Bonnier, 2017 (prix littéraire de l’Œuvre d'Orient 2018)
  • Les dirigeants israéliens devant la Cour pénale internationale. L'enquête, Paris, Éditions Erick Bonnier, 2020
  • trad. avec préface de Abdullah (Daud), Histoire de la politique étrangère du Hamas, Paris, Éditions Erick Bonnier, 2023 [= Engaging the World. The Making of Hamas’s Foreign Policy, Johannesburg, Afro-Middle East Centre (AMEC), 2020]

Notes modifier

  1. Par ROTIVEL Agnès, « Christophe Oberlin. Le chirurgien militant. », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  2. « Décision du Conseil d'État n° 406887 - ECLI:FR:CECHR:2018:406887.20180413, mentionnée au recueil Lebon » (consulté le )